'^&'^^j&jià!Sf^i^^^iSissssiSiSSÊi

"^ 77. ^

*?

,,,^,ï^...

^;r^

tTïriTiTW.i il III III ii;itintjUB

w^^^^^àf

Sà-S

^./••ï??^

Digitized by the Internet Archive

in 2010 with funding from

Boston Public Library

http://www.archive.org/details/lapaysanepervert04rest

Vf ... - fe

f.

! î

L

LA

P Â Y S A N E

PERVERTIE,

o V Z£S Dai;&ZRS DS i-A VlLLl,

AVEC FIGURES.

Qj€jotiemQj> ^iiztîcJ*

■^■«•■■■■fliVwaMMfoaiw^m^

1'

i'%. V

Frontispice de la V 1 1.°^* Partie.

Ursule couverte de fan«e.

V infortunée Urfule , tombée au pouvoir dt V Italien y qu'elle a^trompé , efl -retenue dans une maison-de-campagne , mariée à un Por^ ieur-d'^auf livrée à un Nègre f &, après avoir-'éîé parée in-Vilte-publique, abandonnée à la Valetaille , qui lui fait des avanies : on l'inonde avec Veau J aie d'une marre* Vl" ialkn donne fes ordres :

» Point de pitié!»

Le Hableau épisodiq exprime unefcènepof térieure, lorfq'Uduley defcendue au dernier degré de la débauche ^ e^ maltraitée par Jon

Souteneur*

Li paflfage efidla page 4

?lî^

LA PAYSAN

P E RV ERTI E,

O U

2L3ÉÉ JD^M^^2B.ê

DE LA VILLE; Histoire ^Ursule i^**,

fcturyEdmorib ^ k Paysan y misc^au^ Jour d'après les véritabUs LETTRES des Perjonajes :

AVEC Il6 ESTAMPES : Par TAuTEURda Paysan perverti.

[mpr'mé A LA HAIE,

fe iro«7« à Paru

Ché^t Us LU>raires ini'njuîs au Frontijhiee de la I. Parcie,

32 -H*

M." D c c." jl X X X i r.

m

Ulfule, dans le Tome HT, « rcvolte f honnête LtcltuX par fon impudence. , Jon libertinage^ l^ excès deja di-

■pravaticn , portée au-point que, fon Corrupteur mem^ en»ejl-jurprfs : Il y eut Je retracler : mais il ejl trop-* tard ; la vengeance eft-dcfcendue Jiir la tcte de Vin-

fort unce , qu''cn yicnt de voir dans une Jîtua(ion ^là

fa'u-horreur .*

ElU va d^abord , dans Cclul-ci , être plus-mal heureuse encjre : dégradée aude^ffous des B êtes , elle excitera le frémijjcment ^ la t erreur ^ la pitié. Son fort chaiigt enfn^fans être moins-affreus : ElU f ''échappe; mais la I7écs[jité la repoujfe dans le gou^e,' elle tombe au-rang des plus-viles Créatures y elle f* ejî-abandoniice elle- même. »» Ç''ejî àlors^ qiî^accublée demaux^ elle jette un rçgardfurfa vitpajfée : elle rentre au-fond de fon cœur> par diffcr entes causes y il ^attendrit y l^Infortun(' pleure , & la vertu luit à Jon ume aviuglee par levice, Jî-Z.we Parangon vient la chercher : Urfulc, de-retour avec cette Dûme^ vit en-Jainte : ElU di.vlcnt marquise elle e(} malhiureusi : elle oj^e Jes peines en-expiation dejes crimes : Elle &Jl-polgnù.^^:,... On tranfportc ton corps à S^^t après la mort d'Edmond & de mjme V&TàYigov^poury itre^enterrés tous trcis ai^ pieds de ceux du Père & de la M.ère il**. Il y it neuf Eftampcs dans ce dsmier Volume , înde'pen<* iamment Je celles du Paysan , communes aux deux OuvragcSi

LA PAYS ANE

PERVERTIE, .

O tJ I E s

DANGERS DE LA VILLE; His T o IRE d^ Ursule il**^ mis t-au jour 2^ après les véritables Lettres des Pcrfonacjcs*

çfepticma J'brtio,

^i*L* ^W

se::

CENTVINGTSEPT.^^ LETTRE. U R S u z £ , à L A U R E,

[ L*Infortunéc con^^^^ue à décrire des horreurs qui font frémir, j

io ocflobrc.

arbarie! ohî fi je l'avais- prévue!... Quoi! il eft des Hommes qui fabrenvcnt de fang & de larmes ! Mais Tome IV, VlIPan'u. A3

6 Faisane pervertie.

c'eft un récit , & non des plaintes , qu'jî i

^faut tracer fur cette féconde feuille , fac-.

à-poudre jeté ce-matin par une fenêtre.

Après avoir fubî Thorrible hunn'- iiation qui termine Tautre feuille, \t\ fus - parée comme dans les jours de ma * Sujet gloire ^ , mais en-Coureuse-des-i ues , , xxvî!me avec des mouches ridicules fur mes con- «!fXV^^5^^'^'S, & en-cet état, livrée à la dérisior^ ^^7:des Valets. L'Italien, scoflé de fon VmïçT ^H^^ y commandait cette Canaille , qui d*abord , a la vue de quelques refies de beauté , demeura ir terdite : Point de pitié-1 récria le Vieux-monflre. Aufïï- tôt les Uns medirert des infamies, oa m'en- firent; les Autrestiraîent les loques ,de mes falbalas déchirés; Ceux-là puisè- rent de Teau-faledins la marre, & m'in^ ondèrent d'ordures ; Ceux-ci pouffaient la barbarie jufqu'à me frapper. On me lava cnfuite , en me jetant dans un baffiii ; puis je fus- livrée au Nègre, qui m'enferma avec lui. J'étais- au-des-

VÎI.'^* P A H T I E. 7

cfpoir : mais enfin , la foif de la ven- geance a -fuccédé à Tabbatcment. J'ai- pris la résolution de poignarder 1*2 bo- minable Nègre , & d'attendre îa mort de Qi'î voudrait me la donner. J'ai- donc-difiimulé ; jVi - feint de tomber dans une forte de (lupidité. Avec quelle barbarie , dans cet état qu'ils croyaient réel, les infâmes Valets ^ m'ont -tour-* mentée ^ outragée , jufqu'a me pouffer dans la marre de la baffe-cour , d'où je fortais couverte de fange &: d'immon- dices ! O que la Valetaille efl une lâche Efpèce î.... Ilcfîvraî, que pour vendre aux Autres , fon temps , fon corps, fa volonté, il faut n^avoir plus d'âme!.. . OnmVenfin-négîigéedanscet état : îa crafTe dont j'étais- couverte me rendait dégoûtante, & fi quelque Mar* miton _, fur le récit de ce que j'avais» été , voulait encore m'ourrager , je favais l'écarter par une apparence de fureur. Je commençais à être fi-aban-^

A 4.

8 Favsane pbkvertie,

donnée de tout le monde, qu*à-peine me dopnait-on de la nourriture : on me fesait-coucher dans une loge , deftinée au gros Chien -de-garde, & je ne pouvais me tenir qu affise. Cependant je guettais le Nègre , & fur-tout l'Ita- lien. Mais ce Dernier n'ayant '•plus de vengeance à prendre d'une Imbécile ^ abandonne ma vie k la merci de fcs "Valets ; il ne paraît plus,

Foubliais un trait d'^humiliation que j'elTuyai ; c'eft qu'un-jour , il me fit- fcrvir jouet à toute fa Valetaille, devant deux Filles du - monde, qu'il âvâk-fait»venir à cette maison de-^eâm- pagne ; que ces deux Malheureuses me firent des infamies déteflables, & que

ma plume refuse d'écrire Je les

gourmai de mon mieux : mais elles me le -rendirent jufquà me biffer pour morte. Ces fortes de Femmes font des bétcs - féroces , plus - cruelles que le Porteur-d'eau, que le Nègre lui-même.

VII.'^' Partie. ^

Ceft dans l'état d'abandon je fuisà- ^ présent^cnfermée dans une cour intérieure entourée de hautes murailles, quejevous écris. Je vais tkher de guettct par un œîl-de-bœuf qui eft dans le mur fur la campagne à plus de vingt pieds de haut, quelque Laitière , à laquelle je ferai jsmafler ma Lettre. J'cn-entens Une tous les jours; mais je tie faurais lui parler ; je retombe toujours ^ quand je veux mettre mon corps dans Tembrâsure : peut-être pourrai-je lui jeter ma Lettre; j'efpère,ouque cette Femme vous la poi* _ tera & vous dira je fuis , ou tout aumoins qu'elle la fera-lire a Quel- qu'un, & que laPolice fera-inftruite. Le poft fcrîpt vous apprendra , fi je fuis vengée*

^ota. Il n'y eut point de pofl-fcript ; l'Infar- tuiiée n'en-eût pas le temps. Elle jeta fa Lettre par l'œil-de-bŒuf , efpèce de trou rend , propre à pafTer un fusil pour tirer dans la campagne î la Laitière la ramalTa i mais elle la remit aux €cns- de-la-maisoû.

î-^ FAYSJNE PJERVERTIE,

.„ , \mm, mm\iiit^^SSS^ijldm

CXjCVlIlJ*^ 10 décembre .

La, Même , à la Même, f La pauvre Infortunée raconte ce qu'elle a-fouf- fcrt depuis i Gomment on l'a-mise dans un lieu- ïnfameî comment elle Pen-eft-échappe , & ce qu'elle ell-^e venue enfuitc. ]

1^1 mes deux Lettres, péniblement écri- tes avec un curedent trouvé par-hasard , & taillé a-Taide d'un mauvais-couteau > avaient- pu vous être -remises, je ne ferais pas ici. Ah ! (i vous m*avie2- oubliée, apprenez que je me fuis encore plus oubliée moi-même : On n'a pas de faibles pafRons dans notre Famille ! elles nous portent au bien ou au mal avec excès : lisez & frémifTez î

Je venais de paiTcr ma Lettre à la Laitière: je la vis , ou crus la voir fc bailTer. Je m'en - retoui nai a ma loge, agitée d'un commencement d'efpérance , pour y prendre un-peu de nourriture,, leile des Chats & des Chiens , qu'on me

Yjjme Partie. 12

donnait dans le même vase qu'à ces Âni* maux... (que la vengeance ef! ingénieuse, longue & erueîîe chés îesîraliens !.... } J'alais manger , îorfque le Nègre a-paru- Il était à-dcmi-ivre. Il m*a-ordonné de ve- nir à lui, du langage & du ton dont on parle aux Chiens. J'ai-fouri pour la première- fois, depuis mon malheur. * Je fuis for- , •sujet

^ ' de la

tie à -reculons, fuivant mon usa^e....xxvitm5 Sa njain brutale m*a - faisie , & m'a- fait poufîer un cri. Tu R*es pas grofîe ^ m'a - 1 - il dit, en- employant le terme dont on fe fert pour les Ani- maux , & mon Maître ne te veut pas mettre à la porte, que tu n*aies un

Petit de moi ; viens ( jurant des mots

infâmes ). Je Tai-prié de me lâcher : Il ne m'a-répondu qu'en-me fesant le plus de mal qu'il a-pu. Je me fuis-jetée fur lui. Loin de fefFrayer, il m'atten- dait la poitrine découverte, J'ai-enfoncé un vieux couteau dans fon vilain cœur. L'Italien â - raison ; quelle volupté ,

îà ^ATSANE PERVERTIE.

qu'une jiifte vengeance ! Il a-encore-eu afles deforce pour le retirer, & il Ta^evé pour m*en - frapper : mais Ton bras a- perdu le mouvement, avant qu'il ait»pu le ramener fur moi. J'ai- pouffé un cri- de-joie , en-voyant Tlnfâme tombé, & fon fing bouillonner. Je Tai-laiffé mmi- rir...... Comme la vengeance endurcit!

une goutte de fang me fesait-évanouir au trefois 1 Je fuis donc Italienne enfin ! Lorfqu'il a-été-expiré , je l'ai -traîné dans la marre durant la nuit ; parce- quVn- entrant dans ma prison , il avait- laifféla porte-dc «communication ouverte, -^ je Tai-fixé au fond par des caillous, que la fange recouvrait. Après ce gîo. rieus exploit , je fuis-venue laver fon fang , pour qu'il n'en «- refiât pas de trace, & je me fuis-renferm.ée moi- même dans ma cour. Le lendemain , on a - cherché Antonini par-tout. On efl-vcnu dans ma prison. On a-regardé dans tousles recoins. J'ai-fait l'imbécile.

-.MMI*-

VII.'"' Partie, 13

On me îaiflaic : j'aurais - échappé fans- doute , quand Portcur-d'eau eft en- ma Lettre a la main. Ou il l'avait trouvée, ou la Laitière Tavait-donnée aux Gens de la maison. Ah-ah î tu n'es donc pas imbécile 1 Alons , alons , au travail-! En-parlanjD ainfi, le Bour- reau me fourgonnait dans ma loge avec un gros bâton , qu'il tenait à la main, - Tu ferais la Demoiselle , fi on vou- lait te çroire-î Je fuis^fortie. Mais je ne pleurais pas. Je cherchais feulement à fj'apper le Scélérat. Je n'ai - pu l'a- border. On m'a-remise au travail , on m*a-fait fervir de jouet comme autre- fois. Cependant on appelait le Nègre : on le cherchait : On l'a-çru à Paris, On m'èxçédajt de travail , à porter de l'eau pour arroser le jardin , pour cueillir les fruit , farder , Ôr le refte. Je fup- portais tout-ceU avec pstience , efpérant de trouver Toccasion de me venger , ou ipe fauver? Mais le foir on m'a-

14 FArSANE PERVERTIE,

. i.il. I .■ Il i .11 .u W

renfermée dans ma cour , comme une Chienne. Le lendemain un Cheval qui f'efl échappé des mains du Palfrenier, a-été dans la marre ; il a-dérangé les pierres, & le corps du Nègre a-paru. On l'a-tiré. Oa m'a* obligée de le laver^ & Von a-vu fa plaie. On ne fongeaic pas à moi d'abord : mais le Marmiton le plus infolent à mon égard, a-dit qu'il l'avait-vu entrer dans ma cour , vers les fix-heures du foir, & qu'il n'en- était pas reforti. On ne fesait pas atten- tion à Ton difcours; maisilm'a-fouillée; il a-trouvé le viens couteau de cuisine, dont la gaine avait un-peu de fang : on a-exa- miné ma poche : elle était enfanglantée dans un endroit que je n'avais pas vu. On a - couru au Maître. Il m'a - fait- Venir devant lui , & m'a - demande : Âs*ru tué mon Nègre ? Oui, & je t'aurais- fait fubir le même fort, fi je t'avais- trouvé fous ma main. Je regrette iïion l^kgït : mais ton adion elt-cou-

VII.™" Partie. 15

1 1 <■ ' Il III ... Il - II. ■■■il

rageuse , & ta réponfe me plaît : Tu n'es pas aufli vile que je Tavais-cru : ton fort adiicl va cefTer... Qu'on Thabille promptement , & qu'elle attende mes ordres. Défcnfe à Perfone de lui rien dire : ce n*eft plus ma volonté-. Deux Femmes font-venues me prendre ; on m'a-habilléc en-bourgeoise, après m*avoir mise au bain, qui en« enlevant ma craflc, â-fait-rcparaîtrc ces faibles attraits , qui m'ont - perdue. Ce petit fuccès m'a» tirée de mon indifférence pour moi- même ; j'ai - mis la main à ma toilette , & je m€ fuîs-rendue comme je n'avais jamais-été dans cette maison : je me fuis, cjifuite- promenée fièrement dans la înaison. Tout le monde me regardait , & j'ai -cru entrevoir des désirs, des lignes de repentir de n'avoir pas-profité... A-la vérité , j'attendais la mort : mais je fesais bonne-contenance ; mon âme étaic- €xaltée depuis le meurtre , & je ne kntais plus d'autre émotion dans mon

^ ' "- - - . I ..

16 FaV SANE PERVERTIE,

âme, que celle de la cruauté; faurais- voulu déchirer tout ce que je voyais..., Ainiî les Aflacins ont du plaisir à mafTa- crer fans- doute! ainfi les anciens Soldats Romains trouvaient leurs délices dans le fârig & dans le carnage desprofctiptions... Aubout de deux heures environ, une voi- ture fefl-trouvée prête : lesdeuxFemmes y font-montées : on m'a-bandé les ieux & mis un bâillon; on m'a-portée auprès d'elles, Scia voiture a-parti. J'ai-entendu le pavé aubout d'une heure.de marche : nue demi-heure après , on m'a-defcendue dans une maison fans cour , a ce que j'ai-» penfé , car je n'ai-pas-entendu ouvrir de porte 5 ni fenti la voiture tourner , & je mc-fuis-trouvée dans une chambre afles pro' ^ 5^^: pre. * Une Femme cfl-venue m'y trouver It '^ qui m'a-déilé les mains, débandé les ieux\ Pauipc. ôtélebâillon , ô:quim'a-dit: Ah-ça , ma Fille, je fais ce que tu es ; ce que tu as- fait; lâCordeétaîttonlot,fi onavait'vou- lu : ne va donc pas fairela Bégueule î c'eû

ton

#

VIL"'* Partie. 17

»- . . ■*

ton plus-court, pour ne me pas obliger k te maltraiter; car j e fuis payée pour ça: c'eft le témoignage que je rendrai de toi, qui pourra te faire-avoir ta liberté. Tu rece- vras tout ce qui fe présentera ; ou-finonj, tu feras fuftigéc , tiens voi-tu, attachée à ces deux crampons, comme k laCor- reélion^ de Bicùrc, C'efl à toi de voir, fi tu veux être douce; car moi, jVimc mieux la douceur que la rigueur, & être amie avec toi qu'ennemie ; nous y ga- gnerons toutes-deux : dès qu€ tu feras une bonne •••••*, (elle nancha le mot ) , tu feras libre : mais il faut l'être , âc volontairement-. Je ne répondis, qu*en- priant cette P'emmc de me ménager. Elle le promit , fi j'ctais bonae-fille , après une petite épreuve. Quelle petite

épieuve! durant (ïx fcraaines Jai-

cru que j'y fuccombeiais. Je n'ai-pas- marqué la moindre répugnance : aucmi- traire, je demandais a employer tous mesmomens. J'ai-gâgné par ce moyen l'amitié de la G**, 6c j'ai-commeccé k - Tome m, VIT Partie, B

j8 PAYSANE PERyMRTJE»

jouir d'un peu de liberté.... Oh I fi je pouvais m'échapper ! - Mais il faut que je prenne bien - garde 1 Teffec de ma première Lettre trouvée m'épouvante , & je n'écris celle-ci qu*en-tremblanr. * Un-jour , que je différai un -peu à *Sajec ouvrir, parce-que j'en-fisais une page, XXIX m* j'ai-été-mise aux crampons ^ malgré mes ^'^^^' excuses , & j'ai-reçu , par Tordre 11- talien, qui malheureusement venait d'ar- liver , vingt coups de nerf- de-bœuf^ des mains du DomeOiq dela*G^*, en-pré- sence de cette Femme : elle a-p;iru me plaindre ; mon Bourreau lui-même dé- tournait la vue : mais je n'en-ai pas moins perdu la moitié d'une confiance acquise

avec des peines qui font frémir Je

l'ai-regâgnée enfin : mes difcours , mes adions, tout m.e fait-pafTer pour ce qu'on veut que je fois. Car je fais que je ne dis pas un mot qui ne foit écouté. Si je ne puis fâire-porter cette Lettre, je la gar- derai 5 jufqu au moment d'une plus- grande liberté. .

VIL'"* Partie. 19?

«— »»~^»— »» I «III I ~^»— i-—^— ^ 'ji ' ' I «

30 décembre.

Infortunée que je fuis 1 que vais-je devenir^ hélas !..,. Je fuis-fortie ; je me fuis-échappée ; la joie rentrait dans mon cœur ; je me croyais-fauvée... &: je n*aî-

pu trouver , ni vous, ni mon Frère!

Tai-erré tout le refte du jour. Enfin, le foir , haraflee , mcurant-de-faim, j'ai- été chés une Femme comme Celle que je quittais, mais qui dumoins ne fera pas ma geôlière. Je lui ai-fait croire, que j'étais une Fiîlc-de-famille maltraitée par une Brllemère , qui réchappait^ Elle m'a-regardée. Tu es trop fucé^ pour ça , ma Fille-l J'ai - donné de& raisons. xMa-bonne-heure^ car pour neuve, tu ne l'es pas-. Elle m'a-admise chés elle , & j'ai-recommencé mon train-- de-vie de l'autre maison; Mais quelle- difrérencc !■ Je refpirc ici !' une partie

du gain eft pour moi. Quel fore

pourtant, grand Dieti î Fai-perdu-

cette fraîcheur appétiifante , qui m'atd^-

B z

aO FaTSANE PERVERTIE,

rait tant d'Adorateurs & d'éloges ! je fuiS'fanée , ternie , avant la vieillclTe ! j'éprouve déjà le fort de ces Ridées, que je trouvais fi h-plaiodrc ! ,

xo janvier 1754.

Voila trois-fcmaines que je fuis dans ma nouvelle demeure. Je me fuis-faite amie de /j-P**, ma Maitrcfle, ou M^- man , & j'en- fuis aflcs bien-traitée : Il nie revient quelques charmes, par le foin que je prensde moi, & fur-tout par le repos durant la nuit, dont j'ai-fi-long- temps été-privée. Cet état eft bien-vil ! bien-dégradant î mais comment le quitter l Ecrirai-je à mes Parcns, moi desho- norée ! J'aimerais mieux mourir.

Ah! fi je retrouvais mon Frère !

déccasbre 17?^.

Je m'accoutume k ma firuacion : j'ai- tout-oublié, honneur, Parcns^ vertu. Fils, éx moi-même 1 Trois années, grand- Dieu! dans cet état! fans entendre parler de Perfonc! Quoi! je ne verrai pas un Visage de connaid'ance I Je corn- Rience à fortij'.... J'ai-été prête deux?

VII."^' Partie, 21

fois à être - reconnue par Un des Gens de l'Italien : je n'al-méme-échappé que par - hasard ; mais c'était la première année: depuis deux, je ne vois plus Perfone que des Inconnus, L'Univers eft-devenu un désert pour l'infortunée Ur^uleR^^^.. UrfulelR^M Une Fille de mon état a- t-cîîe un nom-de-famille ! rayée du nombre d^s Citoyennes, morte civilement, elle n'efi plus rien t elle n*a plus ni nom, niParens, ni fcxc, cllecftun monflre d'une nature audeflbus de Thu- ,maine ; elle en-e(l fortie,&: fi elle y rentre, ce n'eft que pour être le jouet des Bru- taux qui la dégradent! Quelles humi- liations journalières ! & fi je ne mY étais pas accoutumée par-force chés la-G*'*", aurais- je pu jamais m'y résoudre î Bon- dieu ! defcendrc audcffous de ce que j'étais

dans ma loge , durant ma captivité !

Mais di^pons ces noires vapcufs 1 N'ai- je pas quelquefois du plaisir avec un Joli-homme ?..•„.• Du plaisir! Ah! Malheureuse î fi tu te fais illusion us*

22. PArSANE PERVERTIE.

inilanc ne vois-tu' pas bientôt comme^^ on te quitte?».. Le mépris, l'infolenceù la crainte , le regret , le dédain.... Il n cxiHe pas deux Hommes, comme Ed- mond , qui honore Celle qui le favorise même au fein du libertinage

r4 février 1 7Î7.

Enfin jeî'aî-reyu, cet Edmond,,, aion: âme en-eil encore épanouie !... Que de peines il a-efTuyéesl Soldat, déserteur par-desefjîoir, il a-vulamort^ il l'a-pref- que-fentie... Ainfi le Frère & la Sœur ont-été malheureus également ( i)l... J'ai- donc-revu Quelqu'un a qui je tiens au

monde \ Mes larmes coulent 1 je

répans à^s larmes d'attendrifTement ! Il y afi-longtemps que je n*en- verfais que de rage!..« Ah 1 je fens mon cœur! j*ai encore un cœur ! je Tai-retrouvé , en-retrouvant Edmond f . .

(i) Voyez, dans le Paysan, à lafin<îu ^Tome IVtP* ^^^ ^fuii^. les Lettres recouvrées ^ i: les cxLVi & cxlviî.*^", T. lU , p. ^4 & fuiv, aInS gue la xLvn,*** Figure,

VIL"** Partie. 2.3

X X I X,^^ Ursule, à Edmond.

to raarSs.

{[La Malheureuse, au-fond du bourbier, parais Py complaire j mais elle cfl: desefpéréc. ]

Je D M o N D î félicite - moi ! ah ! me voila contente î Tu cherchais Laure , Lauredifparue depuis fi-îongtemps, que je croyais m'avoir-Dubliée , ou trahie I il n'en-cfl rien! Je la retrouve, jel'ai- retrouvée digne de moi ^ incapable de me rien reprocher ; je l'ai-retrouvée telle

que je fuis ! Ohl la chère Amie!

Nous voila unies; nous ne fesons plus

qu'un Moi î me ménager! non !

non! Je provoque les Libertins,

les Sacripands ! les Soldats ! & j'ai un Ami , qui me bat ! Je fuis entièrement comoie les Filles de ma cldOe... Et cet Ami... c'eft le plus-vil & le plus-cher des Hommes: car je ne (aurais plus aimer, je ne faurais plus cmbralîer avec plaisir qu'un Infâme, qui dégradé, flétri

2.4 PjrSANB PERVERTIE.

comme moi, n'a rien a me reprocher 1... cet Ami, c'eftun Efpion, fouetté , msur- qué aux deux épaules ; c*efl: une âme

baflè, bafleàrexcès c'eftun Laquais

de l'Italien , le même qui a-été jeté dans la cour.... A ce mot , tu frilTonnes... Va! (i tu ne te complais pas dans mon * aviliiïement , comme je m'y complais , tu n'es pas digne d'être moo Frère ?... Mon Frère! eft-ce que j'ai un Frère, des Farens?... Non, non, je n'en-ai plus .. Avilis- toi, ne voi que des Femmes de ma forte ; foutiens-tn Une , comme le fait à mon égard le Laquais , & bats-la ,

fi tu veux que jeté revoie ! Enfin ,

me voila au plus-bas degré des Créatures

humaines I Ce n'eft plus Urfule

depuis longtemps , ç'a-été Fatime chés Îa-G** ; Zaïre chés la-P**; aujour- d'hui, c'eft Trémoujféc chésla-M*♦^ je viens d'avoir l'honneur d'étrc-admise, malgré mon â|;e ; (car je fui« vieille ; j'ai vingtdeux - ans 1 ) j'ai -pris le nom de ma fideîle Femme dc-chambre , que je

voudrais

VII»^^ Partie, aj

voudrais revoir! Laure eft avec moi; nous-nous-fesons des défis, & lorfque nous ne trouvons pas k fatiffaire nos goûts crapuleus nous femmes , nous fesons des excurfions ailleurs* Nous étions l'autre jour, les complaisantes d'un Trucheur efiropié, & d'un lâche Déserteur des Colonies , qui vient d'être pris & condamné à être-pendu ; c*eft Lagouache : le vilLagouache, ton dénon- ciateur (ï) 5 m'a-trouvée, m'a - vue dans

la fange, en-a-ri, voulait m'infulter

Je Tai-fait-rougir de n'être pas au fli-vî- cieus que moi ; il m'a-refpedée à-force d'infamie" ainfi, les Bé'doiiins rhono»

rent du gibet II a-été-pris dans mes

bras: on Ta-renvoyé exécuter à l'ilc-d'Aix, Mon tempérament eft-devenu une fu- reur] mon goût pour la crapule une rage ;

je veux m'anéantir dans l'infamie..,

Ma main TappesantiL.... Pourquoi t'é- crire? qu'ai-je à te dire?..... Ah !,... que j'avais-retrouvéLaure & un Laquais,

Ci) Voyez les Lettres recouvrées , To. IV du PaysaMj

TomtIV, VlIPanU, C,

.2,6 Pjysane pervertie.

pour faire de l'Une ma Compagne chérie de débauche , & de l'autre mon T7ran : je veux être efclave , moi î je veux être par goût , ce que l'Italien m'a-fait-étre par force , & me m^ettre audeffous du fort. Je veux qu'il cm'age de ne m'avoir- pas-abaifTée autant que je m'abaiiïe; qu'il en-crève de dépit... La tête me tourne !.,, C'^ïi la joie d'avoir-retrouvé Laure , & de venir d être-battue par le vilLaquais duplusviîdesHomm.es(i)... Infortunée! i'ai-perdu les lumières de la raison î mon imagination fe dérègle^ & force mes facultés ; je fuccombe à l'excès de mes caprices.... Urfulel Urfule 1..,. quitte

l»lgimror.jMi^ijjj.im»ji>n-«^tijiH^1,mU-«mi»l»

(i) Qui croirait que ce tableau frénetiq n'eft* pas-outré !.... On dédaigne , dans la haute phi- losophie , d'étudier le cœur-humain par-tout '■> aufîî le connaît-on mal ; on ignore à quels excès il peut fs porter. Je l'ai fu, moi > vldi &> lackn- matus-fum* Cette connailTance ferait très-utile à certains Map^iftrats , & fur-tout aux Leçifla- teurs3 elles leur donnerait bien des lumières, Si leur ferait peutcire découvrir \ts véritables lois coercitives à porter: tous ces Malheureus ne font pas incurables en eux-mêmes 5 mais ils If* font bien-fûremcrit par les moy.'^ns employés ^ujourdliLU ^ f L'Editeur^

Eïhrita>*aBacaMka

Vil."'' Partie, 27

tes vils noms î reprend celui d'Urfule ...• Mais reprendras-tu ton innocence !..... Non ! non ! c'efl rimpoffibîe. Le Plaf- tron d'un Porteur d'eau, d'un Nègre, de la plus vile Canaille, des Scélérats, qui de fes bras ont- palTé à la roue, au gibet, à la rame, ne faurait plus recouvrer un feul fentiment d'ellime d'elle-même!.... Ah î que ne puis - je efFacer le paiTé ! Que n'efl - ce un fonge , grand Dieu ! quel plaisir j'aurais au réveil î..,. Mais c'eft la réalité: me voila.... voila ma chair; la voila; je latouche , jelafens, je fuis-éveiliée ; c'eft moi , moi quiécris, & ne dors pas.... c'eft moi qui vient d' ^- tre-battue , foulée-aux-piéds par uo La- quais-fouteneur, à quî je n'ai pas alTés donné d'argent, pour aler le perdre au billard ; il m'a-arraché mon bonnet , il i'a- écrâsé fous Tes pieds... Voila mon fein flé- tri... Voila mon orgueilleuse beauté ter- nie... me voila pâle, érâillée, couverte de rougeurs , de boutons, n'ayant plus dans

Cz

2.8 FArSANE PERVERTIE.

^— >■"— Il I . ■' I I I. Il I I Ml... r m

mes veines qu'un fang ardent , échauffé , corrompu,... Ou eft le temps de mon innocence !•.., Maudis fois-tu , chîen d'Edmond î je te maudis î maudite foit ta Parangon , & fa pafïion langoureuse ; cjue l'enfer la confonde l & fa Fancliette, & la-Canon , qui ne m'a-pas- aiïes-fur- vciliéc 5 afTés-retenue , 6c mes Parens , qui m'ont-envoyée àlaVille, qui ne m'ont, pas-gardée chés eux » après mon vioî !,.. Ah chien de vil Marquis! c*eft toi! ç'eft toi !... que je t'étrangîe, ,

le lendemain.

J'ai - cefTé d'écrire hier , parce-que j'avais*écrâsé ma plume, &; répandu mon encre,.. Malheureuse 1 il n'y a plus de pardon pour moi, j'ai-maudit, & mon Père, &: ma Mère, & mon Frère !... La roalédiélion , je vais la vérifier. jP.-/^ J'apprens qu£ tu aimes , & que tu es-aimé de la jolie Zéphire : cela me ranime&meconfoîe; c'cft une Fille-de- joie ; elle ne rougira pas de ta Sœur ! Adieu. Je n écrirai plus.

VI I.'"' P A R. T I E. ag

»__- '

C X XI X,^' .,rmf^

La u r e ^ à E n M o N i>.

[ Peinture du misérable état d'Urfuic, & de Celle qui écrit. ]

XL eft-a-c:raîndre qu'Urfule ne fetuè, ou qu'elle ne fe fafTe-tuer. Depuis une Lettre qu'elle t'a-écrite , elle nous ôte- rait, fi elle pouvait , tous les Hommes qui viennent ici. Cependant , elle efl- abfolument- gâtée ; je le lui ai-dit; mais elle ne m'écoute pas. Plusieurs Hom- mes incommodés par elle , font-furieus & Tauraient-poignardée , ou jetée par la fenêtre, fi on ne Tavait^pas-cachée: ils doivent - faire enlever toute notre maison, à ce que m'a-dit un ancien Laquais de l'Italien , qui elt efpion. Nous alons nous mettre en-lTireté. Tu fais que la- M*** nous a-renvoyées , comme tropK libertines pour fa maison. Nous fom- mes à-présent rue Bcaurcpalrc ^ & nous - 'C3

30 F ATS ANE PERVERTIE.

âlons-alerrue Tiquetonc^\ un troisième, pour que Sofic ( c'eft le nouveau nom de ta Sœur ) foit moins-exposée a être- trouvée & reconnue. Nous-nous*mct- tons dans nos meubles. Si tu peux nous aider , tu nous obligeras ; car nous n'a- vons qu'un mauvais lit , composé d'une pailîafîe & d'un mateîat dur comme une planche. J'ai - trop manqué i Gaudéc , pour avoir recours à lui- Tâche de fair^ entendre raison à ta Sœur , fil efl poiïï- ble ; ou plutôt envoie-lui Zéphire : elle f'eft- éprise de cette Jeune-fille, & je fuis - fûre qu'elle Técoutera. Voila un trille fort î avec de fi-grandes richefles \ une fi-belle perfpedive !..., Si ta Sœur était comme Une « autre , nous aurions recours au Marquis : mais comme elle eil, je crois que tu en^mourrais de honte,

fil la voyait Adieu. Je t'attcns

ce foir à xi htmts ^rwz Tiquctone: envoie-moi fix- francs par le Porteur , û fi tvi les as.

Mh""' Partie. 31

■fS.'JJ TTrW.l".'J"J ; -— "«^'^tggS

^^ -^ -^ -^* même jour,

Reponje,

[ L'Infortuné Edmond n'efl pas mieux que les deux Malheureuses, 3

Je fuis malade , & pauvre : mais je vous envoie par ma Zéphire tout ce que Je pofiède. C'eft une charmante & gé- néreuse Fille. Îmitez-Ia: je ne veux pas vous donner d'autre modèle : même au feia du libertinage , l'innocence, la candeur, font aimables encore : Zéphiré me le prouve; & fi je reviens un-jour de mon profond avilifTement , c'ell à Zéphire que je le devrai,

P»-f' Quant k Gaudét , tu le crains ; moi je le fuis ; Urfule le désire : Il ne fait pas encore toutes les horreurs qu'elle a-foufFertes : Il les faura : mais f'intéreffe-t-on beaucoup à une Fille comme eft a-present Urfule? Gaudét eit com.me tous les autres Hommes ^ il aime le plaisir, & Celles qui peuvent

le donner.

C 4

'^^FArSAN£ PERVERTIE.

C X X X L^S , ^7 mai.

Ursule,

à E n M o N

[Petit commencement de retour: Hélas! que

le vice nous abalilc ! J

J*AVAis-jeté mes plumes , brisé mon écritoH-e : je ne voulais plus écrire : une

véritable Profl n'écrit pas; elle a bien

autre chose à faire! ... Je r'écris au- jourd'hui. J'ai-vu uîie Ange , j'ai-vu Zé- phiie. Il y a deux mois que tu me l'en- voyas, avec tout ton argent : elle y joi- gnit tout le {ien, & nous meubla. J'ai^ travaillé le-piûs que j*ai-pu , & j'ai-rendu aujourd'hui à cette Ange célefle , qui refusait de recevoir , mais que j'ai for- cée , en-îui-jurantque je l'alais gourmcr fi elle ne recevait pas.... Je lui en-ai- demandé-pardon enfuite , je me fuis- mise à fes genous , j'ai baisé fes belles mains ( comme je les ai-euesî ) mais avec modération , mon haleine ôc mes lèyrçs

vil'"' Partie. 33

ne font pas pures. Que j'avais de plaisir à adorerîa vertu dans ma Pareille 1 dans uneProflituée !... Mon cœur fe dilate ; il bondit , je le fens bondir , en-t'écri- vant..t. Une Proftituée , m'offre l'ima^ ge chérie , mais que je redoutais de voir dans Toute-autre , de la modeflie dans la mise , dans les difcours , dans les ac- tions ! d'un cœur pur , pur comme foa haleine : d*une âme belle , grande , gé- néreuse (comme je l'eus, hélas î ) d'un fourire aimable , enfantin , mignard ^ ( comme je l'eus , ) point défiguré par le tiraillement de la rage , tel qu'efi: aujour- d'hui Ic-mien & celui de mes Compa- gnes. ..... Ah 1 deux fources de lar- mes.... Je n'y vois.... plus.. . mes ieux fe fondent,... Oh ! oh l mon pauvre cœur t mon pauvre cœur f ..... 0 mes Parens !..., Zéphii e aime fa Mère..,. Eh î quelle Mè- re !.... UneMère comme moi , une In- fâme î Zéphire^ bonne, tendre fille ,

batue par elle, proftituéepar elle, trom-

%^ PArSANS PERVERTIE.

pee,vendiie par elie avant l'âge de onze ans ^ Zéphire die , C'eft ma Mère : je ne veux plus être ce qu'elle veut que je fois; mais , fon chagrin me déchire le cœur : je donnerai ma vie pour elle , mais non ce qu'elle veut-. Et moi , qu'ai- je- fait à la mienne? à la mienne^ fi-bonne , fî-tendre, qui f'ôtaitle néceflaire, pour me donner le fuperflu ; qui me portait dans fon vertueus cœur!....,. O ma Mère!.... ô mon Père !.,.,. mon véné- rablePèreL... MonPèrel... Ah! ces

deux noms me déchirent le cœur 1

Furies , laiilêz -moi dumoins écrire à mon Frère la douleur qui me déchire le cœur! Furies, vous n'y perdrez rien!...

Viens me voir ; mon cœur f 'atten- drit ; je t'écouterai viens ; je péris :

viens ; peutêtre fera-ce pour recevoir mon dernier foupir.

( Il y a toute-apparence qu'Edmond n'y ala pas: Il lafuyaiî alors i la vue de fon infortunée Sœur le déchirait de remords. )

^Sb-

V IL'^* Partie. 3$^

ex XX I L^- , j,..,. Edmond, k L A u R E.

î[ Le Coi'iuptear, après les avoir tous abbatas , cft encore debout î ]|

Strépare ton cœur & ton courage, Laure î arme-toi d'effronterie , fi tu le peux : ou plutôt , viens modeflement te mettre aux genous de VAmï le plus di- gne , & le feul qui nous rede. Gaudé^ eft arrivé.

I F.'f. Je n'ajoute rien \ ce mot : c*eft un coup-de-foudre. Préviens Urfule : encourage-la , fi tu n'es pas toi-même fans courage.

2, P.-/ Il fait tout : fexcès de fa fureur, me prouve fon amitié! Dieu! qu'elle était grande & belle ! elle mVcausé, un mouvement d'honneur , le premier, •depuis trois-ans(i)

(i) Voyez , Tome III, p. 79 &fuiv. du Pay- san, dans quel avilifTemcnn & dans^uei abandoQ de lui-même il était- tombé.

^6 Fàtsane pervertie.

w~~r^ fin" * ' ' ■j'-'— ■- ^r~ir" m" i ftnii i

C X X I I I^K .i„i„.

Héponfc [Laure apprécie enfîn, & le Coi-rupteiirj&: îe vice î mais il eft trop-tard I Elle racante fes folies. ]

i^l: ES torts avec Y Ami font-ils de-na- ture à étre-pardoFinés ? Je t'en - fais jiTge , Edmond I & d'après ta réponfe, j'irai le voir , ou je îe recevrai ; dans les deux cas , je ne veux point paraître en-coupable : Je ne la fuis pâs^ d'après fes maximes , & c'cft à liii-feul qu'il doit f'en-prendre^ fil a-été-trompé.

Quand je commençai d'être infidelle , du temps d'Urfuie , XAmi , qui préférait fa pofTeiTion a la mienne , ferma les ieux, & je m'accoutumai ainfi au vice ; car c'en-eil un que la proftitution : l'état de mon Amie, & celui cui me menace chaque jour , le prouvent fans réplique. Lorfqu'Urfulc fut-difparue ; que tu fus parti pour l'x^ngletcrre , à la pourfuite du Forteur-d'eau , que l'Italien y avait-

. VI î."'' P A R T 1 E. 37

envoyé , fur quelques menaces , que les

douces de VAini lui avaient-fait lâcher,

depeur d'avoir ici ce Témoin contre lui,

toutes les fcèces d'horreur qui fe fuccé-

daient, me tinrent effrayée. Cependant

nous ignorions les plus-cruelles I... Le

Porteur -d'eau poignardé, toi, fauve

comme par miracle, de retour en-France,

tu difparus , foit pour te cacher, foie

par d'antres causes: mais tu n'avais rien à-

craindre de l'Italien ; il aurait lui-^même

fait-poignarder le Porteur»d'eau , qu'il

îî'osâit-rendre aux fcrs , fil n'avait-craint

que tant d'atrocités ne fe découvrîiTent:

Il nous fit-dire , qu'il ne pourfuivrait pas

Edmond, qu'il excusait un Frère outragé,

dont la Soeur était-avilie jufqn'à ce point.

Le trouble causé par toutes ces infamies

fe calma. L'Ami fut-obligé de faire un

voyage à Au^* ; je demeurai feule &

ma maitrelTe , ma Mère étant dèflors

comme morte. Je me livrai à tous hs

égarcmens, qui avaieut-perdu ta Sœur,

gB Pavsane pervertie.

«g«

& moi , fi-bonne-confeillère du temps de Lagouache , j'en trouvai un Pareil , qui me ruina. Tout fut-cotifumé en-fix- mois. VAmi , \ quî je n'osais écrire ma position , devait bientôt revenir ; je ven- dis le refte des meubles, & je fuivis mon indigne Amant dans un hôtel garni, rue Tirechappc, Il ne me fit pas languir : dès le lendemain-matin de notre arrivée, tandis que je me livrais au fommeil,doDt il m'avait- exprès-garantie durant la nuit , il difparut avec tout mon argent , tous mes bijous , ne me laifTant que mes bar- des, & les choses dont le poids Taurait- embaraiTé : mais il fit main-bafîë fur mes dentelles ; il m'ôta jufqu'a des boucles- d'orcilles que j'avais cn-ce-moment, ainfi que celles de mesfouliers. Je m'éveil- lai, tandis qu'il dégainilFait mes oreilles ; il m'embrafiâ, & me dit de dormir; que cela me blcfTair. J'étais fans défiance, à-demi-afToupie, les rideaux tirés. Je me tinc-tiaî^quile , & il fortit.

vil.*"" Partie. 39

m^ ' -^ ^ * ""'""*■ .m- Il I 1 I 1 _ 1 . 1

Cependant je réflcchiflais machinale- ment aux boucIes-d*oreiIles qu'il venait de m'ôter; je ne me rendormis qu'afles-maî, & aubout d'une heure , cette idée m'é- tant revenue fortement , je fautai hors du lit. Je m'habillais a-la-hâte, quand un Commifîionnaire m'apporta une Lettre. Je cherchai ma bourfe , pour le payer. Je ne la trouvai pas. J'alai à ma maie ; je l'ouvris : pas le fou ! Je brisai enfin le cachet , & je lus :

o/l'i^A chère Femme: Ne t'inquiète

pas ^e mon ahfence 'à'* une partie ^e la

journée. Je fuis au jeu : fai^perdu

hier ; m.aisjejpère me ratrapper au-

jour'è'hui : J'ai -pris notre argent ;

mais je t^n- rend rai bon - compte ce-

Join Ne le cherche pas. Comme je

n'avais pas ^e monnaie y j'ai-pris la

tienne : tu n as rien a '^ cp enfer aujour'-

d 'hui y fois tranquile, A ce foin

Le Com.miJJîonnaire eft payé*

Je fus très-en colère 3 tout en-croyant

40 PaYSANE PERFERTIh^

que c'était une vérité; je ne penfais qu'à la poiîibilité d'une perte au jeu de tout ce que nous avions. Je me tra^quilisai : je dînai feule , & il falut , dès ce pre- mier repas , demander crédit , qu'on me fit d'affés mauvaise-grâce. Dans l'après- dînée , je voulus mettre quelque-chose en-ordre de mes bardes : j'ouvris mes malles \ plus de dentelles, plus de bijous ! il ne reliait que mon linge & mes robes f j'eus la bonhommie de croire , qu'il avaiî-craint les revers du jeu , & qu'il rétait-*muni ; mais je me promettais bien, fi je pouvais r'avoir ce qui m'apparte- nait, qu*ii u y toucherait plus i Je -l'at- tendis pour fouper. Perfone. Je man- geai quelques triftes reiies de mon dî- ner, je me mis à lire, en-attendant , jul^ qu'à li»heures-du-maîin , que je m'af^ foupis. En-m'éveillant , il me fem.bla qu'un voile fe déchirait de devant mes mes ieux ; je fentis que j'étais-dupée , volée , abandonnée , fans reiTources ! Je

fus

VIL"^' Partie. 41

fus an-desefpoir. . . . Cependant je me calmai f ongeant que fouvent les Joueurs paflenc le jour Se la nuit : mais ce retard était pour moi d'un mauvais-augure : j'i- maginais qu'il avait-perdu j & qu'il n'ofiait revenir. Je fus toute la journée dans un état cruel. Vers le foir, n'ayant-rien-pris. Je fis vendre une de mes robes , qu'on donna pour une misère, quoiqu'elle fût très- belle , & j'eus quelqu'argent,

la nuit vint : j'étais k chaque inftant aux écoutes; chaque Paflant me paraiflait Celui que j'attendais , & mon cœur bat-r tait à la marche de tous-ceux que j'ea. tendais fous mes fenêtres: ils f 'éloi- gnaient , & j'étais au-desefpoir. Enfîa quatre jours f'écoulèrent. Je témpi- grnai alors mes inquiétudes à moDHôteiTe Elle me dit , qu'il falait faire-faire des recherchas. —-Mais il a-emporté tout mon argent ! Vous avez des effets , vendez. «^ On n'en-donne rien, On fiit ce qu on peut dans votre pafîe-. Il Tome IV, VII F ank. D

" " ' ' . ..- ^_ ^

42 Paysane pervertie.

^atfmimm^ffm^

faîucvendre, & en-peu-de-temps , ruinée, accablée de chagrins & de honte , obligée d'avouer au Commiflaire , devant quî je portai plainte , que ce n'était pas mon mari , je me vis huée , & ne fâchant ou me cacher.

Dans cette fituatîon , il falait recourir

à \Am'i, Je m*en-gardai bien ! c'était

lui que je redoutais le -pi us. Mon Hô-

tefle , qui me voyait a la fin de mes ref-

fources , me dit que puifque j'étais déjà***'

...... je n'avais qu'à l'être davantage, (i je

n'avais rien de mieux a faire. La honte, îa colère, Tindignation contre moi-même, 1 & contre les Autres , me fît fuivre ce , confeil ; je la priai de me laifTer ma cham«- 1 bre , & de m'adreffer Quelqu'un. Elle m'envoya efFeéiivement un Marchand de la rue du-Koult , âgé de cinquantecinq ans , un grand-fec-bourgeonné , qui m'of- frit un louis par femaine. J'acceptai , ne pouvant faire autrement Mais bien- tôt le dégo'dt que me causa cet Homme , me le rendit infupportable. Je vendis

VII."'' Partie. 43

fecrettemenc tout ce quil m'avait-don- né, je tirai de lui le plus qu'il me fut poiïible , je me mis de mon mieux , & j'aîai roc promener au Palais ■- royaly dans les alées folitaires. J'y fus" enfin-abordée par un Homme moins- laid que le Bourgeonné , mais envi- ron du même âge , qui me parla hon- nêtement d'abord, pour me fonder. Le voyant â-peu-près ce qu'il me falait pouic l'inftant j je ne fis pas la bégueule , je ris avec lui. Charmé de ma rencontre, il me fit àçs propositions , que je reçus mal , & dont il me demanda-pardon. Il alait m»e quitter. Je le retins. Vous êtes un galant-homme , lui dis- je , & je ne veux pas vous tromper. Vous m'avez- prise pour une Fille : ce n'eft pas mon fort , grâce au ciel : mais je puis, me lier avec un Honnête-homme-,*, Le voyanc interdit^i'ajoutai : Je donnerai toutes les preuves pofîibles de mon honnêteté : voyez ? Je ne fuis-venue ici que pour

D 2.

44 Paysane pervertie.

un I I ».<M^»««—» n»»i— fj— «««,1 liai I III II I I 11

faireuneConflaifTan ce, doni j'ai-besoin: je h veux honnête ; vous me. convenez ' ne laifTez pas échapper une occasion que vous ne retrouverez peutétre ja- mais.../ Mabeauté ( a ce qu'il me dit \ me rendait perfuasive ; il me répondit ^ Que fi j'étais cffedivement une Fille dé- cente, &: non une Coureuse , que je lu^ cotwcnais parEiiteraent , & qu*il f'efti- merait hcureus de m'être-utile. Je lui fis alors mon hîiloire, à quelques dégui- semens-près. J'avais* eu trois Amans fucceflifs, aufquels j'avais-été fidelle : Le Premier étaic en - Amérique pour fes affaires^ & ne m'écrivait pas: le Second m'avait- abandonnée , fans me rien laifFer ; & je ne voulais pas du Troisième, qui n'avait encore ( disais- je ) rien obtenu de moi. Je parlais avec lacandeur & la naï'/eté que tu me connais ; je fus-crue , & conduite dans la rue du- Chantre PHommeme montra un petit appartement très-joli , que ve- nait de quitter une MairrcfTe qu'il avait

V II/'»* Partie. 4^

depuis deux ans , laquelle était-entrée à \ Opéra ^ elte commençait à fe diftin- guer. Je fus-inflaliée fur-le-champ , les clefs me furent-remises: nos conventiotvs furent trois-îouis par-femaine , fans les robes & les autres présenSv Contente de ce qui m*aurait paru bien-mefquîn a^^anc mes malheurs, je retournai chés moi; Remportai dans un fiacre, qui m'attendait rue Bcthisiy tous ce que je pus empoi ter, & je quittai chambre , HôcefTe , & vieux Bourgeonné , pour ne les plusrevoiv , (i je pouvais.

Mon nouvel Amant vint fonper avet moi, & débuta par quelquespiésens. Tai-. vécu avec lui affes-tranquiîe, quoique je letrompafTeprefque tous les jours. Je me mis à faire des parties avec mes Voi- sines , chés des Abbeffes célèbres, à un louis par-foîrée. J'amalTai ainfi quel- qu'argent , car je fuis naturelîement mé- nagère. Un - jour ( le plus- mal heurcus de ma vie, aptes celui j'ai-quitté

46. Paysan E pervertie,

VAmî)^ j*alai chésIa~G*^ (où écait-alors enfermée Urfule à mon infu) : nous étions quatrcFemmes. J V trouvai trois Hom- mes: on attendait le Quatrième. Il arri- va. Juge de ma confusion & de mon embarras , quand je vis paraître dans ce quatrième Convive mon Marchand bour- geonné de la rue 'èu-Rouh ! Je crois qu'il ne venait pas au-hasard , &: qu'il m'avait -aperçue dans cette maison. " Il fe félicita ironiquement du bonheur de me retrouver , èc il vanta mes charmes à Celui qui m'avait - choisie, J'en-fuS quitte pour cela en-ce-moment. La j oie régna; on foupa ; on fe divertit, & je ne fis pas la prude , moi qui Favais-tou- jours-faite avec l'Homme-bourgeonné. On fe fépara vers le matin , & je pris un fiacre , à qui je me gardai-bien de nommer ma rue; je le fis aler au Marais, & de-là chés moi. Mais en-dcfcendant de ma voiture, je n'en - aperçus pas moins le malheur eus Bourgeonné. Je me

VIL™' Partie. 47

promis bien de demander à déménager dès le jour même , fous prétexte que j'avais-été-vue de Quelqu'un de ma Fa- mille. Je n'e^-cus pas le temps. Le Bourgeonné fe tint aux-environs de ma porte , fans la perdre-de-vue ^ & dès qu'on entrait , il venait voir , û c'était chés moi. Il eut la patience d'atten^îre jufquà deux heures, que mon Amant parut. Il le vit entrer. Un inftant après, il fonna, &: me demanda. Ma Domefti- que répondit , que j'étais en - affaires. —Je le fais , rcprit-il ; je fuis l'Iaten- danc du Monfieur qui eft , & je vou- drais lui dire un mot-. La Sote vint aver- tir m©n Amant , que fon Intendant le demandait. Il fortit, & ala-parlerau Bourgeonné,qtii l'entretint quelque^temps à-l'oreille, lui représentant fans-doute, combien il f'exposaii avec moi , d'après les parties que je me permettais. Il offrit de me confondre , & de le con- vaincre par lui -même. Mon Amant

Pavsane pervertie.

accepta le dernier parti , & rentra auprès de moi. J'aperçus quel qu'altération fur Ton visage. Je lui demandai , fil avait-reçu quelque mauvaise- nouvelle ? Il répondit que oui ; mais que c'écait une bagatelle , & qu'il verrait fi le mal était comme on le disait.

Le foir, la- G^* me fit encore de- mander. Je refusai. Plusieurs femai- nés de-fuite, je tins-^ferme. Enfin , au- bout de plus d'un mois, j'oubliai peu à- peu ma rencontre, &: j'alalchés la*G^^ ; mais j'exigeai pour condition , que je verrais les Hommes de la partie a- faire avant que d'entier. Elle y confentir, & à la première occasion 5 je me rendis à Tes offres. J'arrivai bien- voilée. Je defcen dis en - fesant raser la porte par mon Fiacre , & j'entrai. Mais avant de me montrer j'étais attendue , je rappelai à la G^* la convention. E-le me fit- envisager les Acteurs : Un des quatre était mon Amant , & un-autre le Bour- geonné.

VIL"'*' Partie. 49

geonné. Je rfcu-ii vivement , & je dis à la-G"* , que j'alais lui envoyer à ma. place une de mes Bonnes - amies. Je retournai promptement chés moi , & je me fubftituaiune petite-Fille-de-modes, de chés la Duh"^ , qui était très- jolie,

^ Cependant on m'attendait avec impa- tience. Quand h petite Adélaïde entra, tous les ieux fe portèrent vers la porte. On appela aufTitôt Ia*G**. -Mais ce ii'eil pas - ce que nous attendions ? Pardonnez; c'eit ce que je vous aî- promis; elle efl charmante ; cela eft neuf; -c'eft du joli & du bon. Mais nous attendions cçtt^ Autre ( dit le Bourgeonné ) , qui a l'œil fi-fripon ; là. Celle qui porte fa tête avec tant de grâ- ces y & qui avait une robe de moufre- line 5 lorfque je vins ici la dernière-fois ï ■—•Je ne me rappelé pas cela : Voila ce que j'ai de mieux , & je n'en - connais pas d'Autres-. Le Bourgeonné fur-con- fondu. Cependant la partie fe fit,

TomaV, VU Partis. E

MCtfKKaMiHHMÉiMaMaMHifcMMakMbaJMaaMi

50 PArSANJS PERVÉRTIM,

Le lendemain ^ mon Amant , qui m'a- vait toujours battu -froid depuis fon en- tretien avec le Bourgeonné, me parla d'un sir plus-ouvert; il me proposa la promena- | de^ &mefit-dercendrechésla'G^*. Il ne me fut pas difficile de comprendre fon àtÇ^ fein. Je neîaiiTai-voir auqu'une fnrprisc ; jedefcendisavecluî, & j*eusia plus-grande attention à ne pas faire un pas qu'il ne me guidât. Il me présenta à la-G**. Je ne fis pas le moindre geûe , le moin- dre coup-d'oeil ; je la faluai froidement â: cérémonieusement: elle en-^fit de- même, êç pendant une visite de plus d'une heure, il ne nous échappa rien, Mon Amant me ramena, & arrivéà la mai^ son, ilfe jeta a mes genous , me décou-^ vrit Tes foupçons , &: m'en - demanda^ pardon. Jevcrfaideslârm.es^& jeluipar^ donnai cependant de fort-bonne-grâce.

Me voila donc un^peu raffiirée. Je ni'obfervai foigneusement , & ayant-dé- çouvert chés une de mes Amies, un

vu.""' Partie, ^r

wmmmmmmt» ii m ^ i m i i r i !■■■ ii m

pafTageparfa maison d'une rue a Tau- tre, je profitai de cette découverte, pour aler chés elle, n'y reikr quua inftant, & me rendre de-là voilée ch§s laG* ^, ou ailleurs. Cette vie dura trois- mois. Mais le coup-de- foudre le plus- funelle m'attendait. A -force dem'ob- ferver, je m'oubli ai une fcule-fois,&: cette fois me perdit. Jalai- voir la-M***, chés qui je n'avais pas ercore mis le pied : elle m'avait-demandée fur ma réputation de mignardise. J'étais bien-aise de faire fa , connailTance ; je me rendis chés elle , cn-palTant néanmoins par la maison de mon Amie. Le hasard voulut, que lorf^ que j'entrai dans ma brouette , parfaite- ment voilée , la ^x^ de ma taille frap- pât un Homme bien»rnis, qui pafTait, & qui le dit a Un autre; cet Autre était m^on Amant. Les deux Hommes foivî- rent la brouette , jufque chés la-M*^"^, Comme je n'étais- pas-foitie de chés moi , je n'étais-paî-fcupçonnée» Je fis-rafer

E 2.

$2 PArSANE PERVEBTIE.

■"■■■ "Il PII -. 1 1 1 ,1 I I i<

îa porte, & je m'élançai dans la maison. Les deux Hommes ne virent que peu de chose de ma taille. Mais leur curio- sité était- excitée : Pavais aux ieux du Premier ce charme du premier Objet qui BOUS plaît dans le jour , charme toujours îî^puiilânt, qu'il centuple la valeur d'une Femme, & qu'un Homm.e qui pourrait avoir ainfi toutes Celles qui le frappent de cette manière , éprouverait imc vo- lupté, finon abfqlument inconnue, du- moins très-rare. Ils encrèrent , & de- mandèrent k fe choisir une Compagne , pour paffer agréablement une heure de temps. Je venais d'entrer dans le Talon de la-M*^*, & on me donnait une dé£, pour aler me renfermer , lorfqu'en- îournant la première marche , je me trou- vai en-face de mon Amant. Je voulus fuir , & me hâter de monter. Il me retint par le bras : -—Je vous y trouve-! Il ne me die que ce mot. Et appelane la-M*** 5 --Vous pouvez garder Ma^

Vll.^' Partie. 53

demoiselle ici , puisque votre maison lui plaît ; c^r elle n*en-trouverait pas d'au- tre \ fon retour-. Il me Tilua ironi- quement, &: partit feul , en-disant à fon x\mi : Tu peux t'amuser ; voila une Fille-. Je reliai confondue, & mes larmes coulèrent, La-M*'^* lui dit, qu'elle ne voulait pas de moi, fi j'étais honnête - fille , & qu'elle alait me prier de fortir de chés clic fur - le* champ* L'Ami mt confola. Je tâchai de le toucher par une fatîflc confi- dence: je lui fis quelques aveiK , «jue je motivai comme je pus , & je k pria! de me prendre, lui jurant une fidélité à toute épreuve. Je lui avais trop-plu , pour qu'il me refusât : Il m'emmena chés lui, car il étaitgarfouj & là, après m'avoir? rafTurée , ic promis un fort comme celui quemefesaitfon Ami,il ajouta: Mais prenez garde 1 je ne vous quitterais que pour vous faire-mettre h \H6pîtal-î J'abrège ce récit. Je le trompai au-

Ç4 Paysane pervbrtie.

bout d'un an , une feule- fois, que je le croyais en-campagne : Il le fut , & le même foir , je fus conduite à Saint- martïn. C'était un jeudi. Le lende- main , je fubis la honte d'être jugée en= publiq avec les autres Malheureuses, & je fus conduite a la Salpitrilrt, J'y- , Tcâai trois-moîs. En - en-fortant , je ^ retournai chés la-M**^ , qui me fit- guérir d'une maladie de la peau , & on me coupa les cheveux. Je n'avais abfo- î\]ment pas le fou : lorfque je fus-gué* rie , elle ne me trouva plus-digne de fa maison ; elle me renvoya : Palai dans un endroit je trouvai Urfuîc ^ avec laquelle je retournai chçs la-M***, qui nous reçut à-cause de la réputation de ta Sœur , & qui nous garda fix-mois. Tu fais le refte, Edmond: voila ma vie,

en-y-ajoutant, que je aujourd'hui

les Faffans & que j'ai pcutétre l'incom- mocirc de ta Sœur. Puis-jcparaîtrede- vant XAmï ? Parle ? Ta réponfe fera ma loi ; je m'interdirai le raisonnement*

VIL^* Partie. 55

c X X X I y.^^ , ,.,,

G A U D k T ^ à L A U R E.

f Le Sévkdcur profanait la faîntc aminé , en- la-rcfTcntanttommeilne mentale pas de la rcC*. fentir. Il donne trop -tard des maximes de retenue. 3

CJ'est moi qui Vous répons: Fai-lu votre Lettre. Vous ave2-cu tort de me fuir,L&.ure; & fi cetortn était pas Torigine de tout ce que vous avez-fouffert , de tout le dommage que vous - vous-êtes causée à vous-même , je vous le par- donnerais aisément ! mais comment vou^ lez-vous que je vous pardonne le mal que vous aveî-fait a m.on Amie , a ma Compagne , à Celle que je regardais comme Une autre m.oi--méme ? Infen- fée ! comtmenc veux-tu que je par- donne !... à-moins q!ie je n'efpèrc réparer toutlemal que tu t'es-fait!... Va^ ce n'efl ni ta beauté , ni ta vertu , ni tes mœurs que j ai-aimées , c*efl toi ; & tu me ref-

56 Favsane pervertie.

tes !... viens , non dans les bras d'un Amant... jamais î jamais !... viens renaître dans le fein d'un Ami! connais-moi , toi qui m'as- quitté, qui m'as- redouté, com- pare-moi aux autres Hommes, &: donne- moi un nom, fi tu peux le trouver ! P* f> Lisez le papier ci-inclus , Laure, & montrez-le à votre Cousine. Ce qu en ne peut faire, I , Il n'eit pas d'adions défendues abfo- îument : celles qui paraifî'ent les plus- criminelles , font quelquefois permises ; d'après les circonftances : l'aflacinat , le meurtre , le viol , l'incendie , le poison , îe vol , la fraude , le pillage : Si vous nediftinguez pas, & que vous aïïaciniez, que vous tuiez , que vous forciez la pu- dicité , que vous mettiez le-feu , que vous empoisonniez , que vous voliez , que vous fraudiez , que vous pilliez , vous ferez puni par les lois, & en-hor- reur au Genre-humain.

II , Chaqu'un ell maître de fon corps :

VI ï.'"' P A 11 T i E. 57

( On voit que Gaudét ne fait comment /'y- prendre, pour reparer le mal qu a-fait fa faujfe doSrcne; 6' ceci efi heaucoup^plûs eti'fafcur aes maursj que le plus beau Traicé'de'morak,

Ce qu on peut faire.

I, Il ejî permis Vaffacîner hla guer- re ^ c'ejz'àdire^ de guetter nommément un Ennemi , & de le coucher par^terre 'è*un coup-de - fusil ^ 2e pifiolet , 7)$ fahrt y y épie , 2e poignard : On tue, Ucitcînent y en- fe- battant dans la me^ lee : On peut violer y fi le Général qui met la Ville au pillage , V ordonne ; rinfamid retombe fur lui : On peut incendier à la guerre , on le doit quel- quefois : On peut empoisonner les vivres d'une Garnison opiniâtre : On vole y on pille y on trompe lé^itime^ m.ent fur meif'^& fur terre , pendant cet horrible fléau , 'qui ne Vefi que par le mal qu *il autorise,

II j Certainement il eft-permîs h une Femme f a un Homme d*user de fes

«j8 Fatsane pervertie.

mais cn-abuser , au-point de fe perdre foi même moi^lement & physiquement , eft un crime contre la Nature & contre la Société : La Nature nous punit par les maux physiqs, tels que les maladies : La Société, à laquelle nous-nous-fommes rendus inutiles, nous flétrit, nous rejeté de Ton fein ; nous couvre d'opprobres , d'infamies : Je ne vois pas du-tout qu'elle ait-tort; & c'eft une très^fauffephiloso- phiej que de prétendre fe mettre audeflus du déshonneur focial | il efl un mal réel, un mal qui a les conféquencesles-pîus- férieuses: Vous dites, dans une Lettreque j'ai vue, quejevous-ai-ôtétoutfrein: jene vous ai pas ôté celui-là; tout-aucontraire ; je vous ai-toujours dit, quEjyicurenc violait pas leslois fon pays. J'ai-penfé,

A

en-vous-parlantjque je parlais k des Etres raisonnables , auxquels il fiifîisaitde dire , la raiscTiy la réciprocité tic veulent pas cela: Lsl Raison, c'eit Dieu : la Réci- procité, c'eft la Société; tous-les-deux panifient l'un pour l'autre.

VI I.™' Partie. ^^

facultés , pour It plaisir , en-fe-tenàmt dans les bornes 2e la raison : Les actions naturelles ne /auraient être un crime contre la nature y quoique les Hommes aient'-pu convenir tntr^eux 9 quil ne ferait - permis 2e J^ y livrer qu en "telles & telles circonfiances :- C*eft•^pourquoi , 2 ans le cas oit la. convention-fociale gênerait la liberté naturelle , je crois permis 2e fe cacher pour fe fatiffairt 3 & pour éviter h 2eshonn€ur ; à- con2ition quon nou^ tracera pas la nature : Car alors, files peines physiques venaient à 2éceler la yiolation 2 e la loifociale^ onfouffriraic également & la peine que la Société im^ posera , & celle 2e la Nature : or c'eft une folie que 2ef*y exposer. Si 2onc une Fille fait un Enfant y quelle fc cache : mais fi on vient à h f avoir y quelle f\n -faffc - honneur y comme 2' une action naturelle , & qu elle en- tire la preuve , quelle n^eft pas une libertine. Car Vefiime publique nous

6o Pavsane pervertie»

III. On n'eft pas obligé de croire telle ou telle Religion ; mais fi on brave impudemment route efpèce de Reli- gion devant le monde , il en-resulte de grands maux : i , On fcandalise , on blefTe cruellement Ceux qui croient une Religion quelconque; on les anime con- tre foi; on leur infpire le désir de nous faire du mal : 2. , Comme les Gens non- inftruits , qui ont-besoin du frein de la Religion, font cn-très-grand-nombre , il arrive delà , qu'on contribue à les rendre nuisibles à la Société : D il fuit , qu'on eft réellement coupable , par ceîa-feul : On ne peut donc , à cause du fcandale & du danger, manquera facquit- ter des devoirs publiqs de la Religion.

IV. Rien ne nous force à faire du bien aux Autres : la Nature , k-la-vérité, nous a-donné la compalîion ; mais l'in- térêt perfonnel que nous tenons d'elle , eft beaucoup plus-fort , & il nous efl- impoflibîe de ne pas en-fuivre l'impul- fîon : Mais ne leur fesons jamais de mal^

V 1 1.'"* Partie. 6i

tjî nécc^airt , £' quand clic nous échap-^ pera d\in coté ^ il faut tâcher de la ratrappcr 'de Vautre,

lîl. Ilfujjît 'èc m pas fcanballscr ^ & 2e ne pas contribuer à oter ûux I^norans un frein nécejfaire : notre croyance ne peut jamais etri^opposée à nos lumières: mais je foutiens que la croyance chrétienne eft conforme aux lumières , £' quûncfl rien 2e Ji^ aisé que 2e mo2der fa con2uitt fur cette croyance^ qui confijîey à aimer fi s Semblables , à leur faire du bien , a-rerîàre a VEtre -principe Vhommajt filial 2e notre exijîance , à regarder J.'-C. comme la plus^purc émanation 2e Dieu y eu-éjar2 au bien que fa ^oc- trine a-fait aux Hommes,

IV. Nous ferons toujours 2u bien aux Autres : parce qu'il en-iesuliera, pour nous une fureté 2^exiftanct , qui eft le plus-^raiîà 2 a plaisirs : ce bien nous fera- rendu par Us Autres ;

62 Paysane pervertie.

quoiqu'il fe présente un grand bien per- fonel à notre égard , par une raison diéléc par le bons-fens & par l'équité : îe bon-fcnsnousenfeigne, que tout ce que nous fesons, peut nous être-fait : l'équité nous dit, qu un mal fait \ Autrui blefle rOrdre éternel, qui eft Dieu j & cette voix, qui fe fait-entendreau fond de notre cœur , & qu'on nomme confcience , eft j celle de l'Ordre éternel , dont elle attelle l'exidance contre tous les beaux raisonne- mcns des prétendus Athées, qui ne le font pas plûfque moi cn-cc moment. Il faut écouter cette voix; fans quoi la peine j de la violation fera prompte , fût - on revêtu de la puiiTance fouverainc. Fréjiijés à refpecler, I, Les Diables. Il e(l certain, quoi- qu'on en-dise , que c'eil une faiifteté , que leur exidance ; que leur croyance peut produire du mal ; qu'elle cause à^s frayeurs très - douloureuses aux Ames honnêtes & timorées; qu'elle a-em- poisonné les derniers momens d'une foule de malheureus Moribonds.

VII."*^ P A R ï 1 Ê. 63

1111 .11 I ■■! ■" ■'■■ -.I.» ■! .1.. . .. l.l ..«»

nous Jouirons d 'unfentlmcnt délicieus, celui d*cn^etre aimes , fur-tout , fi nous ftsons h bien dcsintérejfément , & fans bkffcr V orgueil de nos Obliges ; notre réputation de bienfisance , ou 2e bienvcuillance {car Tune éjale Vau- tre , lorfquon manque de pouvoir ) n en- fera pas moins - étendue , & elle en -fera beaucoup^plus " pure : tout ce que Vojîtntation ôte aufecrtt , elh Vote a notre réputation , pour h don-- ntr a V ingratitude. Celui qui fait du mal aux Autres , efi un Fou , qui , de gaitéde cœur^f 'expose fous une mai^ son que des Majfons démoliffent,

Paffons aux Préjngés à-refpeéler. "'I^> Mais combien n*a -^ t-elle pas retenu de* Scélérats ! Je me rappelle que dans ma jeunejfe , aux veillées , on m"* en- f es ait des contas , qui ex ci" t aient en^moi un friffonnemtnt j alu^ taire^ quim a-éloi^nédg. mille aclions ^ non~feulemtnt injufles y mais pré judi-* çiabUs à ma fdnté%

64 Paysane pervertie,

II , Celle ù^s An^es n'eft pas à-beau- coup près aufîi utile, ni auffi dangereuse,

lil. Celle des Revenans qH moins- effrayante que celle des Diables ; mais elle Teft beaucoup! Il faudrait la reéli- fier à la chinoise ; en-bannir ce qu elle a d'effrayant , & la rendre un fujet de confoîation. *

IV, Les Médecins guéviiTçnz de très- peu de maladies , & tuent beaucoup de monde : il ft mble qu'il les faudrait anéan- tir , comme dangereus, comme nuisi- bles au Genre-humain? - i

V, Les Rêves: C'eft une vraie fu- pei llition , & jamais les fonges n'ont rien-fignifié : C'eft un effet de ce qu'on a, ou vu, ou entendu , ou fenti, ou penfé, ou une combinaison monilrueuse <le tout - cela , opérée par les organes matériels delà penfée durant le fommeil : Rarement les rêves ont peur objet ce qui nous arrive adue'îement, quoi- que cela nous affeéle beaucoup; ils ne nous retracent le plus - ordinairement

n,

VIL""= Partie. é$

II, Cependant j combien de Voya- geurs enrayés elle a-rajfurés ; combien de Soldats chrétiens elle a-rafermis ^ lorfquils étaient Ic-plus-exposés !

m , Par ce moyen ^ elle ferait tris» utile ! elle entretiendrait les En/ans dans la foùmïjjlon k leurs Parens , & Ceux-ci dans la undrejfe paternelle & maternelle. - --^

IV , Non : Combien de Malades la. xonfiance au Médecin tranquilist fur leur état , & qui (juériffknt na^ iurellement au-moyen de cetteprecieim tranquilité^ que les Anvndux ont fans Médecins!

V , Comme les Sont/cs font tris^ fouvera relatifs aux choses qui nous x)nt- fortement - occupés , il peut arri" ver , & il ^Jî quelquefois - arrivé ^ mie VHomme endormi qui les a , peut fcrtuitenunt penfer quelque -^hose de 'trcS'Utik , doTU la fageffe Vltoum à fon réveil : mais f ai -remarqué qu4

Tcm4 IV j VII Partis. F

66 Paysans pervertie.

que les choses éloignées, & dont le fou- venir commence à f'effacer. La marâè- re-de-rêver n eft pas la même pour tous les Hommes 3 il en-eft dont les rêves font agréables & fages , d'autres dont les rêves font- fous; enfin le même Homme a à^s fonges tantôt fagcs , tantôt fous.

VI , Je ne mets pas la Religion au rang des préjugés ; mais il y a des pré- Jugés dans la Religion , qui parailTent très préjudiciables au bonheur du Genre- humain : j*ai-penfé quelquefois à en-fairc un plan dc-réformation , que dans ma jcanefTe je croyais d'une fageffe con- fommée: heureusement que i'ai-différé : de le publier ! Les Prêtres font riches , aulieu d'être pauvres : ils ne présentent que de l'oflentation dans le culte, aulieu d'adorer en-efpric& en-vérité : ils font acharîtabîes , vindicatifs , impérieus ; ilsij négligent d'obferver toutes les maximes i du Légiflateur, au-point de faire précisé- ment le contraire de ce qu'il prefcrit, &c.*' ( N.* Ceci n'eft pas la faute des Prêtres,

VIL"*'= Partie. 67

les choses rêvées^ crues faciles , étalent toiij ours réformahles à V exécution,

VI, Les prétendus abus 'de la Rell^ ^ion font 'devenus néctjfaires avec le changement des circonftances : Par^ exemple , il neft Perfone qui^ Vévan^ ^ïle à la main, ne condamne la représen^ tation, le cérémonial introduit 'd ans la. Religion , & fur- tout les richejfes : Ce* pendant , f V on fait-attention que la Religion chrétienne^ par-exemple , Jîm^ plcy répuhliquainedansfon orifine^ efl' 'devenue la Religion des Monarchies ; fi Von confdcrCy qu'elle ejl-devenue loi & conjlitution des Etats ^ objet de la vénération publique , frein "des Mé^ chans , efpérance & confolation des Bons , on fentira quil lui a-falu 'de V appareil y de la majefié , aulieu 'de fou humilité ^ de fon cbfcurité pre- mières. Il n*y a qiiun feul point'à* réforme h exécuter aujourd'hui y c*ejl le choix févere des Minifires , la pu-^

Fa

68 PArSANE PERVERTIE.

qui font toujours ce que !e Gouverne- ment veut qu'ils foient ; mais celle des Légiilateurs civils , qui ont-envisagé la Religion fous un-point-de-vue différent du véritable. Ainfi , toutes-les - fois que les Philosophes déclament contre les Prêtres, c'eft qu'il fâut un mot, pour fe faire- entendre : les Prêtres ne font pas plus-coupables des abus de la Reli- gion y que les auties Citoyens. Ils re- çoivent , comme eux , de leducation , tous ■les préjugés dangereus fur leurs préroga- tives, & ils les fouîieonent par intéréc- perfonel : mais que la Société règle une- fois ces prérogatives , & le Prêtre, qui eft notre fils , notre fi ère , fera ce qu'on vou- dra qu'il foit.

VIII, Les occupations bajjes , quoi- qn'uîiîes font méprisées : qu'eu - lé.- sulte-t-il ?

VIIT, Le préjugé de la différence des conditions , eit contraire à la raison^ à la Religion :

IX 5 Pourquoi une Femme ne reçoit» tlle pas tous les Hommes ? Ce qui eft permis avec l'Un, ne peut-être défendu avec l'Autre : c'eft un préjugé ?

VIL"^^ Partie. 69

rctédclciirs mœurs; il faut augmenter leur confibération , aul'ieu de la dimi'» nucr : mais il faut qu ils foicnt toute* humilité ydouceur, charité, que jamais ils lie plaident : Il faut que Celui qul^ étani-entré dans cet état faint , rCen-^ pourra foute nir la pureté ^ ait la liberté V en - fortir ^ & de redevenir profint^ &cf Cefl le feul moyen de maintenir la pureté dans un Etat fpé-^ cialement établi pour infpecler les mœurs,

VII, Que ces occupations étant

faciles y elles nefont^txercéesqutpar

les Incapables ; tous les autres Ci^

îoyensj 'en-éloijnent , &f élèvent par

r émulation aux choses fub limes,

Vlil , Mais il maintient Pordre , dans la fociété civile , cil il eft im" p.-^ffihh que les Citoyens f oient toiis la même chose*

IX ,. Rien de plus faje que cette prohibition , dans tous fes effets : ElU

70 Pavsane pervertie

•Mm

a-fa'it naître î a pudeur , fentimcnt Ji" utile , qu'il tfi h charme, de V amour : Elle a' empêché que parmi les Homnies , chés qui V imagination efi -facile a 'èérejler y V incontinence n anéantît It Genre-humain : Elle a-forti fié ratta- chement des Hommes pour les Femmes ^ celui des Femmes pour les Hommes»,.»^

Je m'arrête ici : Tout ce que vous nommez préjugés, depuis que votre con- duite vous a-fait-craindre le mépris de vos Semblables , ma chère Laure, peut également fe juftifier : pour réformer les abus , il faudrait avoir des moyens afTu- rés, d'empêcher que les nouveaux usages n*cn - fîfiènt pas naître de plus - dan- gereus(i).

Urfulc & Vous m'avez - convaincu d'une grande vérité! C'eft qu'il faut

(i) Gaudét , comme onTa-diE, tâche ici de réparer le mal <5u'il a-fait , mais à fa manière : iifî'ose^ ou ne veut pas fe démencir tout-*à-fait.

VIL"'" P A R T I E. 7t

m ■■ I . .. m I . . .*

des lumières peu-communes , un efprit aufli rare que jufte, pour ne pas avoir besoin de préjugés , de loi , de frein. Urfulc feft-perdue ; je la regrette à- proportion , de ce qu'elle pouvait mon- ter plus -haut, avec fes charmes, fes grâces , fçs talens. Je ne doute pas que je n'en-fuffe venu-k-bout, fans l'Italien. Je me fuis-déja-vengé des Joueurs qui l'ont-humiliée; je les ai-découverts, ils font-pristous quatre, & vont-partir pour les Galères , aufqu elles j'ai - trouvé- moyen de les faire-condamner, en- fouil- lant dans l'a fentine de leur viepafTéc. J'ai-eu -foin qu'ils fufTent-inflruits de la cause de leur malheur. Edmond a-puni faiblement le Porteur-d'cau , en-Pex- posant lui-même; tandis que moi, je l'eulfe- fait-rompre fans m'exposcr. Je laifle la-G"^* : parce - que fans elle , Urfule n'exifterait plus: elle avait des ordres pour cela, qu'elle n'a-pas-exé- cutés : D'ailleurs , je fais c^ue c'efl ex*

7^ Faisane pervertie,

près qu'elle a-laiiïe UiTule réchapper : elle avait mis de Targent à fa portée , querinfortunéenVpas-pris ; grâce pour die , en - conféqnence. Mais tout le refte fera^uni î La vengeance eit-ici un a«^e-de-ju(licc ; & coninie les Honfinies ne mêla donneraient pas, ie la pren- drai. Je veux qu'elle fafTe-ffémir Urfuîe çîle-méme. Je mefuis-emparé, k force d'argent de toute la Cinâîlle qui l'a in- fuîtée: la ledure de fa Rdation m'a- rendu-furieos 5 & j'ai - eu -foin de faire prendre tous ces Gens la ; les Uns pour voldomeiliq, qu^j'ai-découvert, ont-été- pendus ; lesAutreSj pour dilférens fujets, ont-étéfoit aux Gallres^ foit a Bicetre^ d'où j'aurai-foin qu'ils ne fortentpas de lîtôr. Tout-cela fait , ^l^c c'eil Ui fuie qu'on-vcnge. Refte le Plus-coupable! Mais la vengeance ed-elle légitime ? c'eil une queRion que je me fuis-faite îniile-fois depuis que je l'exerce. Oui , im-tzm que pafSoa naturelle , qui re-

VIL'"' Partie. 73

poufTc roiitrage. Cependant le pardon t(ï préférable , & j'étais TOutragé , reiiiTé-jc-été ( ce qui eft Timpollible), ^u mêir.e degré qu'Urfule, je pardonne- rais : Mais mon Amie î la Sœur d'Ed- mond 1 la Cousine de Laure î une Fille que j'ai-preiTée dans mes bras,.... Il faut qu'elle foit-vengée : la générosité de ma part, ferait lâcheté, indifférence^ înfenfibilité, baiTefTe, atrocité... Ita- lien I lâche èc fût opprefTeur , qui me connaiiîais , & qui as- outragé à ce point une Fille quim'intéreflâit à tant de titres^ quel nuage affreus de malheurs tu as- formé fur ta tête !,.. Le plan de la ven- geance cft-tracé , & il fera digne

de Toutrage.

Confole Urfule, Laure : dis- lui qu'elle fe relève de fbn abaiiTeîTcnt : apprens- îui combien de Vidimes lui font immo- lées déjà: dis-lui que je lui en- réserve '\mç digne d'Eile : Elle cd-marquéc ; depuis deux jours , je fais que fou Fer-

TomcIV.VUFanU. G

74 Favsane pervertie.

fécuteur a une Fille, jeune, belle, inno- cente, refiée chés lui fous la garde d'une Diîègne incorruptible. Mais en-eft-il , quand on les attaque avec afîes d'ar- gent ?.... Je fuis riche, & je n'épar- gnerai rien. Urfule vengée , Tordre ré- tabli , fera content enfin , Votre Ami , à toutes-deux , G A u d É t.

p.-/! Je réfléchis quelquefois fur la conduite d'Edmond; Mon Amieft, je crois, l'Hom- me par- excellence: QuelÈtre^queceGar- fon ! quel mélange de peîite{re& de gran- deur \ Kapcnot le libraire vient de me. montrer une de fesLettres(i); clleefîd'un Héros. Huit-jours après, il rengaje com- me un poli^'on. Il déserte ; on le prend ; il fe croit condamné ; C'eft ici je l'ad^ mire, je me-mettrais à genous devant lui; je n'aurais- pas-défié lamort pîus-cou' rageusement, moi qui la méprise, comme le fiait tout Homme doué de raison.

(i)Lacxi,v.'"*=duPAYSANjro??2eyK,p.2.ii, p.\ix Lettres recouvrées,

iV.** Les VII Lettres fulvantes montrent à quel point Gaiidét ctahÛTiplacable^ terrible , §<: Arm

é'gtlfnQj)4o

VIL'"' Partie. 7^

a>^^^.^^..r:;SIJ '.-:

-•L'^^j^if—

C XX X r.^- joiufn.

G A u n É T y à Edmond,

ÇDica punit les Scélérats les Uns par les Autri^.}

\J UI Jeme Vinjurt , moijfonntra vengeance : Ta Sœur & toi , vous hz% vengés du Vieillard Italien : connais mon amitié, par Texcès du mal que je lui ai-fait. Tandis que tu me croyais à Au** ^ j'étais en - Italie ; j'étais â *** : on me renvoyait tes Lettres. Fai-dépenfé les trois-quarts de mon bien , pour réiiffir ; mais j'âi-réiifîi , & je ne regrette rien : le crime était trop-odieus, pour ne pas être-puni. J'ai-fu à Paris, que îcMonC tre avait dans fa Ville une Fille unique, charmante, âgée de feize-ans. J'ai-dirigé toute ma conduite fur cette connaifTance : Je fuis-parti , je fuis-arrivé ; j'ai-vu la Duè- gne le mêmefoir, comme fi j'eufTe-été-dé- pêché par fon Patron : j'ai-attaqué fa fidé- lité : elle m'a^d'abord-parupncorruptible: j'ai-prodigué Vox , l'or ouvrit la tour de

Q z

nsESBOB^Kzcaa

76 Fatsane pervertie,

, u»-«-i II I II . I lin» I III I in^

Danaé; la Vieille a-cédé enfin: j'ai-eu la preuve cncor une-fois du morde Jugurtha: O Ville vénale^ tujtras a qui pourra te p^ytr» La Jeune-perfone m'a-été-Iivrée. Non-contep.t de lui ôtcr ce qu'on nomme rhonnciir , j'ai-cherché a-poiter le vice dans fon âme , ê: j'y ai-réiiîTi : lorfqu'cllc a-été-coiTompue , je l'ai-décerminée 4- fuir avec moi. Elle a-fui , elle cft ici; elle va-fubir le fort d'Urfule, & le mau- vais-lieu efttout prêt : viens l'humilier , enfuitc je la livre à l'horreur de fon fort. Mais je mettrai des bornes \ ma ven- geance. J'avertirai fon Père, & je lui ferai-trou ver fa Fille au centre du désor- dre , quand elle aura-pafTé par toutes les épreuves que je lui deiline. Je ne fuis plus le-même. La beauté ne me tou- che plus : le récit d'Urfuîe , lorfque mon cœur f 'amollit , me remet en-fu- reur, & me rend plus - féroce qu'uti

Tigre, qu'un /^37^<2. Jet'aîteîis,rue ,

Viens : aye dumoins le courage de U rengeancç»

VII."^* Partie. "^7

I I . .1 M

E D M O N D y à Z É P H I R E.

[ Il a-horreur de la vengeance , qu'il eût-prise lui-même : mais le vice vu dans les Amtes eft toujours laid, quoi qu'on l'cjfcuse en-foi 'même. 3

Il È R E Petite 5 trouve-toi ce folr rue "•••: Gâudét y eîl : ce n'efl plus mon Ami; je ne le reconnais plus ; c'eft un Forcené: îl a-fait une aclion infâme, abominable, que je dételle ; il faut avoir»

été , pour porter la vengeance à cee

excès. Dans ma fureur , je poignar-: derais encore le Vieillard ; mais fa Fille 1 l'innocence , la beauté , Tavoir-mise au rang de ces Infortunées...,. Viens, ma Fille : empare toi de la Signora Filippa, fous-prétexte de vouloir porter la ven-= geance encore plus loin que lui , & tâ- chons de la fauver.... La main me trem- ble , & je fuis hors de moi 1 Elle cit- charraante ! quelle rage pour le vieil Infâme 1 G 3

78 Paysans pervertie.

ex XX VIL"' , ,„„,„,

G A U D È T ^

à Z É P H I R M.

£ Il cft forcené de fureur & de rag e i lui, ce Corrupteur abominable, plus-coupable encore que Celui qu^il punit ! j

CJ H A R M A N T E Follettc : Avcitis- nioi, quand la Filippafera dansTétac que je désire: c'eft-a-dire , telle qu'UiTuîe étaitj lorfqu'eîle fut-mise entre les mains des Chirurgiens : c*ellainfique je veux la rendre k fonPère. Ne Tépargnc pas fur-tout 1 Si tu hésitais , lis cet écrit que je t'envoie ; il te mettra en-fureur» comme JY fuis. Quelles indignités ce Malheurcus a-fait-éprouvcr à la Sœur de mon Ami! qu'il fente, k fon tour la rage naturelle à THomme , blelïe dans ce fexe , dont toutes les injures nou^ font bien-plus-fenfibles que les nôtres ; parce-qu'on nous humilie dans ce que nou^ devons défendr e : Deux choses font

i

Vîî/"' Partie. 79

cfTcncielles aux Femmes , Zéphire ; (ta Mère ne m'entendra peutétrc pas?) l'hon- neur & la beauté : leur honneur blefTé , ne fe reparc pas plus que leur beauté flétrie ; par cette raison , qui a-desho- noré notre Femme , notre Fille , ou notre Sœur , efl-voué k réternclle ven- geance, à la plus^cruelle quon puifTc imaginer. Quelle honte n*a-pas-rcpandu fur Uffuîe rinfame dont tu vas lire les forfaits, os cet écrit , que j'ai-copié fur celui tracé de la main d'Urfuîcdle- même ! Elle me les avait-dits de bouche ; j*ai-voulu qu'elle lesécriv^ît pour les avoir toujours présens. Venge ton Amie & la mienne; venge Edmond; point de pitié ; dis. à ta Mère la recompenfe que je lui deftlne: cent-louis : ils font tout-prêts, &. j'épui^ serais avec plaisir les relies de ma fortune pour une ii-belle aélion. Oui, oui, belle, noble , grande ! elle punit un crime af- freus?.... On m'a-peutétre-cru indiffé- rent pour l'honneur de la Siduv de mon

G4

°^^-T -mu

80 Fatsanb pervertie.

Ami 2 la manière dont je lui ai- quelque- fois-écrit , pourrait donner cette idée : qu'on en -Juge à-présent par ma ven- geance : il m'en-coûte cinqcentsmille- franes : fen-aurais fait - autant pour ma Sœur ; mais pas audelà. Adieu ^

Zéphirc. La pitié ferait ici un vice ^ans ton excellent cœur. Quelle Rela^ tïonL., Urfuîe IVécrite, & fans en» être-prévenue , comme fi elle eût-voulu donner à ma fureur toute l'aâivité qui î lui eft - néceflairc , elle a^mis cet écrit à la polie; je Fai-reçu, comme Til eût- été d'hier (i) ; je l'ai- lu avec la même avidité , que fil m'eût-appris quelque- chose de nouveau : j*ai-frémis de-même../ Frémis aaffi ^ fenfible Zéphire, & deviens féroce.

(i) La première LcÊtre était -perdue j c'efl fur ta Copie de la main de Gaudét à Zéphire, qu'elle eft- renfermée dans la liaiTe de ce Re- cueil , mes Enfans,

VII.'"' P A R T I k 'St

a^MMa»<v^wMM

A-

CXXXVJII.MM ,.,,„.

Z È P H I R E^ à E D M O N n.

[[ Elle montre fôn âme compatifTante. 3

\ lENS, cher Amî. Voila une Lettre de Gaudét : elle me fâit-horreur. L'In- fortunée a-été-mise malgré moi entre les mains de ma Mère : elle efl-perduc , fi tu ne la délivres. J'ai-tâché de parler ee matin à Filippa : mais elle eft fi- avidc des plaisirs dangereus qu'on lui veut procurer , qu'elle ne m'écoute pas» Bondieu! elle ne me reflemblc guère» ils font nuls pour moi , fi ce n'efl .....

donnés par l'Horamc que j'adore..

Cette Fille m'intércffe : fa jeuncfTe , fa naifl:ince , fa beauté , fa douceur natu- relle , qui rend décent cn-elle jufqu'aCi libertinage effi'éné que Gaudét a-foufflé dans fon cœur.... Ne me parle pas de ces Bâtards î ton Ami l'eft : Ces G ens- ont tous une âme de fer , ou de boue. Laurc vient d'arriver ; elle a-vu

8i Pavsane pervertie,

I III- I - . —s -- -

ritalienne , & elle penfe comme moi. —D'ailleurs, dit-elle , n'y en-a-t-il pas afTés de fait, & en-la-rcndanr telle qu'elle cft à Ton Père ^ n efl-ce pas afTés, pour faire-mourir de rage le vieil Infâme-? Adieu, mon Ami: tu es bon, & je compte fur ta bonté. P.-/ Ah-ciel! j'entens du bruit chés Filippa!... Je vais à fon fecours .•

I heure aprè";.

C'était un Soldat qui la battait : elle eft toute- en-fang. Je me-fuis-jetée fur ce Misérable , que ma Mère & ma Sœur regardaient faire , je l'ai-culbuté ^ fcté dehors , par ma feule vivacité... Viens , mon Bon- ami I

Réponfc fur une Carte, {] Il a-partagé la vengeance.]

i^ E me tourmente pas , Zéphire : je

le fuis - afles par mes remords !

Que deviendra tour ceci 1 Moi ! moi ! j'ai « pu - faire- fer vir à la wtn^ car ce , ce que la nature Je n ose-achever.

VII."^'' Partie.

Anonyme au Vu'illarb Italien, [ODIeuî à quel point les Mcchansfc panûreni! j

nfame! tu cherches ta Fille Î eîîe cft îi Paris. Je l'ai- deshonorée, avilie, fait - pafier par cent mains difFérenres ; les plus-vils des Hommes ront-... humi- liée. Reconnais la ven créance! cette pafîionque tu chéris, que tu as (i-cruel- lement exercée fur un Chéfd'œuvre de beauté, n'efl jamais ftérile ; chaque jouif- fance la féconde : la tienne a-cnfanté centmillc indignités qu'efluie ta Fille.... Je ne forme qu'un désir, c/ell: de voir ta rage , ton impuiflante fureur : Je tiens k-présent ta Fille entre mes mains ; je rai-féduice , corrompue ; j'ai-gâgné fa Gouvernante, qui me l'a-livrce chés

toi: je l'ai-enfuite enlevée Je la

tiens : un lieu-infame efl fon palais : elle y eft-foumise à tous les caprices de la plus-vile efpècc àzs Hommes Je te

84 PArSANE PERVERTIE.

dévoue aux Furies par cet écrit. Lis , îis-le , Infâme ! lis , lis- le ! tu me venges de toi , en-le- lisant. Lis donc Infâme -profanateur de la Beauté , de la JcunefTe , de la volupté, lis , lis , lis î En- fonce toi même , par tes ieux, le poignard à'AUclo dans ton mauvais cœur... Je te brave ; tu ne me découvriras pas. Et quand tu me découvrirais ? qu'en -fe- rait- il ? Que nous péririons enfemblc. Tu fais ce que tu as-fait à Urfule R** ? Eh-bicnj ta Fille, ta chère Fille, l'objet de ta tendrefTe , de tes complaisances, en-a-foufFcrt autant.... autant , jufqu'au Nègre;.., & pis-encore. Tu la verras, quand il en-fera temps. Tes ieux pa- ternels la verront fanée 3 flétrie, degra» dée, malade.,*. C'ed ton fang ; il eft coupable : mais (i ce n'eût pas écé ton fang, Filippa étais une Diviniré.

Adieu. ( Cette Lettre eft de Gaudét.)

VIL"* Partie. 85

Ze Même , à E J> M O N D.l

£ Il lui détaille la cruelle vengeance t]u'il a-prise de ricalien.]

jf u cs-vcngé. Ce n'eft pas à ton faible courage quej'ai-iaifï^é le foin de remettre les choses dans l'ordre : il faut un âme ferme comme la mienne , pour punir le crime par le crime, la fcélérateflc parla fcéléra- teflè , rinfamie par Tinfamie , la rage par la rage , Thorreur par l'horreur , & cous les tranfports de TafFreus desefpoir, par tous les tranfports de l'afFreus desefpoir. Comme un Etre invisible, je guidais le raaîheureus Vieillard , & je le forçais à courir l'attendait fon fuppllce. Après vous avoir-enlevé la fignoraFilippa , je l'ai-misc entre des mains plus-fûres , chés une de ces Femmes fans âme, qui n'ont pas même le type de l'humanité fur leur baife & atroce figure ; La , je Tai- r^ndue le pUftroa des Valets & des Por-

86 Paysanh pervertie.

.. - -Il ". Il I II I ' I...II.. .. 1 «H

refais. Elîe nVpas-tardé defe trouver comme je le desirais: alors j'ai-été cher- cher Urfule ^ ta Sœur. Sa fituation m'a-fait horreur : mais c'eft ce que je voulais ; elle a-redoublé ma rage : je Tai- amenée chés la-P** , était Filippa :, ^ suiet —* Urfule , vois-tu cette Fille : Je l'ai- xxx,me corrompue oc fait-corrompre , je lai- humiliée & fait-humilier , comme on t'a- humiiiée ; elle eft-defcersdue aufli-bas qu'on t'a-fait-defcendre; je Fai-avilie, proflicuée , dégradée audeiïbus des Bêtes , comme fon barbare Père t'a -avilie, pi oditaée , dégradée audeiTous des Bê- tes... — Eh-bien ? que veux tu me dire, Malheureus ? C'efl une Viclime, que j'ai - immolée à ta beauté flétrie , à ta vengeance , \ l'amitié outragée : Re- garde, Urfule, cette Misérable , vil pîaf- tron des Laquais & des Porteurs-d'eau.., *— Malheureus ! tu n'es pas un Homme, tu es le Diable envoyé fur la terre pour faire le mail..,,.. Ecoute ^ Urfule!

V I V""' Partie. 87

prens ta "Vidime ; cette Fiiîe noble, riche, belle, honorée, fêtée, vertueuse , il y a (îx mois ; aujourd'hui la dernière des ProHituées, qui a-perdu toute vertu , toute beauté , toute pudeur , par moi ,

par mes foins, eft la Fille devine ,

Urfule ? LaiHe - moi ! De ton Perfccuteur, de l'Italien.... Savoure ta vengeance, Urfule! Voi fa Fille! la voila! Voila je l'ai-réduite, & comme je vais la lui rendre-. Ton infortunée Sœur a- VGïfé des larmes. Ah ! Misérable! tu augmentes mes peines, aulieu de les foula* ger-! Vous n'avez que des cœurs m.oîs dans votre Famille. Je rai-renvoyécavec indignation. La pitié (iéd à Zéphire : mais dans Urfuîe,. . c'efl une lâcheté 1

Après le départ de ta faible Sœur^ j'ai-fait-néîoyer Fiîippa , je î'ai^faic- parer; j'ai - facri fié des diamans qui ne devaient pas me revenir , & je rai-faic loger vis'à-vis fon Père. Il î'a-vue fans la connaître : elle avait des laquais , un

S8 FArSANE PERVERTIE.

1——»— Il il 11». I I m I II

carrofTc: llnPorteur-d'eau habillé était fon Amant: jen'ai-pas-regafdéàia dépen- fe : j'ai-fait-écrire au Vieillard ce Billet :

\J NE Belie-dame voudrait vous 'dire un mot , Monjieur : pnjfe^ chcs dit à fix-heures-dii-foir: elle fera libre ^ & vous aîîeiièra. Sa demeure eft vis- à' "vis votre hôtel y & vous r ave^konorec de votre attention

Le Vieillard n a-pas- manqué , fans- doute par inquiétude, il efl-venu, fuivi ^e tout fon monde, depeur de furprise, & il a-pénérré dans le boudoir de la Belle. Ils ne fe font-pas^reconnus d'a- bord. Suivant les ordres qu'avait-reçus Fîlippa, à qui l'on avait-fait-cntendre qiie c'était un riche Dupe, elle Fa-recu .jdaos unciïttiîude voluptueuse- Le Vieil- lard f'en-approché^ Il par aiiTait- cher- cher à fe rappeler les traits de la Fille: mais elle avait tant de rouge & de blanc, qu'il était bien-difficile de la reconnaître, après fix-ans d'abfence. Filippa Ta-

frémis

VII.^* Partie. 89

remis la première , & dans Ton trouble,, elle feft - levée pour fuir. Mais les portes étaienc-fermécs. Que vois-je l a-dit le Vieillard : fcrait-ce... Ha ! è la miafi^l'ia FU'ippa ! < Ça ! ont-dit deux Femmes apoftées , qui ont-paru % c'cil une Fille de chés la-P*^ , que nous cherchons depuis huit-jours, & que nous alons remmener-. Fiîippajquinedeman* dair qu'à réchapper, ne les a-pas-démeo* ties, & elle les fuivait: mais Ton Père Ta- retenue, cn-îui ferrant la main fi-fort , qu'il a-fait'Cricrrinforcunée. Le fon de fa voix a-achcvé de la lui fsire-recoDnaîrre.. Cependant les Femmes ont-repoulTé le yieillard, &: ont-emmené Filippa^ qui Ptû échappée cn-couranr. Elle eft montée dans un fiacre avec les deux Femmes 3 tan» dis queles Gens de la maison, retenaient le Vieillard , & fon efcorte. Dès que Filippa a-été-partie, tout ee monde s- difparu ; je ne les avais-loués & payés que. pour deux jours» Le Vieillard a- Tome TV, VII Fartic. H

90 Favsane pekfjërtie.

obtenu des ordres pour découvrir fa Fille. Comme, àfa parure, il h jugeait dans quelqu'endroic de marque , on n a- cherché que chés les Fameuses : Filif pa était dans un todionde la rue Maubué : on n'a-pas-été la déterrer-lk. Mais j'ai- fait-par^enir un avis au Vieillard, pour qu'il yaîâc fans bruit, en-lui-donnant à- entendre, que tous les ordres qu'il obte- nait ctaient-éventcs , & qu'il falait fiir- prendre. Il y a-donc-été lui-même, bien - fuivi , mais n'ayant Pei fone quj l'accompagnât, lorfqu'il eft-entré. C'cil- îà que fous le coflumele plus-crapuîeus, il a-trouvé fa Fille avec un Soldat-aux- gardes qui k querellait. Il l'a-aisément- reconnue. Le Soldat fefl- retiré en- jarant contre la Malheureuse qui avait- dctruit fa fanté : Le Vieillard a-faisi fa Fille, qui feft-débattue poiir f 'échap- per : mais elle a-été-prise en-defcendant ; &fonPère l'a emmenée dansfon carrofTe. Je les laifTe enfemble ; ma vengeance eft- ieniplie.

VIL'"* Partie, gi

=»5^\ui^'t«-

C X T T ^^

Z É P H I R E.

à L A U R E,

[ Comment fc termine l'horrible vengeance de Gaudéi. J

Le Vieillard avait-rctrouvé fa Fille :

L'Infortunée! Il avait-resolu de la

poignarder. Un Domefliq, touché de compalîion , a-procuré k la Signora le moyen de f'cvadcr! Ellea-fui & elt- tonfîbée entre les mains du Secrétaire du du Prince de-"*'*, qui ayant -fu qui elle était, fe proposait d'en-prendrc foin. Mais vers ie fuir du jour même de fa fuite, fon Père a-découvert fa retraite, lify efl-rcndu., & a-obtenu du Prince, qu'on lui remît fa Fille. Dhs qu'il Ta- eue cn-fon pouvoir , il Ta-empoisonnce dans la première chose qu'elle a- prise. Comme elle ne cherchait qu'à fuir , elle en-a-trouvé l'occasion : elle eft- venue chés nous , les douleurs Tont-prise.

H X

9X FjrSANE P'ERVERTIE.

Elle n'a-vccu que douze heure?. Gaa- àh rayant-fu, iîefl-accouru avecUrfule, & a-cherché à lui fauver ta vie : rriais envain , eîîe eft-tnarre entre nos bras. Il vient de renvoyer cette nuit Ton corps à Ton Père. Quel Horame! C'efl un Tigre féroce : Je fuis encore épouvan- tée de tant d'horreurs î... . henres après. Urfule, înflruitede tout, vient de fe mettre en-fureur coRtre Gaudét, qu'elle a-nommé fon Corrupteur, fauteur de fa perte : elle lui a-reproché èçs Lettres qinl hiî a - écrites ; elle l'a - maudit, •—Je îe mérite (a - t-il répondu ; car îa Lettre ou je me démens , a-été-écrite trop- tard : Cependant vous î'avez-lue- ? ÎJifuîe a-'dit , qu'elle ne favait ce qu'il vooîait-dire. Laure en-était-chargée : Elle l'a peur-être encore (i)-. Urfule a- pîenré. Elle doit vous demander cette Lettre. Je ferais -charmée de la voir âuffi : copiez-la moi, je vous en-prie.

^n - I I I II * < ..i» Il II I m <IIM<a|

il) Vovezla cxxiii."^^ de ce ReeueiL

VIL"'' Partie.

r y ^ Y' V Ms

^ ^^ -^ ^^ y ' XI feptembrô

Ursule,

à Z É P H I R B.

[ L'Infortunée faidapeinture de fonhomble état.J

JTETITE chère Amie ! toi , donc l'e- xemple m'a-parlé plus-efricacemenc que tous les Philosophes , je n'impîore pas ta pitié , dans îe trifie état je ï\ns réduite ; non , je ne l'implore pas ! Ua Médecin , un Dieu me promet îa vie...* mais c^eft tout... Qu'eft-ce que la vie ^ hélas ! quand on n^a qu'elle î ... Je fuis-- dévofte d'ulcères ; mon cadavre infed me fait-horreur à moi-même ; je me dégoûte de ce que j'ai - touché : des os découverts , & non des doigts , tien- nent ma plume , & ma main ed-appuyée Air un papier brouillard , afin que ta puifTe toucher ôc lire ma Lettre. Ma jangue gonflée fort de ma bouche d- cérée : mon fein flétri t^ difparu ; deux plaies rem.pîacent ma gorge,.,. La maîa

a9Han«BMâvdMnMnA||MHMB)>*i<*ci"**Wb>iSAifli«fl

94 Fatsane pervertie.

de Dieu f'eft-sppésantie fur mo i.... La main de Dieu ! C'eft la première-fois depuis quatre ans , que je prononce ce

nom facré Le refte de mon cqrps

fait- horreur , & je foufFre horrible- ment , quelque position qu'on me don- ne. J'envie le fort funefte de la malheu- reuse Filippa.... Et tu veux me venir

voir ! mon Frère me l'a-dit. Tout m*a- bandonnne, jufqu'a Edmond , & tu veux me venir voir ! Ne viens pas, mon An- ge , je te ferais-peur....... Mais ii ,

viens ! viens , Zéphire ; viens , ma Fille ^ viens te pénétrer d'horreur pour le vice & pour les Hommes qui l'ont -créé ! viens frémir ! viens voir au plus-bas de- gré de la douleur & de la pourriture un corps vivant, rongé , qui n'eft plus que îa moitié de lui-même. Viens , char- mante Enfant 1 viens m'entendrc- gémir, poulTer les cris lamentables que m'arra- chent mes douleurs... Je ks fufpens en- t'écrivant.... Viens apprécier ton atta-

VII.°'* P A E. T I E. 9^

B_ .■..■■., . .-■■

chement pour Edmond lui-même. ..Tu veux me voir ! viens, viens donc... Ahî Dieu ! je grince des dents.... ce qui

m'en-reile.... tant je fouffie Je

ceffe , je ne faurais me tenir Zé-

phireî ma chère viens me voir..,, oé-

pirer.

1 heure aprè?r

Je reprens la plume. Laure vient de me lire la Lettre de Gaudét (i). Quoi ! le Traître nous a-trom-pées 1 II ed chré- tien dans le cœur, & il nous a-empéché de l'être I.... L'enfer ed donc ouvert fous mes pas.... Je le vois !.... rien ne me rafîure plus! Je fuis-perdue, à*

jamais-perdue! Ah! ma Zéphire î

viens me voir ; viens m'encourager , & me relire cette Lettre .... fatale pour moi, mais qui peut-être falutaire, confolante pour Zéphire !

(i) La cxxiu.™® de ce Recueil.

96 Paysane pervertie.

Q J^ 2) / /.^î^ même jour.

Z É P H I R :E ^ a L A U R E.

[Elle n'afpirc qu'àlhonnéteré: quel reproche pour Celles à qui elle écrit , Se dont elle parle ! }

On m'empêche dealer k ellel ma Mère &maSœur me retiennent, parle confeiî d'Edm.ond. Confolez-îa, ma chère Lau- re! dites-lui, que je brûle de la voir, de la confoler : fa Lettre à la main, je brave ma Mère & ma Sœur; je la lis tout-haut, ^ je les fais-trembler! ... Ma chère Laurc! que vous-êces heureuse 1 vous voila dans une maison honnête, avec un Homme ... que je nommerais bon & généreiis , fiî n'était pas le bourreau de Filippa ... mais il eil bon pour vous .... & vous voyez Ed- mond a toute heure ; aulieii que moi , je ne le vois piefque plus... Ah ! puilTé-jc être comme vous , fufTé-je accablée des maux que fouffre Urfule!.., Je finis. Ma Mère eft-fortie. Je m'échappe, «Se je porte moi-mêms ma Lettre à la pet'm-pofte.

VIL'^^'^ Parti b. 97

_, I, ,1 I III I - - I

C Y T TV *^« G A U D É T ,

a Z É P H I R E.

[ Il loue la vertu! ]

X*% o u S fondons en«larmes ; vous venez <îe briser nos cœurs î... Enfant^ qui m'é- tonues , &: de qui j'artens tout un-joui* pour mon Ami, dis-moi, as-tu pris ta vertu !... Elle eil naturelle à l'Homme, tu me l'as -prouvé. Innocence , pureté, naïveté , candeur , générosité , cha- rité, tuas toutes les vertus, & jufqu*à la prudence , fi -parfaite pour ton âge, qu'elle furpaife la nôtre à tous! les as - tu prises , ces vertus , dis-le-moi I Âhl c'efl dans ton cœur î c'cft du faint Auteur de ton Être que tu les tiens ! Toî^

toi, née d*une *•"• , élevée pour la

proflituîion, nourrie au *, foumisedès

ton enfance à la corruption , tu es pure I ton âme célcile a toute fon originelle

beauté ! Chéfd'œuvre de la nature,

qui me rriontres enfin î'Erpèce-humaîne, Tome IV, VII FartU. I

ç8 Faysane pervertie.

dans toute fa bonté poffible , tu force- rais à aimera la vertu îe Scélérat le plus, endurci ; l'Aifacin prêt à tremper fe; mains dans le fang , laiiferait , à ta vue tomber le poignard ; après t'avoir-enten- due, il fcrsit le défenfeur de fa Vidime..: Tu as-éteint dans Edmond la frénésie de la crapuleuse débauche ; tu l'as^ra- mené , mieux que toute ma philosophie , à des fentimens d'eilime de lui-même : tu Tas-changé: Ange célefle , aujour- d'hui tu fais plus fur Uifule , que nous- tous ; tu la rens à la raison , à la nature ; viens la voir ; viens la pénéuer , nou« pénétrer tous de ta précieuse inno- cence.. •. Je fuis bon, fenfible ; je me connais a ces vertus : j'approche qua«

rante-ans ., tu n'en-as que quinze;

mais tu y es m.on maître : Viens m'en- donner des leçons : je les recevrai ï genous , loin de toi pourtant ; ces charmes que tu as-arrachés au vice , ne doivent étre-vus qu'avec une refpec- tueusc admiration. A ce foir.

Le BouR^AUdeFîLipPA > m:.is, Le Vïngevr d'Ufisxjiï,

VIl."'^ Partie. 99

G A U D È T ^ à L A U R E,

f U dit de belles rérités , fur la fragilité de Is beauté : Mon Dieu ! vous aviez-mis cn-lui la connailîancc Se le goût de la vertu 3

JE compte , chère Amie , que îa con- raiilànce parfaite que vous avez de moa caraétère , & les cruelles épreuves pac krquelles vous avez-palTé , vous garan- tiront à-i*avenir de fembîabîes malheurs^ Je vous ai-quittée fans inquiétude: mais il n'cn^efl pas de -même d'Urfule ôc d'Edmond I J'écris à ce Dernier (i ) ; mais fur un ton peu-approfondi , de- peur d'effaroncher fon iniagination bief- fécl Bondieul dans quels écarts , dans quel fublime & fombre aviliiTcmenc il fétait-pîongé \ Son âme eil -forte : mail fa fougueuse imagination fait la loi à ft raison; fa Sœur lui refienible, & vous

(i) La cxLix."^*^ du Paysan, T^III, p, 78*

I 2,

î :o Pavsane pervertie.

en-'CcnnaifTez les effets fur tous-deux... La \ voilugiiérie ; mais elle eil-affreuse ; j'ef- pèiecepci'idanc qu'elle nel'eft pasà-tou- iours, & qucii fon imagination fc calme, die pourra reprendre quelques grâces, & être- fuppor table. Mais qu*eft ce que d'être fupportable , après avoir touc charrné, tout enchanté, toutfubjugué!... Je vous avouerai , que je ne vois plus auqu'iine jolie Femme , à-présent, fans éprouver un fcntiment profond de corn- rnisération : Je fens , comme elle fera malheureuse un-jour , lorfquc privée de ces frêles avantages , elle fe verra dédaignée, abandonnée, méprisée! La vîeiiltfîé d'une Bdle-femme, fi elle n'a- pas fair-provision de vertus , n'eil pas une vieillcffe , c'QÏi une rage ; & c*eft avec bien de la raison, que les Anciens disaient que la vieille Hecuhe , devenue laide & malheureuse, fut-changée en-chiennc l..j. Il faudra placer Ui fuie quelque-part , eo -attendant que les chairs foient rêve-

VIÏ."^' Partie, ici

nues; elle ferait mal avec vous , ou avec fon Frère, à -cause des ConnailTances que vous avez tous-deux; elle ferait d'ail- leurs trop- abandonnée. Que fa penfioa ne vous embarrafTe pas. Mais c*eft Ed- mond, qui m'inquiette !... Veillez fur lui, toutes- deux, vous & Zéphire. Ce n'elt pas que je ne craigne cette Der- nière ! cette Enfant a trop de mérite ^ & fi Edmond f'exalte une~foî5/ voila un fot mariage qui fe fera. Zéphire me fait- trembler pour lui!... Ma chère Laure, quel beau naturel, que cette Zéphire! 11 n'y a pas un défaut dans cette petite tête de quinze- ans, pas un vice dans fon cœur ; & Ton y voit mille vertus I |N'alez pas croire que j'en-fois amoureusî iNon, non. Urfulem'a-guérideî'amiOur, i je crois, pour la vie. Cette Fille ii- ! belle, comme je Tai- vue ! comme elle icfl aujourd'hui! Que je la plains! que I je Ja trouve malheureuse!..... Le pis qui pourrait lui arriver, c'eft quelk

1.3

ÏÔ2 Pavsane pervertie.

1

r^ronrnât chés fes Parens dans l'état

elle efl \ fon bon Père , imagination ar« dente ainfi qu'elle, commence à radoter; ils fe feraient-fècher mut aelle ment de douleur , de regret & d'impatience.... J'ai - obfervé qu'une belle PécherefTe excite un tendre fentiment dans !e plus-zèlé Convertifleur ; dans l'âme de Ceux-méme qu'elle a le plus-cruellement outragés , Amans, Amis, Parens: Le Premier , cn-la préchant , fent malgré lui le pou- voir de la beauté; quelle que foit fa vertu, îa nature repouiTée reprend par intervales le deiïus ; il tomberait à fes genous, fil ne fc retenait^ au-milieu de fa plus-grande véhémence , fon ton , fon œil f'adoucif-

feat , & la Fripone ne manque pas

de le voir : Les Amans font encore plus- lâches : Les Amis biaisent : Les Parens au plus-fort de leurcolère, éprouvent îa cclefte influence de la beauté: Mais une Pauvre-laide! ahl Peifonc ne la mé- nage ; on lui parle avec aigreur , comme

yjjm» Partie. îcS

|i on la voulait faire-foufFrir 3e Timpuif- jance elle ell de retomber. I Je crois que le plus-fur, pourpréserver Edmond de Zéphire, c'eit de rcDgajer à renouer avec la belle Parangon : cette Femme, telle qu'une belle fleur, que la grêle & l'orage ODt-feule-refpedée au- milieu d'un parterre, a-viipaffer toutesfes Égales en-beauté: eîle-feule demeure tou- jours la même: c'eflà cela qu'on dillingue une Belle d'une Jolie : la belle Parangon le fera longtemps encore, après que les Jolies feront.déja-pafTées, fanées, ridées! Je m.c propose de lui parler d'Urfule : cependant avec ménagement : Eile eft-fenlible, je fais qu'elle Taime , &: qu'elle l'aimera ^ tant que fon cœur battra .... pour Edmond. Je finis , ma chère Laure, par un trait de morale : Vous autres Femmes , vous êtes toutes , ou des Prudes , ou des =..... Catins;.... à-l'exception d'une Catin(i) , & d'une Prude (a).

(î) Z-é^.hlre. - (i) M,^^'^ Parangon.

104 P^rSANE PERVERTIE,

^i<MiuL:]jag

Héponfc, COn metUrfuIc a l'Hôpital.] Ij RSULE eH-pîacée ; Edmond voii& i ecrir. Notre réparation me ferre le ^œur. Quand elle a-vu cette P^îaison- dc-honte , k desordre emprisonné fermente Ôc empire (ce font les expref- fions d'Edmond), fes larmes cnt-coulé : Elle Teft-panchée vers mon oreille , & die m'â-dit : Je Tai- mérité- î Ce mot m*a- frappée comme un coup- de» foudre, & mon cœur a-battu. Cepen- dant, je l'ai-confolée , en -lui disant, Vous n'êtes pas ici pri:.onnîère ; vous êtes libre & penfionnaire ; vous avez votre chambre feule , propre \ vous fortirez quand il vous plaira , pour pren- drel'airhors delà maison, & vous aurez «ne Femme pour vous fervir : je l'ai-- vue, elle eil fort- adroite & fort-douce. Votre^ nourriture fera celle des Officie-

Y 11:''' Partie. 105

rcs ; fans compter , que vous aurez de nous tout ce qui vous fera-plaisir. En- fin , vous-vous - rétablirez : cela fera long; mais votre Médecin efpèie tout du temps , Ôc que ces difformités dif- paraîtront eniin tout-à^fait , ou dumoins prefqu'entièrement-. Elle m'a -baisé la main , à ce difcours, en-nie repondant; •— Laure , je fuis diiFoî me ; mais ma maladie a-cbangé mon cœur: je m'aime mieux comme je fuis, qu'avec l'âme que J'avais. Mais ne verrai-je pas Zéphire-? Je lui ai -dit, que nous - nous étions cachés d'elle, paice-qu'elle f'opposait à notre plan, fans avoir de bonne raison ï nous donner ; puifqu'elle n'aurait-pu la mettre que chés fa Mère; ce qui était fon defTein. Non, non î a-dit Ui fuie ; êc vous avez bien-fait de vous cacher d'elle. J'aime Zéphire : mais plutôt tout- autr^ lieu , que d'être chés fa Marâtre» Que ne peut-elle la quitter-!.... Nos adieus ODt-été bien - trifles ! Edmond

Î06 FArSANE PERVERTIE

—*■■»»<• nTM^i *iiifM<iiiywwi»

fur-tout paraifTait enfeveli dans une rê- verie profonde , dont rien n*a - pu îe tirer, que ies larmes #Urfule. Il Ta- regardée , Ôc fe levant avec vivacité , il a-fiii(i), en^fe-rerournaut avec effroi, comme f'iî eût - été - pour fui vi par un Speclfc: nous î'avons-entendu -pouffer de profonds foupirs , & le p. Gardien , qui remplit parfaitement vos intentions , l'érant-âvancé pour le découvrir, il nous a-dit, qu'il était-appuyé contre le mur, les deux mains-jointes & fon front deffus. Urfule a-voulu le voir. Elle fa-prié de modérer fa douleur : Il ne lui a-pas- répondu; mais nous avons-tous-entendu foi tir de fa bouche , à- travers les fan- glots, ces paroles : O Misérable ! voila donc ou tu as-réduit ta Sœur-! Il f'cft- enfuite- tourné vers nous, le visage en-pleurs ; il nous a-confidérés d'un-air farouche^ puis il a-defcendu Vçf-

(i) Voyez la L.™* Figure du Paysan j &c laCL.^^^^ Lettre, T, III.p,îi.

VIL'"'* Partie. 107

calicr précipitamment. Cette douleur , cet adieu fbmbre ont-plûs-fait pour resi- gner Urfuîe , que tout ce que nous lui avions-dit. Le p. Gardien a-été parler aux Supérieures ; il leur a - fait Téloge d'Urfulc, & fans mentir, mais cn-joi- gnant habilement deux ^époques , très- décousues, il a-parlé du viol d'Urfule , & de fa maladie , comme fi la féconde eue été la fuite du premier. Il ne fen-eft pas tenu-1^ ; il a , par vos ordres fans-* doute, augmenté la penfion de tout ce qu'on a - demandé , pour qu'Urfule fût auffî-bien qu'il cft pofîible. Il eft-enfuite- revenu vers nous , & il l'a-priée de ne faire fes confidences à qui que ce fût dans la Maison. Je fuis très-contente de ce bon Gardien ; il était-animé de votre efprit , & vous n'auriez-pas-mieux-fair; outre que fa figure vénérable donnait beaucoup de poids à fes difcours. Zéphire ne parle de lui qu'avec attendriiïcment, depuis qu'il a-fecouru Edmond dans fa

Ï08 FArSANE PERVERTIJS.

maladie avec tant de zèle , & qu*il Ta- comparée,elle,aîaSamaritaire(i). En- fin nous fonsmes-foitis de c^i endroit, qui m'a-fi-foit-déplu , que je préférerais îa mort à le choisir pour asile.

Je vois rarement Edmond depuis ce moment , & Zéphire elle-même fe plaint qu'il la néglige : Peut-être voyez-vous plus-clair que nous dans fa conduite î

JV.** Edmond , quoîqu* ^iphîre l'eût-retiré de fes goûts ciapuleus, qu'il refpèâât la vertu dans cette Fille , c-c travaillait point à épurer fa propre conduite , ni celle de fa MairrefTe : Non-feuîe- mcnt il vivait avec elle j mais il fe livra pour- lors au goût des Avantures difficiles , compli- quées, multipliées, qui exercent l'efprit & les fens, aulieu d'intérciTer le cœur : on le voit , dans le Paysan, mener jufqa'à trois intrigues à-la- fois; Gaudét le laifTaitfe nlfasier de jculifan- ces , pour faire un- jour fr.cccdcr l'ambition, &la rendre plus-puillante : mais on a-vu dans le Paysan , ce qui en-eft-arrivé,

> I ' ' -»»««—» III

(i) Voyez dans le Paysan, pp. 71— 78 %l loj iiG, 5fç., Taiftoire de cette Zéphirc,

lYjjn.e Partie. 109

< «=1=3=1=- rtrmiÊte i^-;^-^ -iïa^:r=s=s-=

^

C X X V I L""^ ^5ma,s.

Z7 il 5 17 z ^ ,

àFANCHON,

£ Enfin , elle récrit à ma Femme ! mais digne de lui écrire 3 elle eli changée ! Je vous cn- remercie , ô mon Dieulp

!%■ E cherche pas la fignaturc , chère Sœur; c'efl Urfulc qui t'écrit ,•.., après fix ans de lilcnccL... Ai je encore un Père & une Mère ? àts Frères ? àts Sœurs ?.... S'il m'en-refic, dis-leur que je refpîre , accablée de honte &: de dou- leur : Dis- leur que j'ai^mérité mes maux; mais ajoute , que je me repens , & qu'humblement prodernée aux pieds (i^ts autels , j'offre au Dieu-vivant les fan- glots d'un cœur brisé... hclas ! il ne fut longtemps que le foyer-impur d'où f 'échappaient Its exhaîaison,S du crime & de la débauche!.... Dis-leur que le Crime & la Débauche m'ont-punie avec un excès de peine & de rourment , capable di; fâire^frémir ; mais que la paix rentre

lïo Patsane pervertie.

peu-à-pcu dans mon cœur , depuis que je fens que j ai-été-afTés-punie : Dis-leur que je n*ai-pas-encorc-osc former un vœu pour eux au Ciel , dcpeur que la f )urce ne fût pas afles - purifiée; mais que dès qu'elle le fera , je me tiendrai prête à m'immoler au Seigneur en-holo- caufle , fût-ce fur un bûcher (ï), pour obtenir de fa paternelle bonté, qu'il ver fe dans Icurscœurs, la joie que j'en.ai bannie; que je fus plus-coupable que P^adelaine , que Pélagie , que Marie- d'Egypte; mais que mes peines ont-pafTé les leurs, & que, comme elles, je ne veux plus vivre que pénitente & gémiffante , pour effacer, à- force de larmes, les taches que le vice a- imprimées fur moi : Dis-leur que leur malheureuse Fille & Sœur , eft au rang des plus-viles Créatures j qu'elle fcfl- couverte de leur habit; qu'elle fe mêle avec elles, pour les fervir , les exhorter, les confoîer , fc mettre audeiïous d'elles ,

(i) Oli î c]!îe ^^ larmes ces mots firent v&rfct à notre pauYrc Mère î

vil."'' Partie m

%i -■■ ■• " ■'■ »

par la confelîion pjbîique de fes fautes, devant Celles des vSœurs de cette Maison* de-honte, à qui, par une indulgence aveugle, on avait-rendu, à^fon-fujet, un bon -témoignage non- mérité ; eh ! puiflc-t-elle en-étre humiliée autant que le méritent fes ordures 1 puiiTe-t-elle être ainfi de quelqii' utilité ï fes Compagnes- de-fé]our, dc-desordre & d'infamie!.... Dis-leur que leur Fille & leur Sœur efl à \ Hôpital,,. , Julie demeure pour elle , quoique les lois ne l'y aient-pas-con- damnée : Dis-leur que j'attendrai toute ma vie la Réponfe foudroyante que je mérite de leur part y & que je la lirai prollernée dans la pouflière , la mon- trant à Dieu même, en - lui -disant : -PunifTez-moi feule, ô mon Dieu ! ils m'ont-bien * élevée ; ils ne font pas mes complices! *'^* **,

Je n'ai plus de nom dont je fois digne que , LA Pécheresse. P.-/. Edmond vient me voir quelquefois.

112 Faysane pervertie.

^■Y--r-~y ' ''*••-"" ■"■ '*^

C 1^ T 1/" T T T ME î '5 msts iout i^ ^ J-> y J. I I' de laVieigs.

Reponjc de F A N C H O N.

£ Ma Femme lui raconte tout ce cjuiPeft-paflTé ^ à fon fujet à la maison paternelle ]

I^Aa très-chère Sœur: Votre Lettre a-été pour nous coirmie un fénoiiiène du Cieî , & je f ai -longtemps- tenue , connaifTant votre écriture , après ravoir cirée de la pofte , que la main me trem- blait , & que le cœuc me battait , fans que j'eufie la force ni l'envie de la dé- cacheter. Je la tenais dans mes mains, cn-venant de V"^**, courant prtfque malgré moi , comme pour la montrer à mon Mari. Mais quand j'ai -été au Moulinot^ toute - effouiHée , il m'eft- venu en-penfée qu*il la falait-lire , & que peutétre vouliez-vous que certaines choses ne fuHent-vucs que de moi. Je rai-donc-d(°C2chctéey afîise fous le noyer de Thomas Do no aine , Si j'ai- cherché

a

I VII."« Partie. 113

I

i voirquelqne-chose^ toute-tremblante,

l'osant lire, ni le commencement ni la

in , ni le milieu : la tenant loin de mes

eux , pour que quelqu'heureus mot

)aiLic , qui me donnât la force de lire ;

it le premier que j'ai - vu , c'efl , Je

Ws prcte CL 771 immoler au Seigneur

n-holocauftt , fût-ce fur un hûcher\

Kur obtenir 'èe fa paternelle bonté y

luilverfe 'dans leurs cœurs , la joie

TLief en- ai-bannie /... Et j'ai-levé au

Ciel mes ieux pleins de larmes, disant

u Seigneur : Béni foyiez-vous , mon

Dieu l car voila un b^n mot î... ...»

II j'ai-îu le commencement, qui m'a- air -trefîaurer. Et je me fuis-récriée : Oui, oui, elle a erxore un Père ^ y une Mère , & des Frères , & des ]ce.ars , & une Bellefœur qui Vaime^,t> 3ar Je ne comprenais pas le fens de ces laroles , que je croy lis un reproche»^ Il j*ai-lu tout - du - long , dévorant les ■ignés &: les paroles , & fufFoquant s

Tonu IV, VII Partie. J

HBiMI^nB» HWMIII IMWMII IlIBllJ- 1 HW-W Kl ■■■JUIIIH ^^HW— ^ H IIW^IK^VIVIKC^I^K^.

«14 FAy'SANS PERVERTIE.

chaque-mot. Et j'ai-fini^touce-horsde îïioi, & me levant enfuite, j'ai couru vers chés nous, jurqu'à ce que j'y fois arrivée, , Et j'ai rencontré en-chemin des Femmes; du Pays , qui rae voyant courir en- pîeurée, m'ont - dit : Vous courez bien-vîte , 6 Fanchon? ell-ce qu'il ferait-arrivé quelque malheur-? Et je ne leur ai-rien-répondu , que d'un (ignc de la main , leur faisant-à-entendre que j'avais - hâte. Et j'ai - trouvé à l'entrée delà maison, mon Fiîs Edmond, & ma petite Barbe- Urfulc , que nous n'appe- lons qu'Urfule, qui m'oRt-dit, ■— O Maman ! comme vous avez bien-chaud-! Et je ne leur ai-pas-répondu ; mais les embrafTant feulement , & fur - tout ma Petite, j'ai- couru chés nous^ arrivait votre Frère , mon Mari , de la charrue du matin; car la kélure de la Lettre m' avait-retardée. Il ne faîait pas fi- vltc courir , ma pauvre Femme, m'a- . t-ildit, & rifquer à te faire malade-l

HataMvaM^H

VÏI."^* Partie. 115

I ' ■■ ■■■""■'

Mais fans lui dire une parole , je me fuis jetéekfoncoo. Etila-dit, -Qu'eil ce-que-c'eft ? qu'eft-ce-que-ceft, ma chère Femme-? Ec je lui ai-doané la Lettre. Il l'a-regardée; & j'ai-vu qu'il tremblait tout-comme j'avais-trembîé, n'osant lire : pourtant il f'eft-vîce-rcmis; &: il a-îu tout-bas jufqu'a la fin , cognant à tout - moment fes larmes, qui rou- laient & voulaient couler. Et quand il a-eu-fini , il a-dit : Dieu (oit béni-!... Sans ajouter aiiqu'unc autre parole. Et il f 'efl - aflis , rêvant, pendant que je préparais le dioer. Et à-l'inftant le dîner alair-étre-prêt , il m*a*dic : Ma Femme , je vas monter avant-dîner , chés mon Père & ma Mère, à-celle-fin de leur montrer cette Lettre de repen - tance; n'y venez-vous pas avec moi-? Ec j'y ai-été avec lui. Et quand nous fom-= mes-entrés , notre bon Père ôc notre chère Mère alaient fe mettre-k-îab!c ^ cn-nous voyant , ils ont- dit : Voie

J 2.

Il6 FyiVSANE PERVMRI î£,

nos Enfans qui viennent dîner avec nous : les bien -venus foient - ils-! Et notre bonne-Mère feit-ievéepour augmenter ic dîner. Et mon Mari a-présenté la Lettre à Ton Père, qui i'a -prise, & a-regardé fon Fils, comme pour lui demander , De qui ? Et ayant-mis fes lunettes , il a-vu récriture , & fes mains vénérables ont - défailli , comme fi la Lettre eût-été un poids trop-pesant pour elles ; & il la regardait filencieusemenr, les ieux baifTés. Alors mon Mari lui a-dit : —-Lisez mon Père ; car il y a un- peu de confoîation mêlée à la peine, ôc votre Fille Urfule eft encore votre Fille ; & le Seigneur n'éconduisit pas îa Femme-adultère , ncn - plus que la Cananée-, Et notre Père a-lu bas , pen- dant que notre bonne Mère , immobile comme une Statue, pâle, tremblante, reCiait debout , fans prefque refpirer. êc .quand II a-ei^lu , notre Père a-dit : -— Sont-ils-là tous les Enfans du mal-

vu.'"' Partie. 117

heureus Père & de la malheureuse Mère ? Ec tous Y étaient, car mon Homme les avait fait-avertir. Et ils onc-répondu : i— Nous voici tous , mon Père-. Et le vénérable Vieillard a-recommencé de lire tout - haut la Lettre , farrétant à chaque pose : & Un-chaqu'un de nous fanglotait , occupé de fa douleur , quand notre bonne Mère, refiée toujours de- boiit, eft-tombée de fa hauteur comme morte. Pleureusement fon Fils - aîné f'eil-trouvé-là, pour empêcher que fa tête ne portât à terre , & il l'a-posée fur fa chaise , elle a-rçpris un-peu ks fens. Et notre Père l'a^regardée, en-îui disant, Ma Femme, le Seigneur nous a-frappés par les Objets de notre orgueil &: de notre vanité folle; resignez-yous à fa juftice, comme a fa miséricorde , &; bénilTez fon faint nom : ca-r il ne faut ni découragement , ni desefpoir , mais confiance &foumifîïon: ileftleDieu juflc, qui punit & qui châtie^ comme

rï8 Patsane pervertie,

Dieu bon , qui lecompenfe & qui bienfait; mais qui relève un-jour rHiim- ble & le Repentant : Cette Lettre eft belle , ôc je la trouve contenant les fentimcns qu'il faut, pour effacer de grandes fautes ! par-ainfi , prenez plutôt parc k la joie ^ts Anges dans le Ciel , pour une PécherefTe qui fait-pénitence , que de vous livrer a la douleur pour ¥otre drachme perdue; car elle fe re- trouve , Dieu-merci i Ah ! Dieu le veuille ! -a- dit notre bonne Mère : mais que ma Fille , le fruit de mes entrailles ait-été ce qu'on dit 1 c'eft ma douleur éternelle»! Et notre Père a-dit: - Msi Femme, pleurez votre Fille , car l'âme d'une Mère tendre qui fut toujours en^ vous , fe confole avec des larmes ; mai^ mettez votre confiance dans le Seigneur: car le faint Homme Job , pour chose qui lui foit arrivée , onc ne l'a-maudit, commeïe lui fuggérait Sitan, qui le tentait avec la permiffioD de Dieu ; aucontraire

vil."'' Partie. 119

il Ta-béni, à chaque malheur, même écant-affligé cn-fa-chair d'une honteuse & cruelle maladie , nétoyant Tes plaies avccdes têts de pots - cafles, affis qu*il était fur un fumier : Par-ainfî , foumet- tez votre douleur & vos larmes au Maître* de-tout: ,Car il y a de belles choses dans la Lettre de votre Fille , & le Seigneur a une grande miséricorde pour les grands Pécheurs & les grandes Pé- cherefles-. Et II a-relu la Lettre ; ap- puyant fur chaque parole , & fanglotant lui-même, comme jamais nous ne Tavons- vu fangîotcr. Mais c'cft Edmond l a-t-il dit enfin! Mon Dieul rendez- nous Edmond-? Et fa voir devenait fi- forte , &; fi - déchirante , en - disant , Mon Dieu 1 rcnèc^ - nous 'E'àmonè ! qu'il nous femblait-rebramer & mugir; & nous étions* quasi -tranfis , Auqu'un de nous n'osant lever la vue , & Cha- qu'un pleurant les ieux baiiTcs : Puis Il fefl - tu , & a - rendu la Lettre à fon Eils-aîné, après avoir-regardé Ta-

Î20 FArSANE PERVERTIS,

-, " ' ' Il

drcffe , lui disant de rac la remettre: Et mon pauvre Homme me l'a-remisc , disant: Ma Femme, notre Père vous remet la Lettre qui vous eli - sdrefTée-, Fanchon Berthrer , a-dit notre Père (& c'efl la première-fois qu'il me nomme de mon nom-dc-famille ) , ferrez cette Lettre , & qu'elle ne voye plus le jour; fnàis confervez-la ; car elle cil le cri & la lamentation d'une pauvre Abandon- née , que le Seigneur regarde en-fa pitié & miséricorde: partant, il ne faut pas qu'auqu'un Etranger la voye j pas même tous vos Frères & Sœurs, car il faut la taire à ceux d'Au''** : & mettons-nous à table-. On f'y efl-mis; mais k-l'ex- ception à^s Plus - jeunes , Perfone n'a* prerque-ricn-mangé: 6cÙn-chaqu*un fed- bientÔL-levé de table, fcn-alant mor- riement à fon travail. Et quan ta ce qui cfl de notre pauvre Père , il y a-^été a ufîi,épierrer le ehamp-de-derrière-le-jar- din : & comme il jetait les pierres de- hors.

VIL** Partie. 12.x

horSjOnl'a-entendu pouiîer des foupirs & des fanglots: & TouMin'chaqu'un disait dans le Village, C'efl qu'Urfule ou Edmond font inorts ; car leur Père eH en- grande douleur-! Voila, ma très-chère Sœnr, pourla réception de votre Lettre, Et me rc:ilc à-présent a vous dire , ce qu'on m'a-enchargée de vous répondre*

Et d'abord noire vénérable Père lève de fur vous toutes les malédicllons qu'il vous avait-données , comme je compte de vous le dire par-ci après ; & il me recommande de vous marquer, qu'il eiî toujours votre Père , & qu'on vous rece- vra ici comme TEnfint-prodigue , en- célébrant votre retour comme une fcte , fans pas plus parler du palTé, que fiî ctait-non-avenu. E: notre bonoe-PvIèrc m'encharge de vous écrire de fa part, qu'elle vous porte dans fon cœur, comme fa Fille , tout-ainlî qu'elle vous a portée dans fon flanc , avant que vous vifliez le jour ; & qu'elle pleurera de joie en«

Tome IV, VIIFa-aU. K

ia2. FArSANM PERVERTIE.

voiis-rcvoyant, comme elle a-pleuré de douleur aux triCtes nouvelles. Et notre bon Père & notre bonne Mère fc réu- nifient en-ce moment ( car ils me regar- de nt écrire ), pour me dire & diéler czs propres paroles , Et à Qui "donc jyardonnerons- nous , ce ncfi h nos Enfans- ? Et quant a ce qui cft de moa Wari , Pierre votre Aîné , voici fcs paroles : >j Ma pauvre chère Sœur , image de notre Mère dans fajcuneire, n & par ce, (i-aimable & chère à nos »» ieux , revenez je vous en-prie, vers » votre pauvre Famille, qui verra en- r> VOUS, non une Coupable, puifque par S9 votre belle pénitence & vos beaux »> fcntimens ^ vous êtes plutôt une fainte j> à-ce-jouru hui, mais ie jouet du fort « &: delà méchancetéd* Autrui:.. Quant » a mon égard, ma chère Urru!e( dit- V il) , je ne ce reverrai qu*avec refr- >) ped , contemplant en-toi une Fille H ^malheureuse,' illufiiée par fon m^U

yjjme Partie. 123

H I n», .1. I. ^ - Il I « Il !■!■

u heur j & que Dieu a-rappelée à lui , 99 ptutêcre plus^fûremenc , que , fan^ n auqu'un écart , il t'eiic-fait Marquise ^ »» & la proteftrice de notre Famille: Par- ainfi, chère Sœur, laiflc entrer dans « ton pauvre cœur le baume de la con- » folation. Et fur ce, je t'embrafTe »». Pour-à-l'égard de nos autres Frères Se Sœurs, Un-chaqu'un d'eux & d'elles m'enchargent de vous dire, qu'ils adop- tent en- tout le difcours de leur Aîné ; comme exprimanc leurs véritables fcn- timens. Ec pour à mon égard à moi , ma chère Urfulc , je ne faurais qm je ne fente fe feindre mon pauvre cœur , quand je me rappelle notre tendre amitié de jeuneliè, toujours entretenue; fi -bien que de toutes vos Sœurs & Bcllefœurs , toutes méritantes , c'eft moi que vous avez-chosie pour votre! confidente & cot- refpondantc ici. Auflitel e(t mon vœu , qu'il n'y a pas de minute dans le jour je ne vous aye- désirée depuis un fi-

K z

iiA Fav^anb pervertie.

longtemps: & quand j'cntendais-mépar-

ler de vous, je ne le pouvais croire ,

& bouchais mes oreilles , pour ne pas

entendre le mal ; & je ne crois aujour-*

d'hiii que votre Lettre : Mais aufli , loin

de vous honnir & mépriser , quand je

viens à fonger à toutes vos perfedions,

je me jète à genous , & me récrie à

J3îeu : O mon Seigneur 1 grâces vous

font dues fi je ne fuis pas pire ; car je

ne valais pas Urfuîe , & tout ce que je

vaux, je le dois à la faveur que vous

m'avez - faite de me donner un bon

Mari , & de me garder au Village ! à

la Ville , ô mon Dieu! que ferais - je

devenue-! Voila pour la réponfè, chère

Sœur ; nous vous attendons ; & fil

vous plaît nous marquer vos besoins,

(8s miême que mion Mari courre vous

chercher, il y courra: Veuillez feu^

Jemeut nous donner vos ordres , a tous^

irant-que - nous-fommies de Frères &

Sœurs , & mettre votre entière çoB'-

yjjme Partie. 12.5

fiance dans le tendre & bon cœur vos Père 8>c Mère. Et pourtant vous faut -il faire le récit de tout ce qui. Teft^paile ici à votre fujet, depuis votre celTation de Lettres, de tous les difcours qui fe font-tenus par des Etrangers > ainii que des Lettres qui nous ont-été-écrices à votre encontre & du très-cher Edmond: & ce que vous venez de lire , fera un bon préservatif.

D'abord , tout-de-fuite que m/ le Marquis & m/ le Confeilier furent- mariés , notre Père dit , li faut qu*Urrule f'en-revienne ; elle n'a plus que-faire-là-. Mais il ne dit pas qu'on vous l'écrivît. Bien du temps par-après, on entendit comme un bruit , que vous étiez !a maitreife du Marquis. Mais ce bruit tomba, par la vérité qui fe fat, on ne fait comment, qu'il vous traitait avec confidé- ration à -cause de votre Fils, & nous n'en» baiffions pas la tête. Tout- ça ala un- peu de temps affés bien ; fi ce n'ed qu'il

K 3

126 FaYSANJS PERf^ERTIE.

paffapar V*** , un Monfieur, qui dit , cju'il y avait une Jolie - fille de S*'^ bien pimpanre a Paris , qui avait plus de diamans qu'une DuchelTe , & que tout le monde admirait. Il n en - dit pas davantage , & on ne favait ici , (i c'était louange ou blâme. Mais cepen- dant notre Père fe mitfort-en-CGÎère, disant. Que vous aviez donc les ponr^pes de Satan , aufquelles vous aviez-reoon- aubatème^ êc que bientôt vous au- riez Tes œuvres , (i vous ne les aviez déjà. Ec il enchargea mon Mari de vous écrire de revenir aulîkôt la Lettre vue. Et mon Mari vous écrivit \ Ta- drefle de îa bonne Dame Canon , laquelle renvoya îa Lettre à mon Mari , disant, que voiis étiez une Fille-per- due, & qu'elle ne favait vous trouver ; que vous-vous étiez fait-mettre au C^- talo^ue'è'' Opéra ; ce qui ôtait fur vous tout pouvoir à Père & \ Mère. Cette nouvelle fit-entrcr notre Père dans la

yjT^me P ii R T î E. 11^

colère la plus-terrible, & disait : QuVft-ce-qne-c'efl que le Catalogue* y Opéra qui ôte tout pouvoir à Père & à Mère ? Ça ne peut-être en-pays chré- tien , & je me moque ^Opéra^ à quî je répondrai comme il faut , qiîand il ferait leDiablc: ce qu'il doit-être, fi çaeft-vrai-* Et ayant-fait lui-même un voyage à Au**, pour y voir m."^'^ Parangon, conduit pour- tant par mon Mari, cette Dame ne fut bonnement que dire , ficen'eflqne vous ne ]ui aviez pas fsit-réponfe ; & deux larmes qu'elle tâchait de cacher , l'ayant- trahie, notre Père voulut f'en-revenir toiit-de-fuite. Et arrivé qu'il fut à la maison , devant nous-tous , Il prononça ces terribles paroles: ^Maudite foit la Fille qui fait - baifTer les ieux à Mère ,& fait - montrer au doigt fon Père , en-disant : —-Voila le Père & la Mère d'une Catin : Je lui donne ma malédiélion , & le Ciel îa puniiTe comme elle le mérite. Exaucez , à mon Dieu,

12.8 Pavsane pervertie

un Père dont îe cœur ell* navré d€ douleur , par une Fille dénaturée j & que îe nom d'Urfiile devienne une honte à-jamais pour Celle qui l'a - profané-? Et notre pauvre Mère tremblante , efl* tombée a fes genous , en - lui disant , -—Mon Mari & mon Seigneur, eft-H bien pcffible que vous maudifïiez le Fruit de mes entrailles, que f ai - porté dan^s mon flanc \ & fuis - je donc maudite auffi? —Non! non! Relcvez-vous , Femme; je ne maudis pas ce que Dieu a béni, & nous l'avons-été enfcmblc au pur de notre mariage, encore heureus, puifqu'il me relie de bons Enfans-1 Et il a-tendu les bras à fes autres Enfans , en leur-disant : Ganfolezvorre Mère; car la voila navrée, & la Malheureuse, qui în'a-nâvré, la navre auffr, pour qu'elle foie doublement parricide.... Ma Fem- me, votre Fille cfi-perdue: voulez vous que je foutienne le vice ? Je la retran- che de votre fcin & de notre Famille,

VIL""' Partie, iig

afin qu'en - la--vouanc à la célefte Ven- geance qu'elle a-provoquée, je garan- tiiïe des Tctes-innocentes , nos bons Enfans d'ici j nos Pctitsenfans, encore vêtus de la robe*blanche'..».. ^— Oa ! oh i a - dit notre pauvre Mère , eil-ce avec mon fang qu'il faut appaiser îa colère du Ciel , &: devez-vous facrifie^ ma pauvre Fille ! ... Pauvre Urfule 1 te voila immalée à tes Frères & Sœurs > maispasUnnevowdra de l'immolation-!... Et tous nous avons-crié , Non^ non, ma Mère , nous n'en - voulons pas ! & ni faut qu'elle foit-punie , pai rageons entre nous fa peine, & que la malédic- tion paternelle famoindrifTe, en - nous frappant tous , nous & nos Enfans-Î Et notre Père, les larmes aux ieux a-dit : «—Elle vous fiappera donc, car une voix fccrctte me le dit... G mes Eofans! mes chèrs Enfans ! vous méritiez un meilleur fort 1 Et c'eft moi qui ai- voulu mettre à la Ville Edmond & Urfule s

130 Pays ANE pervertis,

que je fois-frappé feul , fil fe peut î... Frappe , mon Seigneur , frappe le Père coupable 1 mais épargne les Enfans-! Et tous à genous , nous avons crié à-îa- fois : Ehl non , non î mon Dieu i frappez-nous, frappez-nous; mais épar- gnez votre Image-] Cette a^élion de fes Enfans les uns pour les autres & pour lui , calma un-peu notre bon Père, & les larmes lui ruifTeîèrent des ieux , €n-lisant îe chapitre de la Bible, les Ifraélites pleurent la Tribu de Benjamin qu'ils avaient-mafTacrée, disant, Hélas l hélas / il y a une Tribu 'èe^-molns tn- Ifraell & notre bon Père farréta-la fufFoqué, (î-bien qu'il interrompit la lec- ture , & ferma îe faint Livre. Ec depuis ce moment, il parut toujours alHigé. Mais ce fut bien -pis quelque-temps par- a- près, quand nous reçûmes la malheureuse Lettre, qui nous apprenait que vous étiez- mariée à un Porteur-d'eau ! notre pauvre Père en-fut à fon tour immobile comme

VIL™' Partie. 13s

une pierre; 6c il dit à notre bonne Mère: -—Voila que je l'ai-maudite , & le Sei- gneur l'a-ratifié. —O mon Mari! vous l'aviez-démaudie-! Notre Père fecoua la tête, & fen-aîa fe promener feul dans Tenclos foupirant ; 6c on le voyait de tcmps-en-tcmps , porter vers le Ciel ks regards & Tes mains. Et notre pauvre bonne Mère , elle, était k-gcnous pieu* rantc^ !k récitant des prières. Ec notre Père étant-revenu, il dit ï notre Mère: —Ma Femme, appelez votre Fils-aîné-. Lequel vint auffitot qu'il entendit la faible voix de Mère> Et notre Père lui dit: —Ecris à Edmond: car par- avantHre nous donnera-t-iî quelque con« fokîion-. Et mon Mari écrivît à notre Frère. Et voiîa qu'Edmond répondit par deux {i-terribles Lettres (î) , que mon pauvre Homme ne les osa montrer: mais il dit, que vous étiez-perdue de-

(i) Ce font les cxiii, cxLiii & CXLIV^*^ 4u Paysan, T^IîLpp, S^—Ss^^

t^% FAYSANE PJËliVERTîE,

fait , & que notre Frère ne favait vous étiez. Notre Père fupporta mieux ça que le deshonneur , & il dit , —Je la pleurerai morte dumoins-! Mais notre pauvre Mère , pas fiforte , tomba comme en - langueur. Et mon Mari , un-jour, croyant que notre Père pour* rait foutcnir la leélure des Lettres d'Ed- mond , il la lui fit, avec fa Réponfe. Et notre Père bondit (car vous favez qu'il eil vif) , en-gntendant le récit de la fureur d'Edmond ; & auliea de colère contre lui , Il dit : Il a bien fait ! & j'aime Ton desefpoir ; c'eft moi , c'ei^ moi qu'Edmond-!.,. Et ayant-lu quelle Xettre Ton Fils-aîné écrivait à fon Frère, îl ajouta : Msis voila mon fage & refpeétabîe Père : Dieu te bénifle, mon Fils ; cartu vaux mieux que moi, comme disait Saiil à David, par lequel il avait-été= épargné dans la caverne : Et tti n'as^pas:; été-voir ton Frère, comme tu le marquais? Pardomiez, mon Père; Car j'ai-faic

VIL"** Partie. 133

'

mes informations à m;'"* Parangon ,

laquelle cn-a-fait à Ton Ami dangereus ,

lequel le pleurait lui-même , ne fâchant

ce qu'il était-dcvenu : Et j*alai en-deux

jours jufqu'à Paris, je ne trouvai

Perfone , à qui m'informer-. Et depuis

ce moment notre Père nous demandait

fouvent, à mon Mari & i moi, fi nous

avions des nouvelles ? Mais nous n'en-

avions pas a loi donner ; car Edmond

a-été jufqu'k-présent fans nous écrire

depuis ces deux Lettres, & nous n'en-

avons - eu nouvelles que par vous,

Aufii votre dernière ligne d'Edmond, a-t^

ellecausé une joie univerfelle, au-milieu

même des larmes de douleur. Et voila

encore un article de ma Lettre terminé,

trèâ^chère Sœur. Il ne m'en-refle plus

qu'un»

C'eft que tout-auflicôt que nous avons- eu ces nouvelles , par votre Lettre , mon Mari , avec la permiflion de notre Père, a -bien - vîce-été les porter à la

34 PArSANE PERFERTIE.

cbèie Dame Parangon; car il était-dit, entre cette bonne Dame & nous , que le Premier qui aurait des nouvelles , les fcrait-favoir k l'autre. Si-bien que mon Mari y a-été. Et en-entrant , il Ta-trouvée avec une petite Fille jolie comme la Mère, à laquelle elle montrait a-lire : Et en-voyant mon Mari , clic a-dit k l'Enfant , Alez embralTer cet honnête & digne Homme , car vous Taimerez bien iin-jour-% Ec la jolie En- fant efi -venue -embrafièr & faire Tes petites careffes à mon pauvre Homme , avant ^u*il ouvrît la bouche. Puis il a~dit, Madame, il y a des nouvelles. *^1\ y a àts noiîvelîes 1 ô bon Pierre! •—Mais je ne fais , Madame, vu votre bonite &: belle âme a notre égard , fi je vous les dois montrer ? ^^Montrez , moQtreij mon cher Pierre!... Et de qui font-elles ? De tous- deux, Madsnie. De tousdeux-î... Etla Bonne-dame, ^emi-renverférilir fa chaise, & les

VII."^^ P A R T 1 £. J35

J— i— —— ^ I ■! Il I ■— 1—

îeux fermés , a-femblé fc trouver-mal : elle a - pourtant-dit : Ils vivent ? —Ils vivent , chère Madame. —Ce mot me raiïurc : donnez , je rous en- prie-? Et il lui a-donné votre Lettre, Et elle l'a-lue , mais par pauses , fon- dante-en-larmes , & n'y pouvant quasi voir. Et quand elle z-çu-\u y ET) mond me vient voir quelquefois ^ elîerelt-écriée : 0! les Cruels 1 ils m'ont-oubliée ! tous- deux ! touS'deuxî... Mais cette Infor- tunée Urfule !... Mon cher Pierre! il ne faut pas montrer cet Objet de douleur à vos pauvres Père & Mère: c'eft moi qui rirai-chercher-. Je fais donc elle ell enfin!... Al on s, dînons , & je vais tout préparer pour mon départ-. Et c'eft elle , très - chère Sœur , qi î vous remettra cette Lettre ; car mon Mari retourne aujourd'hui lui porter le piein-pouvoir de nos Père & Mère.

Je fuis 6cc.*

FANCHON BeR-THIIRj

femme Pierrh H,*^

ÎJÔ FAYSANE PERVEPJriE.

' •——»——■»—« I I !■■ I 1 II m

M^s Parangon,

à F A N C H O N.

£ M.o*^ Parangon raconte comment elle a* repris Uifulc. ]

i^ OU S fomm es- arrivées ici d'avanhièr, ma chère Faochon , Urfule & moi : je l'ai ; je ne la quitterai plus. Elle eft- rérabîïe: fa difformité f 'efface : un fonrire eft*déja revenu , depuis que nous fommes-enfemble. Elle a des fentimcns qui me pénètrent d'eftime , & j*ose dire de vénération pour elle. Je com- mence par le plus-preffé , comme vous avez - fait quelquefois , m.ais je ne me difpenferai pas des détails , dont vous & toute votre eilimablc Famille devez- être très-avides.

Vous favez que dès que j'ai-fu était Urfiîie ^ je me fuis-préparée au dé- part : Le lendemain avec le jour^ j'étais en-route , &c je croyais que la chaise

qui

VIL"** Partie. 137

qui me conduisait était immobile , tant mon impatience la gagnait de vîteiTe* J'arrivai le foir même à dix - heures. Je defcendis à la porte de la maison ; mais tout était-ferme ; il aurait-falu des ordres, du Roi pour me faire - ouvrir. Cependant je m'y obflinai , & l'on m'ou- vrit. Sans m'expliquer ^ je demandai la Supérieure, une â&s plus refpedables Femmes que j'aie-vues. Heureusement elle était encore debout , occupée à régler des comptes. Elle me reçut d'un air riant y & voyant mon air ardent Se emprefTéj elle eut la bonté de me deman- der, pourquîjem'incéreiîais ? Je répon- dis , Pour Ur fuie R* ^. —Je ra'e re- doutais, Madame: Vous luitenezi, ap- paremment ? Ah 1 û je lui tiens l Oui , oui, Madame i... Je vous en- prie, donnez.-la moi ce foirl C'eftbien- prompc !„..►. On va l'avertir : Vous permettez que je fois témoin de votre entrevue , afin de connaître parfaitement quels (entimens elle a pour vous, pa?r Tome IV. VII Fanic. L.

138 PAVSANE PERVERTIE,

** ll«ll«l « »l ■! I I II J ..... I ». I I. ■<■

fon abord ? C'eft une Fille que noiiiy cftimons beaucoup ici ! ( Elle avaic* envoyé chercher Urfule ) : fa conduite que rien ne nécefîite , puifqu'elle ef^- libre, & qu'elle relie .voloncakemenc ^ cft un fi beau modèle, que c'eft une perte irréparable pour la Maison^ qu'elle en-forte , Je ne fais fi elle a-été bien- coupable ; mais fa pénitence a-été exccf- five : je l'ai-forcée à l'adoucir , tout en- l'admirant , 6c eîlem'a-obéi, avec cette douceur & cette foumiffion , qui carac- térisent la vraie piété. Ces viles Créa.- tures , que nous avons ici , précieuses cependant , puifqu'elles ont une âme » ces Créatures , qui ne refpeftentrien , honorent Urfule , & dans leur groflier vocabulaire , elles la louent y & lui don- Tient des marques de refped: La Plus- perdue de Toutes , Celle qui , renfermée ici pour la fixième-fois, femblait pour Its Autres un levain de corruption & d'infamie, f 'agenouille devant elle ^ & hier , lui demanda Ces prières : deforte-

VII.'""= Partie, 139

que cette Infortunée va pcuictre de- voir Ton falut k Uifule. Il en-eft-forti beaucoup de cette Maison , qui, inftruites par elle, ont-promis de quitter le vice ; j'en - connais plus de douze qui l'onc- quitté , & à qui je fais-pafler les fecours & les encQuragemens au bien que des Per- fones pieuses me confient... Mais voici Urfuîe : elle porte ici le nom de Sœur Marie (i ). Urfuîe ell-enn-te modefte- ment,. & fes ieux f'étant-d' abord-portés vers la Supérieure , elle l'a-faluée : puis fe retournant vivement de moncôté ^ elle a-paru me confidérer fous mon habir de deuil avec une méditatian profonde y dont qWq e(l-fortie par im cri , en-fe précipitant à mes genoos. J'itais ii- émue , que je ne pouvais-parler. Ce- pendant Urfuîe était - profternée ^ fans^ arti c e r u ne par ol e . Je l'ai- v 0 u fo u- îever: Ah! Dieu! re(t-elle-écriée,ePi*

(i) Sujet de la Lv II. m^-pjgure da Paysan , qui peiit également fe placer ici', puifcjue le Su'^ fU €u-eft pris dans çettc^ Lettre.

\ - ^'

140 PAy SANE PERVERTIE.

ce vous , Madame ^ qui venez à moi (1 ) ! —-Oui , ma chère Fille : Je fus hier pat ton Frère-aîné tu étais ; & me voila; je n'ai- pas-perdu un feul inilant ! 0 bonté !,.. que je ne m.érite plus!... Si , tu la mérites , puifque tu es néeef- fairc à mon cœur ; puifque je t'aim.e , & que tu vas fûire-couler dans la paix , le lefte de mes jours.... Infortunée».... —Je t'emmène , \ - Tinllant : viens avec moi chts ma Tante ; ma vSœur , ta tendre & confrante amie, malgré ton oubli de tant d'années ! ma Sœur va te revoir avec autant de plaisir que j'erv-ai moi- même. ^Non , non ; je relie ici. Et moi , je veux t'emmener ; je l'ai- promis à ta Famille , & de ne te jamais quitter qu'à la mort ; j*ai fon aveu ; c'eft l'ordre de ton rtfpedable Père... —Ar- rêtez , Madame : à ce mot je jn'ai rien à répliquer : que voulez-vous que je faife? Te préparer à fortir avec moi ; Ma-

(i) Mot de la LVII."^* Figure du Paysan.

ini#tni --r- ' m" h r nnir --^^-i-

VII."^' Partie. c4î

dame la Supérieure le veut bien. Vo- béiiïance , Madame , dit-elle à la Supé- rieure pafTe le facrifice : mon Père a- parlé, j'obéis, & je vais fuivre la plus- digne. & la plus - parfaite des Fem-- mes qui vivent dans le monde-. Elle a-fiit une révérence, en-disant , J'era- mènerai nfa Compagne , Madame 'i ' Vous le pouvez , a-dit la Supérieure : fon temps de force eu - écoulé depuis longtemps ; elle efl: libre-... Et fadref- fant à moi , quand Urfule a-été-partie ,. elle m'a-dit : Cette entrevue me dé- cide à vous laifler-emmencr votre Amie dès ce foir : je ne vous demande pas qui vous êtes; la convcrfation que je viens d'entendre ^ m'en - apprend afTés» -Madame, je fuis Celle qui ai-tiré cette Infortunée du fein de fa Famille & dc- fous les ieux de fes vertueusParens^ pour lui fairc-trouvcr à la Ville un fort plus- doux : Et vous voyez a^uoi j'ai-réufli-l Urfule eft-rentrée auffitôt avec une Fille, qui a-été fa Femme-de-chambre ^

J^% FaT^ANE PERVERTin,

& que rabominable Homme qui..., avait fait-renfermer à Y H opit al ^ouxxxois ans. Nous fommes-forties toutes-trois à onze heures , & nous-nous-fommes-arrangées comme nous avons-pu dans la chaise.

A notre arrivée chés m.""^ Canon , quj était au-lit , & que j'ai-défendu qu'on éveillât , j'ai-mis Urfuîe dans la même chambre qu'elle avait-autrcfois-occupéet elle n*a-pu Py revoir fans attendriifement ,, & elle eft-reflée immobile , à repafTer dans Ton efprir , a ce qu'il m'a-paru , ce qui était - arrivé , depuis qu'elle avait- quitté cet asile. Elle f 'eft-mise à-ge- nous 5 fondante en -larmes, & priant, jufqu'au moment ma Sœur Fanchette,, qui fe levait pour nous recevoir , eil- entrée vers nous. Elle feft - jetée à mon cou , fans voir Urfule , que je lui ai-enfin montrée. -—Urfuîe ! elle vit !... Ahl ma chère^ Urfule- 1... Elle a-voulu rehfibraflcr ; tJrfuîe î'en-a - empêchée de la main, en - lui disant : —-Fille sûniable & pure 3 ne v ous fouillez pas4

VIL™' Partie. 143

Ma Sœur interdite , m'a- regardée. Je lui ai -dit, qu'Urfule, avait- a uffi» refusé mon embraflèraent ( j'avais oublié de vous le dire ); mais Fanchecte ayant- voulu abroluraent l'embrafTer, il a-falii qu'Urfule cédât ; &)e rai-auffi-erabrafiee à mon tour^

g^^ Le lendemain , fai-^té àhs le maria a la chambre de votre Sœur, depcur qu'elle ne me prévînt , en-fe présentant à ma Tante. Je Fai -trouvée-habillée , & à-genous. Enfin , je renais , m'a- t-elle dit, dans cette chère maison rmais je ne fuis plus digne qtie d'y être la fer* vante de tout le monde. Fy con- fens , pourvu qiie tout le monde y foit auiïï la vôtre. Il faut que je faiue m."'^ Canon ; jeFai-entendue ; elle eii- levée, & j'alais paiTer chés elle , quand vous étes-entrée. ^Je l'ai-craint : je ne veux pas que vous la voyiez fans moi : je vais m'habilier , & nous ia ver- rons enfemble-. Tandis que je parlais^ ma Tante y qui venait d'apprendre

Faysane pervertie,

mon arrivée , eft- entrée dans ma cham- bre , & ma Sœur efl-venue m'avertiï qu'elle mV cherchait. J'y ai-couru : Mais je ne l'y ai-plus-trouvée. Je me fuis-mise à m'habiller très-à-la»hâte , à-l'aide de Fanchette , & de l'ancienne Femmc-de-chambre d'Uifaîe, que fa Mai- treffc m'avair-envoyée. Mais pendant ce temps-la, ma Tante qui avait- enten- du ma voix, a-été dans la chambre d'Ur- fuie, qu'elle a-retrou vée à genous. Elle l'a-regardée, fans parler, ne la connaif- fant pas : puis favançant & lui voyant à-demi le visage, elle a-poulTé un cri de frayeur, qui a-fait- lever Urfole , pour venir k elle. Qaîe(i-ce, qnîeft-ce? disait ma Tante ? —-C^^ la malheu- reuse Urfule , Madame , qui vous de- mande le pardon , & des prières-. Ce dernier mot a-confirmé ma pauvre Tante dans première idée ; elle f'eft-miseà genous , & a-récité tout ce qui lui ^ii^ venu k i'efprit, en-disant à Uifule ^ qu'elle lui ferait' dire des meffes. Votre

Sœur .

VIL'"" Partie. 145

' . ,., M, , II. .■■..■. ■>■ I...

Sœur, qui enfin a-compris fon erreur > & qu'elle Tavait-efFrayée, eit-aufîitôt- venue me chercher , afin que je la raf^ furafTe» Mais ma présence même ne la perfuadait pas : Elle croyait Urfuîe morte , & que c'était fon Ombre. Nous l'avons - remise au lit avec la fièvre. Vous imaginez que je me fuib-bien-re- pcntie de ne l'avoir -pas-été d'abord piévenir : mais je ne m'attendais pas ï ce qui efl- arrivé. Urfule était au-desef- poirde cet accident, que le grand âge ^e ma Tante pouvait«rcndre dangereus : mais nous fommes - parvenues dans la journée à la calmer , & le foir même , elle a-voulu parler à UrRile, qu'elle a- grondée comme une Mère gronde fa Fille. Nous avons-pris jour au lende- main, pour lui faire le récit de tout ce qu'a- fouffert l'Infortunée. A ce récit , que nous n'avons- fait que lii'e , parce-qu'Ur- fule l'avait-écrit de fa main , & l'avait- confervé , ma bonne Tante tantôt fon^ Toi7:cIV,VIIFamc. M

I

Faysane pervertie.

daic en-iarmes , & tantôt fe metcaitdans une vive colère contre Urfule , de ce qu'elle navait pas eu-recours à elle. Moi-même, je n'ai-pu, fans frémir, en- tendre de fi horribles choses , &

Fanchette feft -trouvée- mal. Vous verrez ce Récit: cela pafTe toute ima- gination : Je ne crains qu'une chose , ceft que venant à faire une impreiïion trop-vive fur vos Père & Mère , il ne leur foit funcfte (i).

Pai-enfuite^iit à m^ Tante , que l'air de ce pa^s n'était pas bon pour Urfule, à laquelle il rappelait trop- vivement fes malheurs , & que je partirais dès le len- demain ; mais que je luilaiiïais Fanchette, J'ai -appris alors à Urfule, que j'étais veuve j & que le deuil qu'elle voyait était celoi de non Mari ; que nqus vivrions abfoiuraent enfcmble chésmoi ,

(i) Il faut oixferver qae dans ces Récits par^ tîciiilei'S , U^fuie n'inculpait jamais fonFirè^s.

VÎL"^* P A R T I E. 147

comme deux Sœurs j que je la regar- derais comme étant la mienne : & j'ai- ajouté avec un fentiment cruel , & doux dans un autre fens , que c'était à plus d'un titre.

Le lendemain , je fuis-fortie avec ma Sœur Fanchette , pour quelques achats que j'avais à faire; & je vous avouerai que je vis Edmond. M'a- t-il-aperçue ? c'eft ce que j'ignore. Cela me fit- penfer , h mon retour, à lui écrire deux mots(i), pour lui annoncer que j'em- menais Urfuîe, 6c qu'il ne la cherchât plus oii elleavait*été. J'eus-foin de ne lui faire» tenir cette Lettre qu'à-l'inftant de m.on départ (2.), & aprèsm'être-bien-afTuréedc fa demeure , qui eft rue Galande , près

(i) La CLiv.™« du Paysan , T, JILp, i îêV (i) Que de précautions, hélas! pour fc rendre

malheureuse! Si elle avait-vu Edmond , qu elle

lui eût-pa4é, il la fuivait, il l'épousait, & ....

mon Père & ma Mère vivraient encore „. Mai*

îl falait que le crime fût-pum,i.„

148 PArSANE PERVERTIE.

la place- Mauhcrtj chés un Pâtiflier, au quatrième : je vous la donne, pour que vous en-faffiez usage , fi vous le jugez à-propos. Il me parut aiïes proprement vêtu ; mais pâle , Tair inquiet & trifte , marchant par bonds , & jetant fouvent les ieux de côté & d'autre , comme un Plomme qui cherche Quelqu'un. Sa vue m'a-fait-trefîaillir , & je l'aurais peutêtre appelé, fi j'en-avaisreu la force. Mais il eft-dirparu, k Tinflant j'en-formais la jesolution. Depuis j*en-ai-ehangé (i). UiTule fe trouve m.ieux ici qu'à Paris : Elle a. fa Femme-de-chambre avec elle , & je veux qu'elle la garde : cette pauvre Fille avait un vilain nom (%) ; Urfule le lui a^hangé , après ravoir-retrouvée : ç'eil une Frémj , d'une afTes bonne Fa- mille d'Au"*"^ ; c'eit une bonne-fille ;

(i) Dieu l'a-voulu , afin que le Coupable fût nialhcureus comme il le méritait: Mais mon pauvre Père & ma pauvre Mère , qui font-mQrts- de-tlouleur! O le^oa terrible !.,.„•

(i) Tr^mQuilçç,

VII.™" Partie. 149

clic aime bien fa Maitreffe. Pour moi, je ne faurais vous dire combien je remer- cie Dieu de me Tavoir-rendue : toutce que Je pofiede efl k nous -deux. Je fuis très-fâchée de ne pas avoir-eu des nou- velles de fon Fiîs^ avant de quitter Paris ; mais j'ai-prié ma Sœur & ma Tante de f'en-procurer , foit par le moyen d*Ed=- mond , foit diredement par le Marquis. Votre Sœur n'efi-connue ici de Pcrfone, que du Confeiller ; encore ignore-t-il abfoîument tous les trilles détails. Sa Femme eft- attaquée de la poitrine , ëc traîne en-angueur. La fanté n'eil pas toujours elle devraît-étre ; fouvent elle accompagne Ceux que la dc^leuu aurait-dû moilTonner ! Au plaisir de vous- voir, ou ici, ou chés vous, ma chère Fanchon, fuivant la fanté d'Urfule^ qui cft fort- dérangée,

F.'f. Je viens de perdre ma chère Tante Canon ; j'en-reçoisla nouvelle k-l'inflanc: Uifulef 'accuse de fa mort!... C'efla ce coup, quejen'aiplusde Mère! M 3

150 PArSANE PERVERTIE,

-è^^S^i^î

!!ï=«>

CT ME ^' Il TDJih

E D M È E y

à F A N C H O N.

JSUe nous parle en-bien d'Urfule , demandant qu'elle tienne (on Enfant , & nous fait tableau du bonheur de leur double ménage. 3

iVl.A très-chère Sœur: Je vous écris pour vous dire.-, que la chère Sœur tJrfuîe, qui eil-arrivée ici avec m."* Parangon , comme vous le favez , me refuse de tenir l'Enfant que je porte , & qui, fil plak-à-Dieu , & fil eft un garfon , portera le nom du cher Frère abfent, dont il y avait fi -longtemps que BOUS n'avions- eu auqu'une nouvelle, Per-'; fonenenous en-voulant donner. Vous favez pourtant que mon Mari aime bien fon Frère Edmond ; & quant à moi, je n'oublierai jamais que je hii dois ie con- tentement que j'ai , d'avoir un bon Mari, doux & honnêce-horame , & un bon Beaufrère ; fi é- bien que ma Sœur &

VIL"^' P A R f I E. 1^1

moi nous lui fommes redevables de tout ce que nous avons de bonheur. C'efl par cette raison , & par rapport a elle- même, que je voudrais que la chère Sœur Urfule tienne l'Enfant que je vais mettre- au-monde, & qu'elle lui impose le nom du cher Frère avec qui elle a* été depuis (i-îongtemps. Je ne fais pas ce qu'elle m'aété-dirc , qu'il lui falaic pour cela le commandement de nos chèrs Père & Mère, attendu qu'elle fe croyait par elle-même indigne de nommer un de leurs Petitsenfans. Je lui ai -dit là- defRis , que Frères & Sœurs étaient tous dignes les uns des autres. Et elle m'a-répondu, que cela n'était pas toujours vrai. Je vous écris donc, très- chère Sœur, & par Tamicié que je vous porte, & parce-que vous êtes la Femme de l'Aîné, pour que vous aylez la bonté d'avoir le commandement de nos Père <Sc Mhe, au fujet de ma demande.

Je vous dirai que la chère Sœur vit

M 4

J52. F ATS ANE PERVERTIE.

dans une grande reseiTe & modeftie , ne foîtant qu'avec m."^^ Parangon , & vécue comme elle d'un deuil fimple : elle n'cfl pas d'une bonne fanté pour le présent ^ paraifTant îanguiiïante , & cependant elle a quelque chose de joyeus dans les traits î du visage ; comme fe trouvant elle désire , qui eft-d'être avec m/"* Paran- gon ; car cVft une excellente Dame , eflimée ici , de tout le monde. Mon Mari & le Frère Georget , vont la voiti de deux foirs Tim , & ma Sœur & moi Fautrefoir ; & fon entretien nell qu'é- dification : ce qui montre bien la fauf- feté de certains bruits fourds qui avaient- couru ici. Elle vs, autant qu'elle le peut^ à r Hôtel 'dieu , fervir \ts Pauvres, ôc je -penfe qu'elle aurait comme envie de fe faire Horpitalière. Je ne la trouve plus (i-chaogée de ce qu'elle était , que les premiers jours ; car à-peine ai - je pu la reconnaître, à la première-fois : mais vous favez que je l'ai vue la moins de toutes nos Soeurs, M.""' Parangon

wtaaalrikBtftittasfeÎBa*

VII.'"^ ? A R T 1 E. 153

m*a~dit, qu'elle contait de vous la mener, lorfqu'eîle ferait plus-forte, & que -je ferai-reîevée ; cfpérant que je pourrai les accompagner ; ce qui efl tout mon désir. Quant au très - cher Edmond , notre Sœur ne nous en-parle qu'avec la plus-grande reserve , disant , qu'il ell dans une grande Ville bien-dangereuse î & qu'elle nous recommande de ne pas l'oublier dans nos prières. Ce qui nous fait bicn-raisonner tous-quatre, quand cous Ibmmes-réunis les foirs. Car nous n'avons que ces momens->là. Nos Maris font laboricus , & ne perdent pas un inf** tant : auflî les petites affaires vont-elles affés-bien. Notre bon Père vit heureus dans fa grande vieillefle, &: nous fommes contens autant qu'on peut l'être , n'ayant rien à désirer pour le bonheur , que de voir nos chèrs Enfans grandir & prof- pérer. Je ne vous le cache pas, chère Sœur , & j'cn-remercic Dieu , qui int tout pour le mieux , com.bien ne fuis- je pas plus'heureuse , avec mon cher

ml^

1^4 Fav.'^anjb pervertie.

Mari , que (i j'avais-épousé Celui qiy a plus de méiite ( comme noire Bertrand le dit lui-même) ; mais qui efl trop-dif- tiné aux grandes choses , pour rendre heureuse fa Ménagère : J'en-embralTe quelquefois mon Mari les larmes aux ieux, en-le remerciant de m'être-venu demander. Et fi Catherine fe trouve- là, il faut la voir fe donner le mérite de tout, & f'applaudir toute - feule ; lïîaîs fi-bonnement, qu'on îie faurait f 'em- pécher de l'en-aimer mieux. C'efI: une bonne Sœur , êc plutôt Mère que Sœur à mon endroit. Que Dieu la bénifTe ! Pour notre Georgct , il ne fonge qu'au travail ; à- peine nous parlerait-il de lui- même : mais il n'cfi pas maulTade , & répond bonnement quand on lui parle» Je ne fais pas fi la chère Urfule & le très-cher Edmond ont-trou plus de bonheur que nous , tout -par-tout ils ont-été dans le Grand-monde , & les grandes Compagnies : mais ce que je fais , c'efl que Tous - ceux qui nous

VII."^* Partie. 155

I- - - ' ' '

connaifîenc , nous trouvent heureus. Je me plais à vous écrire ces choses-la , très-chère Sœur, fâchant combien vous nous aimez , & combien elles vous plai- ront, & combien elles plairont à nos chèrs Père & Mère, que nous ref- pedons , & honorons comme l'Image du Bon dieu à notre égard , nos deux Maris, ma Sœur & moi. Car jamais on ne prononce Je nom de mon Père ou de ma Mère R**, chés nous, que le Frère Georgct ne fe découvre avec rcfpeél, & que mon Bertrand ne dise, -^D unies hénijjc". Et ma Sœur imite fon Mari , 6c fait une révérence: quant a moi, j'imite le mien, & je dis, ^—^Dieu nous les cunferve. Et c'en - tiï de- même de notre Père Servigné. Et il faut l'entendre lui , quand on nomme fon Frère & fa Sœur de S**, comme il les appelle ; il marque fa joie à fa manière, & tout en-disant, Dieu les hénijfe, comme mon Mari, il fe fait- verfer un verre-devin, & les falue Tous-

«WkM&yAiiMHMiiteta

t^6 PArSANE PERVERTIE,

deux comme fils étaient présens , disant, Et que nepuis-je les faluer-là I Oh! ehonHomme! oh! la bonne Femmej qut m a-fait connaît reE^monT) ! Carc^ft à lui que je 7) ois leur connaijfance , ^ mes 'deux Gendres , qui font tels , grâces h Dieu! quen-me les f es ant- faire- tx-» pris y je n aurais pas fi^ bien-fait. Mais ils ont de Qui tenir : On nefiu- rait-etrc que bon , fortant de fîbons Père & Mère, Et la première-fois qu'il dit ça , Georget fe put à«pîeurer de-joie, en-îui disant r Et vous aufli donc , ainfi que votre Femme , vous êtes bons, puifque vous nous avfz -donné de fi-bonnes Femmes-! Ce qui fit^-treirâilii^ mon Père.

Voila mon papier, rempli, ma très- chère Sœur ; je me fuis-fait fcrupule , dy laiflcr on-peu de blanc en - vous- écrivant , à vous à qui j'ai toujours tant à dire. Je fuis avec une ten- drcfîe de Sœur & d'Amie,

Votre &c.*

rtWMiMMaMiMtaÉMiBM*i«^HM^^

VII.^' Partie. 157

C J J MB 16 mai ;cur de

^ -^ ' la»aa;tPckiin.

Repcnfe , F A N C H O N.

£ Elle envoie à Edmée le commandement ^c

notre Père pour la tenue de Ton Enfant par

Urfule. j

Voici, ma très-chère-bonne-amie- Sœur , les paroles que me dide notre très-honoré Père : » Je commande & » ordonne à ma Fille Urfuîe _, de tenir ?> fur les fonts bénis & facrés du batèrae , l'Enfant dont e(t-accouchéc fa Sœur, »> ma chère Fille & bru Edmée Servigné, » épouse méritante de mon Fils Ber- 31 trand^ le quatrième de Ceux que le Ciel mVdonnés (Dieu a-béni les >t Autres, qu'il daigne fauver le Second!) « reconoâiiTant que madite Fille Ur- *y fuie fen-eft- rendue digne par fa bonne vie & repentance aducîîes: » Ainfi la bénifTe le Seigneur, comme i* de - présent , moi fon Père, je la » bénis , à-celle-fin que ma bénedidion « repose fur elle , & fe communique

iç8 Pays ANE pervertie.

■II.- ..1. I 1.1 i ,, , ,m>

»> à l'Enfant de la très-chère Edmée ma » Fille, dont le nom m'attendrit, toutes- s> fois-&-qiiantcsqueje le prononce ;& » parce- qu'il cfl mon nom, & par la recordance qu'il me donne du Fils 99 éloigné de moi & de fa Mère , qui » femmes fur nos vieux jours , & qui » nous avançons j a courbés vers la tombe. w Amen «. Amen! amen"! c'a-été le cri de toute la Famille , devant la- quelle notre refpedâble Père m'a-diélé ces paroles de fa bouche vénérable , étant-afîis à-côté de notre bonne Mère, qui les a-approuvées delà tête & de fes larmes. Tout le monde ici vous fou- haite un prompt rétablifTement , & désire l'heureus jour, vous viendrez réjouir it cœur de nos chèrs Père & Mère, par votre aimée & désirée présence. Quanta la chère Sœur Urfule, fa venue fera la fête du cœur de fa bonne Mère ; car il treflaillc dès qu'elle y penfe : Vous & moi, chère Sœur, nous fentons

VIL"^' Partie. 159

k cœur de Mère , pinfque nous le por- tons : mettons la plus-chère de nos Fil!es en-piace d'Urfuîe , & nous en-place de Barbe De-B^* , & nous faurons fcsfen- timens, comme fi Ton cœur était-ouvert. Votre cher récit de ménage , que j'ai- îu tout haut le foir,à nos Père & Mère, devant toute la Famille , a-reproduit un de ces anciens momens de calme & de bonheur ^ que j 'ai-vu (i-fouvent ici au- trefois : notre Père était rayonnant de joie. Il f 'elWevé-tranfporté , disant , -—Dieu béniile mon Frère Servigné ; Dieu bénifle fes chères Filles ik les mien- nes ! ah! les excellentes Filles-!... Et il a- eu la bonté de dire , en- me regar- dant .: -Comme la Liseuse de la Lettre-. Ce qui m*a bien-flatée ! Et notre bonne Mère fouriait, en-prefque-larmoyant , & disant : •— C'eft pourtant mon Ed- mond qui me les a- données-! 0 cette

bonne Mère! Je fuis, chère

So^ur j 6:c.*

î60 PjiYSANJE PERVERTIE.

•^l'ii ■■■ » -~ ■■ ' JAkia^g^ .aa

C T T 7 ^S 29Juip,ioiir delafpint

F A N C H O N ^

à Catherine^

Femme lit G E O R G £ T,

£ Ma Femme lui rend-compte de tout ce qui f 'eft^paiTé chés nos Père & Mère à l'arrivée d'Urfule , & à la ledure de la Relation. 2

I^A très-chère & bonne-amic Sœur: Je îTiets îa main à îa pi unie , pour vous donner des nouvelles de votre double- ment Sœur , la chère Edmée , de îa SœurUrfule, & de tout ce qui fepaiTe ici , depuis le jour de îa Saintjean que nous les y pciTédons , ainii que Texcel- lente Femme m.""'^ Parangon. Votre chère Sœur fe porte bier», fi ce n'eil quelle f'.eDDuie un-peu de fon Mari ; ce qui lui va très - bien , avec fa raine douce ; car ça la rend plus-douce encore. Mais il faut vous écrire la réception ici de îa Sœur Urfule , depuis fi-longtemps àbfente, & fi- vivement désirée: Car

encore

VII."^ Partie. i6r

...

encore qu'on l'air-contée au Frère Geor* get, qui veut f'en-retourner le même jour de fon arrivée , fi efl-ee que je crois qu'il vous ferait le récit un-peu court.

Le cher Frère Bertrand^ dont c'était le tour à venir ici, nous ayant-annonce que la chère Sœur, ainfi que m.^'^Parangoa devaient partir en-la- compagnie de fi. Femme le famedi fuivant, jour de la Saint» I Jean , êcqu'ils ne les pourrait accom- pagner,, à-cause de la fenaison de vos lusernes,, qu'il falait faire ces deux jours- là, entre les offices , notre Père & notre Mère fe préparèrent pendant les cinq- jours de la femaine a les recevoir : Et on fe mit à nétoyer & approprier toute a maison , comme li on eût-dù recevoir une PrinceiTe : & notre bonne Mère nous disait, plus-joyeuse qu'elk n'avaic- pncore-été depuis longtemps : Ce JEi'efl pas une PrinceiTe ; mais c'efl votre Sœur , & ma Fille , qui efl faintement i[>énitente, & qui a-pafTé par de fi grandes^

Tomeiy^, VII Fards. B

i6% Pats A NE pervertijs.

épreuves , qu'elles font à faire-frénûr , comme vous les entendrez , fil plaît k Dieu-. Et la chère Bonne - femme fe dépêchait toute la première , prenant garde à tout. Le vendredi mon Mari partit , pour aler avec la voiture cou- verte, chercher Celles que nous desi- lions. Et voila que le famedi , notre bûH Père qui fe lève toujours très- matin , ce jour - le fit encore plus ; & OB voyait , que fous prétexte de m.""*^ Parangon , il mettait auffi la main à l'œuvre. Et à l'heure qu'on fort de: la grand'mefTe , notre Père & notre: Mcre, auîieu de f'en-revenir àîa maison, font^montés la montagne de Vesehautyl pourvoir Pils rencontreraient la voiture : Et comme ils étaient à mi-la montagne, vis-à^vis 3a Cavc-aux^loups , ils ont- entendu le bruit d'une voiture : Pvïes .Enfans! n'entendezvous pas une voiture? a-dit notre bonne Mère. ■— Oui-da ma Mère, a-dit Brigitte, & même comme de deux-. Et îi05 Frères les plus-jeunes

y

.^^

VIL"^* Partie. i6j

ont-couru en - montant la montagne , & à deuxcents pas , qu'on ne les voyait plus , ils ont-reneontré la chienne Fri-' qitette~\ qui était-alée avec mon Mari, laquelle les a - aboyés de joie, mais qui fenrant fon Maître plus - bas , les a-carefles iin-peu , &: les a-quittés tout- courant : Et voila qu'elle eft-ven'jc à notre Père , avec Tes careffes qu'elle lai fait , quand elle a-été m\ jour fans le voir , aboyant , hurlant, & fe roulant à fes pieds. Et notre bon Père nous a- dit V Les voici ; car la Chienne ne quitte que du haut de îa miO'ntagne vers la croix-. Et il voubic faire-:afreoir notre Mère ; mais elle ra-prié de la laiflei? monter , foutenue par Chriftine & moi. Et nous femmes arrivés aux pieds de la croix, notre Mère f'eft-aiTise : cai' deîà on a- découvert la charrette-cou- verte, & une chaise; & nos Frères ç qui les avaient^joinies déjà,- revenaient" à-côté d€ la chaise. Et notie bonne

If %

164 Favsane pervertie.

Mère a-dit , Qu'eû-cc donc qu'il y a dans la charrette , on dans la chaise ? Car la charrette fuffisait-? Et elle était inquiettc , fe forgeant mille craintes ; car elle avait comme en-idée , qne c'était peutétre le corps de fa Fille qui était dans la charrette : mais la chaise étant- bientôt-avancée au - double , elle ell- arrivée auprès de la croix : C'était m."^*^ Parangon qui guidait ; &. Urfule f'ell- montrée vîtement , & ayant-vu notre Père qui^ lui tendait la main pour lui aider à defcendre , ellelVprise, & eft- defcendue , mais pour fe lailTcr-'aler à fes genous , qu'elle a-embraffés les lar- mes aux ieux. Et auflitôt notre bonne Mère f'eft-écriée : —Ma Fille! c'cft ma Filîe-l Et elle a-vouîu fe lever fans

* Sujet le pouvoir. * Urfule l'entendant, f 'efl- xxxï me traînée à genous à fes piéds. Mais la

' ^^^^' bonne Femme reft-jetéc à tWt , & la ferrant de toutes fes forces contre fon c€3eur , elle lui a-dit : —-Tu es pour»

VIL"'^ Partie. i6^

^- '■'■■■ ' ...II. - I . III ^— ^

tant dans raes. bras, & Dieu le veut l que fon faine nom foie béni ! J'ai toutes mes Filles , & il ne m'en-raanque auqu'^une l Béni foyiez vous, Seigneur- 1 Et Urfule n'avait-pas-encore-parlé : mais elle pleu- rait le visage pâle , & parailTant prête à fe trouver- mal. M.""^ Parangon en- a- averti notre Père , qui a - donné la. main à cette Dame, & à la chère Sœur Edmée,. pour defcendre ; & la Dernière a-été-embralTer notre Mère , qui tenait toujours Urfule , en - ravcrtifTant qu'il falait faluer m.^^ Parangon. Ce qui l'a4 rappelée à elîe-même, & ellea-fâit desex* cuseskrexcelTenteDarae. Pour achever de la remettre ,, la charrette eil-arrivée, conduite par mon Mari , &: pleine de vos chèrs Enfans , jolis comme le beaa jour , qui font-venus autour de nos Père & Mère les embraffer & les careffer, Voyez ! ma Femme , a-dit notre P ère, la bénédidion du Seigneur-! Notre bonne Mère f efl-inclipée , fans-parler.

l66 PAVSyîNE PERVERTIE.

& remerciant Dieu : mais elle a-atiflitôt-] reporté les ieux fur fa Fiîle, comme ft elle Teût-cherchée, même en-la voyant. \ Et m.""^ Parangon nous a-dit en -fou- riant , Elic craint qu'elle ne difpa- raifle-! On a-fait-remonter les Enfans dans la voiture-couverte , & m."^^ Pa- rangon a-dit , qu'elle ferait bien- aise de faire à-piéd le refte du chemin avec notre Père , &: qu'il falait qu'Urfule &; notre Mère montaient dans la ch^i^e. ELlea-parlébasà Edmée, quia-dit, Te veux aler avec les Enfans-. Si-bien que notre bonne Mère a-été feule avec fa Fille dans la cliaise , oii ^\\t l'a-renuc dans fesbras, fans lui dire un feul mot prefque jufqu'à la maison. Et quand Urfule y eft- entrée, ç'a-été un cri-de- joie de nous-tous, de revoir notre Sœur avec nous. C*e[l-là que notre Père Ta- embraiTéc, en-Ia nommant fa Fille. Et comme elle lui demandait pardon , il Ui a-répondu : —Si le Père-Céiefte

VII."^' Partie. 167

& parfait a -pardonné, comme jelecroiSy cen'eft pas au Père tcrredre & imparfait a-êcre févère & dur ^ puifque lui-même eft pécheur-. Enfuite Urfale a-été- demandcr pardon à notre Mère, avec des paroles îi-touchantes& fi-humbles, que la bonne Femme ne pouvait fe retenir. Oui , oui, lui a-dit cette pauvre Mère,. comme le Bondieu & camme ton Père , je te pardonne, ma chère Fille. Ah f ma Mère 1 vous i:giiorez combien je fuis coupable ! j'ai-écé - tentée de me livrer au desefpoir ; & peutêtre yferais-je,. fans les prières & les bontés de quel- ques Amis pleins de vertu-. (Et elle a- regardé mJ^^ Parangon)... Mais ce quk doit furprendre , c'efl que le premier rayon de faveur célefte ,. eft~tombé fur moi par l'organe d'une ... Samaritaine..... Auffi efpéré-je que mon pauvre & cher Frère retournera au- bien, & mém.s vous fera-honneur un- jour : car c'efl pir lui que je l'ai-coûnue , & il a-nourrï cb-

i'^T«1'T«WWIl-|i«iil

i68 Pavsane pervertie,

elle les bonnes difpositions qu'elle tient de fon cœur & de Dieu , fans auqu'une culture de la part des Hommes ! Qu'elle doit m'humilier, & me confondre!.... Quant à la refpeé^able Amie que vous voyez , & qui honore de fa visite votre maison-en ce jour, je lui ai-tou jours-dû tout ce que j'ai-eu de bonheur & de boir

fcntimens- Aces paroles, notre

Mère a-été -baiser les mains de vnJ^^ Parangon , & f'alait mettre à fes genous, il elle n^en-eût- empêché. Pendant ce temps-là , Urfule , à l'heure qu'on f'y attendait le-moins , f^eil-mise à nos genousà tous , & nous a-fuppliés mains- jointes j & les ieux baiffés , de lui par- donner le deshonneur qu'elle nous avait- fait , nous promettant devant Dieu Se nos Père & Mère fon image, qu'elle reparerait fa faute, avec l'aide de Dieu. Et nous la voulions relever & empêcher de parler. Notre Père nous a-fait-lîgne de nous retirer , & de la laiffer. Et

quand

vu.""' Partie. i6^

quand elle a-eu fini, comme nous n'o* siens répondre, à-cause du liîcnce qu'il nous avait- imposés, il nous a - dit de parler à notre Sœur, fcion nosfcntimens. Et Uîi-chaqu*un de nous-tous a-procédé qu'il pardonnait & chén'il'aic une Sœur toujours aimée. Alors notre Père a- dit : Ce dernier pardon demandé à vos Frères & Sœurs, ma Fille, eft votre plus-belle adion : car quant à moi , & à votre Mère , cela était naturel ; euffiez-vous raison, & nous tort: mais celui démandé à vos Fièies &- Sœurs , eil la marque du vrai repentir : d'autant encore, que le pardon accordé par nous, ne vous acquitte ni allège à leur égard r âinfi vous avez -rempli votre devoir , en-leur demandant leur pardon , qu'ils vous ont-benignement-accordé : C'eft de ce moment , que vous pouvez vous I relever, & vous affeoir à votre rang de naifTance aumilicu d'eux-. Et il lui a- présenté la main , ajoutant : Je vous Tome IV ^ VII Partie. 0

1^0 Patsane pervertie.

^' I I . 1 T . 111.. - I - ---_JJ

fais cet honneur, comme encore un-peu étrangère , par le grand laps-de-temps que vous n'êtes pi us parmi nous-. Notre bonne Mère a*treflàilli de joie, & il lembîait que m.™*^ Parangon, elle-même, fut comme pénétrée de refped pour notre Père : Ce que nous rcm.arquions tous avec admiration. Après tout» ceci, on Tefl - mis à -table. La joie eft- revenue fur le visage de notre Père & de notre Mère , il ^;>avait fi-longtemps que nous ne l'avions - vue ! Vers le milieu du repas, on a-porté les fantés ; & après celle de m.""^ Parangon , celle de m.^'^ Fanchette. A ce nom , d'une il - aimable Dem.oiseîle , voila 'notre bonne Mère qui reft-prelTéede présenter fon gobelet contre celui de m."'^ Paran- gon , la regardant comme fi elle l'eûc- voulu-ioterroger, la Dame , qui a de: l'efprit , & qui avec de fimples & bon- nes-Gens com.me nous, lie dans nos penfées , fans que nous ouvrions la bou-

VIL*"* Partie. 171

che, lui a-dit, Qu'elle avait-écrit trois- fo is 5 fa nsa voir-eu de réponfe. -^Sàns avoir-cu de réponfe î a-répondu notre ibonne Mère : Ah ! Madame , il ne les a-donC' pas-reçues ? —Non, ma Mère, i a-dit Urfuîe , dumoins les deux premières^ & vous voyez la Coupable; je les ai- retenues-. M.""* Parangon a - rougi , cn-disanc à none Sœur , —Tu ne me l'avais-pas-dii 1 je n*en<aurais-pas-parié !..♦ Mais la dernière , il Ta-reçue , quand je fus fur-΀-point de t'emmenen Pour celle-lk , je le crois. J'en-fuisfûre, car je le vis rentrer chés lui , & oa ' fa-remise a lui-même. ^-Vous Tavez- ' vuy Madame ! a-dic notre Mère. Ouï, ^lui-même; 6c ma Commifîionnaire , la r Pille qui fcrvait Urfule autrefois, & qnî ^' :onnà]t paifaitement Edmond, la lui a- ^ émise à lui-même : mais il ne l'a-pas- ûîfeconnue, elle, à-cause de lobfcuriti, !i' k de la calèche qui la-couvrait; & par- nos i:ç-qu'ellelui-a-donné la Lettre à la porte o'J-' O z

i^j'xPavsane perverti,

" " " " III I - Il 11 » y , I ^

entr'ouvcrte , fans entrer. S'il avait- voulii-répondre, il fait je fuis: aulieii que c'eft par-hasard que}*ai-^fu il était. -^11 faut lui écrire, mon Pierre ( a t- elle dit à mon Mari. ) Je le ferai moi- même , fi vous le desirez , a - repris la bonne Dame ; je ne fuis pas fière avec mes Amis. J'ai une nouvelle à lui annon- cer, qu'il ignore fans-doute : & alors, fil me répond comme il convient , je

verrai Son fort, Madame, dépend

abfolument de lui , dans tout ce qui a quelque rapport à moi. O i Madame ? fe pourrait-il ! ( a-repris notre Mère ) Ah ! quand pourrai -je le voir ici ! quand mes pauvres Enfans feront-ils tous-là, fansqu xA-uqu uny manque!... MonEd- ir.ond ! le nom de fon Père & foa portrait vivant..,. Oh î Til ait donc- là- 1 Voila quecommc elle disait ces paroles , nous avons-cntendu de dehors une voix , comme de Bourgeois , & non de Paysan , qui a-répondu , Jamais I

VIL""' Partie. 173

■Il ■■ i

Nous en-avons tous été - troublés , êc notre Père lui-même a-prété attentive- ment l'oreille. Chariot , qui rit tou- jours, a-paru pâle & tremblant, & il eft'forti pour aler voir qui c'était. Il a-couru du côté du Village , du côté de hFarje, du cote àwBoutp art y & du côté de la Creuse , fans rien voir par auqu'un de ces quatre chemins , & il eft- venu nous dire, que ce, n'était Perfone. M.""* Parangon a-fouri , & nous a-dit, Que c'était fûrement Quelqu'un , & qu'il nefalaitpasf'effrayer fuperilicieusemeot. Et en- effet, nous avons- fu par- après que c'était deux Hommes de V**"*" qui paf- j fàient, dont l'Un avait-demande k l'Autre, %Si Ton Fils reviendrait bientôt de l'armée ^ Celui-ci avait-répondu avec force ( car il avait - appris la mort de fon Fils la veille) Jamais ! ajoutant plus bas ; // le/? mort. Et ces deux Hommes, qui avaient' chaud , & avaient chaqu'un une petite bouteille dans leur poche , voyant

03

174 P^^SANE PERVERTIE,

tiotre gros noyer de la-RueUou , fê- taient alTis defîbus , pour fe reposera l'ombre, & fe rafraîchir: C'eft pour- quoi Chariot ne les vit pas ; & ce fut Barifle qui nous conta ça deux heures après, qu'il vit-partir ces Hommes, & qu'il fut leur demander, pourquoi ils avaient dit. Jamais y fous nos fenêtres ? Voila , très- chère Sœur, ce qui fefl paifé à la réception.

Et depuis ce moment , que nous voyous la conduite d'Urfule , nous en- fommes dans l'édification ! car c'eft U conduite d'une Sainte ; & nou'e bonne Mère fur-tout l'admire , & la regarde comme avec refpcél. Le lendemain de l'arrivée , notre bonne Mère , notre Père lui - même , & nous-tous étions bien - curieus d'entendre la Relation : m."^* Parangon, qui ravait-vue,nefaYait qu'en - tlire , & elle n'y paraiflait pas encline. Mais Urfule ayant -entendu; notre désir, elle a-dcmandé à nos Père

VII.''"' Partie. 175

& Mère leur heure , pour qu'elle la lût elle-même ? Et ils ont-dit ^ L'après- midi , en-fortant de table-. Et quand on a-été hors de table , Urfule f^n-eft-alée dans fa chambre , bien un quart-d'heure, 6c elle eft-revenue, n*ayarit plus rien de Ton arrangemem , mais la tête couverte d'une grofle coîfe noire, avec une robe de deu'il, tenant un papier à la main. Et elle reft-misea genous devant nos Père & Mère, la tête baiflee, commençant ^ lire en- toute humilité, lesieux hnmeclés de larmes. C^ écrit était-composé de plusieurs Lettres ; la prémièrè à notre pauvre Laure , aujourd'hui revenue à elle ( U CXXVÏ) , d'une autre Lettre à la Même, qui eft la fuite (/a CXXVII) ; d'une troisième encore à la Même {Lt CXXVIII) ; de deux autres a Edmond { Us ex XIX ^ CXXXIII) ; & enfin d'une Lettre de rinfortuncc a Zéphirt ( la CXXXVI)

( Fanchon copiait ici toutes ces Lettres, )

04.

176 Pays ANE pmrvep.tie.

■—■Mil 1 II ,mi I - - Il I I I I L ■■ _ r

Pendant qu'UiTuIe a-lu la première Lettre , notre Père parahTait enfiâmé ; il ne fe pouvait - tenir tranquile , & la colère étincelait dass Tes regards : Notre pauvre Mère ^ elle, fondait en -larmes, levait au Ciel fes mains-jointes ^ ou les tenait-baiffées ^ comme de-honte : Tons lîous-autres étions dans un état terrible ^ & le Moins-méchant d'entre nous, aurait, je crois , tué ces Gens-là. Comme la colère & le révoîtemenc-de-cœnr nous changent 1 Ça mVfait-pcnfer comme les deux Infortunés , Edmond , fur-tout, ont- tant-fait d*aclions emportées I je ne

le pouvais comprendre auparavant

A l'article du Nègre tenant le poignard, &..... Oh î oh f... Chaqu'un de nous a-poufTé un cri: notre Père f eft-levé : notre Mère Teft - quasi - évanouie , & jYj me Parangon a-dit , qu*iî faîait cefler îa ledure. —Non, non, a-dit rude- inent notre Père. Urfuk a-continué. Et quand on l'a- crue imbécille, logée

VIL'"" Partie. 177

dans îa loge du Dogue... nous avons-tous- érai î... Pour moi , je fentais un frif- fonncment d'horreur , & de faisiffement. J*ai- al ors-jeté les ieux fur mon Mari. Il ne pleurait pas. Il était à-côté de jj^ me Parangon, la tête appuyée fur une main , fe couvrant les ieux de l'autre^ Urfuîe a-continué les horrcu-rs; & elle cft'bientôt-venue a la mort du Nègre. Nous avons- tous-éclatc-de-j oie : notre Père refl-encore-lcvé aufïï'tranfporté , comme fil eût-frappé lui-même le Monf- tre ; Nous avons-retremblé quand on l'a- eu - découvert ^ & quand on a- habillé Urfule ; quoique nous l'eufiions devant nos ieux , nous croyions qu'on alait la mener à la boucherie. Mais nous-avons- eu une forabrc douleur , quand nous Tavons-vue.... Le refle nous a-nâ^ré le cœur... jufqu'à la Lettre , Tavais^ jeté mes plumes y qui nous a«fait-fondre en-larmes , comme la Lisante. Et celte Petite chère A^ie ! qui nous a-fait-

178 Patsane pervertie,

îîmcr cette Zéphirc, fans fonger à ce qu'elle a-été ; car elle eft la bonté même ce qui efface tout.,.. Mondieu 1 que la pauvre Urfule a -foufFert !..... Quand elle a-eu-fîni de lire , elle f 'elt-reprof- tcruée, devant Dieu d'abord , enfuite devant nos Père & Mère, en-leur disant : -—Vous venez d'entendre la confefîion de mon infamie & de ma turpitude , dont je demande pardon à Dieu , & k vous , mon cher Père, & à vous ma tendre Mère, qui m'avez-pôrtée dans votre fein, & que j'ai-deshonorée autant qu*ila été en-moi: vous fuppliant tous- deux de m'infliger la peine que je mérite^ afin que mes crimes foicnt-punis en-ce monde, & que je puifTe obtenir en-Fautrc

la miséricorde du Seigneur-, Mes

chèrs Frères & Soeurs (a-t-elle ajouté ^ voyant que notre Père ne répondait pas), je vous demande aufîi \ tous pardon , vous fuppliant d'intercéder pour moi auprès de vos chèrs Père & Mère,

vu.™' Partie, jyg

que je n*ose nommer miens en-ce mo- ment". Et tous nous fommes- tombés k- genous priant pour elle. Et notre Père a-dit : Le pardon cfl dans le repentir^ ma Fille : levez - vous , & embraffez Un-chaqu'un de vos Frères & Sœurs-,., Et quand elle nous a-eus-embrafTés , il lui a-tendu la main, quelle a-baisée, & il lui a-<3it : Alez à votre Mère ; car fon cœur vous désire-. Et notre bonne Mère a - reçu la pauvre Urfuie dans fes bras , en-fanglotant, & Tembraf- fant, disant: Dieu te pardonne, ma chère Enfant , & t*aime comme je

feisl ainfi foit fa fainte volonté-!

Voila comme f'eft-pafiëe cette ledurc tant-fouhaitéc I

Nous avons-aufîi-eu une confidence , m,"^ Parangon & moi, au-fujet d'une difposition qu'a cette Dame , qui nous ferait aufli honorable qu'avantageuse; cela regarde Edm.ond , & le mariage. C'elt- en-dkc aifés pour le présent ; vu qu'il y

8o PArSANE PERVERTIE,

Mi*i«— ——■■■—»—— —ton»!, m ■*!■»<—— n Il

a loin d'ici la /attendu que nous ne favons à^présent comme penfe Edmond. Urfuîe repartira avec m. ""^ Parangon , dimanche prochain ; mon Mari les conduira. Je fuis aveclaplus^fortc afFediotî de Sœur , ^cJ^

N.'* M.^^ Parangon écrivit à Edmond le x j juillet fuirant i Urfule Py joignit : mais la Lettrt fut-intcrcrptcc par Zéphirc : c'cft la ( cl vu.™* au. Paysan , T. III, p, la^. ). Un an après Edmond apprit du î. Gardien , que fa Cousine lui avait-écrit (clxi, T. J/i,p. 14^ du Paysan) i mais il prit cela d'une manière fauiTc , quoique conforme à ce qu'il mentait ( cixii du Paysan, p. 1 5 0.) M."''* Paraagon écrivit une autre Lettre le 6 novembre 175^ (p. 103 ), quifutcncors retenue par Zéphire. Au moisd'augufte jy6o^ (p, 1^8), je fuppliai m,™^ Parangon de nous avoir des nouvelles de m.cn pauvre Frère : elle me iitréponfe (p. 15^ ) , qu'elle lui ('crivait. Sa Let- tre fut-réponduc par m.™^ Zéphire {p.i6i). Enfin le 14 janvier, Edmond m'écrivit ( iaCLXXXix du Paysan p. 16B ). Pendant ce temps-là , il n'arriva rien à Urfule, qui vivait pénitente chés m."^* Parangon / avec mj^* Fanchctte , m."*' Canon étant-morte , comme on Ta-vu.

Fin de la VIL"^' Partie,

LA

P A Y S A N E

PERVERTIE, o u

LES DjiUGERS DE I-A VlLZE.

AVEC FIGURES.

J\iLitum^ U^atti^.

11

Frontispice

de la V 1 1 1."^« Partie.

Ursule épouvantée.

Urfule, devenue marquise, eft fur unliu de -repos : Elle croit voir f on Frire Edmond le regard menaçant 3 & tenant par les chcvcus la tête de /a Mère i qu il lui présente: Sur le mur,, une Main lui parait écrire >

3) Inceftueuse 3)! tt Sujet ejî aux pages zijy ii^ & z-S.

Hota, L*on a-augmciité de Quatre les Figures de LA Paysans , pendant le cours de rimprcflîonj ce qui en-a-mis une dc-plûs dans le /// Volume, les trois autres dans le IV, & porté le norabre total à CXVIIÎ Eftampes.

LA PAYS ANE

P E R V E R T ï E,

O U L E s

DANGERS DE iA VILLE;

HiS T OIRE yURSULE iJ.*"^, mlsc-aujour y après hsviritabUs Lettres des Perjbnajôs»

^iiitièm O ^artio^

«m;^

K=^

C.-CINQ^UANTETR,^^ LETTRE.

U R s u L E y à L .A U R E.

[ Elle n'ose oiîrir elle-même fcs refpeds, à la nouvelle-année]

- I janvier 175 r.

E te prie, ma chère Sœur, de mettre anx-piéds de nos très-chèrs Père & Mère , les vœus de leur indigtie Fille: Tome IV, VTirPanii.

184 Pavsane pervertie.

ta médiation les rendra moios-îéméraires. Quant à toi , mon Amie-fœur , ài à toute Botrc Famille , je vous demande la ptr- mifîionde vous les offrir moi-même*

M. * Parangon m'oblige à te mar- quer, que m/ le Confeiîlcr, qui ell veuf, penfe à moi de-nouveau. Je n'ose arrêter mapeuféefur auqu'un mariage, quel qu'il. foit : voila mon fentimcnt , j'ai-droit d'en-avoir un, après avoir fi-longtemps abusé de ceux que j'ai-eus autrefois: il j*en-fuis-cruc, il ccfîèrà fapourfuite : je me regarde comme trop - indigne de lui. D'ailleurs , je fonge que j'ai un Jils. Tous les jours , depuis que Dieu m'a-fait la grâce de le reconnaître, je lui offre mes prières pour ce cher Enfant , à qui je n'aurais-donné que la vie, & mauvais exemple (fil m'était - refté ). Jt fuis , avec refptck, ma chère Sœur,

Votre humble fcrvante à Tous, Ursule pécheressf.

VIIL™' Partie. 185

^<â>=

C L I V,^^ '^"*'

G A u n È T,

h E B M O N D,

\_ Il adopte un Fils. d'Edmand. J

Jv** (0 te remettra cette Lettre > & une de recommandation pour lui, qu-c );' ai - cru - devoir lui donuer. Lis ma. Lettre , promets , & ne tiens rien : c'cil un Sujet dan gère us, qu'il ne faut pas hiicier-

Voila donc Urfule à Au**i la voîîa tnparan^onnéc ! la voila dévote , pé-- nitente; la voila Femme enfin, daivs toute la fignifieaîion du terme , G*eft» à-dîre, extrême en - tout l Varium & femper mutahih Fœmina ! Si elte devait-être ainfî, j'ai-cu-ro^rt de vouloir h guider !►*. J'y fuis-attrappé fouvent l toutes les fois^ que j'ai-voula^-conduire

^■■■■■■■Meaw«aBMPKBBWBW«aMM8gffaMwaPW»naB««aw«HBKaa»iJvmii'^ma»WBy

(1) IL cft qucftiondece K^^, dans la ccxxlw ^u Paysan^ T. ÎV y p. 97-

JomelV.VIIlFanu. F

■i^HB)iacâa4Mncfe9ftMfeMHÉI

ïSÔ FAYSANE PERriSRTIE.

Quelqu'un, d'après mes principes, ou j'eo-ai-fait des Scélérats , ou j'ai-trouvé des âmes timides, incapables d'cfTor : tues Icfeulavec qiûj'aie-réuffi (i) : aufBI mon amitié pour toi nVt-elle jamais: été (î-vive ; tu es un Second moi-même ; & pour te le prouver , ne pouvant plus efpércr d'avoir de ta Sœur ce que j'en- attendais , car îa voila prefqu^c-moïte , je renonce à l'avoir de toute autre Fem- ine ; j'adopte le Fils de mon Ami , & de la Venu-dans-U'vicefét m,""* Zé- phire enfin : J aime le Père comme moi-même; j*admirc la Mère, je la regarde en Sceor-chérie , & je vais- faire mon Héritier de l'Être aimable, qui doit le jour à ces deux Etres fi^chèrs à mon cœur : Tout eil^crminê ; quand il f'agit de te marquer mon amitié , toutes-fois-

(i) A quoi , Malheurcus, à quoi as-tu ré'dfS l ah! fourfon malheur, & four ie tien, tu le verras bi^ntôi !

VlIlT* Partie. 187

i^— Bfcl— *i^<^^«^ ■■■■ »— 1^«iw ^mm^aïf ■■■■ ■■■■■■^■■■ii» Mil ■■■■ —^nMi»— ^

&-quantes tu verras, Je vais-fairc^ fâche que cela Ç\%m^QyT ai-fait, C'eft une donation pure & fimpîc, accompa- gnée d*unc tradition aduelle: m/ Tn]/^ mf^ijle(i) Siçccpte y comme il le faut, pour l'Enfant ; la Mère a-figné; tu (îgne- ras comme ami, aînfi que Laurc ; je vou- drais que tous nos Amis (îgnafTcnt, non par orientation , tu me connais, mais pour montrer plus clairement mon ami- tié pour toi.

J'ai une idée : En-conféquence de la loi , Pater eji (l) ; qui empêchera que Zéphirin ne foit un- jour le Mari d'-E^- méfColctte (3)?

, (i) C*e(l le Mari de Zéphîrc , cm était matîé? comme on l'a-vucians le Paysan, §lxxv.»«,

(2) qnemjuflanuptia demonJ?rant, Cod./ufti

1(3) Gaudét ne rcfpcâaitrîcn! cccffc vérifiera^ naîhcurcusemcnt! Vojez la ccixxii.^* dia

iB8 Faits ANE pervertie.

Ursule,

a F A N c n o N.

[ Calme trompeur avant l^oragc !^ h

\Jne pcrfpeâive plus-riânte que nous ce l'ayons-eu^c depuis longtemps, fc pré- sente, ma très-chcrc Sœur» Edmond eft veuf de cette vieille Dame que m/ Gaudéc lui avait-fait-épotiser , 6c nous avons ^ pour- le rappeler à Celle qu'il a- feule- confia m ment' aimée, cette Zéphire, qui cft honnête aujourd'hui & avanta-' geusement établie , avec un Hommci qu'elle rend hcoreus» IS'Ms il faut queî- qu'indiiîgcnce pour Edmond, êc même dtt radreiTe^ pour l'arracher au pi as- extraor- dinaires des Hommes , plein de vertus^! êc de vices , qui a;éïc à fon bat d*unc( manière effrayante, depuis qu'il connaît Edmond : car il eil-parvenn à, le fair.g^; membre d'une Cour fouyeraine». Par?i ^uel^ moyens K.. Malgré. ie fort qiû nous-|

VI 11."^* Parti e. i%

rit, je ne faurais me -défendre d^une f€cretteinquicti*de : & me rappclam com- bien nous avons-été coupables, Edmond & moi , je me dis, que nous ne fommes-

pas-afles-punis M.""^ Parangon , à

rinvitation de m.""^ Zéphire , part fur-îe- cham.p , & va employer tous fes efforts pour rélinir Edmond à - jamais avec nous. Fafle le Ciel qu'elle réûffifle !..^ Grand Dieu ! écoute la prière de l'In- fortunée qui a-reconnu tajuftice dans ùs peines^ & qui fent aujourd'hui les effets de ta miséricorde, avec les plus- vifs tranfports de reGonnaiiTance !

Ma chère Sœur , mes larmes coulent malgré moi; il femble qu'une invisible Main mcrepôuffe... FrieZjVous-autres^ dont le cœur cfl-pur ; le Cicî-vous écou- t-era- mieux que les Efclaves du vice.

Je me proflernc devant mes refpcda- Mes Père & Mère.

Adieu, ma chère Sœar;

t Ici fut-écrit* la ecii,"»'® Lettre Faysak^ X../F, p. ^0.

iço Pa^sane pervertie.

XrM —M, , liî!!

C L V T ^^ Ursule,

à La Même, f Elle nous annonce le malkeur d'Edmond. 3

JutuMiLiONS-nous devant Dieu, ma chère Sœur!.... Le DUu'^es venjcan- €es vient "de parler ; il a-fait^éclater fa puijjance... Mes crimes font punis... Edmond..,, cft-pcrdu.,.. II faut donc, grand Dieu I que votre juftice foit raf- fasiéc ! le repentir & la douleur ne îa desarment pas î les larmes amères que je vcrfe chaque jour R*ont-pu- éteindre le feu de votre colère

Trière de FiMn heK^^ûu las de cette Lettre^

îî Oraon Dieu ! cjui noas avcz-frappés dans î> votre farcur, j'adore votre juftice , & je me » proftcrne dans la poufficre fous votre bras ?en- » geur: carj'ai-eu de l'orgueil, CBrypyantmoa w Frèîc élevé *> î

VI IL"** Partie, içî

iMA»«g=^'S:^«<J^^' " *SS

Ursule^ à M.^^ Parangon.

C Voici en-peudc mots, les p!uJgraîids malheurs.]

xSL ce coup funeftc, le courage m'aban- donne, mon Amie!... Condamné, partif.. Mon Frère !... Et mon Père vient d'ex- pirer !... Au feul mot des Galères , il

a-perdu la parole Il eft mort... ma

Mère, le cœur ferré, Ta-regardé, immo- bile Ecc'eflmoi, moi qui l'ai-

prononcé, ce mot fatal !.,. Je ne me con- naiffais pas! Je les ai -tués tous- deux î... Mon Frère & moi^ nous les avons -poignardés !.......... Mes Frè*

res , mes Sœurs, leurs En&ns....^.^...,

J'aiciu-pouvoir voh5 écrire..., ma tétc

me quitte Dieu m'abandonne

Infortunée.

f Urfule tombait à-tout-momcnt dans le délire i die ne put achever cette Lettre, que ma Femme cnToy a dans la fuivante , comme elle étsst. ]

!()% PArSANE PERrERTIE,

•M^^^l^i^y^

C L V I I /.«« f"**'

^ -^ r j. A j.. même jouï^

F A N C H O N ,

à M,^^ Parangon-^

en-^lui- envoyant la précédente. [ Pitoyable Récit de la mort-de-douleur.J

X -a-t-il au monde ^ très - chère Ma- dame , une Famille aufli- in fortunée que la nôtre ?.... O mon Dieu ! ayez-pitié

de nous & de* nos pauvres Enfans? .,

Quand je reçus la Lettre de la Sœur Urfule , W y avaft déjà trois-femaines qu'il courait un bruit fourd dams le Pays , & les Enfans disaient entr*cux , fcs qu'on entendît au qu'une Grsnde-perfone cn-parler : '"^E'èmonb K*"^ va-être^. rompu : il a* tué tout-plein 'èemorièe l Prions Dieu pour fon pauvre Père ^ fa pauvre Mère-, Lapremière-fois que j'en-entendis parler , ce fut par moa Fils Edmond , qui viat me diix en-pîen»- î»nt : Ma Mère , M'io Berault quii dit comme ça^ que mon Oncle-parein va-- ctre-rompu j à-c^usc ^u'il a-tué touî^i

^Ici^

VIII."»* P A II T 1 E. IÇJ

plein de monde- 1 Le cœur me battit t

fappeîai le Petît-garfon : Viens ça g

Edme , mon Ami : Qti'eft - ce que tu

viens donc de dire k mon Garfon f

—Oh! c'eft que je Tai-entendu dire>

la Femme k Pierre : c*eft le petit Simon-

Droin, qui Ta dit a Colas Chabin , qui

Tavait-entendu dire a V**^ , a Tauberge

^e la polie ches m/ Quatrevaux, qui

faisit-taîre Celui qui le disait, en-disant,

QaVft«qu* tu dis donc-là toi , de mod

Cousin ! Et Celui-là qui le disait, n'osa

Iplus dire. —Bien - obligé , moa

Garfon: va-va , ça ne pcut-êtrc-vraî.

Oh ! tant-mieux î la Femme-à-Pierre :

car mon Père & ma Mère disont comme

ça , que ça ferait bcn-dommagc qu'il y

eût ç'te tache-là fu* la Famille , vu que

ic'eft la pus -honorable du canton-, J(5

reftai toute-réveuse : & mon Homme

létant arrivé de la charrue , je ne lui

rn-parlai pas; ne pouvant le prendre fur

moi. Son Fils en-causant à table, le lui

! Tome IV, VIII Partit, Q:

194 i^^^SANE PERVERTIE.

' ' ' .111 I, .1 . ... I 1,1,

dit: -^Taise7,-voiis-î lui répondit -il avec une forte de févcrité qui ne lui efl pas ordinaire. L'Enfant rougit , & avait les larmes aux ieux. Je ne dis iBot. --Voila un vilain bruit ! me dit Pierre. Vous le favez donc, mon Ami? —Oui, depuis deux-jours. J'ai"- été à V*"*"*, & m/ Quatrevaux m'a- rafTuré: mais mon cœur ne Teil pas, quoique ma raison le foit : Car enfini

Jldmond cft dans une place fi-haute ,

Mais avez-vo' s des nouvelles d'Urfule , qui eft feule à Au** , depuis le déparçi de m.""^ Parangon ? —Auqu'une, moar Ami. —Il lui faudr;iit-écrire. Jçî Jevâîs-faire, mon Ami, tout-d'un-tcmp?;: ?près dîner-. -—Non ; j'irai la voir : je vais-partir ce fpir , & je reviendrai fans m'arrêter. Ah ! mon Ami ! c'eft vous tuer l -^J'irai à cheval : mai? l'inquiétude ell bien-plus-cruelle que la fatigue l Silence avec nos Père & Mère 1...00 Petit-garfon fâchez garder

VII L Partie. 19$

»— 1 1 ^1" " '■■ ■" ' ■" ■■ '■■■

Totre langue ; je répondais, ï votre âge p

aux qucftioas , & ne parlais jamais de

îr.oi-mêiTie-. Il feft préparé au départ^

ôc pour le cacher à Tes Père & Mère ^

il a-fellé le Cheval dans le preiïbir. II

tft-parti. De ce moment , mon cœur

Tcfl-ferré , & il l'edde-plâs-en plus !,.•

Voila qu'aubout d'une heure, notre In*

fortunée Mère efl-venue : O Fan-

chon l efl-ce votre Mari qu'on vient de

voir à-cheval alant du côté du bois de

YHopitauh ? Je crois que oui , ma

Mère. eft * ce donc qu'il va î

Mais , il a quelqu'inquiétude , & i!

voulait voir Urfule, fans vous en-parler.

La pauvre Enfant ! Ah 1 votre Maii

a-eu-là une bonne-penfée î & puifqu'il

eftà-clieval, j'en-fuis bien-aise... Dieu

le bénifTc de fon bon cœur !.,. Avertif^

fez-moi quand il fera de-retour , ma

Fille ; quelle heure qu'il foit. Oui ,

ma Mère : mais n'en-parlez à Perfone,

je vous ço-prie ! —Non , apn , fi ce

Q z

tÇÔ FaY SANE PERVERTIE,

n'cft k votre Fère & à vos Frères &' Sœurs —Non , non ,, à Pcrfone ■'—A mon Mari , aumoins ! une Femmi ne doit rien, taire à fon Mari, & je vl) uis-pas-faitc-. Quand clic a-^été- par- tic ,, je me fuis -^ arrangée pour vcillci'; toute la nuit. Pierre étaitrparti à trois* heures. Et dès que loiit le monde a- été-couche ,, dans le grand fiîencc de la nuit , il m'a - feniblé que j'entendaisi, comme des Gens qui fe battent & qui tirépignent. Jfe fnis-fovtie tout- douce- i ment à la porte, hprs la ^our , iremblani! que mon Homme ne fiit-attaqué : & là, j'ai-écouté. Je n'ai-rien-en^endu ; touti étaii^ tranquile. Deux-heures ont-foci-* aMi coucou. Je fuis-rentrée, & je fuis- venue me remettre à-dlcr. Et voila qu!unc demi-heure après, j*ai-encorc^ i ciitcndu is bruit , mais plus-fort., J'ai' cu-peur ;:mais jcfuis-encore-fortic bien* doucement, & j'ai-écouté* Pour-le^ «;pppj'aii'Çnîpndu. comme, une m^r^hc At

vin.'"* P A it T I E. tgf

heval. Je fuis - reliée Ik , écoutante-;

>arce-que tant-plus je reftais , & tant^

)]ûs le bruit devcnaît-fort. Et quand le

Cavalier & le Cheval ont-été aubout du

de la Cartauâe , j'ai-enteodu un cri

touffe, & puis un Seigneur^mon-Dieu?

1 ne m'eft plus refté de fang dans les

eincs : pourtant , je me fuis-vouîue-

nettre à-courir audevant : mais le Cheval

d -arrivé, & mon pauvre Homme

icfTus , qui ne me voyant pas ^ cft-

iefcendu ï la porte du prefToîr, foa-

iirant doulouieusenicnt. Vous nV

^ez-pas-arrétc , mon pauvre Mari, lui

li-je d!t. —Ah! vous êtes -là, ma

nuvre Femme? fe ne vous fuis pas un

Mm profitable en- honn e ur«. Entrons,

Tia pauvre 6c à - plaindre Compagne.

Mais du raferminemcnt 1 —Ce qa*ont-

iit les Enfans eft-il ? Non pas en-

out , & raccusation était faufle : mais

1 y a-eu mort d'Homme-.... Et nous

femmes-cntrés. Il m'a - dit tout-bas ,

Q3

^MBBnfa#<>wtNMM«AÉ

Î98 Pavsane pervertie.

^ans la maison : —-Nos Enfans dor- m ent !... Mon Père fait-il ? —Votre Mère îe fait ! —Mon Père le faic donc..^ O ma pauvre Femme ! yai*trouvé Ur* fuie échevelée , bouffie de larmes , aveçt

iine Lettre.... Je l'ai-vue Oh!

terrible Lettre !.,.. Edmond , le mal- heureus Edmond , &: Gaudét fost-per- dus l..„ Perdus ! Perdus tous-*--

deux! O mon pauvre Frère ! c'eftll

donc-là la fin-!.^. Et il fe Gontraignait a-cause de moi : Car k lendemain- matin , étant-alé feul au grenier- h-foin,., je l'y ai-fuivi fans bruit, 8c je l'ai- en- tendu-pouiïer des fanglots qui me déchi-- raient l'âme : & puis prier Dieu de route ^ l'ardeur de fon bon cœur , en îui-criant- fnerci : Et dans le moment , oij je lui alais- parler , voila que notre pauvre Mère me cherchait cn-m'appeîant : & de-crainte qu'elle ne vînt au grenier ,. î'en - fuis - defcendue : Fanchon , à lie heuie doue efl: - revenu votre:

•W*^^"' ■■ ■■— ——-— .--——. .. . ^, ....... ~ ,m »^»iu m ■■■«

Yljjme Partie. 199

Mari ? Car tous les Chevaux y font j^ A-ce-matin avant -jour, ma Mère. *— A-t-il vu la pauvre Enfant ? Oui t ma Mère. Qu*eft-€c qu'elle fait? Elle n'cft pas bien-. Et la pauvre Bonne-femme a-pâli. J'ai-tûut-de-fuic ajouté : C'eft de chagrin d'Edmonde qui eft en - péril. —En-péril.... Oh h oh î je fuis Femme & vieille , mais je fuis mère ; qu'on m'y laifTe courir , êe

que je fauve mon pauvre Enfant- .*

Et elle m'a-quittée en<ôurant, filégère,; que je ne la voyais-pas-aler ; mais je rcnrendais-crier ^ —Mon pauvre En-» fmt Cil en-périî... Mon Mari I mon Mari-!... Il étaic-forti l'infortuné Perd.,* Pierre, mon Fils Pierre ! mon fou ^ tien, mon Ami f Pierre ! Pierre-! Et elle ne donnait au qu'une relâche a fa^ voix. Tous fcs Enfaus font-accourus » mon Mari lui-même les ieux rouget....» 0 Pierre 1 ton Frère eft en - péril I —Calmez-vous , ma Mère ! oui ; mai^

Q 4

aoo Paysans Pervertie.

(f * " 1 1 .. , Il, I,

il a de bons Amis. —Ah I cours-y ^ mon Pierre.... Edmond 1 Edmond! le floin de ton Père! fy vais , ma Mère ;

jy cotirs mais pourtant jai bien-

affaire ici ? A quoi ? mon Pierre , jnpn foutien , le fouiien de ta pauvre Mère ( & elle l'a embrafTé , ce qu'elk; n*avait-jamaîs-fait , depuis qu'il a - pris Thabic qui diftingue le Garfon de la Fille ) JY ai-affaire pour vous , ma Mère. —Ah! mon Ami ^ laiffe-moi ; & fil f *agiflàit de ma vie , jVime mieux | rirre dans mon pauvre Edmond, que dans ce corps de vieille Femme. ^J'y mi-affaire pour mon Père-. (Mon pauvre Homme ^entendait; \\ ferait parti d' Au**, pour Paris fans revenir, fil n'cût-pas-eu- affairc ici pour Père, Mère, Femme & En- fans, qu'il voulait foutenir dans une auffi rude attaque. ) La Bonne-femme , depuis qu'on lui avait-parlé du péril de fon Fils , ne fongcait plus k fa Fille : c'eft qu*Ed- lùond regcmble k notre Père ; & on ne

VIII."^' Part i e. aoi

faurait dire à quel point elle le chérît, i-cause de cette reflemblance : En- ce-cas, refte pour foiitenir ton Père ; car x'eft - le Premier pour nous tous : mais qui fecourra donc mon pauvre Fils-! Tous les Frères ont - dit : Nous voici, ma Mère; faut-il aler ? Air- près de notre Père , qu* Auqu*un de nous ne doît-quitter (a - dit mon Homme ) : quant à mon Frère , je fais que m.' Loiseau eft-inftruit , & qu'il travaille. Ma Mère, le plus-grand péril eft ici auprès de mon Père : aidez-nous à le garantir du coup-. Il fy prenait ai n fi, la connaiflant , & fâchant qu'il trompe- rait ainfi la fenfibilité de la bonne & fimple Femme, qui regarde fort Mari comme un Dieu fur terre. -^Oui , mon Fils! oh! oui! Ton Père,....,, votre Père... ohf il faut lui adoucir le coup.... Pauvre Edmond ! mon pauvre Fils-l Et elle pleurait , fans demander , le péril, dont elle n'avait pis d'idée. El;

2.0% PaVSANE PEP.VERTIE.

voila que notre infortuné Père eft-arrivé. Qu'cfl-cc, mes Enfans ? —Mon Mari ! Edmond eft cn|- péril ! Mon cher Père !..• a-dit mon Mari, mon Frè- re ... eftmalheureus. Et moi davan- tage , d*être fon père..., 0 Edmond \ que tu me coûtes-chèr I O moa Mari I ne lui cn-voulez pas , au pauvre Enfant l Simple & bonne Femme \ Compagne que Dieu m*a«donnée danf fa bonté, ce Fils vous fera-mourir l S'il n'en-meurt que moi , mon Mari..^ C'eft mon Fils ; ce n*eft pas trop de ma vie, pour lui prouver mon am.itié| il cft votre portrait. Qu'eiice , Pierre ?,. ' Tu pleures L.. 0 mon pauvre Pierre ! qu'e(l-ce? Urfule, mon Père, a-rcçiî une terrible Lettre... L'as-tu? Non? mon Père. Que dit-elle ? Je vais vous le dire feuLà-feul-, Et ra-cmme- ( mais il ne lui a-pas-dit qu'il y avait mort d'Homme), Et notre Bonne-Mère tremblante^ nous a-dit: 11 va l*

VIII.""* Partie. 20J

dire a Ton Père : mes Enfans, voila vos deux Pères ; l'Un vous a-donné la vie > après Dieu , & l'Autre vous a-tous-aidés dans votre enfance ; & vous favez comme il vous aime tous , fur-tout Edmond-Î.., Et tout en-nous parlant , elle regardait le Père & le Fils : & voyant que le Père jetait fes regards vers le Ciel , elle f^cft- écrite : Mon pauvre Fils- cftmort, &on me le cache !..• Qui;..* Urfuîe le pleure... Il eft mort ! je n'ai plus mon Edmond-L ... Et elle f'eft- évanouie dans nos bras. Son Mari cft- venu à elle ^ & la regardant : Mère infortunée î tu ne reverras le jour, que pour fouffi'ir t Nous avons-tous-frif- fonnéf Mais pas Un n'a-osé dire ua mot: les Filles & moi, nous feeourions ï\Gp:c Bonne-mère , à qui notre Père a-dit : -—Eh plût-k-Dicu qu'il fût mort 1. Il ne l'eft pas I Non , non- < Mon Dieu je vous remercie! Ah! plût-à-Dicu î qu'il fût mort dans votre

ao4 Pays ANE pervertie,

giron , innocent encore , & chéri de Dieu & des Hommes-! Et il f'eft-voilc la face de fes deux mains. Un-inflant après il a-dità Pierre:: Aidons à ta Mère à monter , mon Fils... Mes En- fans! mes pauvres Enfansl Oh! les Petitsenfans de Pierre R*^* , EdmeR^* ne vous tranfmettra pas l'honneur pur & fans tache , comme Pierre le lui avait-laifle-l... Et il a - aidé à monter à fa Femme. Il était-midi* J'ai - fait le dîner : c*eftla première-fois que notre Bonne-mère n'a-pas-fait le dîner de fon Mari. LeVieillardra-dit, en-dévorant fes larmes* Je me fuis-approchée , & je lui ai-dit fermement : Si mon Mari cft votre Lieutenant, moi, la Mère de vos Petitsenfans, ne puis-je donc pas tenir la place de ma bonne & excellente Mère , que navre la douleur ? -*-Ouî , oui , Fanchon , ma Fille , je rc me trouve pas mal de votre foin ; mais de ce que cette exemplaire Femme ne fait pas, à-

Viri."' Partie. 20Ç

cause de fa douleur , ce qu'elle fut rou-^ jours glorieuse de faire-, Gn a-dîné. Et comme j'ôtais le couvert, voila qu'cft* entré m,' loiseau. Il f cft-jeté au cou de notre Père, de notre Mère & de cous-tous , fans parler. —Je pars. —Où alez-vous , Monfieur ? a-dit notre Père.... Auprès de votre Fils : f ef- pèrc ne le quitter , qu en - le laifTanr entre vos bras ,... ou plutôt, je ne le quitterai jamais. Adieu. Digne Homme l digne Ami-! fcft - écriée notre Mère. Et le digne Homme aîait- monter à-cheval , quand' une chaise a- paru à la porte : le Conduéleur cn-a- tiré Urfule, mourante ,. qui eu- venue révanouir aux pieds de Ces Père & Mère. On IVfait-revenir : mais elle était en-délire : *• Mon Frère! récriait-^/^'*''' elle !' mon Frère ! mon pauvre Frère-!... g^^"*™ '

Nb voyez-vous pas fes chaînes Il

craîhe fes chaînes-!.... Notre Bonnc- nièrc lui a^dit : —0 ma pauvre Fille !.•

.n»t

ao6 FArSANE pervertie.

cft-il ton Frère ? Aux Galères-', Ace mot, notre Père a- frémi : Mon-- fieur Loiseau?..,. Il n'a - pas - achevé. Le bon m/ Loiseau a - baiffé la vue* Notre Père a-regardé tous fcs Enfans , Tœil fec ; mais pâle, défiguré. Il a-tendu la main à notre Bonne-Mère fans parler. Hélas fa langue était-liée pour jamais l Saisi , frappé , comme fil eût-reçu le coup mortel , il n a - plus - ouvert la bouche. Il efl-tombé fur une chaise ; il a-couvert fon front de fa main ; il a- poufTé un feul & douloureus foupir ; il eft-devcnu froid , roide : fon cœur bat- tait encore. Mon Mari Ta-voulu-fou- lever. Il était-mort. Notre Mère qui était- venue fe jeter dans fes bras , dès qu'il était - tombé fur fa chaise , le tenait - embrafle. S'apercevant enfin, malgré notre lilence , qu'il était-mort , die Peft-écriée lamentablement: -—Je ae vous quitteraipas, ô mon Mai*i ! l'In- fortunée Mère du misérable fils qui

VIII.'"* Partie. 2.07

vous donne la mort, ne vous quittera ^plus!... 0 pauvre Infortuné ! t'avais-je porté dans mon fein... Elle n'a-pas- achevé: mais elle a-porté la main a fes eheveux - blancs , pour les arracher....

Urfule, un-peu revenue à elle - même, feft - jetée aux gcnous de fa Mère , qui Ta - repouflee , en - lui - disant : *— Tout eft-fini : le voila more de dou- leur; je ne le quitte plus-. Rien n a-pu la faire ^ changer de resolution , ni la féparer de fon Epous. Le Prê- tre a -voulu la ccnfolcr ; Elle lui a- répondu: QiierHommcncféparcpas ce que Dieu a-uni. Elle a-reçu les Sacremens , fans quitter le cadavre , qui n'était-pas-changé, & le lendemain, elle cft-morte faisie. comme lui...... Je ne

vous représenterai pas notre douleur , Madame : Mon Mari , cet Homme fi- digne de ce nom , que je n'avais-jamais- vu-pleurer , que par attendrifTemcnt , mais d'une manière d'Homme^', & non

2Lo8 Pays ANE perverties.

de Femme , mon Mari f *eft-abandonnc aux cris ; il feft-jeté psr-tcrre ; il rede- mandait à Dieu Ton Père & fa Mère... Mais c'cft Urfule ! O la pauvre Infor- tunée î: quels cris ! que de pardons ! ©n eût-dit qu'elle avait - poignardé les deux refpedàbles Défunts... Pour moi, Madame , qui les aimais Ç\ - tendrement, 6c qui les refpedais autant que je les^ aimais, accablée de ma propre douleur, il m'à-faîu*.cherc^er à calmer celle d*ui fi-chèr Mari , qui m^a-toujoursToutenuej dans mes peines, & qui T'abandonnait en- ce-moment ; & celle d'Urfulc , qui était une Furie de desefpoir. Mon digne Mari rcft-enfinmontré homme,.épous & père, -après f'étre-montré le plus-tendre àis

Fils : Il a-pleuré, aulîeu de crier

Cependant, ma chère Dame,- le bruit du funefle accident d'Edmond Tcft-ré- pandu : on nous regardait avec une forte decuriositéinfultante ; à l'exception du jour àts funérailles , aufquelles tour le !

Village,.,

VIII'"' P A Pw T I E. 2.09

Village , & les Habitans des environs ifont-vcnus cn-foule: tous fondaient cn- larmes, & bénifTaient les honorables Morts. Mais notre fituationfait-pitiél.*. Mes pauvres Enfans baiffcnt la tête de- vant le ursCaniarades,qui leur parlent avec infolence & fupérîorité l Mon Mari, re* devenu ferme, honorelenoxn de fon Père# en-n en-rougiflant pas : mais tous n'on^t pas fa fermeté!... O ma chère Dame I que devenir!... Mes Voisins me mon- trent au ^oigt : mon Mari lui-même , éprouve des mépris... mais il les offre à Dieu : je lui offrirai auffi les miens. .^ Jamais je n*aî-vu Pierre R** fi-dignede ■rcfpeâ 1 c'eft-ici , 011 je connais l'Homme dont je porte le nom!. <..

Je fuis avec refpeft , Madame, &c.» JP.»yi Te vais- remener moi-mrmeUrfuIei

Au** : elle périrait ici de douleur &

de honte.

£ Elle l'y remena en-efFet, dans la chaEretfif couverte , de la garcîi huit-jours-durant, ]|

Tome IV, Vin Farm. R

aïo FrsANE pervertie

:^==a^

C T T ir ^S àe. VzxW ,

M.^^B Parangon,

à F I E R R E.

f la Bonne Daine veut me confoler: J'en-fas» rcçonnalilant j mais j'étais foumis à Dieu. ]

E trouve enfin h forée de vous écrire!, te coup çû - afff eus : mais il n'eft pas audeffiis de votre vertu. Je vais vendre tout ce qiîÊ je pofTède , & le placer ici :. faites - en autant ^ & venez m'y joia- dre. Nous y vivrons cnfcmble ; tout nous fera conimun , }ufqu'à la douleur & aux larraes. Quittez ce pays , que vos mœurs honorent j refpeclable Pierre,. & venez ici , Je vous crt-conjure k mains- jointes. Partez fur-le-champ : j'ai un. endroit tout-prêt , pour vous reeevoîi: ious : c'eft un cœur tout à vous qui vous, en -prie. O ma pauvre Urfule! mais- l'étais néeeffaire ici !

Nore de rEditeiiF. La Réponfe à cette Lettre efl laccvi\^° dii Faysai? j t. W i p' ^9» l^Urre y montre-

Yjjjme Partie, xit

la grandeur de [on courage, & fa pieu fcrm' tf folide y sn -remerciant ^excellente Dame, 6' en- liii'décîarant t comme an autre Socrate gu il ne veut. poJDt- fuir le châtiment' du >S"ci- gneuri 11 y montre en - même-temps fa piété filiale y en-disant , Qu'il ne quittera pas la rerrc reposent Tes Père &^ Mcre*^ Les venus dc- J^ierrz^ remportèrent enfin fur h s crimes d^Ed- rnor.d j, ^ rendirent à la Famille il**, Vhon" nevr que conduite de ce Dernier lui avait" oti. Voyei Us ccvi.™^, p. la , & 00X7.*"= % 39 1 ^- ^^ ^^ Eaysan.

Dans la ccvïîi.'^^Tertre, p. x^, XJrfule cou" fuite m.^^ Parangon y fur les démarches que le ConfeiîUr fait- faire a^uprks d'elle, pour l'épouser^ malgré le deshonneur dŒdmond : ellelui parle en-" fuite da Marquis ,,,veuf depuis peu , qui lui a-^dit rendre une visiteyar fort Fds y, pour la fonder ». Cette-DameyparfaKéponfe^qui efi la ccix."^®^- p. jï, fe décide pvur ce Dernier, C-efî après ces deux Lettres que' fitrent-^crltes les deux' fuivantes ,dixhuit-"mois après Umalheur d'Ed" mond yÇ>' environ quinze au fei^e après, la mort, de la^Marquis€ «£e-f*^^

2t

iia Pavsane pervertie.

^ r-T ri -. ..^^^fS^ééir.

L€ Marquis de-***,

à U R s U L E.

£ Il la demande cn-mariage. ]

jSjLk demoiselle:

Vous- vous rappelez ce que j'eus rhonneur de vous dire , lorfque je vous envoyai votre Fils , il y a un an. Sans vous parler ici de mes anciens fentimens^ qui ne peuvent influer en-rien fur les difposicions d'une Perfone telle que vous êtes aujourd'hui , je me contenterai de vous représenter, que c'eft à l'Héritier d'une grande Maison que vous pouvez donner un état ; & pour tout dire a un cœur comme le vôtre , à votre Fils* Ce n'elî pas ici un gûc-de-bienfesancc ou de pure générosité , c'eft une juftice , c'efl un devoir : je ferai abfoîumcnt nul dans cette affaire , fi vous le voulez : mais il faut que la Mère de mon Fils ibic Marquise de-'^** , puur qu'il prenac

Flli."»' Partie. 2.13

^e titre de Comte de***, que portait mon père. Je n'cn-dis pas davantage à une Femme telle que rous; la raison & la reli- gion vous diront le refte. Je fuis très-rcrpedueusement : Votre &c.* Le Marquis de ♦*'♦'.

P^'f. Ma Mère fe joint à moi , pour vous faire la même dcjnande : Elle chérit fon Petitfils, qui , vous le favez , ^ftbeau .c<i)mme l'Amour, & qui annonce les plus -heureuses difpositions : Je prie m."^ la ComtefTc de vouloir bien mettre ici un mot.

Btla Comtesse de^"^"^*»

Je désire ardemment. Mademoiselle, le mariage que vous ipropose mon Fils ; je rendrai cette union la plus folemnelk que je pourrai , & toute la Famille du Mar<^uis fy trouvera. Je vous xnibrafle de tout mon cœur.

La Comtesse de-***.

&I4 Pays ANE pervertie.

*C,!J, ,-■' 1 '^ïu , ■ii±'^^^^''^^M!t:

=8.

V ±. ^y. I. 15 fcptembrcv.

r- U R S U L B y au M A R Q^U I S D £•-** . fElle accepte , à^causc de Ton Flis , le mariage- que te Marquis de-"**** lui pnopose. J-

ItI o n s I e xi r :

£ E s motifs que vous employez pour, me déterminer, font trop-piiiiïans', pour que j'entreprenne de les rejeter: Ceux que je pourrais y opposer ne feraient appîica bles qu'à vous & àmoi ; & je crois comme, vous^qtiedans un mariage tel que celui que vous me proposez, nous devons être nuîs- l'acceptc avec fou mifîion: Votre Fils,, ^ Monfieur, m'^en-fait un devoir ; je îefens. 'Que ne puis-je lui donner une plus-digne- Mère!..,. Mais le pafTé n'efl plus en- mon pouvoir ; il eft dans les mains de l'Eternel , aux ieux de qui tout elt-pré- sent. Faurais bien dts choses k vous- marquer , Monfieur : mais le titre que ^1^ vaulez- prendre, à mon é^M

vin.'"' Partie, aiç

me ferme la bouche , & je me con- forme , dès ce moment de man accepta- tion , aux lois de foumiiîion qu'il va m'imposer : Il ne (iéd pas a une Femme de faire la raisonneuse avec fan Mariez Je me contenterai d'offrir pour vous au Ciel ksvQ£uxles plus-ardens ^ fans jamais: vous fatiguer de mes remontrances, q^u^- îorfqiie vous me Fordonnerez^

Je fuis avec relpcift,,

Monfieur,.

Votre très humble St très-obéilTante fervancco, Ursule R*^.

A la Comufc S^-*^*'.

Permettes Madame , que je me jète à vos pieds , pour vous témoigner mon-^ refpeél : J'admire votre vertu , îa bonté de votre cœur, puifque votre Petitfils vous eft cher, malgré ce qu*eft fon info^r^ tunée Mère...

ai6 FArSANE PERVERTIE,

sA^*m

^^ ^ -^ ■* *• I janvier,

La M A R<IU I S E J5J^-*** ,

à F A N c H O N,

£ Eilc a des préfcntlmcns de ibn aflaclnat. J

jSxk très-chère Sœur: Il eft - fiit ^nfin ce mariage, (i longtemps fouhaité , oublié eiifuice , pais devenu impofîiblc : ^ enfin redevenu pratiqiiable & raême néceffiire : Il ell-faic ! mais Ceux qu'il aurait-confoîés ne font plus !.... Ci:& une douceur iont je n'étais pas digne.... je ne ia fuis pas même d'avoir- donné un état à mon Fils.^. Mais fi j'ai cette idouceur, fon Père me la fait-pafer chèr!....^ Qu'importe? le Marquis dc-**"^ vous cft-allié, par un bien vil Lien, qui n'efl bon qu'à jeter au feu , mais il Teft , & le vertueus Pierre R**^ eft oncle du Comte de-*** , qui an- nonce les plus -lieureuses difpositions* Ce cher Enfant m*aime beaucoup ; & de jinon côté^ je ne faurais peindre mes

fcntifoeiis

ie<M»a«>*ifa Jn anm ta«

VIII.™' Par t i e. 217

fentimens pour lui... Que de tourmens il faudrait , pour en-efFac^r h doaccnr , puifque tous mes malheurs pafles &: pré- sens , n'y fa-urâicnt-donner atteinte!.... Je conçois enfin comment je fas-aimée , comment le fus mon Frère, decesvéné^ Fables Parens que nous avons . . . (car je fuis aufli coupable ^ue lui de leur mort. ) Je ne goûte qu'en-tremblantîa fatiffaélion de carÇiTer mon Fils : Je vois à tout-moment fur cette tête ii- chère ou fur la mienne (mais ce dernier article n'eflrien ) le glaive de la Colère-cé^eile-fufpendUj prêt à frap- per... Je m'éveille quelquefois au-miiieu ,de lanuit , en-voyant égorger mon Fils... Je m'écrie, je fors du lit , je cours...., D'autres-fois ( & c'cli pendant le jour , Icrfque je me jète accablée fur un lit-de- repos), je crois qu'un Furieus qui fe esche, me plonge un poignard dans le fein. Je le regarde ; je lui tens des mains fupplian- tes : Je tâche de le fléchir : Il frappe ?..* Encore c^ crime , dit-il ; il h faut : Tome IV, VIII Partie. S

a.iB FjrSANE pervertie.

La voila punie , ma Complice' !.., Il fc découvre, & ccft Edmond que je vois!... Ah! ce nom, (i-chèr , me déchire le cœur !... eil-il ? eft-il ?... Avoir fa grâce , & ne pas fe m.oncrer ! ne pas reparaîtra 1... Il fera mort quel que- part, de honte , de douleur , de besoin ! De tous les maux dont la nature peut acca- bler un misérable Mortel, anqu'un , au- qu'un n'a - manqué k mon malhcureus Frère ?..• Auqu'un ne m'a-écé-épargné, à-raoi-méme. Infortunée, hors la mort, que mon Frère a~trouvée... Je le vois bien;c'cilnotrefangqu il fautaux Mânes paternelles : les deux Parricides doivcnc périr : ce que j'ai-foufïert, n'était qu'une' horrible qiieilion avant le fuppîice; mais je fuis-condamnée, ma fentenee efl-lue ; je vois, je vois un Juge févère qui me la montre, ôi derrière-îui un Bourreau....

* Sujet ^

«îe la *Ahl Dieu! c'clt encore Edmond

XXXI II. •"S

Eftampe , que j*ai-cru-voir!... En*quel état afFrcus! froW^ice privé d'un œil & d'un bras ; horrible* Partie. ITient dcngureî.,. me montrant par ks

VIIL-« Partie. 219

chei^eusîatêterang1ante...demaMère!.., ^

Je ne fuis pas à moi , chère Sœur , - dès que je m'occupe de ces idées, que la présence feule de mon Fils a le pou- voir de bannir : mon imagination falu- me, &jecroisvoir toutcequeje penfe.,0 On m*a-pourtaDt'donné quelques nou- velles confolaîites : Ton Mari..,., ah I c'eft Thonneur de notre nom , comme

j'en-fuis la honte i ton Mari a-tout-*

furmontépar fa venu!..»..

Le cher Bertrand, qui te rcînettra cette Lettre, te dira comme feft-faîC mon mariage. Fête triile& lugubre !... J'étais en- deuil : mes larmes ont-coulé, prefque.des fangîots m'ont-échappé au pléd des autels. La cérémonie a-été , * ^"i-^

* de ia

publique : m.""® la Comtefie ^ ayeule de "Kixxiv.me mon Fils, 1 a- voulu a-cause de l'Enfant ; les deux Familles du Comte & de la ComtefTe y étaient , avec tous leurs Amis & toutes leurs ConnailTances. Le cher " Enfant était beau comme un Ange ;

- S 2,

/

aïO PjirSANE PERVERTIE,

toi]t îe monde l'admirait; en ne pou- vait fe îailer de le careiTer ; <Le$ Etran- gers même récriaient , Qu'il cil char^ rnant 1 c'cft l'Amour I Sa Mère doit- être bien contente-!... Et quand ona-vu mes larmes ,... on a-dit heureusement , Çefi de joie ! Il eft - vrai que j'en^ avais. Mais nos chersParens ... qui font morf:s de douleur !,.. Un coup - d'oeil fur Bertrand ^ portait dans mon fein le poignard vengeur. Aux pieds de Faute], les ieux fixés fur le tabernacle , j'ai-vu , entre les cierges, de chaque càié ^ mon Père ,,.. le regard menaçant, &. ma Mèrç*, f arrachant ks cheveux ^ comme le jour de fa mort 1... Du doigt, mon Père m,e esait-fîgnedem'anéantir. J'ai prefque- fair un cri, & le mouvement de frayeur que j'ai-eua-frappétoutle monde... J'ai- cntendu qu'on disait : Elle penfe au Tifque pref que- certain qw a- couru [on Fils , ^e TLCtre jamais a fa placc,\ }z me fyis-aïiéantie devant Dieu ^ fuivanp

Vïîî.'"^ Partie, lit

-*■■--- - I.» Il "^

l'ordre de mon Père : j'ai - reclamé h Célefte - miséricorde , & j'ai-fait vœn d'une humilité fans - mesure , telle qu'elle convient à un Néant infed: , tei que moi... Au-retour à la m.aison , je mefuis-vêtue comme à Au**, & j'ai- de- mandé la permifîion de fortir, pour aler offrir a Dieu les prémices de mon mariage. M.^^ la ComtefTe y a-confenti. fai- eniployé la journée à visiter les Pauvres & fur-tout les Prisonniers : je Le cher- chais, hélas 1 parmi ce5 Misérables..... Je te prie, ma chère Sœur, de me mettre dans le cas de vous r endre à tous les fei'vices qui dépendront de moi: quoi- que Içs dettes de mon Mari, & fa con- duite sélaelle le gênent beaucoup, fa Fa- mille cil puifTante , je n'y fuis pas mal- vue , on m'y -veut infiniment de bien, à- cause de mon Fils ; on fempreiïe de m'honorer , afin de me rendre digne de mon rang.

Ursule R* *, Marquise de-'^**,

S3

2.2.2, Pat S ANE PERVERTIE.

L X 1 1 I.^^ 21 déccmbreXU E B M O N JD ^

à Marianne Frémi {%),

[ îl Fa menace de la colère de Dieu î j '

JisT-CE toi que je viens de voir ^ Jvlalheureiise !.. Oui,c'efttoi; toi, que £a fidélité à fervir ta MairrefTe dans la débauche, a-fait-metîre \ X Hôpital; qui Fâs -fervie dans fa pénitence, qui l'as- fuivie â Âu^* ^ 6c qui fans - doute Fas - abandonnée , puifque je te revois

ici. Que fais-tu? es-tu?

Ta vue ni'a-troublé. Redonnes-tu dans k Vice ? dis , as-tu^r épris le Vice ?.., Si tu a^-repris le Vice , le Vice te trahira : |)i;en.s-y garde î le Vice eft un traître î Enteuï-tu! c'eft Edmond qui t'écrit.

(i) i^ ccxviii du Paysan, T, IV, p. 45", a une faujfe date: il faut mettn, %z décembre.

(i) Trémouiîéc ancienne Fers;mic-de-c.hamî)f e-

^Urfijle,

VIlî."^' Partie. 2.23

Si tu le voyais , il te ferait - trembler. Et c'efl le Vice qui Ta-trompé , féduit ^ trahi. Je fuis un exemple de la Célefle\ colère : j'ai-tué mon Père , ma Mère ; j'âi-rué Gaudét , le Gardien ; j'ai - tué- Zéphire ; & Dieu me tue par un fup- pîice lent & cruel. Crains Dieu ! fi lu es-retournée au Vice , Dieu te tuera , Malheureuse î Y es- tu retournée? Je le crois. Quitte le Vice; car il te tuera peutêtre par ma main. Crains ma main I L'indignation contre îe Vice me met hors de moi. J'ai- vu Laure. Un mouvement de fureur miefaisiflair, quard j'ai-penfé que fans moi..... J*ai-rougi..« Je vais la revoir aujourd'hui^ ou demain.. * Je ne fais ce qui arrivera Ma Com- plice, taMairreffe^ ne peut trop fe punir; elle a-péché 3 mais moins que m.oi. Je fuis un monftre ; dh n'eii qu'une faible Créature. Mais fi elle retombait, après m'avoir-aidé a^ parricider Père, Mère ^ ,, ma rage f 'affouvirait , duifé-je tomber

S4

2,24 P-^^SANE PERVERTIE,

au-fond de Tabîme... PérifTent les Par- ricides l... $c j'en-fiils un ; & elle cn-eli une... Toi, tu fus fa Servante; tu as- vu fes crimes 3c fon malheur , &: tu l'as-quittée pénitente, repentante! Te feraism-lsffée de voir le repentir? tu ne t'étais-pas~lâirée de voirie Vice !.«. Ta- ,t-e]le renvoyée?... Non, je ne le crois pas; elle t'aimait. Pourquoi donc es-tu à Paris î... Ton féjour ici m'inquiète. ^ Tu esk Paris I.., Tu ne faurais y être que pour mal-faire. Si tu y es pour mal faire ^ je t'avertis que le bras de Dieu efl"Ievé fur toi : Baiffe ta tête cou- pable , k. reçoi le coup. Je baifle mienne depuis longtemps , & le coup ne frappe pas !...

Adieu : lis , change , ou tremble.

Tu me connais t je me fuis-nommé. ,

^ Cette Lettre ne ^ai-vuc d^Urfule , que lorf- quelle é&alt à la fin cîe la ruivante

VIII.'"' Partie. 225

C L X I V.^' ,^ décembre.

La MaRQ^UISE i?^-'^**

à M,^' Parangon.

[Dieu lui infpire le désir de fa mort y & elle la fent approcher. }

On X'a~vu , chère 5 Madame! J/a- écrit ! fe cache- 1-7/, grand Dieu!...

Que je le voye , & que j'expire ! v,

Ilefl temps, Madame : mon Fils a douze ans 6î-derni; ii eft prefque formé; fans- doute il va fortiu de mes mains, & peut- être... Mon Mari , devenu bon Père , ne me présente plus qu'un avenir trop- heureus pour moi... Je ferais heureuse l pendant que mon Frère... C*e{l l'im- poffible ! il eft temps , il eft temps que je meure... Ne nous flattons pas , Ma- dame ; la générosité de vos difpositions que je connais à l'égard d'Edmond, vous honore ; mais elle n'aura jamais d'effet , foyez-en-fûre. Quoi ! il ferait votre mari ! vous feriez fa femme 1 quel plaisir

2.26 Pays ANE pervep^tje.

pourrait-il goûter , après la mort de Ton Père & de fa Mère , que nous avans-- tués! après..'.. L'Homme qui vous a- fait violence, fcrait-reca dans vos bras !... Celui qui... Je frilTonne d'horreur!... Non , il n'y fera pas 1 non!... Et moi, ma carrière eft~finie... Si j*avais à fouf- frir encore , je pourrais compter deâ jours... je n'en-compterai plus... Mon Dieu! vous me préparer k mort, daignez recevoir le facrifîce que je vous fais de ma vie!... Madame, le crime empoisonne l'air que je refiiire ; il dé» nature l'âme ; il en-change les fentiniens ; même après le repentir, il laifle laporte- fermée à la tranquilité , au repos : la feule Innocence peut goûter le plaisir & trouver le bonheur : les Damnés ^ plongés dans le gouffre de feu , ne font-infortunés , que parce-qu'il? ont- perdu le pouvoir de f 'eftimer , & que leur âme déformée par le crime , ne peut fe voir qu'avec horreur : ils font eux-

9

VÎIL"^- Partie. 2.27

mêmes rindrument hideus de ieur fup- plice !... Je fais ce que j'ai-fait , mor: à-chaquc-fois que je me fuis-oubîiée dan^ les bras de mon Fils , mon tourment fuf- pendu n'en acquiert enfuite q-ie plus de force : lorfqu il ed dans mes bras , je me fens mère, honnête , eilimable : dès qu'il m'a-quittée , la main d'un Dieu vengeur écrit aufiicôt furies parois de ma chambre mes desordres palTés.... Je les vois j je les lis ; ils font-peints par une invisible ?vî:rin... Je me vois libertine,..* abandonnée. . me livrant àmespanchans desordonnés :.. me deshonorant,.. Je me vois avilie ^ logée dans la hute du Dogue , ibumise à un Forteur-d'eau s, k un Nègre affrcus; traînée dans la marre par une Valetaille frénétique ; meur- trie, défigurée.*. Je me vois pis encore... proltituée de ma volonté ; la dernière ^ la plus balTe , la plus effrénée des plus- viles des Créatures... Je me vois... à crime alE'eus 1 & quel en-eft le Corn:-

2i8 Favsane pervertie,

plice !,., La Célefie-jullicc l'écrit fur ma muraille cn-tiaits de feu & de fang,.... Je fuis-prêce à me livrer au desefpoir .. Une Voix-fecrette me parle alors; elle me dit ce que j'ai - fouffert ; un fen- timent de confolation me fouîève, & je me jète aux pieds de mon Dieu.... Mais à-peine relevée , mes Parens foffrent à ma vue ; Ils ne demandent , j'ai-pu me corrompre à cet excès !... Je de- meure muette... 0 ma chère Dame 1 je vous ferais-pitié !...

Abandonnez toute idée de bonheur ; il eft impofïîble , abfoîument impoffible : vous n'aurez plus que des larmes à ré- pandre, ainfi que nous: votre vie efî- cmpoisonnée par mes crimes , & vous ne pouvez plus éviter le malheur i vous Eous tenez de trop-près...

Et votre chère Fille ? Eile a l'âge de mon Fils. Et les autres Enfans ? Vous

les voyez ? Je ne les verrai plus.

Je me fens accablée , une Voix fourde

il

VIII,^* Partie. 2-29

& prefque- détachée de moi-même, me crie au fond du cœur : Urfuh ! UrfulcL.. la tOTTihe .,, f^ ouvre ,.* fous*,, tcspasî,.. Elle- 1^ appelle .,,pour .. ... fermer! ,, Tcut-à-rheure, une Main, comme celle de l'écriture , écrivait fui la muraille , In- ctfiueust, J'ai-frémi : je me fuis<criée. ..

Mon effroi n'elt-pas-cncore-difîipé ,,

Je m'arrête. Ce foir je finirai ma Lettre,- ou dumoins je la fermerai, D.eu l que je me fuis-tourmentée ! Je ne vois que du fang , des crimes, deshorreurs, dfs monflres...... ^e foir,

Ma chère Madame! ?vîon Fils vient de Le voir... C'efl Lui , je n'en-doute pas... Il eft-eftropié , privé d'un œil !... Il a - demandé î'aumpne à mon Fils : Pauvre Homme 1 vous êtes bien à- plaindre! Voila ou m^ont-rfàintlc crime & V amour effréné 'du plaisir-! Quel autre qu'Edmond aurait-pu-faire

Pette répOnfe ! Ickndemainlç.

J'ai-quitté hier la plume, pour aler

2.30 PjirSANE PMRVERTÏB.

mm^mmtmmmmmÊÊÊmm 1 11 1 ■. 1

dans le quartier mon Fils a - vu le Pauvre. J'ai-rcgardé , j'ai-cherché. A mon retour , j'étais d'une trillefîe fom- bre, accablante. Comme je rentrais, on a-crié : J/^e trouvera ! maïs trem^ hU'! Jai-friflonné. La nuit j 'ai-fait un fongcafFreus. Hm'afembléque j'avais- été-visiter les pauvres Prifoniers , comme je me propose de le faire en-fortant de Toffice , & que dans un fombre cachot, j'avaîS'trouvé Edmond, chargé de fers. En - me voyant , il a^- dit au Geôlier qui m'accompagnait : Retiens - la ! Voila ma Complice : charje-ladefers-. En - même - temps il a-fecoué les (iens d^une manière affreuse; ils font-rombés ; îl cil- venu fur moi d'un air furieus , & fans lui rien voir à la main , je m.e fuis- ] fentie-frsppée audefibus du fein. Mon j fang a-couléà gros-bouilîons. Edmond, d'nn air furieus , en-a-recueilli dans un crâne ; il en - a - bu-i Je lui ai - dit : —Je te pardonne ma mort , Infortuné-!

VIlI."^' Partie. 231

/e n^ai qui faire de ton pardon ! Rejardcl ... Il m'a- montré une tête qu'il tenait par les cheveus , fanglante, la bouche ouverte , les ieux menaçans : c'était celle de ma Mèrt-^î J'ai- fait un effort terrible pour fuir, & je me fuis- éveilléc trempée de fueur.

à 3 hcurcJ.

Ma chère Madame ; je pars pour l'of- fice , & je ferme cette Lettre, le cœur ferré : Adieu ! adieu ! 6 mon Amie î adieu i,.. Ce mot ne veut pas quitter ma plume.

P.-/. Ah ! mondieu ! Marianne Frémi vient de recevoir une Lettre de lui î. . Ce n'efl pas fon écriture ; mais c'eft de lui, rRa chère Dame!... Quelque-chose me die que je vais le voir.

i En-cc-momeat même , l'Infortuné quittait Laare , comme on l'a-vu dans le Paysan^ 6c il prenait la fatale résolution de punir UtQ

: fuie ^ qu'il croyait dans le desordre. )

mmtmmm

23a Pavsane pervertie.

mt)»smmm,»mmimmtemammam^tmmKm^mÊmai^mmÊmÊmÊÊmmi^^mtm^i^ÊÊi^mmamÊmmmÊÊmmi^imuit

La u r e ^

à OJSSCUROPHILE.

£ Apres avoir-calomnié Urfulc , pour Pexcuseî: à Edmond, elle en-eft^ effrayée , & elle exprime fes craintes à fa Compagne de libercinage. ]

JE tefaisdei excuses ^ ma chère Amie , de îa manière dont tu viens d'être- traitée chés moi , & je te prie en grâce . de venir fouper (i ). Je fuis dans une fituation qui m'épouvante î Edmond m'a- . bouleverfé ie fan^ ; je ne fais ce que je] fais. Tout-à»rheure j'ai-pris un Livre,! j*aî-vouîu^1ire j j'ai-vu, je crois, & voieî que i'ai-lu écrit en-traits de feu fur la page ouverte : Laurc ! ma Cousine 1 pourquoi me fais- tu -poi^narèerl que t'ai- je fait ! dis-U moi , toi ma pa-^ rente , autrefois mon Amie-?**,. Je me fuis- frotté les ieux , ^ je n'ai- plus-

(ï) Voyez c^ans la ccxxîî."^® da Paysan , connment Edmond avait-traité îa danfeuse Obfcu- rophile , TomeJVf p£, ^^ ^j 66.

rien VU

VIII.'"' Partie. 233

rien -vu de ce que je venais de lire.

•^Ceft une illusion-! me fuis-dic à nrioi-

mêrae. J'ai -tenu le Livre fermé, le

doigt à l'endroit j'cn-étais, & je me

fuis - chauffée ; j'éprouvais un frifTon ,

comme lorfcju'on a la fièvre. Je me fuis^

alToupie. J *avais à-peine fermé les ieux,

que j'ai-crU'Voir Edmond, couvert de

fang, l'air furibond , qui me disait : Tu

V as-accuséd dit cfl-jii^ie^ conbamnéc^

poîjnaj-dee ! je fuis le Bourreau! Je

me fuis-évtillce. -^Un fonge! unrévei

me fuis-je dit- ! J'ai-voulu-lire, J'étais

à la féconde ligne , quand on a-frappé

•udement trois coup5 à ma porte. Al^

x/lè Y z-com\}. Il n'y avait Perfoae^

: iWc Cil-remontée en-murmurant contre

^eux qui avaient-frappé. —Ce n'efl

^erfont^ Madame. Comme elle achevait

es mots, nous avons-entendu fous nos

lenéties un cii douloureus , & qui ref-

mblaic au hurlement d'une Bête-féroce ^

lutct qu'à la voix d'ane Créature ha-

Tome IF, VIII Pank. X

^34^^^^^-^'^^ PERVERTIS,

maine, J'ai-rreiïaillL J'ai-fait-ouvrir b croisée, & Alcefte a-vu, ou cru-voir Edmond. Je fuis - fâchée de n'y avoir- pa s-été moi-même. Je me fuis^afToupie de nouveau » ne pouvant ni lire , ni fn*occuper : J'aurais- désiré une visite , comme îa fortune, en- d'autres circonf- tances. Ferfone n'eft-venu. C'eft en-»- ce-moment, que j'ai-fait le rêve le plus- sffreus :. C'était ma Cousine fe dé- battant entre les mains de fon Frère y. qui lui donnait mille coups- de-poignard. Elle m' a-vue ; elle m'a-tendu les bras,, en-m'appelant à fon fecours. Edmond m'a-regardée d'un air furieus r ~N'ap* proche pas-! ( me disait-il avec un gefte înenaçant); Tandis que j'ctais-remplie d'épouvante , ce nVplus-été Urfule que- f ai-vue, mais une GénifTe blanche, donc les ieux verfaient des larmes : je me fuis* îéjouiedece que ce n'était plus Urfule i- mais dans cet inftant, un cri terrible m'a.- éveilîée en-^furfaut , & j'ai- vu Alcefie ' êer.ant moi , qui ra'â-dic :. Madamej,^. ,

Y£jjm,, Part i e. ^f

H vous arrivera quelque malheur ; deux gouttes-de-fang viennent de tomber fur vous du plancher : ce qui m'a-causé tant d'effloi ^ que je me fiiis-écriée-. Je me fuis prefqa'évanouie à ce récit. Je n'ai- pas-voulu - voir le fang \ mais je Tai- fait-efRjyer par Alcefte. Elle m'a-laiflec un inftant, & il m'a-pris une faiblefle. Je l'ai - fonnée. Elle efl - accourue : Madame le malheur efl- paiTé; car le petit Commifîionnaire vient de voir une Dame, qu'un Voleur a-affacinée : c'était elle que ça regardait : car , Madame , tous les malheurs font-annoncés , fi on y prenait-garde 1 & fi on tirait ks cartes, on verrait tout ce qui doit- arriver-. Cela m'a-un peîî-rafTurée,- Mais je te prie , chère Amie , de venir palTer la fairée.âveG moi , ii tu n'as rien qut t'en-cnipéche. Réponfe en - un - mot par mon petit Commiffionnaire.

Réponfe.- Ians une. demie-heure.

T2^

oKxmmmtamsatimfKmaïamm

•2.36 Favsane pervertie

Edmond, à Ursule.

£ L'infortuné Edmond, fans- doute après avoir- <5uittcLaurc,écrivit ou plutôt commença d'étrire cette Lettre folle ; quoiqu'il n'en-parlc pas «lans la ccxxii."^^ du Paysan , à-cause du îroublc qui l'agitait : Il lui reproche tout ce qu'ils ont-fait enfemble , &lui peint Thor- reur que doit-infpirer fon nom. Ce fut après ou avant cette Lettre p que le pauvre Mal- henreus fortit, pour alcr-faire le couple plus- funefte de tous-ceus qu'il eût- encore-fait. J

^E Funi'dc'Dicu & des Hommes^ écrit à Celle qui mérite , comme lui , d'être Funic-^e-Vuu & des Hommes , à Ur- fule R^* , la pluS"Coupable des Filles que jamais Femme ait-portée dans fon flanc. Voici ce <]Lie dit le Puni-'de^ Dleu^ a^ la Plus coupahle des Filles : Le poignard efl - levé : l'Ange de la colère I0 tient'fufpendu fur le cœur de h Coupable, pour le percer du coup

,m

wmg0Ém

VIII."' Partie. 2.37

mortel : parce-qu'ayant-péché griève- ment, elle ne feU-point-reconnue : le Dieu-des- vengeances a-lui-même-armé le bras de Ton Complice pour la punir , en-la-frappant au cœur : Fiîle-perdue , dont le cœur eft-impur , comment ne rougis- tu pas des ordures qui te cou- vrent de la tête aux pieds? Gomment te complais-tu dans la fentine de tes vices & de tes iniquités-? Serais - tu plus-coupablc que ton Complice, & le Dieu-des-vengeances t'aurait-il réservée à réternelle damnation ?... Nonl nonl frappa , frappe , frappe- la , & tu la purifieras, E(l-ce l'Ange-des-vengesn- ccs , efl-ce un Efprit infernal qui vient de me répondre?.... C'efl l'Ange-des- vengeances, détaché du trône du Dieu terrible, devant lequel il afîifte , pour écouter la condannnation des Coupa- I blés... Urfule, quand un Criminel a- trempé fa main dans le fang , le fang fumant cne vengeance, Se fa voix monte

OB^MMkiMBWill

2.38 FArSANM FERl^ERTIE,

jufqu'au trône de Dieu t & aui rAnge-terribîe éeoyre la fcntcnce du Coupable; il l'écrit avec le fatig du^ Meurtri^ & il vi^nt rattacher invisihlc- mcnc au front du Meurtrier ^ jufqu'à ce qu'il foit-Gonduit ea-présence des Juges r alors malgré ks dénis , les Puges lisent la fcntence de fang apposée fur Ton front y & ilsîc condamnent à Te chaffaut I Quand Toi & Moi, nous eûmes- commis nos- eiimes affi*eus j qui font-drefTer les che- veus ^ la tête , FAnge de la mort en^ porta le fcandale jufqu'aux préds du trône de Dieu, & il dit; 0 Dieu 1 deux In- fâmes,. le Frère & la Sœur, ont-pro- fené rexillance que tu leur as-données : les voila au rang des Brutes ; ils ont^ abjuré la raison que tu leur as-donnée; vois- les , Seigneur, au rang des Frutes î Itle Seigneur lui dit, —Qu'ils foient- punis d'un fupplice terrible & nou- vea n. De quel fupplice , Seigneur? Angede4â.-mort-ôc=-de-ma-'Vengeaoce3.

vin."'' Partie.

arme le bras du Frère contre la Sœur ;. frappe Celle-ci par la main du Plus-coupa- ble; je me reserve enfuite la punition d\Jb Fratricide-. Cet arrêt fut-écrk en-let- tres dc-fang fur ton front & fur le mien ;: ye vais Texécutei:..... Me voila Bour- reau : font les roues & les gibets , que j'cxerccmon fanguinaire office ! Non^. je ne fuis- nommé par l' Ange-de-la-mort^. que pour punir ma Complice ; & quant à- moi , mon firppîice confié au Des- efpoirr.... Que de crimes f ai-commis I Dieu! que de crimes !..* Père ^ Mère j, parricides ; Amie violée , infultée ^ nos corps profanés , inceftués, prof- tkués, corrom.pus !.... Quoi! tu ne^ rougis pas de t^s crimes l Tu vis avcc^ le Marquis, à qui je t'ai-proftituce!....^, 0 Proftituée !i.. Mais je fuis le Profti- tueur : Tournons Te poignard contre mon cœur; c'eil moi qui l'ai-proiiituée h...„, îene la frapperai pas!... --Non! frappe^. frappe 5 frappc-la au cœur--! Voix

iL^o FjirsAN£: pervertie.

1

terrible! Voix épouvantable, que me~ vcux-tu ? Frappe , frappe , frap- pt4a au cœur,,.,,. Je ne h frapperai pas 1 Frappe , frappe , frappe la au cœur l fonfang verfé de ta main criminelle la purifiera : Elle ^ ou toi, vous êtes à - jamais -perdus-. Je

frappe meurs, meurs , meurs !

Elle ell-morre,... A présent que mon nom foit un éternel lui et d'effroi... J'ai- frappé y j'ai-îuéma Sœur ! qui me tuera ? —-Moi-.... Ange terrible 1 frappe ! ne iîi*épargne pas 1 Je frapperai quan'b il en-fer a temps ; je t^ écraserai feus mes pie'ds , comme un Reptile vé- nimeus ; je te ferai 'ètfctrîbre 2ans la tombe: point ~èe grâce-. Je n'cn- demande pas , Ange terrible î mais

fauve mon âme.... .,

Aîons porter maLettre... Aquî? Elle cft-morte \ jeFai'poignardfe ,... fon fang ruifîelâit.,. Je Fai-vue tomber.,. Com- meot me nommera-ton? Comment m,e

nommera-

yjîjme Partie, ^^i

nommera ma Mère , qui m'avait-confié (a Fille?... ma Mère quej*ai-fait-mourirdc Couleur?.. Ah!... & je poignarde fa Fille, dont elle m'avait-établi le défcnfeur i... jOn me nommera le Parricide , le Fratri^ cide , l'Ingrat , le Parjure , le Monftre, le Puni -de- Dieu - ô2:-des- Hommes. Les Gens du Pays, quand ils prononce- ront nion nom, frémiront d'horreur î Ils fe conteront mon hiftoire , en-fré- milTant; ils la chaDteront en-Com^- iplainte : mon nom prononcé le foir î !a veillée , épouvantera les Jeunes-gar- fons & les Jeunes-filles... Les endroits mes Camarades ont-été avec moi dans ma jcunefrÇjferont-abandonnés; on crain- dra d'y voir revenir mon Ombre traînant jcs chaînes i En ^prononçant le nom d'Ed- mond , avant que je le portafTe , on avait 'idée de la bonté , de la douceur ; après ]iie je Tai-eu-profâné , ce nom (i-doux, ^î-aimé, quVporté mon Père, le Père ^ue j'ai-fait-mourir , on aura l'effrayante Tom^IV, VlIIPanU. V

i

2.42 Paysane pervertie^

■•o»

idée d'un Incefiucus, d'un Fratricide, d'un Parricide abominable... Oh î oh !,, Envoyons cette Lettre h Urfuîc ; à ri orcl du Marquis..... Le Marquis la verra! il trcmbkra! Ma main a-faic- couler fon fang.... J'ai-bien-répandu du fangî oh! que j'en.ai-verfé !... j'ai- bien tué cn-ma rie I... Je n ai qu'une vie , & j'en-

ai-tant~ôtées Que de crimes!..».

Un bras me manque,.,. On va me cou- per l'autre ; on le coupe aux Parricides y i'écbaffaud m'attend... Aîons à l'échaf-l faud , recevoir la mort de la main d( l'Ange qui a - écrit ma fentcncc fus mon front , avec le fang de ma Sœur,..(

Frappons , frappons, frappons-la. ...<

Meurs , Inceftucuse,...

N.** Cette Lettre , qui n'eft qu'un délire, fut trouvée dans la poche d'Edmond, le jour de (; mort; m,™* Parangon la prit , cnfuitem."*; Zéphlrc , cjui me l'a-cnfîn-rcmisc» Je feraiî tenré de croire , qu^aulieu d^avoir - été -écrit! avant le coup-funcftc , elle ne le fut (ju' après ^atjg un délire complet.

Yjjj«« Partie. ^43

Il ' I ■' mil! ■!!■ Il «ll.lll^f

CT "y TT T T MB «^heures du foii t -^ -^^ '^ -* ■'• ellenefut-renduè

que le } janvier»

. Ursule,

à F A N c H o N,

{ Sous l'enveloppe de la Femme - de-chambre. )

£ Urfule écrit expirante.]

C'en -EST-fait je meurs.... 6c

c'eil de y^ main ..M.. Je viens d'étre- frappéc : je X'entens encore : ^—-Péris^ Monjîrty de la main de ton Complice!,,. jUn cri amâfrait du monde , & // était- arrêté : J'ai - retenu ce cri , que U ioulcur pouîTait de ma poitrine jufqu'à mes lèvres .... mais elles ne fe font-pas-

juvertes...... Mon Dieu î pardonnez-

Lui\..„ J/ m'a-crue dans îe vice ; je

ai - vu , à ks regards Mon œil

vide de Le voir , de Le reconnaître , \t regardait , même en-fentanc le fer 'enfwiccr dans mon fcin (i).,

(i) Voyez les ccxix ccxxv da Paysan^ ^ IF" ^ p. J5 69: Se les Lxxv LXXYI-; X X V ii.n^eî Figures du même Ouvrage.

2.44 ^-^ySANE PERVERTIE.

Je n ai plus de force & je n-ç fais fi vous pourrez-lire.... // eft... ah I // eft-... défiguré , brûlé , noir.... Je n'ai qu'un

ipfiant à vivre ma poitrine f'cni-

pîit ... je vomis le fang à flots ..... & papier cn-eft-fouill Ad..,

(Urfule mourante, était jî~occupée de mapauvre Femme, qu'elle voulait lui écrire des choses €onfolantes y à ce que m^ont-ditles Perjones pré» sentes à la mort', mais elle n'en-eut ni temps ^ ni la force. Elle avait\à-côtt d'elle Marianne- Fréiiii', fa Femme^de-chambre , à qui elle remit : fa Lettre pleine de fang , comptant y pouvoirs ajouter un mot ; mais U fang fortant à-gros"^» bouillons , elle perdit toute connaijjance , avan$ î Varrivéç des Chirurgiens , qu'on afait-coumt cliercher, 3a pénitence a-été fî-belle & fi-grande, , que j'ai la confiance que Dieu lui a-patdonnéJ Nous veuille -t- il pardonner auflî nos offenfes 1 comme nous pardonnons à Qui nous a-offenfést. Ajnetf,

Yjjjme Partie. 2,^5

c L X VI I /.^^ '3j;6t'^

F A N C H O N ,

à E D M É E.

[ Comment a-étc-poignardée Urfule , & confo- lant Récit de fes bonnes-oeuvres, avecfes Letjres fecrettes. 3

v^ ma chère Sœur, ouvre- moî un asile dans tes brasî je fuis - environnée d'horreurs & d'efFroi ! Mon Mari , fi-^ raisonnable, ii-pieus, {i-feiifible , ftiarche fombre , morne; il ne fait pas attention à moi (c'ell la feconde-fois que çalui ar« rive ; & c'eft -la marque à^s grands mal- heurs !...) depuisune fatale Lettre qu'il a-reçue (i). Ah ! j'en-ai-reçu enfiiite une plus-fatale ! elle me montre Urfule mourante , expirante , rendant le fang à- flots I,.. Je la vois ; je vois Ton fang ; (a Lettre cn-eft prefqu'efFacée, & à-peine la puis-je lire !... 0 Dieu ! vous ne voulez pas que nous ayions même la confo-

(i)Dans la ccxxii/»^ du Paysan , p. 67 ^

auT./r, y 3

246 FArSANB PBRVMRTJM.

~— = = =^— -<i

lation de voir fes verrus ! vous nous l'enlevez quand elle édifie , afin d'épou- vanter Toiis-ceux qui donneront dans le vice, & pour qu ils nefe fient pas fur une tardive repentance f... Hélas ! la pauvre Sœur IVeue fincèrc & parfaite ; & fi Dieu, comme il nen-fantpas douter, lui a- remis la coulpe, i! ne lui a*pas-remi$ ia peine : c'efl ce que me disait tout-à- ^'hcurcm/ le Curé... Ma chère Sœur,"on fait ici comme rinfortunée Marquise eft* morte, k je vais te faire ce pitoyable récit. Ij' Infortuné induit en-erreur par un mot de Laure^ qui ne voulait que fe débar* rafièr de fes remontrances , a-cru que la pauvre ScBur revivait fille avec m/ le Marquis, fur un pied malhonnête: Il en-a-été fi -indigné , qu'// ett-entré en- furie , oubliant Q\\il était - lui - même fous la main de Dieu qui h châtiait , ou plutôt f 'en -fou venant trop -bien ! & fe regardant comme un inftrument de pu- nition, qui devait exécuter les vengean- ces du Dieu terrible. 7/ a-été du-côté

VIII.'^* Partie. 24.7

a— i—Wi— ■!■—■■ ■■■ I ■IWIIIII I I ■! Il Il ■■^■»>Wl ■■■»■■■■— ^^—W^^*" !■ ■■■

de l'hôtel du Marquis, la rage dans Tâmc : Il fcmblaitquelaGélefteJufticc luiamc- nâc fa Vidimc : Perfonc dans la rue ; Ur- fulc defcendant feule de la voiture, le Do- mefliq qui avait-ouvertla portière, fêtant arrête ï ramaiïcr qaelque - chose qu'il avait - lai fTé tomber : Urfalea-trébuché cn- defcendant: le Malhcurcus , voyant, ou croyant voir par tout-ceîa, une Fille , qu î n'était pas trop-refpeûée, f/re{l-avancé,êc la revoyant jolie^^ la faible dârtéqui reftait (car c'était le foir ^ la chute du jour),/^ a*a- pluS'douté qu'elle ne fut coupable : Trant porté de rage & desefpéré , // a- pen en lui-même: Tomhc au fon'è'der enfer, & moi arec toi : Il a-frappé, en-disanf ,*.. ce que porte la fatale Lettre que je tiens!,..., * LeDomeftiqn*eft-venuqu'à temps, pour * g ^^ recevoir fa Maitrefîe , qui tombait fans |^,J,;J ^^ pouffer un cri. D'abord, il ne voyaitpas ^^^^^p^- le fang , & croyait qu'elle venait de faire l'aumône a un Gueus qui féloignait (i) :

(i) Vojez la i^kxv»"-' Figure da pAYSÀr>,

V4

2^48 FATSANE PERrMRTîS,

raiitreDomcftiq, qui était encore derrière- le carroflè , & qui regardait ailleurs , îiVfl accouru qu'appelé par fon Camarade^ pour lui aider à porter leur Maitr elTe mourante , & qui ne fe plaignait tou- jours pas, finon qu'elle a-dit \ Otez- lïîoi d'ici; je me trouve - mal-. // â~donc-eu le temps de féloigner à-pas îents^ & ferctouiDant fouvent, comme 27 a-fait. On a-placé notre infortunée^ Sœur fur fon lit; la plaie rétait-prefque- refermée; le fang fêtait- caillé , & ne coulait plus. Elle a -mis lamain-à-îa- plume , & n/a-écrit : mais elle n'a-pu- achever de tracer le dernier mot ; le fang lui fartait par la bouche : Elle eft-ex-^ pirée , avant qu'on ait-pu lui donner au-, j qu'un fecours ; &:il n'y avait pas a lui en-| donner. Son ancienne Femmc-de-cham- brcqu'e 11 e a-toujours-eue avec ^lle,j a-pris fa Lettre pour moi , & Ta-ferrée, pour me l'envoyer fous une envelope, k-causc du fang qui la tachait, & qui

VIII."' Partie. 0.49

ne permettait pas de la mettre ainlî à la polie : & voici ce que m'écrit cette pauvre Fille :

Lettre de Marianne Frémi ,,

à F A N c H o N,

/ qALadame :

JC^A Lettre CL-znclusc , vous apprerB la perte que nous venons de faire !.. Hélas ! Madame n*ejî pas la plus- à" plaindre ! Ceft Ceux quelle laijfc ici , &Jur^£outmoi, qui n*avais de /butien qu'en- elle ! Je V ai-tou] ours- aimée ^ mais fur-tout en-ces derniers temps , o£f elle vivait comme une Sainte , n ayant en-rien lesdéfauts des Dévotes que fai^connues: car ma chère Mai^ trefje n était que douceur & honte envers Un-chaqu^un de nous ^ & fur^ tout envers moi : Je n^ai-jamais''VUi une pareille humilité & honte : elle nous ferv ait dans nos maladies , nous excusait dans nos fautes ^ fi* nous.

a^O PArSANE PURFJSRTIS.

fcsions quelque - chose ^e bien , êUc Vexait ah aif ejfusliu peu qu il valait : fa maison était un paradis , & par elle feule. S* il y avait quelque "àiffe^ rend entre les Gens- de-la maison^ 'dèi quelle le favait , elle y courait , Jion pourjron'^er^ mais pour réconcilier ; on Va-vue mainte fois ^ 2cman'ber pardon pour Celui qui m' ait-tore. Tout le mon'èc tn-avait quelquefois les larmes aux ieux ; 5* quan'b die payait 'devant f on monde, avec V air craci eus quelle favait - prendre^ quoique quelquefois elle vint de pleurer, Un-chaqu'un était tranf porté de joie de fon falut ohli* qtant. Elle n* oubliait pas le moindre Ga rfon^d* écurie f & elle disait un mot à Chaqu*un la premitre-fois qu elleles voyait de la journée : & elle veillait à ce qu'Une manquât rien à Perfone^ tant pour h linje^ que pour la pro^ prêté des habits: quant h la nourri-* turc ^ elle venait y voir elle-même tousr

VIII."* Partie. 251

H ' ri*

les- jours à la cuisine fans manquer^ pour que tout fût bon & proprement. Ses charités pour les Pauvres ne fe bornaient pas à donner ; elle leur rendait toutes fortes Be fervices par la Famille de fon Mari, & par fort Mari lui-mcmtydans les derniers temps. Mais ilfalait la voirfervir les Pau-^ vres dans les prisons ! elle defcendait au fond des cachots , & tâchait de toucher ces Ames dures , par les plus" tendres dif cours , au-poînt quelle tf- fa it fouvent^pleurer les Geôliers eux^ mêmes , & quelquefois le Coupable Lef a int jour d e Noël , qu \lh 'a- été" poignardée , j*étais avec elle aux cachots : elle avait toutes fortes de rafraichijfcmens avec elle y quelle a- donnés ; elle a-fait- changer la paille ^ elle avait- obtenu un ad ouci^ement pouT' les fers de 'deux Malheureus , & elle a^elle - mcme-froté avec une pommadù. adoucîjfante les places rouj[es Ê' dou^

2.^2. PArSANE PERVERTIE.

jourcuscs 2 es chaînes : elle en^afalt'^ mander Un ; elle Va ^fait" nétoycr "Seyant elle ; elle a ^ calmé fa raje cm" portée^ in-le plaignant ^ en^phurant \ fur lui : Ce Misérable Va-hénie , lui qui ne fesait que maiîbirc , ^ epuis h moment qu^ il avait- été -pris. Je ne finirais pas de vous tout raconter. Je la quittai ce jour-^ , en " paffant 'devant notre porte : le mauvais air 2es cachots m'avait ^ fuffbquée , & J€ nen-pouvais plus : mais ma Mai-» truffe était infatigable; elle ne voulut pas omettre la Tournelle, Cejl en- revenantdelà,,, O Madame! elle efi fainte , & je la prie , depuis le mal- heur; car elle a-fait tout ce qu* ont fait les Saints,,.* Que ne puis- je vous tout dire ! Quand fon Mari la méprisait,,, mais il eft mon Maître, £' je le refpecie comme elle in en- a-donnéV exemple. Je finis^ Madame) me disant avec conjidé^ ration , . Votre &cJ'

Je vous envoU une terrible Lettre! dont vous augurerez une chose qui fait^'^frémir.

VIII.'"' Partie. 253

On peut dire , ma chère Sœur , que voila un bel éloge de la pauvre Infor- tunée, qui, (i elle avait-cncore-eues quelques taches , en-aurait - obtenu la tcmise, par fa cruelle mort & fa fainte résignation. Mais ce coup-ci m'accable encore plûf-que tous les autres. Mon Dieul j'avais une fi-tendre & une (i- bonne Amie, & vous me Tavez-ôtée, quand je l'aimais , & quand elle m'ai- mait fi-tendrement I,., Carjenefau- rais-rendre la moitié des amitiés qu elle me fesait : & vous favez, chère Sœur, qu elle n'oubliait Perfone de la Famille, Nos affaires, à tous, profpéraient par elle, & par l'excellente Dame Parangon, qui fouvent fe cachait fous le voile de notre Sœur, comme je l'ai-quelquefois- (Jécouvertpar les Lettres d'UrfuIe, que je yais joindre à la mienne, très- chère Ed- mée; te priant & conjurant d'cnavoir foin, comme de reliques précieuses, pour me ks rendre à ton voyage ici, que j*efpère.

ii w*iw»fi,iiiiinma iiatji.iii»..r»iwn»i

a«54 Faysane pervertie.

& donc j'ai (i-grand besoin 1 Elks font* enveloppées dans un parchemin , pour les mieux conferver, fur lequel cft-écrit de la main d'elle-même , k ma prière : Lettres particulières d'URSULER*%

marquise de-*** (i) , àfaSœurFANCHON, ^"'"^^Pier.R**,

UE vais rtprtrîàrt avec toi, ma très^ chère Sœur y mon ancienne manière de tout écrire j & de te confier mes moindres pen fées» Me voila enfin dans ce mariage fî-desiré autrefois , fi* que des Mal intentionnés firent-manquer- 1 Ils me perfuadcrent d*ajir comme une FolUy & jelcfis; parce'quc f étais cU lemtnt folle. Tu fais ce quil m'en" a- coûté] mais tu n imagines pas ^ ma chïre Fanchoriy ce quil ni en ^ coûte encore l M/ h Marquis a-découvert une partie des horreurs auf quelles j'ai*'

(ï) Ces Lettres étant fans date, je les ai iaiilees ici»

VI ÎI."" Partie, açç

e//- exposée ; maïs il ignore celles aufquclUs je me fuis "'ètv eue e volori'^ t ai rement : je les lui aurais^ avouées^ fi je ne nuisais , en-cela , plus à mon Fils , & à lui-même ^ quk ma propre iranquilité. Cepen'bant , 2epuis quil a-fu que j * étais veuve 'eu Forteur-d *eau , il nefl forte de demain qu'il ne me marque. Hélas! f * il f* avait feule^ ment la moitiéde ce quif'ejl-pajfedans

ce lieu d * horreur ! // ne me touche

qiiavec le plus- jran'b mépris ; ilem*

ploie avec moi des exprejjions révolu

tantes. Mais je fuis-ohlijée à tout

fouffrir , & je m* humilie fous la main

de mon Mari & fous celle du Dieu

jufie , qui me châtie» L'un de ces

jours ^ quil me dégradait de la plus

outrajcuse manière , mes larmes coU"

lèrent pour la première '•fois , S* je

luidis : Monfieur^ fonge-^que cette

yile Créature eji la mère de votre

Fils.,» Il parut- interdit, Enfuite ^

Il I I I iiiiii I mil II I I imiiiiii I mil iiilFIf

2.56 PArSANE PERVERTI.

il fc mît- k- rire , en^^isant du ton h plus-infultant : : Si tu me Vavaîs^ fait après ta belle vie 'débauchée , jt h renoncer ais».. Il a^enjuîtc' ajouté hien 2es choses ^ au-fujet du Porteur-- d*eau ; me fesant les demandes le$ plus-indécentes & les plus-humiliantes^ Je n'ai^répondu que par mes larmes^ ytrfées bien- pnccrement. Quand il 771 a-euquittée^ j* al-été^offrir ces peines à Dieu y & j^ fuis'f ortie pour aler- fervir les Pauvres ; ayant toujours foin de me faire-fuivre du plus^affidé des Domcftiqs de mon Mari , afin qu'il lui rende- compte de mes moindres démarches , comme je fais quil Ven^ n^cha r^é, Ca r huit ou d ix jours après notre arrivée ici , il fit - entrer et Garfon dans ma chamh rc- accoucher ^ comme falais me mettre- aiiAit , & il lui dit ces propres paroles : : Fa^ risar^ je te fais lefurvelllant de cette i Femme , que j' ai- épousée par raison ^ ' ' quoique

VII L"^^ Partie. 2.^7

quoique je la, méprise , & je la rens ^epenlantede toi comme de moi-même : fuis tous fes pas , quelle le veuilU [eu non : fi Quelquun , Homme ou \Femme , montait en-carojfe avec elle \en-'chcmin , comme ce ne pourrait' être; que pour un motij de libertinage , je t' ordonne d'y entrer f & d'y demeurer, tant que ces Perfones y feront^ Si cette Femme voulait^monter dans quel^ ques maisons fufpeâes , tu t'y oppa^ serais ; je te donne k cette égard toute autorité y mime d'employer la fore €^ —Et je vous en- prie auj^i^ Farisar, ajouta i-je. : ce queMonfieur vous pref- crit efi ce qui fera ma fauvejorde i & ne croye^pas que je mjurmutt 'âer Ht ordre y ou que je le trouve rî^ou'- reus ; non ^ non, je^ mérite de^plus^ jrandes rigueurs aux ieua: de Dhu: ^ jue tout ce q^ue peuvent mg. faire hs^ Hommes. Netcfie pas à ces d If- pours^ , Farisar ! c'eft une ruse d'ia-^ Tom €- IV y VIII F artico U

2.5B F^rSANE PERVERTIES

holiquc"* Depuis ce moment , ce La^ quais êjl devenu mon Maître: c*efi lui qui rè^k mes /orties 5 &jefins-obligét 2e le confuher en^tout^ afin "è* avoir j>ermi[fion ; jufqueAa qu il voit mei Lettres : ce qui m^efi le plus-pénihl Ttfplre cependant qu^il ne verra pax celles qui font pour toi , ma chen Sœur, Ces humiliations tempèren; tien la petite vanité 'à'' être Marquis 2 e nom ; car je Juis fer vante 2^ effet Ç? àudeffbus des Servantes , qui n reçoivent 2es ordres que2e leur Maîtr & Maitrejfe, Cependant , jt béni Dieu de cette humiliation.

Tai-peu dont je puiffe - difposef mais jt retranche fur la dépenfe 2 mes habits , pour faire quelques bon nes-œuvres ^ & Farisar paraît lui •mime fermer un-peu les ieux, Adi^u chère Bonnc" amie- Sœur : prie Dit pour moi : car je fouffre beaucoup l mille autres choses , dont je ne pan

VII I."*^ Partie, a^ç

pas. Mais quefi-ct que tout- cela e/2- comparaison de ce que je mérite ? P.~f. Tu ne répondras jamais à ces

Lettres - "de - confidence ; il ne h

faut pas.

2r.de

çiLJ E PUIS ma dernière , il m*efl^ arrivé un mal plus-^ranb que tous les autres , puifqu il m' attaque dans mon corps , & quil me prive de carejfcr inonFils, J'en- ai- averti humblement mJ leMarquis , le fuppliant défoncer h lui. Je m* attendais a ce qui f/?- arrivé : mais j^ ai-fait mon devoir y car je dois veiller à fa confervation. Il jna- traitée outrageusement , m *ac^ tusantde ce qui ne peu t- et re, quoi" qu'il fût trh-'hicn le contraire^ // a voulu, ou feint de vouloir-'cka^r Farisar ; enfin il fi efi- conduit,»,»,,.^ Mais je mérite tout. Prie Dieu pour moi , ma très-chère Sœur, Voila une 'I icrriblc épreuve /

UdMMaïuiaiaiMkMaa

260 Fats ANE pervertie.

F,-f. Mon Filsjeporu bien ; il e/?* charmant y & promet beaucoup» Je m Veux vivre que pour lui , & poup ma pénitence. :. voila mes deux conr folations*

K^J TT'peu de confolation , tres»chere^ Bonnè-amie , fe mêle aux peines dont je t'ai'parlé : mon Surveillant , ce Traquais que mon Mari a-fait mon^ Maître^ était Vun de ces jours dan^ mon cahinet'd c-îoilette à ranger quel" mit* chose. Je fouffrais beaucoup y & mon f car le Marquis venait de me traiter fort-mal: J'entendis Fariiar Jhupirer & pleurer. Un injlant aprls^ fon Maître V appela : Q^uas - tw donc? (je r entendis)» Mafoi\ Monsieur y ma Maitreffc , m/"^ la Mar- quise votre Femme , ejl la plus ref* peclable Damz que j^ai-ruede ma vie * C^efi un< Sainte^ &, je nevtuxplm

\

YlïL'^' Partie, lôt ^

" etrc-cmployé à jon fcrvtcc , que pour

V honorer & me recommander à Jes

prières, Bile t 'a-feèuit^ mon pauvrt

Sot ! Va , c'eji une rusée 'Coq""*.

v^^Tose vous ajfurer^ Monjîeur & cher

Maître , & vous jurer par toutVatta-'

ehement que vous m*ave^toujours-ft&

pour vous, que vous -vous trompe:^ aw-*

fujet de Madame , & quun-jour vous

aure^re^ret à tout ce que vous lui dites

& faites, Monf Farisar^ ^ardei^

vos prédictions pour vous-même , ou

pour les Faquins de votre efpece^ &

faites ce que Je vous ordonne y fans

examen^. Cependant Udif cours de et

Garfon a^^fait quelquimpreffion fuK

mon Mari ,' j-e le trouve plus-r es ervé,<^^

Ah ! fil favait tout ! comment mt.

ij-aiterait^il ?

t^JjE me trouve enfin ^ ma- chère Bon^ m&--amie -fœury dam une fuuation fapj^

a62 Pavsane pervertie.

portable de la part 'de mon Mari : Il ne m^ humilie plus au-point ou il le fesait. Car il faut te dire enfin , çu il avait ici deux impudentes Créa-- turcs j qui étaient mes Maitrejffes y & qui me f es aient- fouff'rir toutes fortes d'humiliations ; jufquk m' obliger à tes fervir astable y debout derrière leur chaise , tandis quelles mangeaient nvec m/ le Marquis, Elles m'ont" réduite k pis encore : mais cela ne f aurait f* écrire à Fanchon Bcrthier i D'ailleurs ai -je des droits ? Non , non f je n en- f aurais avoir ^ & tout ce qui m' affli^ e y ce font les fautes que fait m/ le Marquis. Hélas ! nous fommes affes - coupables ! pourquoi nous eharjerde nouvelles iniquités , & augmenter le trésor de colère amajfé fur nos têtes /... Enfin iln'cejféd 'hier. Les deux Créatures font - renvoyées y fans que faie-dit un mot pour me plaindre^ Farisar tranjporté-dejoie^

I

VIII."*' Partie. 263

tfi' venu in annoncer cette nouvelle^ Le pauvre Garfon était hors de lui" même. On maudit ^ qu* après l'ordre donne ^ il f était-jeté aux ^enous de fon Maître y & quil lui avait-fou- haité mille bénédictions, Decematin^ la fomme dont je puis dif poser j ejl- augmentée. Farisar m'ajjiire , que^ m,^ le Marquis inftruît de Vus âge que j ai-fait du peu que j'avais , en- a- été édifié y '■—Ainfi que moi y Madame ,. ajoute-t'il y qui vous regarde comme la hénédiclion de la maison de mort Maître: Et veuille le Ciel , quUlle en-^reçoive les effets, en'vous^pojfédant longtemps-! Voila ce qui fe pafje. Cependant mJ le Marquis m a- encore^ parlé fort - durement à dîner , & ii lui ejl même échappé un vilain mot y.*^ que je mérite y^^ mais qui rien-eji pas moins-dur dans fa bouche,.

Je me trouve en-état , rna très-cher e Sœur, au moyen de mon augmenta"

à

264 Paysans Pervertie.

îLon , ^e t* envoyer une petite fomme ^ pôUTy fctns me nommer ^ foiila^er nos pauvres Compatriotes : c*ejî particu- lièrement les Veuves char jïîs'è- Enfans^ far ^ tout cette pauvre ChuàinQ Guer- rean,f wf en^afept;fonfort m* a-quelquC" fois tiré^ es larmes. Je te recomman'de encore cette pauvre Veuve Madelène Brévin , qui feji-laijee-'fé'bmre par h Fils "de Jacques Bcrauîc , notre parent i nous lui 'bevonspluf-qua Une autre; cefi peutetrt E^morîb & moi qui , avons- corrompu fon Séducteur , & qui I Favons-per^ue : elle avait-hien-vécu fille & femme: pourquoi ne fe ferait^ elle pas bien- comportée veuve ? Tu m* enverras fa pauvre Enfant ; cejl aujfi notre parente , par le fan^ d'à fon Père; fcn ' prendrai foin , & je ferai lïfparaîtrè ici , "^ans VohfcU' rite que Paris favorise , la honte ^'€ fa naiffance. <^uanî à toi^ ma chère Wanchon , & à toute notre chère Fa^"

VIII/"*^ P A R T I E. ±6$

'm\ I I " Il I I I ». ' I II in .

mille j j*enîrefltns '(^tja mon Fils 2e te quii faudra faire pour vous : cela, fera d*iin autre fenre, fi je vis y ou que mon Fiù , ^omme je Vcfptre confervc à votre cj/ard les fentimens que je lui inculque. 01 r aimable Enfant ! & qu'il Tnejl cher ! Ten -fuis-ten'brc^ ment-aimee , & refptctée , pMfquunt Mère ordinaire y qui ferait 2e la con-^ 'èition de m/ le Marquis, Il fcnibîe que ce cher Enfant veuille me dédo^n-" maatr des humiliations auxquelles fort Père m'a- condamnée , quoiqu'il les ignore ahfolumcnt ^ aumoins de ma \part. Ma Femmc-de chambre m'af^ j/^ r que je dois ces dif positions de mon \Fur , non-feulement à la tcndrèjfede jraes foins y mais aux d if cours d e Fa-^ risar : elle Va-entendu un- jour dire au jeune Comte : : Mon cher jeune Maî^ tre , m,*"^ votre Mère eji unefainte ^ 6* il ny a pas de Femme au moîîds. comme Celle que vous ave^ le bonheur Tome IV y VIII Partie. X

2.66 Pats ANE pervertie.

"d* avoir pour mhrC", Et comme h Jeune- Comte ( ajoutait cette Bonne-fille )fait que f on Père aune entière confiance, dans ce Garfon , unpareil^ifcours de fa part , a fiait , une ^ ranpe impref" fionfurlui. Voila, ma chcrt B onnt-^ amie-Sœur , une grande confiolation pour moi ! quoique je la 'doive à et bon Domefiiq , qui peut être , jâjnera fion Maure , non pour m'en - faire 'iîinicr ^ mais pour h ramener à des fcntimens qui fajfcnt un -jour la paix dcfon cœur,

5

jCoRS qu'une partie de mes désirs font- remplis ^ ma très- chère Sœur^ & quune paniede mes ptines ceffent^ il mUn- vient d'autres^ non-moins^ cruelles ! eft mon infortuné Frère ?.., Tandis que je fuis Mar- qulsey moi la plus-coupable ( car nous f avons que fa peine flétrifi^anti ^ na* été que Vtffetl)\in malhe^ur) , il erre , &

me

VIIÎ.™« Partie. 2^7

fûrementja^nefa malheureuse vie aux travaux les plus- niées , ou maùie fart pain y un pain bien-amer ! O l ma chère 'Sœur! cndit qu'on r a-vu ! & vu ? je. ne fais qui me Va-'bit , car en paraît fe cacher 'de moi : mais j'ai-entendu ^ eu cru entendre ces mots : En-Pauvre, n'ayant qu'un bras ; Il a-demandé l'au- mône à m.^'- Fanchette. C étais fare^ ment d^ Edmond ! qu'un bras !.,. Dieu tcdit'puiffant que fynijie ce mot /.... qu'un bras !... O mon Dieu ï... Prie Dieu pour lui 5 pour m.oi , cherc Sœur!.,, perclus , mutilé^ ihicfi pas vins m.alheureus que moil..,,, qu'u# d5 1 mon Frère /... O Fanchon Ber^ tkier 1 toi fi pieuse^ fi méritante , invo^ que ton Dieu fur le ma Ikeureus. Edmond & fur fa coupable Sœur ! Ses peines m'indiquent celles que je mcérite.

Je t'envoie une nouvelle fom.me , quù tu iras recevoir à V^^* toi-m.éme : le port efi'payé^ Ty aljointdes pré-

- Xz

»*mmaamÊÊaÊMmm

2l68 PArSANE PERVERTIE.

sens pour toi , pour ton Mari , tes Enfans ; pour nos Frères ^'Au'^* , i & notament pour la chère E^mée , lai plus-chérie après toi ^ & à-Vc^al'bt toi , 'de Celles qui ont honoré de leur main & de leur foi , Quelquun de mes Frères : Â^rée^^ ces faibles mar^ quesd'un fenîiment inépuisable , éter^ nel, infini. Adieu , aimje ^ chérie^

à jamais Bellefœur, ^ plûf-que Sœur,

Q chère Amie-fœur! quelle Lettre je viens de lire ! Ceji /tz.*"^ Parangon , qui me Va -copiée comme tu vois l il Avanhièr , j'ai-baisé le fcuil de tai »ï porte ; je me fuis-prpRerné devant! « ia demeure de nos vénérables Parens. Je t'ai-rvu; & les fangîots m'ont-iuf- « foqué. Ton Chien cft-^venu pour ?i mordre; il a •» reculé en - heurlant, >y comme (i j'eufTe-été une Béce-férocc I js tu l'as-penfé toi-même ; tu as-lancé n une picn c ; elle m'a - atteint ; c'cft

yiljme Parti e. aâg

I I II»'. « I , . I . . !■■

i> la première de mon fupplice,

ft fil n'eft pas trop - doux , pour ...• fi un Parricide. Ta Femme t'a - ap- pelé ; vous avez - été aux tom- », beaux. Je vous devançais. Vous y M avez-prié. Ettuas-dich ta Femme: f) : : La rosée eft-forte ; la pierre efl- ij moite ; le ferein pourrait te faire mal t >> aîons-nous-en... La rosée I c'étaient « mes larmes! Edmond îe malheil- « reus (i) ». Dieu tout " pulffant l faîtes miséricorde à votre affiliée Sir^ vante ! mais cette Lettre a-hrisé mort cœur, La rosée! c'étaient mes larmes ! O le pauvre Infortuné l combiendonc tn-avait-il réparîèuL,^ Ah! fe fen-s pourtant un mouvement -ot- joie ! il lave f es fautes & les miennes dans ce déluje de larmes ! il nous régénère & nous batise tous deuxdans cetorrentde

(i) Cette Lettre efl auflï la ccyu,^^ da ^Paysan, T. IV, i'. 44.

' X4

2.70 Patsanb pervertie.

larmes /... Pauvre cher Frère ! pauvre A?ni ! mais pauvre Abandonnc'èe tout h monde y perdant que taSœur ejî-ferviel ,. Mon Dieu! je vous offre mon fan^f tout inbijnt qu'il efl ^e couler'ocvant vous! Je vous l'offre^ mon U'ica! pour achever 'è' effacer 2 ans les flots ^^cefangverfé^ hs crimes que ir.on pam>re Frère effact avec f es larmes /.♦. A- tout-moment ^ ce mot retentit à mon cœur: C'étaient mes larmes/ Mon cczut hondit & trejfaille à chaque-fois que je réphcy., La rosée! c'étaient mes larmes 1 Jamais , jamais je ne me fuis-fentit dans la Jîtuation ou je me trouve ..... Emploie fuivant mes intentions, et que je t* envoie , chère Amie, Mes Pauvres font fort-bien , à. ce que j^ai- fupar Celui qui nitft-venu voir ici ?e ta part. Songe fur^tout a Eom.ée Ber îranb ; elle m 'efl chère kplusd 'un titre, ainjî que fa bonne Sœur Catherine,

_ me

i^RES-CHERE Amie! Tcprouve'dei

VîIL™' Partie. 2-71

horreurs depuis qudqucHtmps : je ne H les répéterai pas ; je les ai -écrit es en-frijfonnant a m.*^' Fatan^on ypref- que malgré moi , fâchant Vimprejfion qu elles 'devaient 'faire fur cette ref- peclahle & fenfible Femme (i). Je crois que le terme "be ma carrière n\ft pas éloigné : c'eft pourquoi je répète à mon Fils , depuis quelques jours , tout ce que je lui ai-recomman'bé à votre fuj et ^ très-chèr^Sœur. Ilfoup^ garnie 2^ avoir "fait l'aumône à fon Oncle ; & depuis et moment j quoi'^ qu'il y ait bien fix mois, V Enfant répète de temps en-temps ces terribles p a- rôles, ûue lui a-dites le Pauvre : : Voila m'ont-réduît le crime , & le goût effréné du plaisir. Quel Autre quEd-- Tîwnd aurait" prononcé d ^ auffi- terribles \ paroles y en recevant Vaum ont d'un 'Enfant ! C était moi ûui avais-donné Varient h mon Fils Hélas ! fj 'avais"

(ï) Cet]: la CXXIY.™® ci-deffiis , p, 12,5 de ee VoîuTic, X. 4 \

I '«rt tiima^i

2.7^ Pat S ANE PERVEKTTE.

» "' ' .. " I II I » Il I II jii » I T « m' r I » I M . Il II !««■

fil tn-foula^tT la misère de jnon in for" tunéFrhrè^ yaurais'^onné tout ce que je pojfède , & ma vie avec , & mon

ame^ tout moi'mtmel P^auvrt

Malheureusl II n avait qu'un œil ^ & quun bras !.,. Il périt en-détaiii & moi..» Oh /... Dieu prendra ma vie d*un feul coup. Mais par quelle- main!.., .Dieu! dij^pe?^ks effrayantes idées qui fe présentent h mon ima^ ^ination troublée /.... Dois •'je donc j^^rir de la main de man Frère l ferons-UQUs tous-deux dans les mains ^€ la Céle/ie' vengeance, un injî rumens ^e punition & de crime ^ comme nous- fumes dans celles de la ÇéUfte-^colcre , un injîrwnent de corruption & de » chute !...,., Malkeureus Edmond /....» .

malheureuse Urfule!. exemples

vivans & t<errihlesde la punition exi^ £iede crimes affreus /... Mais , hélas P .■ 72 V avait-il donc ni féduclion infur- montahle , ni humaine fait lejfe , qui puijfcnt l'es faire excuser !.,. Non [.**■

■«■MMafiaM^A*«aMrtte^k««a«*BrffeMi&M*iritt>Mii

VIII.*"' Partie. 273

Rcdoiitahle non î que fcntens fans^

cejfc y tu ne me conduiras pas au

'ècscfpeir*»., O mon Dieu ! vous ne

chJtie:!^pas Ceux quevous ahan'bonne^;

mais vos Enfans , Ceux que vous voult-^

rammer h vous , votre hras venjzur

/'appesantit fur eux , & les punit

avecfévcrité, pour leur faire trouver

un -jour 'dans votre fein paternel le

rafraîchiffement & la paix. Amen»

P.-f. Je "èïfpose 'de tout ce que je puis ^

chere'amie-'Sœur , en- cette-^occasion^

que je crois la dernière. Je me re-^

commande à vos prières à tous : car

mon cœur bat ^ & la main du Sei-^

qneur f*^ appesantit fur moi,

8.""' De 11!."^* Parangon. Ue ne fais que penfer^ ma très-- cKtrc Fanchon , de la fîtuation oiifè trouve notre Urfuh : elle vitns ds m' écrire une Lettre effi-ayante. Au- refte,fon imagination vive réalisehien- ^cs choses^ qui ne font pourtant que

fcMi-«l—il«ii i*» M ifrn mil iiim*a<i iwiiii iiMniiiÉWill,

2.74 PArSANE PERVERTIE,

—»»»■»»— —1 I I I ir I II I II I ■■ ■»»«■»«——

^e5• chimères» Ce ncft pas que la Jituation De l'Infortuné ne me. cause à-moi -même la plus f ombre terreur ! Dieu ! quel état ! & ne pouvoir ni le foulajer ni le rencontrer ! toujours caché à nos icux!,.. Ah! jelefens^ il ejl un Dieu , qui eft celui "des ven- geances ; il fatî' éclater toute fa puif- fance fur de faibles Créatures , & la grandeur defon courroux les a^jrandit en-quelque forte y pour les faire trouver 2ijne 2e Vextrcer /.,...

Je fuis 'èépositairt de beaucoup de choses de la part de la chère Mar^ quise: c^efi à vous que tout pdbrcffe : mais je fouhaiterais vous les remettre ici 5 chère Fanchon , fil était pof^ fible j pour bien des petites raisons^ J'aurais d'ailleurs un plaisir infini à vous y recevoir,

9."'^ De la Même.

a/pLA chère Fanchon ! Je ne crois pas aux prodiaes ni aux pronofiiqs : cependant je fuis épcuvanîêc de ce que

VI IL"^^ Partie. 2.75

, . ■- - - ■■ -i. .1^. ■■,^ki^*..»-,^»i.>..^i.-ii^i»ii « ■■■■I.. ■<

je viens ^e voir & 2' entendre. Je regardais avec attend rijfement le por- trait 'd'Urfule , qui efi dans ma chant'- h re accoucher. Je V ai-vu fe remuer y ou du moins il me V a-femhlé j enfuitc t j' trouve fon visage pale ^ ê-'/Iî chair plombée* T ai-appelé Toinette, Tan- dis quelle Jt difposait h venir ^ j^ ai-^ diftinclcmcnt entendu ces mots : Ur- fuie eft morte. E-ff)-ayée , /*ai de-nou^ veau appelé vivement Tointtte y qui ejî entrée en- courant : Je lui ai^dic de regarder le tableau. Elle V a-trouvé comme à- V ordinaire ^quoique je le vîjft toujours changé, Enjin , je lui ai- r demandé, elle n'avait' rien entendu en - venant ? Si , Madame : la petite Duchàwps , disait a une Voï* r sine . Urfule eft-morte. Ceft une Filh . de trentedeux ans , que f on Frère h ^ Soldat y qui la croyait libertine , fur de faus -rapports , a^tant^baitue h fort arrivée , quelle nen - a -pas^r élevé. J'ai-compris alors la raisonde ce que

IMWM

ayeî Pays ANE PERrERTjE,

j* avais - entendu : mais celle de la pâleur du portrait m* étonnait encore , lorfque Toinette m'* a- dit : -^Mon» dieu ! Madame ^ comme le portrait tji pâle-l JeUai^rejjardé f & il Vêtait effcâivement. Mais j'en - ai bientôt découvert la raison , dans un rideau de taffetas vert y que le vent Joulevait par intervales. Jeiiie fuis-donc-tran- quilisee, L* heure de lapojîe eft-venuc J'attendais une Lettre avec impa^ tience y k-cause de la dernière d'Ur- fuie , qui avait- rempli mon efprit de trouble & de trijîejfe. Le Facteur iHar^ rivait pas : J'ai envoyé Toinette chés le Directeur: Il ny avait rien pour moi : mais elle a-vu donner une Lettre pour vous au Commifflonnairede F"^**. C'était récriture de la Femme -de-- chambre d\Urfulc y h ce que m^adit Toinette , qui la connaît bien : le cachet était noir. Cela m'inquiète & me rajfnre. Le dejfus de vos Lettres efi prefque toujours' de récriture de la

VIII.'"^ Partie. 2.77

Fcmme^^c- chambre , pour tromper les Curieiis de Paris. Maïs ce cachet en." noir ? Tirc^ - moi d'inquiétude , ma chère Fanchon , le plutôt pojjihle.

Voila, ma chère Sœur, le récit fidèle de tout ce qui felt - paflTé : car cette Lettre de rexccUente Dame , efl d'avan- hièr. Je te prie de lui présenter la terrible Lettre que je te confie, mais avec prudence, enraffurant de mes très- humbles refpeûs, & tâchant d'affaiblir fa douleur, qui, je crois, ne le cédera pas à la nôtre \ fur - tour cn-lui exprimant le désir que j'ai de conferver fa précieuse amitié. Je ne doute pas qu'elle foit inf- truite du malheur par mon Mari , qui ne m'en-avait-pas-parlé , depeur de me trop- affliger. Adieu , chère Soeur Edméc.

( ll'y eut ici dix années fans aiicones Lettres à

F.anchon, qui fiiffent relatives à fa Sœur Urfule.

Enfin Edmond étaiit-mort, comme onTa-vudans

la ccLXXVi."'^ du Paysan , JV IF ^ p. i6j,

Fanchon écrivit à Edmée la Lettre fuivantej )

278 Pavsane pervertie.

.Jkiâfih^^-fcttA,

DERNIERE LETTRE.

La Mcme^ à la Même, f Dcriner adieu dit aux Morts. 3

Out eft-finil ma chère Sœur 1 une même tombe couvre trois corps... Ils font aux pieds de nos chèrs Père & Mèie 1....

Après Farrivée de ces trilles E.efles ,. , à la maison paternelle , on les a- déposés , fui van t la dem.ande de m/'''^ Pa- rangoa , nous lés avons-environnésdim luminaire , & nous-nous-fommes-propo- sés de les veiller mon P^îari & moi, toui-à- tour, Sctous deux enfem.blc. J'ai-com- m.encé la première , & au-milieu de la nuit, feule, j'ai-voulu ouvrir le cercueil û Urfule. J'y ai-porté la main fans trem- bler ; mais j'étais en-larmes; & je i'ai- ouvert!... O ma Sœur 1... un cadavre deileché î... hideus.... Je me fuis prof- ternée, & j'ai-criémerci à Dieu. Voila donc la beauté! Celte Fille que les

VIII.°^^ Partie. 279

■I m . M^ . .. 1. ■) Mil I i^

Hommes poiiiTuivaient , qu'ils Tarra- chaient , qu'ils punifTaient avec la rage d'une pafîîon rebutée ! la voila ! la voila ! venez la prendre a présent, Malheureus! venez l'arracher à la mort! au tombeau! venez contempler d'un profiine regard , eli la beauté qui vous charma-!....

J'ai- fait couler mes larmes fur ce cadavre, refies encore chéris de Celle que j'ai- tant aimée... Je l'ai -laiiTé-ou vert......

J'ai-voulu voiries deux Autres... J'ar- vais de les revoir une faim avide... J'ai- découvert le cercueil , 011 font-réunis Ceux que la Çélefte-vengeance a-tou- jours réparés ; & j'ai-vu... O déplorable ObjCt, le malheureus Edmond, les che- veus fanglans, la bouche encore remplie du fang qu'il a~vomi.,. a-côté, Celle qu'au tombeau feulement j'ai-pu nommer ma Sœur!... tranquile, comme pendant le fommeil , feulement pâlie : fes beaux cheveux ombrageaient fon front noble & modelle , fans le couvrir. J'ai - porté

,

«-

Sujet

a8o Faysane pervertie,

ma bouche.... hélas , c'était une glace

^uej'ai-baisee....

Je me livrais à cette vue , fanglotant,

ce me eonnaiflant quasi pas , quand j'ai-

cntcndu quelque bruit. Je me fuis-re- ^^ tournée. C'était mon Homme. * Que ifiampe, faitcs-vous, ma Femme I Oh ! oh î...

je dis adieu aux Morts-1 ai-ie-fair.

—Ma chère Femme, avez-vous pu dé-; couvrir.... ^Tiens (je Tai-tutoyé î ) tiens , regarde ... Urfule ... c'eilUrfulcl que voila !... Regarde ! reconnais^tu celle que les Malheureus ont profanée-!... Pierre refl-ietéà deux genou s, & a-poufTé un cri lamentable, qui m'a-percékcœur. 0 ma Sœur ! ma pauvre Sœur i voila donc comme je vous revois î... Malheu- reus j'ai -été orgueilleus de vous , àh^ TOtrejeuneiTe: je disais:: J'ai une Sœur, quieflla plus-belle des Filles, & un-jour Quelqu^un de grand->nom l'épouserai... Oui/j'ai-cu cette idée pi us d'une fois , dès fa tendre jeunelîe I Hélas ! j'ai4u hRela- 1

tion

VIlI."*' Partie, aSr

lion y qurm'a-bien-rabbaiiré morv orgueil î me le voila bien-davantage encore , que je t^ous vois-la, de la main.... Oh! oh |

mon Dieu ! que vous nous avez punis-!... Ma chère, Femme^laiflez-moi ici; je veux veiller les Morts , en-attcndant que de- [nain, on les mette dans le lieade paix-!....

VL il f 'eft-levé ^ rae voyant attentive fans ui répondre , fur le cercueil d'Edmond "^ k fétant-avancé... ...... Il a -frémi;

tl a-reculé...» Mon Frère !.... mon;

Frère-!.., Qh! quel cri! je crois l'ea- ^endre encore... Et il fefl-avancé tout- 3rès comme pour le regarder.^ Mais je i'ai-couvert, comme infpirée : Ila-dit ^letu ne le verrais jamais ! refpeéle la ve- oaté des Morts-!... Mon Mari f eft^re- iré^en-eriant : OEdmond ! ô mon Arnî iès notre enfance; Celui â quîi''ou vrais- non cœur y & qur m'ouvrais le tier?! tout efi donc fnii... Non !^ non ! je ne^ :e verrai jamais 1 j'ai - été,, roi vivani:^ juiîi-près de toi que j€ le fuis , en-ea^ Tom^IV,VniFar$h. ¥

^b-2. Fats ANE fbp.vertie

••"•r-'nnnri ri 'iw ii ii \\ mtimmmt'^^n t

iTiomenîj toi mort , & je ne t'ai-pas-! Vî2 , parée- que tu me l'as - interdit 1 que je ne te voye dooc pas^ même après ta ruôrr 1... Oh! oh ! que ma douleur eft grande!... Mon Ami! monCompagnon; dans notre enfance, te voila donc revenu dans cette maison , nous avons-vécu^ nous aimant fi«tendrement , nous jurant de nous toujours aimer ; t'y voila donc înais mort, .. a la fleur de ton âge !..., Mn Femme , appelez votre Fils Edmond | cju'îl vienne 1 qu'il vienne ici-! Et j'ai- cté chercher î Enfant : & fon Père î'avant'Vu, il f 'eft - jeté a fon cou j en-lùi disant: ^Voila donc à-préscnl mon fcul Edm.ond î... j'en-avais troisj je n'en - ai plus qu'un !....» Mon cbèi Ami, tiens, fous ce voîle que je n'ose I.ever, eflron Parein : regarde-le; mai il m'eft-défendu de le voir ; rcgarde-W pour moi-! Et l'Enfant a-levé le voile pendant que fon Père fe couvrait l( visage de k^ AtVsik. siains. Et l'Enfan^

Yjj£me Partie. 28^

■■ I ' '" ' -' ' " '"'" ' "" -■■■■—

a-reeuîé de frayeur , disant, —Il eft-- mort l II e(t niort-l Oui! (acrié iePère:) Il eft~mort !... G mon Fils! tu vois-îà le plus beau des Enfans,' quand il était a ton âge ; le plus-doux , le meilleur cœur, le plus-pieus , le plus- refpeclueus envers Père & Mère , le plus-afrcdionné envers Frères Se Sœurs i & le voila mort , tué par Dieu- même f Regarde, regarde 1 comme Dieu l'a- tué î II n'a qu'un œil... il n'a qu'un bras... Hélas 1 il n'a plus rien-!.., Ec l'Enfant regardait, pendant quefon Père voilé de fesdeuxmainSjVerfait des larmes, cn-fuffoquant de fanglots. Voila^voila roDt-conduit la perdition de la Ville, & les msuvâis confeils , & les mauvais Amis , & les mauvais exemples , & les flâteries , que lui fesait Un-chaqu'uo fur fa bonne- mine , fur fon efprit , fur foa habilité; & il f 'en-efl-enorgueilli, excu- sable qu'il était , fi jamais Pei fone le fut ; car il était en-tout aimable , & agréa-

Y 2

<)tBi*«MW'»i«l«l#l«i>»«»«aiieiB«BB>»W»i«MWW>»i*»*a»M"'<''«MMWMMl«»ifca«rv«»»<fc«iii mii iflBiiiiil-

284 Pats ANE pervertie.

ble, & fpirituel , & amusant , & plein? de repavties fines; toujours obligeant envcrsUn*ehaqu'un, donnai^t, & fesant- Pkisir , autant qu'il pouvait : mais ij> a-oublié Dieu , & Dieu l'a-châtié, en-

Père en - colère .^ pour le recevoi^^

pourtant un-jour dans fon fein paterne avec bonté: car il l'a-airés puni! O? mon pauvre Edmond ! que j'ài-tant- âimé ! qu'il me femble,. que je n'aime* ce petit Edmond-ci , qu'à-cause^que tu- îne l'as-tenu pour notre digne Père , fur les faints- fonts , que ton exemple- dumoins lin profite , & qu'un - jour il lise ta vie dans tes Lettres , pour y voir & comme tu t' es- perdu , & comme Dieu- ^'a-puni, & ramené à lui comm.e par force 5 à coups verge de ft'r (ï)-! .... Et quand mon Mari a-eu-ditces paroles, \\ efl- tombé à deux genous , tétepan^-

Il I iiiii II wni.iwiiii I L'i iiiiiii iiii I iiii iiiiiiaiiiiii

(i) Ccj fortes. d'oraisons funèbres font d'usage, dan? le pays: ce foat des mœurs récjles ^ui ®r.t decritcs.ici*..

VIII.™= Partie, il

chée fur fa poitrine & pleurant. Et l'En- fant, lui a-dit : Mon Père , & moi ^ fi je perdais mon Frère Pierre , je ferais dolent tout-comme vouS'-. Etle^ Père f'efl-relevé.. J'ai - recouvert Ed- mond : caT mon Mari ne le doit point, voir ; mais il a-jeté fesieux fur m.""^ Pa-^ rangon , & fe trouvant dans les mêmes^ paroles que moi^ il ardit :. Ceft donc, morte, ô la meilleure & la plus-infor* tunée des Femmes , que je devais vous nammer Sœur !... Mon Fils , voi dans- ée cercueil, bonté ^ beauté , grâces ,. générosité,, toute vertu _; c'eflta Tante: Edmond , qui ne l'a-été jqu'un inftant ;: elle eft morte de douleur, & la voiîa> ail cercueil , pour avoir innocemment; placé fon excellent cœur dans Edmond,, avec trop de complaisance. Dieu Ta- recue dans fon fcin : car elle en - ell. toute-digne , & fe la prierai plutôt, que. je- ne prierai pour elle-. J'ai alors dit ï TEnfant. ; --Ici efl ta lant^e Urfuîe-^

2.86 Faysane pervéktie.

»— .i,.iÉ— ■. .i-..— .■■-... «.^. ■—■■■■»■— .-■■I, .■■■II— ., „^^... ■■ ^ ,,.,-— ^— < ■<■•

Et l'Enfant a dérourné la vue du cadavre : Ce n'eilpas maTanteUrfule fi-belîe , qui me caraifîait rant 1 Si-fait, mon Enfant , a-dit fon Père ; la voila cette Sœur fi-bel!e , que j'ai tant-aiméel la voila ... Dieu cil Julie,.. Tu ne ver- ras fon hifloire que devenu tout-à-faic hommej car elle eft bien-terrible î mais elle a fait une rude & fincère pénitence, & Il -rude, que je la prie depuis fa mort, aulieu de prier pour elle: car fa vie de pénitence m*a fouvent-rempli de confolation : Elle a été Marquise, &

elle eil morte poignardée par fon

Frère , qui la croyait dans le mauvais-- chemin.... ou plutôt, c'cfi Dieu , qui î'a-tuée... Ma pauvre Sœur! voila donc ce qu'eU-devenu tant de beauté, d'inno- cence , de fourire gracicus , d'aimable droiture ; le voila !... O mort , que tu es difforme 1 Comme ta main déchar- née efface tout ce qui fit l'admiration & Torgueil des Hommes-!...

I

VIII/^' Partie. 287

Nousav'ons-vcillé toute la nuit, après avoir-renvoyé l'Enfant. Et a la pointe- du jour, la grofTe-cloche fcll-fait enten- dre , fonnantles plaints: & il femblait que chaque coup retentît à mon pau- vre cœur. Et m.'' le Curé eft-venu, prier qu'on portât les corps à Téglise : car il était-dit , par la chère Sœur , fi-peu longtemps femme d'Edmor^d, que les corps fcraient-mis dans h maison paternelle, & de-là portés à l'église, com- m^e venant de mourir. Et mon Homme a-répondu à m/ le Curé, Comme il vous plaira : mais ces corps peuvent ici refier un-peu, pour y erre- pleures , comme il convient pleurer Ceux qu'on a-tant-chéris-. Ec il a-été^dit , que ce ferait à neuf-heures , pou-r que la fainte mefTe fût célébrée far eux. Et à neuf- heures , tous nos Frères & Sœurs en- deui! , à -l'exception de vous, chère Sœur, à-cause de votre maladie , ont- entouréles cercueils, & les ont-voulu

il$k

2.88 Pat s ANE per ve rtie^ "^

porter : mais Its Filles du Village ont- demande à porter Urfule , & les Femmes., k chère Sœur fi peu de temps : Mais mon Homme & Bertrand fe font- mis à k têted'Edmoad ,& ant-paflë leurs deux mams deffousle porroir , appuyant l'autre fur k tête du Défunt, & pleurant d'une fi pitoyable manière , que tout le monde le leur eft-venu ôter, &il a-faluqu'ils le quittafîent^ ainfi que Georgct & Auguflin- Nicolas , qui avaient -pris les pieds : & deux anciens Amis-d'école d'Edmond, en~deuil, ont-pris la tête, & ©u a-marché ; mon Homme fuivait étant à faire-pitié a Un-chaqu'un , ainfi que tous no5 Frères & Sœurs , Bertrand fur- tout: & tel était le faisiflemcnt Tori était , que les Chantres- fe font arrêtés déchanter, 4: le Pafleur lui-même ne pouvait parler. Et tout le Village y était. Et comme on a-été \ k porte de FEglise, voila qiiefl-arrivée une belle grande Dame , q^iie je ne reconnalïT^îs

fast

VI 11/"'= Partie. 289

pas : mais à fa voix, j'ai-entendii que ce- tait m,™^ Loiseaii : Elle efl-venue àmoi, & m'a-cmbraffee en-pleurant : Voila donc ce que j'ai-tant-aimé ! (a-t-elledit ). Ma chère Madame R.** , hâtons la céré- monie: J'ai-amenédeuxPerfones, à qui lavueen-feraitfunefle-. Elie a-enfuite parlé a m/ le Curé, qui fur ce qu'elle lui a-dit, a-fâitprendreie chemin de la fofTé. •Un-chaqu'un en- était furpriSj &: les Habi^» tans du Village, fur-tout les Femmes, en- ont-murmuré. En ce moment, êc'pendant qu'on hésitait , ont-paru les deux autres Dames plus-jeunes, dontl'UHe écheve- lé€ , fondante en-larmes , & pouffant des criSj f*efl:-précipitée fur les cercueils: l'Autre plus-railise, mais nou^moins- cndolorée,a-demandé avoir encore une fois fa Soeur. On a-découvert fa tête.  cette vue, elle eil-tombée évanouie ; tandis que Tautre regardait Edmond fans 1 prononcer un mot. Je me fuis-appro- I chée , & j'ai-recouvertîes deux Cada- TomcIV.VIUFanU. Z

290 PArSANE PERVERTIE.

vres ^ cn-disant : --Madame , j'ai le cœur aiifîi affligé que vous-. Elle ne rn'a-rien-répoiidu : mais elle m'a-fuivie, & les Corps ont-été-portcs à l'église Ces deux Dames étaient m.^^^ Fanchette, à-présenc m.""' Quincl, & m."'' Zé* phire. On a - célébré la mcfTe : & à rendroît ordinaire dn prône , le Pafteur eil-monté en - chaire , oii il a - dit : Mes ehèrs Paroifîjens; Nous celé-» ?> brons aujourd'hui les obfèques de trois « Perfones , dont deux font vos Compa-^ ?> triotes: vous les avezrvus, & vous les avez-aiîTiés, car avant leurs malheurs, on ne Douvnit les voir, fans les aimer & p chérir. Ils ont-eiïliyé les plus-grandes ^>- épreuves & les plus-grandes tribula- î» tions : elles vous feraient-frémir , fi ,>» vous les faviez toutes i Mais leur oi. pénitence des fautes qu'ils peuvent- .V avoir -commises , a-ctc fi-grande, fi'- si effrayante d'une part, (i-belle de Tau, V tre , que je les regarde comme étant $} dans le féj QLir du repos. Si vous con-

,1

Yljjmc Partie. 291

ij fîdérez leur mérite avant leur chute, Perfone n'en - eut jamais davantage , « ni pour k corps, ni pour rame: (îvous » les confidérez après, vous auxez b i> plus belle initruélion , &: le - plus- H grand effroi du vice ; car jamais ils » ne fe font-crus affés-punis ; ils n'onc jamais dit à Dieu : Cefi trop ! ar-- rt rcw^ , Seigneur ! m.ais ils ont - reçu >? avec ardeur les châtimens de fa main « paternelle : & quand le coup terrible ;> de la mort a-été- frappé fur Chaqu'ua î> d'eux , ils ont-ofFert leur vie , & béni ij Dieu. Xhers Enfans 1 qu'eft donc >3 le péché ! fil faut de fî-^grands maux a pour l'expier !.., Quant à la Dame >j que nous recevons ici avec eux , elle ?> fut toute-vertu & toute-piété ; vous 5? avez connu fa Famille , & fon Père était votre confeil : elle a-vouîu être » ici avec Ceux qu'elle a-airacs , ayant- 3> épousé Edmond R**, à-jsmais célèbre » dans ce pays; & le jour même, il eïl-

Z 2.

^92. FArSANE PMEVERTIE,

>^ ' mort écrasé , comme par la main de i) Dieu. Uniiïbns nos prières pour ces » trois chèrs Défunts , qui feront un- ii jour nos Prctedeurs auprès de Dieu, » fils ne le font déjà. Amen «.

Il elt-enfuite-defcendu de chaire , & il a - achevé le fervlce : après lequel on a-porté les Corps à lafépulture. La fofiè était^ ouverte aux pieds de nos ref- peclabîe Pères ôc Mère, avec l'atten- tion de ne point découvrir en -auqu'une îTianière leur refies vénérables. On a- d'abord-defcendu le cercueil d'Urfule , qui efl foit pesant , étant de plomb , & il a-été placé aux pieds de fa bonne & tendre Mère : mais la pesanteur avait- donné unfi-graad ébranlement à la terre, qu'elle fefl - éboulée , pendajit qu'on arrangeait le cercueil , & on a - vu à découvert les os des pieds dégarnis de chairs, de Celle qui fut mère de-dou- îeur: ce qui a -fait poufier à tout le monde un cri d'angoifle & de corapaf- ûon. Et mon pauvre Mari, criant.

VI 11."^= Partie. 293

■■■■ I II "«iMMI ■■! Wi—^I^Wi—M^WaïAaMM—iW^W ■—■*■■■■■■ Il IIP *■ ■—■— w—

Ma Merc ! ma Mère ! f 'e(l-jcté dans la fofiè , & a-recouvert les pieds de fa Mère, amoncelant la terre fur la tête d'Urfule , pour qu'ils y reposalFent à- jamais: & après fétre-profterné , en- baisant cette terre & ces os, il efl- remonté , pâle & défait. Et Un-cha- qu'un disait, par un murmure de louan- ge : '-^On voit le bon Fils y j'iif* qu^au 'dernier moment! il a-recou\ert les pieds de fa bonnt Mère morti , comme il la foula^eait vivante^!.*. Il a-fâîu enfuite defcendre le double cer- cueil , & mon Maii a-encorc-été dans la fofTe , pour le foutenir , rempéchanc de vaciller , & qu'il ne tombât fur le cercueil d'Urfule. Et il a dit tout- haut : Voila donc le dernier fervice que je te rens , ô mon pauvre Frère Edmond! l'ami de mon enfance, le cher compagnon de ma jcuneîTe , le confi- dent de toutes mes penfées. Adieu Ed- mond 1 Adieu ! adieu ! cher Ami, moi-

2 3

2.94 ^^Y-SANE PERVERTîB,

f I iiii II I I «III I. iurriaii , ., mt

tié de ma vie , porte-nom de mon ref-' pcââble Père , aux pieds de qui je te dépose , fuivaiit ton vœu , afin qu'il te reçoive dans Ton feinau féjour des Jufles, tu m'attendras , pour nous réunir tous un-jour...., G jour de réunion] §€ te faluê-!,.. Et tandis qu'il parlait , Un de Ceux qui tenaknt la corde du cercueil (car la foiïe était profonde , à- cause que notre Sœur, îa pa livre dé- funte Urfule avait-demande d'être- mise bicn-audejffous de fa Mère ) a^glifle du piéd^ 6c fe ferait tué en - tombant , i ÎUOD Mari ne l'avait-retenu dans Tes bras; : car Pierre eft le plus-fort des Pïommes i du pays ; & après Tavoir-retenu , fans \ ^u'iî fe foit'faic le moindre mal , il l'a enlevé comme un Oiseau, pour le mettre hors de la fofTe. Mais et i Homme tom- bant, le cercueil a -vacillé, & la terre f eft-éboulée , de-façon que mon pauvre Mari en-était couvert : Et voila qu'auf- fitôt, on a-vu le cercueil de notre

j-i.

Yljjme Partie. 29c

»— *«— iii II .111 I ..Il

vénérable Père ; non du-ccté des pléds^ mais du côté de la tête; & la planche déjà pourrie étant-tombée, on a-vu a- découvert ion chef vénérable , encore en~fon entier , ayant Tes cheveux gris , tels qu'au iour de fon décès ; & il avait encore , quoique cave & décharné , cet air vénérable & doux > qui le rendait le plus-gracieus des Vieillards : Et mort Mari voyant à- nu la tête de fon honoré Père, eil-demenré immobile , comme un Homme éperdu , ou frappé de la foudre: puis tombant à-deux*genou? , il a-prié , Tes larmes coulant, comme jamais on n*en-a-vues. Puis fe levant j il a-dic , Mon Père ! je vous revois!... mais mort i je vous revois le jour qu'on enterre à vos pieds , votre Fils , qui portait votre nom, & votreFilîechérie, QUI tous-deux VOUS auraient-donaé con- fblation , il vous aviez-vécu ! 0 mon Père! ils font-morts! & votre Fils- aîné, ainfique tous vosauties Enfans ,

Z 4

2.96 Paysane pervertie.

leur rendent les derniers devoirs-! Moi, l'entendant ainfi parler , je lui ai-tenda h main toute-éperdue : & il Ta-fêrréc , en-me demandant le fin bavolct de ma coifure; & je lui ai- donné le même que je portais à ma noce : Etilen-a- cou\'es t le visrvge vénérable de fon Père , &--pwis frif-là tenu pendant qu'ofi jetait la terre dans la fofTc , depeur quele voîle ne fe dérangeât, Et il a-fait mettre la tétQ d*Edmondfous latére de fon Père, C€mme la tête d'Urfuîe était fous les pieds de fa Mère. Et quand la terre t- été à la hauteur de Ces Père &. Mère , il Fa-lui-même-arrangée fur eux avec la main , fondant en - larmes , prenant garde de rien déranger ni heurter ; & ilpouiTaît des fanglots d'Homme, fi-forts Ôc fi-puiflàtrs, qu'Un chaqu'un en-était- eîFrayé. Et qusnd il a-eu pieusement & finalement couvert la tête de fon Père, & les pieds de fa Mère , mis ainfi en-terre par-mégarde,lors de leurs funérailles^ il

«•«M»afcMl llil lin

VI ÎL"'^ Partie. 2,97

eil-i'emonté ^ & a-fait-figne à Ceux qui couvraient 5 de cefFer; & il a lui-même achevé de remplir la folTe de terre. Et quand elle a-été toute comble , il re- posé lui feul les tombes de pierre de Tes Père & Mère qui avaient-été-déplacées, prenant prde d'endommnger les fculp- tures , qui y ont-été-posées & icellé^s de la ma*n d'Edmond repent^,nt. Et on a-mis ès'Ii^s un grillage tenu lout- prét , pour les préserver. Enfuite , Pierre ôc les Frères ont-posé fur la fofTe dts trois corps , la tombe nouvelle, oii il y a une infcription, qui porte ce qui fuit :

Cî-git Edmond R** ,

bien né, de Parcns honnêtes & vertueus}

mais qui fut corrompu à la Ville ,

il efl-mort misérable ,

après avoir éprouvé les plus terribles châiîmens :

Et fa Femme Colette C^^ , Vertueuse Dame , autant que belle , qui a -voulu mourir ,

açS Pavsane pervertie.

Ec ctrc-cnterrée avec lui.

Ci-gît Urfale R** , fa Sœur ,

Marquise ds-"^** ,

Qui fut à la Ville avec ton Frère ,

Y vécut comme lui ,

Et fat-punie de-même ,

Après avoir-fait , ( comme lui ) une graa^c

pénitence.

Qu'ils reposent en-paix. Amen.

la trille cérémonie achevée, on T'en* cfi-venu à la maison , nous avons « eu le fpedacle touchant de la douleur des trois Dames , dont je t*ai - parlé ! M.'"^ Zéphire rétait-contenue durant U cérémonie , priant , pleurant & regar- dant mon Mari les ieux fixes : mais dès qu'on a-été de-retour , fes larmes, k$ cris, Ton desefpoir nous ont- efFi-ayés tous. MJ'^ Fanchetre pleurait fa Sœur avec auiïî-p?u de modération. Il n'y avait que m.""^ Loiseau , qui, quoique très^afRigéc elle-même, confoliit tout îe monde. Mon Mali a-parlé en-par-

VIII."'^ Partie. 199

ticulier à m,'"' Zéphire , & elle a-paro le calmer un - peu. Elle nous a-tous- erribrafTés, jufqu'aux Enfans , & elle a- demandé à partir fur l'heure. Ce qui a-étc- fermement- fécondé par m. """ Loi- seau. Les trois Dames font-donc-fe- parties fans avoir^rien pris à la maison. M.""^ Zéphire a - voulu avoir quelque- chose qui eût- été aux trois Défunts , 6: elle l'a-ferré avidement. Mon Mari n'a- pas-dit un mot fur leur prompt départ : il les a - reconduites à deux- cents pas , & fen-efl: revenu , ayant un air quasi-calme. Il n'a - pas-ouvert la bouche, le refle du jour, fi ce n'eft pour me prier de manger , avec ûqs paroles douces & affeétueuses , comme jamais il m'en-ait dites.

Voila ma chère Sœur , ce qui vient de fe pafTer. J'ai-oubîié de te dire que m/ Loî^eaii n'efi: pas de-retour de Paris, il eft - reflé , pour les affaires àes Défunts, & de leurs Ehfans. Nous

§00 PaYSANE PBRrERTIE.

voici enfin feuls , au-miiieii des débris ^| de notre^Famille. Mon Mari zi\ tou« jours fombre & penfif: mais fournis comme il i'efl aux volontés de Dieu , je ne crains rien de fon chagrin pour fa chère fanté. Nousefpérons tous beau- coup de confolation du Fils d'Urfuîe , & des autres Erifans i que D ieu béniffe , ainfi que les Morts,

Fin "^es Lettres»

V Ouvrage que lous venqdc voir , Leciêurt efl pris dans la belle nature , tdU qu*elle cxife au Village , comme vous deve^ lavoir remar- qué dans les Lettres deFANCUON , La Re- ligion , l'Honneur y triomphent de la Fer- verjion 6" du Libertinage,* . Malheur fur Ce- lui que ces Lettres n'auro?it-pas-ému , tou- ché^ déckirél il n*a pas l'âme humaine; cUflunebtute,

0m\ 'Il II iii' I it"iHiii' 1 1 II II I 1 1 <i ii I I 1 1 I II I ijj il » I I I iii iii » I III lin 1 1 I iiii I II ii iiii«j

Faute à corriger au titre de la Lettre qui conimen." ce /i2 VIII. "^^ Partie : Ursule, d Lauei, ii?. Ursule, d Fanchon,

VI il."^' Partie. 301

éné :4:^yaè^z:=- ■■vff>

C O M PLAINTE

du P A Y s A N ^ & de la P A Y s A N E ,

chantée dans leur Pays.

Ait : de la Romance de Gahridle de - ^'ergj*

Premier Couplet.

Snt-ÉLAS 1 qui pourra jamais croire D'Uifule & d'Edmond les malheurs! Q ui, fans pleurer, lira l'hiftoire De leurs écarts, de leurs douleurs! ions , innocens , beaux dans l'enfance 9 En-ce- Village on les a-vus , Mais bonté, charmes, innocence A la Ville fe-font-perdus.

A SEIZE ans, au vœu de fon Père,

)u Village partit Edmond:

\ quinze ans pleuré' de fa Mère, rfuîe a-qaitté le Canton : 'Un trouva plus d'une ?Vîaitrefle , 'Autre plus d'un trompeur Amant 9 t tous-deux l'amitié traitreife

De Gaudétj mauvais-garnement.

iiiii«.i.M. I 1 mil I tmtkt

302 Fatsanb pervertie.

3-

Edmond apprenait la peinture D'un Maître fans religion : Mais la Femme vrai mignarcre , Etait une perfedïon : Par-malheur elle était abfente. Quand dans la maison il entra ; Fine Cousine ,_bonne Servante En-place d'elle il y trouva,

4-

Edmgî^d eut le malheur de plair-e A la jeune & belle Manon: Enceinte elle était , quoique fière , Du fait du rusé Parangon ; Ce fut pour couvrir cette faute , Qui lui devait ^ter l'honneur ^ Que cette Fille vaine & haute Usa d'un talent fuborneur.

S-

Dabord , avec grande infoîence , Elle humiliait Edmond ; Puis avec grande complaisance Bechercha fon affe^ïon ; De Gaudét elle eut l'entremise; Il ne fait cas d'un Paysan ; .A-bout il mène l'entreprise. Et le trompe en-le-corrompant.

VIII.«^ Partie,

3^3

6,

Mais de cet aimable Jeune-homme La naïveté le féduit; De biens il ne veut pas qu'il chomme. Et ion intérêt le conduit: Edmond fimple comme au Village, De Gaudét confent au vouloir ; Comptant faire un bon mariage , Il donne dans le poc-au-noir.

7- Du vil Séduéteur de fa Femme> Il résolut de fe venger; Par un amour digne de blâme ^ il voulut fe dédommager ; Or belle & fage était la Dame, Longtemps il fut la ménager ; Mais il méditait dans fon âme , De l'adoucir, pour l'outrager,

8.

UiîSULE alors vint à la Ville, Avec madame Parangon ; Contre Edmond ce fut un a^iîe, Ainfi que la Tante Canon : Puis avec l'aimable Fancbettc , Toutes alèrent à Paris ; Mais de- loin fa fiâme fecrette Encor plus troubla fes efprlts.

304 Pats ANE pervertie,

6.

Cependant il revoit Edmée ; Il eft-féduit par MadeJon ; Sans oublier fa Bienaimée ; Il courtiselchaque Tendron*. L'Une à l'apport il a.connue , A l'Autre Gaudét Ta- Xié ; Pour Femme l'Une eft-bien-venue , L'Autre fert à la volupté.

10. *

La Belîe-dame. qui projette De lui feire-épouser fa Sœur , Veut le fauver d'une Coquette, A la Grisette ôter fon cœur : De la jeune & belle Fanchette Elle veut qu'il foit amoureus ; Hélas ! l'innocente Brebiette Se livre à fes coupables feux !

II.

UN-jour étant feule avec elle y Il vint fe mettre à fes gênons : ~-Pour mon malheur vous êtes belle , Car je vai^ périr de vos coups: Mais d'amour fil faut que je meure , Ne vous en-applaudifTez pas! CruelleJ je veux tout-a l'heure. Venger ma mort fur v^os appas!

Yjjjmc Partie. 305

12.

FuRÏEUS , fur elle il f 'élance, Il brave & fes pleurs &fes cris; Il la prefle avec violence , li contient fes membres meurtris: Alors employant la prière , Elle invoque fon amitié 1 —Non, répond-il , âme trop-fière » Pour l'amour tu fus fans pitié-l

13.

De cette Dame la ruine D'Edmond ne fut le coup-d'efTai : Trompant Laurote fa Cousine , Avec fon fang il a-méfait: Sa Femme ayant-fu Tavanture; Dans un tel chagrin elle entra , , Que par un fait contre nature» Sur elle-même elle attenta.

14.

Cependant Urfulc coquette Avait des Galans à Paris : De Tous écoutant la fleurette , Elle recevait leurs écrits : Mais une peine méritée , De fes écarts Rit le g^erdon j D'un Marquis elle eft-enîevee^. Et Dieu la laifTe en-abandon. Tome IV , Vin Partie. A a

300 Faysane fervertîé,

Aussitôt Edmond plein de rage Pu tort qu'on a-fait à fa Sœur , Court à Paris venger Toutrage Qu'elle a-reçu dans fon honneur : Lui qui bleiTa par adultère , D'un-autre Epous les droits acquis ^ Il ne fonge dans fa colère Qu'à battre en-dîiel le Marquir.

i6.

Apres avoir par fa viéboire ,

Satiffait fon ardent courroux ^

De la pins-véritable gloire

îl ne fe niontre point jalous :

Ses torts au Marquis il pardonne.

Et de la Marquise amoureuf.

Par Urfiile qu'il abandonne * , ■^Abanden»

ej ici pem

JI fe fâit-fervir dans fes feax, livrer.

Tous-deux dans le libertinage , On les vit marcher à-grands-pas: Mais la Sœur , plus-faible <5c moins- fage ..' Aîa plus-loin, tomba plus-bas : Par Gaudét étant-pervertie ,

Elle commit mille forfaits

La penfée en-ferait~faîie ? Si la lang^e en-disait les traits»

VIÎI."* Partie. 30?

>4^

18.

Mais Dieu la frappa la première. De fa toute-puiiTante main , Pour avôir-fait-tomber fon Frère > Comme l'Eve du Genre-humain : Un Méchant contr'elle en-furie. Par fes Gens la fait- enlever; A fon Porteur-d'eau la marie. Par fon Nègre la fait-forcerl

Par fes Valets elle eft-moquée,^ Pour arroser porte de l'eau ; Dans une marre elle eft-plongée , On la vêt d'habits en-lambeau : Pour lui faire-fignerla vente De tout ce qu'elle pofleda, Du pied 5 d'une main alTommante Le Po'rteur-d'eau l'écalventra,

20. De mille horreurs l'Infortunée Fut lavidime en-ce-féjour : Au Nègre elle eft-abandonnée , On l'enferme dans une cour : Comme une Chienne elle eft-traitée; On la met dans le même endrait ; Par -le Nègre elle en-eft-tirée; Par le poignard eîlef'en-défait.

3o8 Fats ANE pervertie.

2.1. On le découvre 5 elle eil-paree. Four être-mise en-mauvaisJieu ; On la lie, elle eft bâillonnée, On la defcend chés la FCnidieu ; Aux Libertins elle eft livrée , A la luxure on ralTervic ; S'elledilïere , elle eft-châciee. Sur elle Chaqu'uri falTouvit.

22.

Edmond que la fureur gouverne , Ne cherche qu'à venger la Sœur; En-Angleterre , à la taverne , B'Urfule il trouve le Trompeur : Hors par les cheveus il l'entraîne î -Scélérat ! dit-iî, dans ton flanc. Que ce fer guidé par ma baîne. Cherche la fource de ton fang-!

23.

Edmond revenu d'Angleterre ^ Avec les Méchans fe mêla : Il fe plongea dans la misère ; Il f 'engaja, puis déserta : Pris , on va 'ui calTer la tête^ Il n'en-eft- point-épouvante , Pour lui mourir eft une fête. Sans fonger à l'éternité !

Yjjjm, p A R T I E. 309

2.4.

Le Malheureus livrant fon âme Au goût des plaisirs crapuleus , Dans un lieu de commerce-^infame Urfule & lui fe voient tous-deux : De leur abandon ils gémiflent, '-^Ciel 1 te vois-je! en-quel féjour !... Ma Sœur!... Edmond-!... Ils gémiflent Des fruits d'un impudiq amour.

Mais, hélas! bientôt ils oublient Ces bons fentimens de remord ; Pour' faire-mal tous- deux f 'allient. Par le plus-déteflabîe accord : Tombés aufond du goufFre immonde 5 Edmond d'Urfule eft Souteneur , C'elîfur Edmond qu'elle fe fonde. Pour f 'abandonner fans pudeur.

Ursule, toujours plus-hardie , En-écarts de perverfïon , Gagne une laide maladie , Venant de proftitutïon : Défaite , difforme , ulcérée , A fon Frère elle fait-horreur \ A l'Hop/w/elle eft-placée. Afin d'y cacher fa laideur.

310 Fatsanjs pervjerti.

_ 'm

Lors Gaudet qui l'a-perve^rtie , Veut h venger de fon malheur ; Il va chercher en-îtahe , La Fille de fon OpprefTeur : II la corrompt , il rhumilie ; Urfule en-voit le deshonneur ; Mais cette Innocente punie Eft pour elle un objet d'horreur.

28.

Elie commence à reconnaître > L'Auteur de fa corruption ; Il a-rendu par une Lettre , Hommage à la Religïon : Lors Urfule desefpérée , -~Qu'as tu- fait , malheureus Trompeur , Pourquoi donc me Tavoir-ôtée , Cette Foi qui mène au bonheur-?

2,9.

L'amE d'Edmond n'eft point touchée Du fort malheureus de fa Sœur ; Aurore , fille débauchée , A Zéphire enlève fon cœur : Cette Zéphire g^énércuse Qui dans fon mal l'a-fouîagé ^ Au fein du vice cft vertueuse ; Vifulc par elle a-changé.

VIII."" Partie. 311

30-

Cette aimable Samaritaine Pour Urfule fut un miroir,. Et, fa Pareille, rompt la chaîne Qui la lïait au desefpoi-i* : -Ah! je vois, dit l'Infortunée , Que Dieu pourra me pardonner ; Oeft la Vertu qu'il m'a-montrée , Zépliire va m'y ramener-!

Sitôt elle fît-pénitence , Et comme Sainte elle vécut ;: Edifiant par fa repentance Des Créatures le rebut : Humble, & defes pleurs inondée, La dernière elle fe mettait , Et la plus-grande Abandonnée Toujours audeflus d'elle était.

Pendant ce temps , Edmond fonfrêre^ Moins-durement par Dieu frappé. Brave la Célefle-colère Et fe livre à la faîeté : 11 féduit une BlanchifTeuse , Trompe la Fille d^un Marchand ; Au Billard une Revendeuse , A fes mauvais désirs fe rend.

$11 FArSANE PERVERTIE.

~— - - ' ' ' 1

33-

Il f'amuse avec des Crïeuses j

Objets de fa brutalité ;

li courtise des Ecofleuses ,

Qui tentent fa lubricité :

Le cœur d'une coquette Orfèv«-e ,

En-Savoyard il pénétra ;

Le même foir il prit le lièvre

Ayeccent-louis qu'il présenta.

Ui^E autrefois 'en-pleine rue. Fille honnête il ose attaquer; il obtient une bonne ifiiie , Tant il a d'art à f ^expliquer : Mais en-alant pourvoir fa Belle , D'une Soubrette il fut-tenté ; Il la trahit à -deux pas d'Elle ; On l'apprit , il fut-remercié.

3v A lA plus-terrible avanture

Dans un Taudioh il f'exposa ;

Il fauta fur la couverture ,

Et par miracle il échappa:

Tenu par quatre Moufquetaires ^

Qu'il avait-efcroqués au jeu ,

Ils lui réservaient pour falaire ,

La broche devant un grand feu.

36-

VIII.'»* Partie. 313

36.

Mais telle eft Ton infortune. Que rien ne change fon panchant; Un-foir rencontrant une Brune Sans lumière fe retirant : Il profita de la furprise , Se fît palTer pour fon Amant, Qui furvenant dans l'entreprise* -S*en-eft-vengé cruellcmentl

37-

D'un Amant il fit coiinalflance^ Qui de fa Belle lui-paria ; En-Ramoneur Edmond Pagence, Et fous la fuie en-trionîplia i Par-tout il entre & fe faufile ; Ç*eft ainïi qu'il f ^enmouracjia De la mondaine Obfcurophiie Bâîadine de l'Opéra.

Après une pareille vie» [' Il épousa par- intérêt. Et de fa figure jolie Il tire parti par Gaudêt : Qui d*une place le décore. Et montre au Pubîiq étonné. Dans un Corps que Chaqu'un honore , Un Libertin déterminé. TomsJV, VIII Partie. Bb

314 Paysans pervertis.

39-

A lA Vieille qu*il f'eft-unie Il ne montre que des regrets ; Mais Gaudét lui fait chère- lie 9 Et pour elle fe met en- frais: Courtisant la Fille 6c la Mère 9 Qui font belles au coffre- fort , Par le plaisir, les mène enterre ; Mais il gémira de leur mort.

40.

A-PEINE elles font-tre'pafTées, Que Gaudét & le pauvre Edmond Ont, de les avoir-avancées , Tous-les-deuxie mauvais-renom : On les accuse, on les arrête , On va les conduire en-prisQn ; Ils doivent payer de leur tête P'âvoir-employé le poison,

41. Or chés Edmond étaient deux Dames, Objets de fon affedïon ; On 1e liait , quand de ces Femmes Une eft-tombée en- pâmoison: A fon fecours l'Amour l'appelle; Mais fes deux bras font-retenus : »-~Vous m'empêchez d'approcher d'elle! .. Dit4lj ah! vous êtes-perdus!

J^

VI II/"* Partie, 31^

I I II iiiiin> i.iii I *i' ^—i<MMm— Ha— 1.— 1

Dégagé, fur eux il fe jète , II les terrafle, il fe faisit De 1% première bayonnète Qu'il tire du bout d'un fusil: Il aiTomme , il maflacre , il tue ; Gandét ne voyant plus d'efpoir. Fait faaver Edmond à leur vue; Périr, tout-feul Qii fon vouloir,

43-

Ils font-pris ; des Juges févères. Les ont-touî-îes-deax-condamnés ^ L'Un à mourir , l'Autre auxGaîèresi Pleurons fur ces Infortunés l Puiffe taire la Renommée , Ce jugement au bon Rameau, Car il fa vie dilfamée , Il f'en-vadefcendre au tombeau!

44.

Ursule arrive écheveléé Annonçant ce cruel malheur ; De Père <k Mère interrogée. Tous-deux elle les frappe au cœur i - A cette fatale nouvelle , Le Père d'Edmond fur-glacé ; Comme lui fa Femme fidelle De douleur elle a~trépaifé.

Bb 2.

3i6 Faysane pervertie.

4?- Cependant Edmond aux Galères Eft-fecouru par la pitié ; MonfieurXoiseau!, brave & fm€ère. Court lui montrer fon amitié : ÎI le confoîe , obtient fa grâce ; Mais de madame Parangon, Qu'en-bonté Perfonne ne pafle , ï-oiseau lui dit que c*eÛ un don,

46.

Ed?aond entendant qu'il eft maître De fen-aler en-liberté , . ^'en-profîte que pour fe mettre Dans l'état qu'i^ a-mérité : 11 fe fauve , en-Gueus il mendie ; Il pleure , gémit , fe repent i Et dans cette dolente vie JleS-mordupar un Serpent,

47-

De venin , fa main eft-enflée , A la fcie il livre fon bras ; Manchot, barbu, face hâlée , Fanchette ne le connaîe pas : Le foir elle lui fait Taumône , Il fe fauve en-h remettant; L'Ire- diyine l'aiguillonne, H court la nuit ei>gé|iiifraDt*

Yljjme Partie. 317

Au Village enfin il arrive,

De fes Parens baise le feuiî;

II voit fon Pf ère , raais il Vefquive l

Et court pleurer fur le cercueil :

De larmes la tombe eft- trempée,

Pierre y furvient avec Fanchon ,

Disant que c'était la rosée ;

Ahl c'étaient .les larmes d'Edmond!

4'9- Ursule toujours pénitente^ Dans fes maux offre un cœur fournis j Mais quoique vraiment repentante. Son péché ne fut-pas-remis : Avant de frapper fa Vi<ftime > Dieu la voulut mettre en-honneur 1 Afin qu'en-connaiffant fon crime. Il en-infpirât plus d'horreur»

50.

A Paris elle fut Marquise ^ Et vit fon Fils légitimé ; Mais bientôt elle fut-reprise Par fon malheur accoutumé : Un-fort terrible la-menace > Tout l'annonce & l'en-avertit; Elle le fent , demande grâce > Mais envain , fon fort eft-écrit,

Bb 3

318 Fats ANE pervertie.

Edmond errant & misérable, EtfurUrfuIe ignorant tout. Vient à Paris, la croit coupable. Et inédite un horrible coup: Armé par Diçu , ce Fratricide A punir fe croit obligé; Il poignarde une Parricide... Sur lui ce crime fera-vengé,

Ix apprend bientôt qu'innocente,

Urfule faintement vivait ;

Il veut mourir ; mais fon attente

N'aura pas encor fon effet : X3n réloigne; il f'en-va fur Tonde, Traînant par-tout fon chagrin noir ;

Il acheva le tour du monde , Sans avoir rencontré l'efpoir,

HevenU de li-Join en-France >

Il retrace tous fes forfaits ;

D'un grand tableau c'eft l'ordonnance ,

On les y trouve fous leurs traits :

Urfule y paraît poignardée 9

On y voit l'enfer & fes feux »

Une bonne Ame profternée

Pour fléchir l'Ange furïeuf.

VI IL"'' Partie. 31^^

54.

Oh ! qui pourrait compter les peines Du pauvre Bc malheureus Edmond ! Tout-couvert de rougeurs ma!-faines. Aveugle êc plein d'infesfiïon ! Ccft Dieu qui prolongea fa vie Pour qu'il endurât plus longtemps ; Car elle ne lui fut-ravi-e ^

Qu'après les plus-affreus tourmens.

Le jour q-i'on fit ion mariage Avec madame Parangon ; Car el-e était dans le veuvage Et toujours elle aimait Edmond: Une pierre par Dieu lancée y Du char efFraya les Chevaux Et de fa poitrine brisée On vit couler le fang par flots.

Dernier Couplet. Apres fa mort , en-c€ Village > le Frère &: la Sœur font-nés , Dans le tombeau de leur lignage "

I eurs Corps ont-été-tranfportés': Or profitons tous de l'exemple i Que leur fort donne aux Paysans ;

II faut que Chaqu'un le contemple , Pour Fuir la V^lle, ôc vivre aux champ*.

Bb 4

TABLES DES LETTRES.

Tome Premier.

â-«'Editeur au Ledleur. ^age 4

Préface de l'Editeur. y

Poînt-de-vue des IV Tomes. 7

Avis trouvé à îa tête de ce Recueil. 9

Fremiére Partie* Avantpropos. 1 1

l/« Lettre. Urfule àfes Pére&Mtre, Son arrivée à la Ville. 2.3

lï. Urfule à. madame Parangon^ Elle cft re- venue au Village , & Pcrmuie de la ViUc. 17

îll. Madame Parangon au PéreR^^, Elle redemande Urfule , & nous fait la déclaration de la tromperie qu'on a-fiiitc à Edmond, 4 y

3V. Urfule à Fanckou Berthkr, Elle efl- retournée à la Viltc , & commence i laîfîer* voir un-pcu de goût mondain* 4S

T. Urfule à Fanchon , fa hellefœur» EIÎc commence à pénétrer bien des choses, J4;

VI, B^éponfe. Ma Femme lui remontre dou-' cemeat , d'après mes confeils, ér

yiï. La Mêmi à la Même. FancKon lui raconte îa réception de Manon à la maison

paternelle, 70

>Vïii. Urfule à Fanchon, Elle conte à ma Femme différentes choses, Ton voit jcomme dèflors elle T'accoutumait à vQJtr en-

. Autrui des faibleffes excusables, 78

,ÏX. Urfule à la Même. Elle parle de la manière dont Edmond fut-tenalTé de ma ^.cttre, au^fujex de fa faute avec Laurote. $%

mmA^étÊÊÊIkÊ^„mamÊ»ÊÊÊltimitm

A B L E S. 3^1

Seconde Partie,

X. Fanchon à Urfule, Tableau àt douleur ,. & Lettres de faufTeté ^ dont ma Femme I ui fait-parc. loj

Lettre de Zaure aux Parens d^Edmond, diâée par Gaudét. m

XI. Madame Parangon à Urfule. La pauvre Dame montre toujours fon bon 3c faible cœur , fans, (qu'elle r^n-doute, ilj

Xii, Réponfea Urfule aux deux Lettres prie é- dentés. Elle raconte fon arrivée, & comme la corruption règne dans les grandes Villes.i itf

XIII. Fanchon à Vïfuîe^ Ma Femme décrit ici la réception, le féjour, & le départ d'Edmond. 137

XIV» Madame Parangon à Urfule^ Elle montre fon bon-cœur & fa faiblefli. i^i

XV. Gaudét à Edmond, Il lui écrit qu'il l'a- fccondé i il lui annonce la naiflànce de la petite Laurè, & lui parle mondaincmerrt d'Urfulc. I7i

XVI. Edmond à fes Père & Mère, Son cœur conferve encore les apparences de fon innocence première. liZ

XVïi. Urfule à Fanchon. Ma Soeur copie un papier fecret de m.*^* Parangon, & montre qu'elle commence à n'^être pas auflî bonne & naïve qu'on la croyait : ce qu'on voit par les confidences qu'elle fait à ma Femme» 182

Lettre du Confeiller à Urfule, 1^3

x,*^_ S illet^doux du Marguis de^'^^t* \ 15 g

32.2. Pavsane Pervertie,

n. Billet -^ doux, zoo

III. Billet, - doux» 20 1

i.**^ Billet-Joux du fécond Afnant* i.02,

II, JBilkt du jeune Page, 204

î.*^ Billet du Fina icier» Z07

II. Billet du Financier, lop

III. Billet du Financier, 11» BilUt^doux d^un Seigneur Italien, 115

XV ni. Rêponfi de Fanchon. Naïflance de mon Fils, &ce qui Pcfl-palTéTdcIa part de mon Tcfpcâahh Père. 11 tf

XIX. Urfule à Fanchnn, Elle continue à lui rendre-compte de toute fa conduite, qui marque bien de la coquetterie \ 134 Lettre êi Edmond, ' ibid

Réponfe de m."** Parangon au Père R^*^ 13 ^

XX. Edmond à Urfulr, Il parle d'Edmée , ainfîque de fon art, & fimt par un raau- vaîs-confeil à Urfule, 2 j 8

xxî. Fanckon à Urfule. Ma Femme lui parle de notre Soeur Brigitte , & d'un bruit fâcheus au-fuj et d'Edmond. 16$

XXII. Urfule à Fanchon^ La voila qui rémancipe à recevoir des Lettres de fes Amoureus , & à y répondre. 17 1

iv."*^ Lettre du Marquis de **. 2.71

v,"^® Lettre. 175

Lettre À mademoiselle Fanchette, 278

¥1.*^'^* Lettre du M irquisj à Urjule, en- lui^mvoya.it un prçstnt , %%i

Tables. 2.23

xxiii. Gaudét à Edmond, Le Corrupteur d'Edmond lui marque ici fa coupable & féduftrice amitié , fut-touc vers la £ft de fa Lettre. iSy

XXIV. Urfule à Fanchoh. La voici qui

montre de Tambition. i^y

XXV. Fanchonà Urfule. Ma pauvre Femme la loue, de ce qu'il ne falaitpasla louer 5 &c.* 301

XXVI. Urfule à Fanckon. Elle parle im- prudemment au Marquis, qui lui annonce

ce qu'il veut faire pourTavoir à lui. 51S

Lettre à' Urfule d Catherine & à Edmée. 351

XXVII Gaudét à Urfule, Il parle avec l'affurance d'un Homme qui brave toute m,orale , & il profane la fainte amitié. -33 j

ïXVïii. Urfule à Fanchon, Elle a des préfentimens de fon prochain malheur. 341

Tome Second,

Troisième Partie,

yxTX. Madame Parangon, à Urfule» Elle lui donne à entendre fon malheur. y

XXX. Edmond à Urfule. Remords de fon attentat fur madame Parangon. 7

xxxï. Gaudét a Urfule. Il lui donne avis du danger qu'il cause. ^

XXXII. X^"'^ ^ Urfule, Elle l'avertit de Ion pïochain malheur. 11

X X X 1 1 1 . Le Marqu is de-^^*jà Urfu le. Il fait desfoumuTions àla Fille qu'il a-violsntéc. 13

XXXIV. Urfule à Laure, Elle crie en vain' ~ au-fecours. i-

3^4 PArSAÏ^JS PSRrÈRTIE.

XXXV. Gdudét à Lattre, Il montre i-ïiafoïi âme^ fans idée de morale ni de frein ,& dé- couvre à-demi qu'il efr complice du rapt V 16

XXXVI. Le Même à la Même. Il eft tou- jours le même , & ne fe déguise pas avec

fa Complice. i^

XXXVII. l/rfuU au Marquis, liéhsl l'iion- ncur & la pudeur font encore tôut-puif- fans fur fon âme î

XXXVIII. La Même à Laure, Elle lui fait le récit de fon maHieur. n

XXXiX. Gaudét à Edmond, II le Veut cal- mer par le récit des arrangcmcns a\*anta- geus qu'il a-fâits pour Urfule, j x

XL. Urfule à Fanchon, Elle raconte fon; malheur à ma Femme , & cn-reconnaît la cause : &c. 42r

- Lettre du Marquis à Urfule» 4.^

Xti. Laure à Fanchon, Elle finformc d'Urfule & de madame Parangon. loi

XLii. Réponfe. Ma Femme lui rend- compte de l'arrivée Se de la réception d'Urfule , & elle lui parle du désir qu'on a de marier Edmond à m."^ Fanchette. 103

Xtiil, Gaudét à Edmond. Il Tempêciie de fongcr à un honnête mariage, par des motifs adroits. izo

XLiv. Urfule a Edmond, La voila qui f'en- nuie du ton qui règne chcs fes Père & Mère , & qui découvre des difpositions que nous n'aurions pas foupçonnées ! lij

XtV. Rèponfe, Il envelope l'annonce de

T A B L E S. 315

fbn duel, <n-i'épocdant fur ce qu'Urfulc 1 lui a-marque. i j o

XL VI. Urfule à Edmond, Elle flate le panchant d'Edmond , & lui ouvre fon cœur déjà gâté , au-fajet de l'adultère. 135

XL VII. Gaudét à Edmond, Idées Traies fur le duel. 13 tf

XLViii. Urfule à Fanchon, Edmond Peft- iiattu pour elle avec le Marquis, î^%

XLix.- ^-a Même à la Même, Elle nous raffure au fujct d'Edmond, 144,

I. Réponfe, Comme nos Pcre & Mère furent contens du courage H de la ma- gnanimité d'Edmond i 5f<,* 14^

li.Gaudécà Urfule, Adrefle du Corrupteur, pour faire aler jar<s[u'à la Sœur , ce qu'il a-dit au Frère, & pis encore. iy4

III. Réponfe, Lavoila qu'elle prend auffi ■Gaudét pour guide , l'Infortunée ! 1 6^

hiu. La Même à Laure, Origine de k ccr- ; xuption d'Urfule: &c. 17%

£iv. R^pon/c.Tricherie! car cette Lettre Fut- di(iée en-partie par Gaudét, plus-fin que cette pauvre Fine ! portrait de Gaudét. ij^

Quatrième Partiel

I.V, Lnurc à Gaudét» Urfule a un Fils. 185

LVI Gaudét à la cruelle Laure. AorefTc du Méchant Gaudét , pour empêcher Urfule d'alaiter. iZy

XVII. Madame P/irangon à Urfule, Elle lui donne de véritablemcot-bons confeils, 18I

mmm

326 PAVSANE PERrERTÏE.

I I ' m " " ■■' ■■!■

LViii. Urfule à Laure, Elle désire d'cpouscr le Marquis , & fe plaint de ce que Gaudét fy oppose. 19 1

LlX. Réponfe, Laure, de*concert avec Gau- dét, lui confeille une fineife dangereuse. 195

LX. Urfuîe à madame Parangon, Com- ment elle refuse le Marquis , cn-voulant accepter i &c, i9jf

IXI. Gaudét au Comte ^e-**^ ,. pcre du Marquis, Aarelfe mondaine & ruse du Corrupteur , pour fevvir le Frère aux dé- pens de la Soeur ^ & remplir d'autres vues îe crêtes. rôc

IX H, Réponfe, On voit ici comment va Parranger le refus d'Urfule. 2071

IXtii. Réplique. Gaudét a-rout-préparé \ il eft fur de Ion fait, io8]

LXiv. Laure à Urfule, Elle continue à fcrvir les deiTeins de Gaudét. , 105^

LXV. Urfule à madame Parangon, Elle fe doute de la fupercheric. iio

XXV ï. Réponfe. Madame Parangon donne le feulconfeil à fuivre. 113

LXViî. Laure à Gaudét, Jalousie de Femme contre Urfule. 114

LXViTi. Péponfe, Il va faire-féduîre Urfule par un Beau, fot & mauvais-fujet, xiS

LXîX. Urfule II Laure, Comment Gaudét lui fait refuser le Marquis par libertin nage. &c, xi8

Lxx. laure à Gaudtt. Elle fe moque de fa Dupe. 12,1

Tables. 327

i*>— <p— «I ,1^—— ——»——— >—.»—,

XXXI, Réponfe. On voit ici, tout ce que le Coiruptcur a dans Fàme. xi6

LXXII. Réponfe, On voit ici , pourquoi Ur- fule a-lai fle erapotter Ton Fils à la Mère du Marquis de-*^*, xji

I XX III. Gaudét à Urfule, Il combat la pudeur , la chafteté , toutes les vertus. 134

IXXiv. Urfule à madame Parangon. Der- niers bons fentiriiens d'une pauvreAbandon- néc i encore la pafTion en-eft-elle le motif. 254

ixxv, Gaudét à Laure, Cet Efprit-ten- tatcur conduit tout à la perdition. %6%

LXXVi, Laure à Urfule, Elle lui fait des remontrances trompeuses. 17!

LXXVii. Réponfe, Urfule avoue fa follp pafîion pour un Vaurien. 17 y

LXXViii, Réplique, Laure «ft-parvenue à foii but, d'entêter Urfule pour Lagouache. 17 6

I-Xxix. Urfule à Lagouache, La voila qui fe montre folle &fans retenue. zSo

LXXX. Urfule a Fanchon, Elle tâche de ga- gner ma Femme par des difcours trompeurs, 18 1

Lxxxi, Reponfe. Ma Femme expose les pré-* fentimens de nos Parens fur les malheurs qui menacent Urfule & Edmond. i8<5

XXXXTT. Urfule à Lagouache. Elle lui an-» nonce qu'il ne'ft pas accepté de nos Pa- rens , & qu'il peut l'enlever. a.^3

Z,xxxiii. La Même à Laure* Elle feint

de lui demander confeil, x^f

l.xxxTV. Réponfe^ Elle lui écrit d'après les vues de Gaudét , qu'elle favait. 1^7

0ÊM

3a'8 Pays ANE pervertie,

^—— mmkoiiii 1 111-11 «Il ■iiiii.iii I I ii.fi K»ii I «III II I »^^n>—i^— nia

ixxxv. Taure à Gsudét. Cette Lettre, par fon langajc, découvre la trame dcGaudét, 198

IXXXVI, Réponfe, Caudct n'eft pas tou- jours le maître d'arrêter , il veut , le mal qu'il fait. 30

IXXXVii. Gaudét au Marquis d€-^*^^. Il veut perdre Urfulc tout-à-fait. 30IJ

iXXXViii. Le Même à Edmond. Le Cor- rupteur fait feri'ir tout le monde a fe§ mccliantes vues. 30tf

iXXXlX. Le Même a J^agouache, Gau- dét fe fert auffi du Fat qu*il méprise. 315

XC Urjule à Lagouâcke, Elle lui donne r^ndévous pour Tenlcver. 3 1 tf

, XCT.' Réponfe. Il répond d'après la Lettre qu'il a-reçuc de Gaudct. 317

XGii. Lagouachs à Fafloureî^ fon ami. Il montre fa baflcffe & fa poltronncrici ^| 3 15

T o M s Troisième»

Cinquième Partie, M

Xciil. Laure à Gaudét. On voit qu'elle ne fait pas tous les delleins du Corrupteur, $

XCiv. Urfuleà Laure. La pauvre Infortu- née Pen-étant-alée avec Lagouachc , elle «n-cft-punie par ce Fat lui-même , d'après les confeils de Gaudét. % 1

xcv. LauTë à Gaudéu Comme elle a-cm- porté tout, &: iailTé Lagouachc avec les quatre murs. 16

xcvi. R<:pon/î'. Tortueus Serpent! que de ruses pour perdre Celle qui l'eft déjà! 31

xcv II. Vrfule à Gaudét, La pauvre Infor- tunée

Tables. 329

"■'■"■■'"-■■ ' .1 I ■« t

tunée avoue fa turpitude , & découvre celle de fon Lagouache, qui eft-horriblc. 5 y

Lettre de Lagouache à PaJIourcl. 37

Xcviii. Réponfe. Le Méchant ne veut pas le libertinage , mais une pérverfion raison^ née , pour procurer un avantage temporel \ Edmond. 4^

XCIX. Urfule à Edmond. L'Infortunée approuve le vice. 7j

G. Urfule à la Marquise. Comme elle a déjà de l'aisance dans le vice! 7^

CI . Réponfe. La Marquise répond fur le même ton aux impudences de ma pauvre Sœur. 78

cii, Urfule à la Marquise* Elle travaille â ruiner le Marquis ^ de-concert avec fa Femme. %9

cm. Réponfe. La Marquise accepte la honteuse & ridicule proposition de partager les dépouilles de fon Mari. 8a.

civ. Urfule à la Marquise, Elle cifedlue fes promeiTcs. 85

cv, Réponfe. La Marquise lui donne un rendévous. S4

cvi. Urfule à Gaudét. Elle lui fait-con- fidence de toute fa coupable conduite* Î6

CVII- Réponfe. \\ éteint la délicatcife de l'amour , & parle bien contre les Speda- clés , qu'il tourne en-ridicule , l'inconce- vable Homme! î©8

cvïll. Madame Canon à madame Paran- go'i. Bon cœur de Femme j fous une rude envelope. ^ î j î

Tome IV, VIII Fank. C c

330 Favsane pjerfertie.

Wa» «W»B»B»»HIW«>»»aeC>*«''«W*— >«— O— BCTIM—

CIX. Madame Parangon à Urfuîe, La Bonne-dame lui écrit diaprés la précédente , pour tâcher de le touckcr : mais il ir était déjà plus temps î lya

Sixième Partie,

- CK, Urfiile à Laurc. La voila tout - à- fait corrompue ; car elle raisonne le vice, i jt

cxr. Kcponfe. Comme les Femmes cou- rent-vite dans la carrière du vice , dès qu'elles y font- entrées.! i6\

exir, Urfule â L<iun, Ecarts cffrojablcs de la. pauvre Infortunée. 17?

cîcni. Caare â Urfule, Elle lui- rend con- fidence po:ir confidence en-turpitude, 1^3

CXIV. Urfule â Gaudét. Elle lui expose Ton art pour le libertinage. Hélas! l'In- fortanée le paiera cher! io3'

cxv. Répo fe. Il montre ici d'autres fen- timens fu*" le Théâtre & les Comédiens , & fur toit ce qu'il a-frondé. ni:

ex VI. Urfule â Laure, Chés une liber- tine, tout eft libertin, & faic-horreur. 14^;

ex VII. PJponfe. Etonnée de Ton liber- tinage , La-ore l'cn-râille, quoi^iu'aaffi-/ corrompue. 14*

CXVili. Urfule â L^urc. Elle fait des projets criminels de luxure, & d'ingrati- tude envers m."^^ Paraneon. 14/

ex IX. La Même à la Même, L'Infortunée Urfule raconte un mauvais tour qu'elle paiera cher! aj<

T A B X E s. 33r

»■»■»«»■»»— —i——^——— ———»<—— I 1

exx. UrfuU d Gaudét. Elle montre com- ment elle Peit corrompu le jugement , poar être fans remords, ly^

ex XI. Gaudéc â Laure. Son arri ce ne garantira pas la malheureuse Urfale du chitiment! 17^

CXXir. Réponfe. Elle craint pour Urful^. ^J6 CXXTII. Réplique, Il néglige un avis utile ! Dieu lui ôce fa prudence ordinaire , pour «que le crime foit-puni. 177

CXXIV. Gaudét â Urfule. Il répond à la cxx."*^ , & paraît fe retraiter de tous fes mauvais-avis, &c. 179

cxxv. Urfule d Lajre.. La Malheureuse fe liv^re , pour apprendre à efcroquer au jeu. 197

CXXVI. Za Même â la Même. Commen- cemef^tdefesj)eines : Urfule & Edmond efcroqs, font efcroqués aj jeu, 303

cx?<vir. Vrfdleâ Laure. Elle appelle à ion fe cour s, la pauvre Infortunée! &c, joS

Tome Q u à t k i à m a.

Septième Partie,

c X X V 1 1 r . Urfule â Laure. L'Infortunée con* tînue à décrire des horreurs qui font frémir, 6

CXXTX. La Même à la Même, La pauvre Infortunée raconte ce 'qu'elle a-fouifcrr de- puis j comment on l'a-mise dans un lieu-infa- mei comment elle Pen-eft-échappce, & ce ■qu'elle eft-devenue enfuitc, ïo

CXXX. Urfule & Edmond. la Malheu- leuse ; au -fond du bourbier, parait Pj

C c 2

33^ Faisane PERVERTIE ,

complaire i mais elk eft desèfpérée, xj

€XXXI. Laure â Edmond. Peinture du mi- sérable état d'UrfulCySc de Celle qui écrit, i^

CXXXlî. Réponfe. L'Infortuné Edmond n^eft pas mieux que les deux Malheureuses, 3 1

-cxxXîiî. Urfule â Edmond, Petit com- mencement de retour: Hélas! cjne le vice nous abailTc ! j t

^XXli jv . Edmond a Laure, Le Corrupteur, après les avoir-tous -abbatus, eft encore debout 1 3 S

cxxxv. Réponfe. Laur e apprécie e nfîn, ac le Corrupteur^ 3c le vice : mais il eft trop- tard ! Elle raconte Tes folies. 3^

ex XX VI. Gaudét â Laure. Le Séduéléur profanait la falnce amitié, en-Ia-rcfentant comme il ne méritait pas de la refentir. &c. j f

cxxxv II. Dieu punit les Scélérats les Uns par les Autres. 7j

ex XXV III. Edmond â Zépklre, Il a-hor- reur de la vengeance ^ qu'il cût-^prise lui- même : &c. 7j

CXXXIX. Gdudét y à Zéphire. Il efl-for- : ccné de fureur & de rage, lui, ce Cor- rupteur abominable, plus-coupable encore que Celui qu'il punit î 7 1

exL. Zéphire â Edmond. Elle montre fon âme compatiiTantc. 81

çXli. Anonyme au Vieillard Italien. O Dieu! à quel point les Méchants fe punlilcnt, 83

MMaaMMna«M^«MM

Tables. 335.-

GXm. £eiîfe/72e^ Edmond, Il lui détaille la cracUc vengeance iju'il a-prise de l'Italien. 8 j^

CXLIII. Zéphire a L'Eure, Comment fc termine l'horribic vengeance de Gaudét, 91

CXLiv. Urfule a Zéphire. L'Infertuncc fait lapcinture de fonhorriblc état. $^

CXLV. Zéphire a Laure. Elle n'afpirc qu*à l'honnêteté : cjuel reproche pour Celles à <5uî elle écrit, & dont elle parle! 96

CXLVJ. Gaudét a Zéphire. Il loue la vertu. 97

CXLV II. Gaudét à Laure. il dit de belles vérités, fur la fragilité de la beauté! &c. ^9

CXLV m. Réponfe. UrfuIc à l'Hôpital ic^

CXLIX. Urfule a Fanckon. Enfin , elle V récrit à ma Femme ! mais digne de lui écrire i elle cft changée! 10^

CI. Réponfe de Fanchon.- Ma Femme lui rend-compte de tout ce qui reft-palTé, a fon fujetjà la maison paternelle. iii.

CLi. Madame P arango n, a Fanchon: Elle raconte comment elle a^repris Urfule. 13^

CL II. Edmée a Fanckon. Elle nous parle en-bien d'Urfule, demandant'qu'ellc tienne fon Enfant, 6c nous fait tableau da bonheur de leur double naenage. lyo

CLilï Réponfe. Elle envoie à Edmée le commandement de notre Père pour la tenue de fon Enfant par Urfule. ij7

GLiv. Fanchon à Catherine ^ Femme d^

334 FArSANE PERVERTIE,

Georgec, Ma Femme lui rend-compte de tout ce qui f^eft-palTc chés nos Père & Mère à l'arrivée d'Urfule , & à la ledlurc de la Relation. 1 60

4 Huitl&me Partie.

CLV. Urfule à Fanchon. Elle n'ose ofl'rir elle - même fes arcfpcvfls à la* nouvelle- année. 185

eivï, Gaudét a Edmond. Il adopte un Fils d'Edmond. i8j

CLVir. Urfule a Fanchon. Calme trom- peur avant l'orage ! 18S

ti.VïU. Urfule â Ici Même, Elle nous annonce le malheur d'Edmond. i^o

eux. Urfule à madame parangon. Voici en-peu de mots, les plus-grands mal- heurs, i^i

CLX. De Fanchon à madame parangon, en-lai'env ayant précédente. Pitoyable Récit de la mort-de-douleur.. i^i

€LXI. Madame parwgon a pierre. La Bonne-dame veut me confoler: Sec. 110

CLXîI. Le Marquis de'* "^^ â Urfule, Il la demande en-mariage. xix

CLXÏII. UrfuU au Marquis de'**\ Eik accepte, à-cause de Ton Fils, le mariage que le Marquis de-'*'*'^ lai propose. 114

CLXIV. La Marquise dc-*'^^ , à Fanchon. Ellle a des préfentimens de fon aïTacinat. xié

Cîxv. Edmond â M irianne Frémi. II la ïncuacc de la colèr.- de Dicul xii

Tables.

33 î

CLXVI, La Marquise de-'^*'^ a madame Parangon. Dieu lui infpiLe le désir de fa mort , & elle la fent approcher. xif

CLXVii. Laure ^ a Obfcurophiîe. Après avoir calomnie Urfule , pour f 'excuser à Edmond, elle en-eft - effrayée , & elle exprime fes craintes à fa Compagne de libertinage. 15 1

ctxviii. Edmond, â Urfule, L*Infortuné Edmond , fans-doute après avoir - quitté Laure , écrivit ou plutôt commença d'é- crire cette Lettre folle i &:c. 13 tf

CLXÎX. Urfule â Fan chorif fous V enveloppe de la Femiiie^dcchaiTibre. Elle écrit expirante. 243

CLXX. Fanchond Edmée. Comment a-été- poignardée Urfule _, & confolant récit de Tes bonnes-ŒUvres, avecfesLetres fecrgttes. 14 f

Lettre de Marianne Frémi à Fanchon. 149 Lettres particulières d'LT'r/î/Ze R**, Mar- quise de'*^ **f à fa Saur Fanchon , femme

Pierre R^"^. i/® Lettre. 2^4

ÎI. Lettre. 1^9

III. Lettre, 2^0

IV. Lettre. z6i

V. Lettre. 2(îtf

VI. Lettre. 26^8

VII. Lettre. ' 170

VIII. htiizz dim.^^ Parangon. 273

IX. Lettre de la Même, 274

Dernière Lettre. La Mémeàla Même, Dernier adieu dit aux Morts. zjZ

Fin des Tables,

ÊÈêâm

336 FArSAJfJS PERVERTIE,

i^imii^mtmnmmm-^ 1 1 1 wi —ri— «■»■*»»

TABLE DES FIGURES,

I.re Eftampe, Frontispice , Urfule enfant. page i

II. la Famille R»*.

III, Première attaque. $Z IV.-^ Le premier Amanj, ^i

V. L'Efcalier. 8^

VI. Les Adieus. IO0-117

VII. JI, Part. Frontifpice , Urfule arrivante. 104-12^

VIII. Rencontre de Laure St Gaudét. J 5 5 X. Les Fleurettes. 21a

X. Le Marquis» 329

XI. JII. Part» Frontifpice, Vrfule ravie. a-2ç Xlf . Urfule chés fon Raviffeur. 28

XIII. Le faus Mariage. 56

XIV. Urfule reçue par fa Mère. 11* ^XV. ir. Part. Frontifpice. Urfule accouchée. 181-4 -^VI. Urfule cédant fon Fils. : îjz.

XVII. r. Part. Frontifpice. Urfule volontairement enlevée. 1-9

XVIII. Urfule aux prises. 33

XIX. Urfule revenant à Edmond.

XX. Urfule Danfguse. 105

XXI. ri. Part. Ftoiitifpice. Urfu l jtfç

XXII. Urfule féduisant fon Séduéteur. 172»

NégrelTe & l'Italien. 457

SXIV. Urfule & Edmond Efcroqs efcroqués 305

XXV. Urfule foulée aux pieds. jjg

XXVI. rjj. Part. Frontifpice. Urfule couverte de fange. 2-6"

XXVII. Urfule poignardant le Nègre. 1 1

XX VIII. Urfule blillonnée. j6

XXIX. Urfule aux crampoasi 38

XXX. Urfule vengée 26

XXXI. Urfule pirdonnée. 164

XXXII. VIII. Part» Frontifpice. Urfule épouvantée.

^81-218-228

XXXIII. La mort de douleur. 2oy

XXXIV. Urfule Marquise. 21g

XXXV. Urfule poignardée. 247 XXXVL Les Cercueil?. 280 La Paysane pervertie a beaucoup plus de fujets d'Efiampes,

qu'on trouve parmi celles du Paysan , commÇ on les a-vueS ^'idiquécs par les Notes.

F I N.

TABLE des Nous- des Persônage du Paysan & dch Paysane pervertis.

a:

ifl-gnès Bezanger , cousine de Madclon Baroa^

Alsacienne, fille-perdue de 13 ans.

Âmériquain (!'), amant d'Urfuie corrompue.

Amis du Marquis , amans d'Urfule. .

ARRAS (D':, voyez GAlDÉT.

Augustin-Nicolas , frère d'Edm. ^d'UrfuIe^

Aurore , fille-perdue, ri/ale de Zéphire. . MARBE FERLET'DE-BERTRO ^ mère d'Edmond &d'Uifule.

Barbe R^^ , fœur d'Edmond & d ITrfuIe;

B. 4 K02\r(MadcIon) coquette qai agaerricEdmonJl

Batiste , mari de Chrilline R -, fceur.

B-'*'d**, Bellombre, Charmelieii, Desfourneaux^. Dupile, Pierrefire, jeunes-gens d'Auxerre.

Berault {Jvîatrliieu) mari de' Claudine R -v

Berd'on Baron , fccar de Madelon.

Bertrand R** , mari d'Edrnée Ser/igné. - BertKler , gendre de Brigitte R •.

Bianchiiicuse (la) , Tonton , fccur de Théodore;^

Boujac (Alexandre; mari de Barbe R'*.

Brigitte R"*, feur. [le^

Giii3orgnon,friiime-dc-chambr; d'ObiCurophi-

Ca th e r i7>' e s er f^iGHEy icsur d'E'imée^tcmms:^ de G e or se R*\

Catiche r , la plus-ieune des Sœurs.

Claudine R" , fœur.

Champagne, Laqua's de la Marquise- de-* ^'''0:

Charles R**, frère.

Colarr ( Adélaïde ) , fille trompée par EdmoDif».

Ç ' ( m.'") père de-m ^""^ Paraï-'p-on.

COLETTE G •• , voyer m,"~'*^ PARANGON-^

Colette Edmëe-/) fiile d'E:^-ond.

Colette, fillede journée (Te Tonton laBîaa hiiTcusea.

Comte k jeune ) , fils d'Urfale.

Comte de-**^ (le), père du Marquis ■d^e-^*''.

C. D. T,. M. , grand Seigneur, amant d'Urfule..

Comte de* * * ' le),Caprtaine d'Edmond Je^ r^rteus;.

Con'>siller (lel, m/ i7'oz//7tr, am«nî d'Urûiieâ-

Corhaux ( Eglé ) ^jeuncfilie d'Atv*** Tome IV*

i-iii.mitBïigaiBTi'fn

53§ Table des Noms des Perfonages

Curé ( m/ le ) , de S^*.

D^A* ( le Chevalier ) , écrit la mon du Gardien, De-Courbuiilon ( m.""'^ ) , mairrelTe de Thérèse. î)e-^^*î* ( m,^l« ) , épouse du j, C. fils d'Urfule, r>es-Ecluses(Jur!e)maitre{Ie qui éccndult Edmond. De-"*-, ou la Petite Devarenues, fille d'Edm.& de

lajcune-Marchanae,qui l'a-pris pourfon amant. Dévot (m/ Voisin]':, fait connaître Aurore à Edrn, Dominé (m/), père de Tiennette. Dondaine ( Paul ) , gendre de Chriftine. R*\ Doré ( Euftache ) , mari de Marthon R *. Duc dc»-'^ (le)', amant d^Urfule. DuchelTe (m.^-^^la), belle-mère du jeune-Comt<§ï

de-"-, fJs d'Urfule. Dupes d'Edm.ond au billard. Dupkffiâ & Lebrun , filks-publiques. Dupont(la), G" (la), Piron(la),maîruilés publiques... EDME K'\ père d'Edmond & d'Urfule. EDMEE SERVIGNE , hmmQ deBertrandR., EDMOND R *• , le Paysan pervci^i. Edmond^ esfant,fils dePierreR-,nileulduPrécéd^j Fanchette C", m.'^'^Quinci, fœurde m.^^ Par.!

compagne d'Urfule , & deflinée à Edmond. | FANCBON BERTHIER , femme de Pierr«'

R", bellefa?ur^ amie&correfpondante d'Urfule,, Ferlet (André), mari de Catichc R". Gardîin (laève), ami d'Edmond. Filippa , (la fîgEora) , fille de l'îtalicn, perdue pat

Gaudét, pour venger Urfale. Financier (le) (Montd'or) un des Galans d'Urfule. . Frémi (Marianne), ou TrémoufTée , femme-dc-.J'

chambre d'Urfule. Garnier 'Alexis) gendre de Marthon R". GAUDÉT, ami^corruptcur d'Edmond , d'Urfule,

Scéç Laure, arcboutant des deux Ouvrages. Georget R" -, mari de Catherine Servigné. Graindargent fBenigne), mari de Marianne K'\ Grenelle (Jeune-fille de la rue de-) trompée paf

Edmond j à-Ia~faveur de rcbfccrité. Hermine (Sainte-)^ ami d'Edmond 5c de Gaudé^,

du Paysan de de ia Pay^ianî

HuIlUer à V * * % chargé fecrettement par m. Parangon de donner aux Parens d'Edmond l'i- dée de le mettre à laVille. (Ion nom Ladrée ). Italien (r) amant & oppretreurd'Urfule, c^ui

Ta-joué , & dont il fe-venge cruellement. Jacinthe , ncPTC d^j'rmle , frcre de Zriïde. Jaccjces Bsrault , maitre-d'école deSacj. Joueurs-eicroqs, qui dupent Edmond & Urfule, Karats, mauvais-fujet , ami de N'cg'ret. Lago zrAcKEy grivois , favori d'Urfuie , & par

qui elle fe fait-cnlevcr, Lajarrie , valet d'Edmond fratricide & fugitif, I-algatae , camarade-élève d'Edmond. ÎLaquais de l'Italien , jeté par la fenêtre , & depuis

amant-foutcneur d' urfule perdue. LAURE, cousine d'Edmond-& d'Urfuie, mère de Laure, fille d'Edmond , laquelle épousa Paran-

eon , fils de Manon &: de nx.^ Paiangon. LoisEAv {mJ) m.arl de Tiennettc , ami d'Ed- mond , & procureur-d a-roi à Avaion, Louison, gouvernante de N^ègVet, a. m.r.d'OiL A dâzon j Yoy z Baron. Maître-d'armes d'Eimond (Vaucour\ M2Îtresflcsjd'^[Jrruiejdaafe,déclam2tion,m.usîque* MANON-PALESTINE , première femme d'Edmond , qu'on lui ut ép. groile d'Un-autre^ Manon Baron , j. fœurde Mjdelon , & cou tors- Mano.n, fcEur-ahice de Zéphire. Marcheuse (la) amène Edmond à Urfule d.'i.m.L' M. D. d -R., srand-feigneur cui voit Urfule» Marianne Pv--^ fœtu-. Margoton , fiile de l'avancurc de Billard. Marie, nourrice da Fils d* Urfule, & enfuite fa domeat:qiie,lat"*h.it5&difp3raitavecdcsJa=ieurs, MJhOul: DE^' " (k), raviiï^ur^ amant, 6c enfin mari d'Urfulc, père di;. jeuneComte de-"'-. Ma nqvi^ e d .--' * ^ (la) pi em .femm.e du Marq, .Mariigni (Jean"*-, .mari de Brieitte R », Maiin, père d^'Tovitoae. maître d'ec. de N'èg'rgT,: Moachou (Philippe}^ fécond genicç de Bî'.gite ly

34^ Table des Noms des Perlonages

Ncgre (îc), de l'Italien , viole Urfule , qui le tue,;

Negreile (la) , d'Uriale , poignardée par l'Italien.

h^EG^RETy mauvais-fujet , poète-romancier- compilateur , efl-moqué , finie mal , &c.

Obscurofile f danfeuse de l'Opéra, maltrelTe d'Edmond , amie de Laure.

Orfèvre (femme d'un) , écoute Edmond déguisé»

Page (le , un des Amans d'Ui-flils

F AL EST IN F. , Mère & Sœur de Manon, f. d'Ed,

PARANGON(m.™«),femme du Pcintre,n?aître d'Edmond, la le nie vraie paftion du Paysan perv.

Farangon (m/^)^ mari de la Précédente , Se maître d'Edmond pour la peinture.

Parangon (lejeane) fils du Précédant dcdeManon,

Paftourel , ami de Lasrouache.

PIERRE R ' \ frère-'amé d'Edmond &d'Uifliîe. mari de Fanchon , correfpondant , & l'éditeur^

Poliet , de Sens , connaiîlance d Edmond.

PoRTFUR-'ii* f- AU . fcélérat qui trompe Urfule, ^ la livre à l'Italien, tué par Edmond.

Powel , Aubcrgiile anglais à Derpforr.

Précepteur & Tes Elèves, mis d'accord parEdmond.

Çuatrevaux (les) , parens d'Edmond & d'Urfiile.

Jl^.liEy^L'(laFamiile)duPaysan &de laPaysane.

Rapenot (Edme), libraire illuminé.

Quinci(m/),mari deFanclictte,roeur de m.^^Pat»

R. &F. exigent des infamies d'Urfule dcbutantc,

Robin (lesd.^^^*), Compagnes d'Urfule à Au*"".

Rose, jeuncfîUc-rapilîière corrompue par Nèg'ret.

Sailli , fille perdue , pour laq. Edmond eft berné.

Sa nthellier (m.^'^) facsnomque prend Zépliire,

Sarra (m.™- De-) Vieille , épousée parEdm.ond,

. (mJ'e), fa Fille.

Scrvigns (îe Père) j Edmée & Catherine fesFilles.

Supérieure rfeIaS3lpêcrière,rendUrfule àm.™^Par,

Susette , femme-de-chambre de la Marquise de-, "

Théodore, imprimeur, frère de Tonton laBlanch,

Thérèse, cousine de Mndelon Baron.

Thérèse , femime-de-chambre aimée d Edmond,

TiFNNtTTE, honnête jeune-lîiU-de-famillc , cuisinière de m.*" Parangon, à l'arivée d'Edmonda

da Paysan & de la Paysane. f4ï

WTU ' I !■ III 1^— <

Tiennerta Loiseaii , fa fille, bru de Pierre R •. Tintoret , cam^irade-elève d'Edmond, Toint'tte , féconde fervante de m.™*^ Parangon.' Trumegiile (m/), mari de Zephire. Turnill [le Chevalier), jage-de-paix anglais. Vezini^r (Jean , paysan commiflîomiaire deS'"i ViarJ ^Thomas), gendre de Marianne R" \ Vicaire ( le père) , ami d'Edmond Vo'sin-Voisine, d'UuCule enlevée par LagouachCo. URSULE R*% la Paysane , fœur d'Edmond. Zaïde , jeune Nègreiîe , poignardée par ritalicn, Zaïre , femme-de-chambre de Zephire. Zéphîr ou Zéphirin , fils d'Edmond & de Zephire, / HIR ti , ')i ntit-fille-du-monde , donc l'âme avait toutes les vertus.

Tjble des Noms Je5 Auteurs , Artiftes,

Aâreurs ô' Aftrices , dont il ejlpaiié, (Voirles/7p. 136-7-S-pJu T.III, pour les Noms omis ici.}

J^huljarage^ auteur arabe: mot fur les Femmes» ^drieniic , danfeuse-fiourante à TOp :'ra, jirchiloq , auteur greq , fatyriq déchirant, Ariftofdne , le tâhffai des Greqs, jirnoult ^ belle & fublime adrice de l'Opéra, Afiruc , médecin , fes Livres utiles aux Libertins, Jiagueville (le Marquis de-). Baron , Padeur des grâces i aux Français. Batijie, jeune actrice de rsncien Opéra-comio. jS pré, jolie sdrice de l'ancien Opéra-comiq^ Bellecour, auteur français , froid, mais excellent, Benoît (m.™^), autrice contem-poraine. Blin-de-^Saintmorc ^ auteur tragiq. Btauménily jolie & touchante acirice de l'Opéra» Moihauy le preraier&le moins- crim. desCritiqs, - Boucher^ peintre français qui eut de la celébrité.- Briiard, célèbre Tragédien-père, auxFrançais. Buffon (leComte de-), notre Pline; fon beau ftyle, Cadh^va-d' Efiandoux , auteur comiq. Caille 2u , le premier des Aâieurs dans fon genre,'

^ C»îr/i/2, a;:lequin, grandfeseurdêbonfang&.degaii;é-

W

I4a Table des Noms des' Aytears, &c.

Cartnniitd^ aiitf or des Proverbes , Peintre impro-

Car^'iJe^ icnc-'enne danleuse de l'Opéra, [visateur^

Cécile, joiîc danfcasc de i'Opéra.

Chuntpville adear français aux ItalieBS,

Chevrier ^ auteuf critico-cauftiq.

Clairon. , scî:rice-tr?.g,--franç. la perfeil. de Ton art;'

Clément y auteur des Cirxq-Années-littéraires-,

Clément , auteur tra^ico-cruento-fatyricj.

Clerval f excellent acteur des pièces-ariettes.

Colombe, belle actrice-ariette use.

Contât , jeune & jolie Aétuice des. Français.

Confiantin f mauvais auteur de Isicoht.

Cook (le capitaine) reçoit Edmond fur foabord,.

Corûline^ aâirice italienne, la Beauté, les Grâces,

Corneille , père de la Tragédie-française.

Crébillorty auteur archi-tragiq.

^ fou Fils j auteur de Romans légers,

Cuvillier f un des Maîtres d'Urfale, ad. de l'Op«

Dâlainval ^ mauvais aéteuraux Français.

D' Alembert , grand géomètre. Dancour, auteur comiq du plus-mauvais-genre. Dangevilîe , foubrette franç.iiiiimitée-iniiriiîahi e » Jj^Auhcrvaîy excellent pantomime de l'Opéra, De- Beaumarchais , auteur d'Eugénie , 6cc. De- Ginlis (la ComteiTe) auteur recommandable. JDelakarpe^ littérateur, dramatiq, journalise, &c, Demarmontcl, auteur dramatiq &'ies Contes mor* Dervieus , jolie danfeusc de l'Opéra. Desmarres , ancienneaftricc-tragique française* Destouches , excellent auteur comiq. De'f^'dledieu, célèbre romarxière du dern. iîècl,. Diderot y auteur du / ere-de-famllle , drame. Doligni ^ française, aétricede la plus-belle vérité, J9omr,bonbonier en-vers en-prose, en-comédies». Dorival, jeune & jolie danfeuse de rOpéra. Ducis , auteur t agiq Dufrêne , ancien a^eur tragiq français. Dufrefni , auteur comico farceur. Dugajon , foubrette aux Français. *— " ' arietteu&e cpmiquement férleuse

cités dansîe Paysan Scia Paysane, 343

Du^efnil , fublime aâirîce-tragîque française, Jju-plant y majeftueusc atSrice de l'Opéra Jjupu , célèbre maître-des-srâces 5c à-danfer. Durrjsoi f auteur poéiocframatolyricorragicoml^,' FaniCTf excellente foubrecte , aux Français. Farart^ aâ:iîcc,le charme d^iiTli. it.pcnd. lo-ans,

fon Mari, auteur de la- Chercheuse-a^efprù,

Fontenellc , auteur-académicien bct-efprit. i^reVo;2,feulli(l:eamèr,auteur de V Année littéraire, Gardelj danfeur & auteur pantomime excellent*' GauJIin , plus-attendriiTante des Tragédiennes^, Gauthier ^ ancienne Se bonne eomédie^ne ftanç, Geoffrin y célèbre amateusc d^e Beaus-efprits. Gluck (le clievalier)^ le premier des Musiciens^ Goldoni j auteur du Boarru-bienfe£ant. ^^^ffigtii^ autricedê Cénie^àcs Lettres péruvien» Grandvalf eTcceîIent amoureus au Thé. français. Grétri, niusicien charmant de comédie s- ariettes, Grosierj Ro voz/^,deux de nosCritiqs antinlosofîcîs. Guéanty jolie amoureuse au Théâtre français. Guimard^ ou la Volupté^Vd ]SJaïvetéf.d. à l'Opéra,

Halard OMAldrJ y excellente danfe use de l'Opéra*

Beinel, danfeusc charmante de l'Opéra.

Hidous , dar.rease& fui'ie de l'Opéra,

hus , jolie amoureuse du Théâtre français,

i-alaumdU^ le p!us-fot desGens-d'efprit»

Là-'S^'^^ homme riche,

Lachaujfée , le Téreuce n-ançais.

Lannij ancienne danfeuse de l'Opéra-.

Larrivét, l'Adeurdu goût, à l'Opéra.

Xcr:/fi^eouF£7o/72f/e^ad:riceenchaQtereire auxlt*; '

Làarens j abbé, amcm du. Compcrc-Mathieu.

Lefévre, auteur tragiq,

Legros^ de l'Opéra, laplus-belle voix de l'Europe;

'Lekàin , le plus- exprefTif des Ad. tragiqs franc,

Ltmierrey auteur tragiq.

X^onj7^/^^ gncienne-danfeiïse de l'Opéra.

Zz/!^?, belle ^intelligente foubrette aux Françafs»

Mànde-villty excellente arletteuse duThJtaliea,

Mantelle, adricc de l'ancien Opéra-comiq.

Mariyms^ le Dorât de ioïi temps^ mais fu^érku^i.

J44 Table des Noms des Auteurs , £cc.

Moïéty aâ:. français , model'î des P^tlrsmaîtres. Molière , le père de la vraie Comédie française. JNainviUe , atteur-d' ariette , une très belle voix, Hicolet^ diredeur du plus-confid. desSpeâ:. auB; Padkardelk , comédiCn , amant d'Obrcarofilc. Tàlijfoty auteur dunciado dramaf o-fatyriq. Pélq/ier , ancienne & célèbre danfeusc Je l'Op. Peflwj forte danfeuse de l'Opéra, doub. d'Alard^ Petàpas , ancienne danfèuse de l'Opéra. Piron , poète duro-tragico-comico-érotiq. Poilfon , ancien excellent Valet du Th, français. Préville, Th. fr. un des plus-grands Ad. poffibles. Prévnjl , benedid;in fugitif, célèbre Romancier., Pnvot f, ancienne danfeuse de l'Opéra. Puvigné^ ancienne danfeuse de l'Opéra. Racine, le tragiq du cœur , Se l'élégance même.- Regnaru, auteur furo-comiq. Retif- de-la- Bretone, auteur du Porno graphe ^Scc, Riccohoni , la première des Femmes-auteurs. Rochàrt , ad. français aux îtal. homme-d:-goût.. Rosali'''Leva[feur , opéradlenne digne de GlucK , JRoi{^^z/(J.J.)n*entendpasrcv.deClo}'nei;<^/A:/^j. Sabbai-hi-rde C:/iVfA-, prérend. av.-£iit les 3 Si'écL. Saindéger{m}^'De-) jeune aut.de gr. efpérance». Sàin-falzinée , adrlce française uragidifTime. 6"*** {Sdutereân-de-Marfy) , critiq éckiré, Sedaine, auteur opéra-comico-dramatiq. ,5"*'* , a, g. d. t-, d, î\ c( lèbre par fon éloquence. Suin , arietteur , qui fait les rôles de R ochart, Taconet, auteur-adeur-bobelineur du Boulevard, Jhéodor'^ , jolie danfeuse de l'Opéra-, Trial, arietteur , égale Laruette fon prédécefTeur. Vâdé, auteur poiiTard, audeiibns de fa réputation. Vanloo , grand peintre fiançais. Vernet, célèbre peintre de-vues de nos ports. Vefiris-'pcrc , le plus-beau danfcur de l'Opéra. Voltaire , le plus-grand de nosFcrivains, l'hon- neur de la littérature & de la filosofie. Xénocrates , ancien auteur greq très-frivole-.

Fin de la Table des Noms des Auteurs ^ &c*

Favsane pervertie, t

Avisfur LES Dangers de la Ville, ouPaysan et Paysane pervertis.

^ue îe titre de cette Produclion n en- éloigne ni les Ames-pures, ni lesFilo- sofesfevères : On y-trouvera les tableaus de la vertu les plus-touchans ; une foule defcènesintereflantes ry-fuccèdent avec rapidité: l'âme y-efl; agitée tantôt dou- cement par la tendrefTe maternelle & filiale; .tantôt plus-tumultueusement par l'amour; elle eft-enfuite-dechirée par l'in- dignation , rhorreur , l'épouvante : eniiii elle eftconfolée par le repentir fmcère des Coupables, & elle n'éprouve plus que la pitié , infpirée par leur punition.

Cet Ouvrage eft-composé de plusieurs Parties necefTaires à fon complément :

I, Le Paysan-pervertî, déjà- publié , &: dont il y-a-eu dix éditions en- France , quatre de la traduélion alleman- de, & quarantedeux de la traduélion an- glaise, depuis 1776, ne fait qu'une feule & mém.e hiftoire avec celle que nous publions ;

2 Paysans pervertie.

II, La liaison entre ces deux Produ- ctions , efl- établie par des renvois dans LA Paysane , mais qui ne cadrent pas avec les contrefaçons faites à-rinfu de î 'Auteur : Nous prévenons donc ici que ces éditions imparfaites & pleines de fau- tes groiliéres, ne vont auqu'unement avec l'Ouvrage nouveau,

IIIj C'eit ce qu*on verra fur-tout dans le Troisième Complément neceifaire à LA Paysane 5 formant un Cinquième Volume, qui contient TExpligation BEs Figures du Paysan & de la Paysane PEU VEE.TÎS: En -effet, Ton a-recours aux Contrefaçons , il ar- rivera non-feulem.ent que les renvois ne feront pas juftes, mais fouvent que les faits exprimés parTIiuampe manqueront abfo- lument : Nous avons-=cru cet avis util.

ÎY. LesEsTAMPES font un quatrième complément necefTaire : Celles du dou- ble Ouvrage, ont le mérite peu-ordinaire, de fermer une liifloire en-'tableans, fans la moindre lacune: c'eft ce qui en-a-tri-

Pavsane pervertie, 3

plé îe nombre: Dans hs Ouvrages or- dinaires, les Auteurs & les Libraires ont rarement l'attention de mettre une liai- son dans les Figures qui réalisent certaines fituations; les Eftampes du Paysan & de la Paysans reùniiTent l'avantage de la-propos, au mérite rare de former à- elles-feules une Hiiloire complette. Ces Gravures font coûteuses, &fort-fuperieu- resà celles àçs Contemporaines ; hs dernières n'ayant-pu étre-payées qu'un prixmodiq, & cependant encore trop- confid érable, eu- égard à leur nombre, parcequ'il falait-mettre rOiivrage a un prix proportionné aux moyens des Jeunes -Lefteurs des deux -fex es. .......

(2V'*. Quelques Particuliers, en- achetant Its Contemporaines, fe-font-plaints de ce que hs Figures rencherilTaient rOuvrage: Voici notre reponfe : Un de cts Malhonnétes-gens, qu'on nomme ContPwEfactEUPvS, entendit une de ces converfations : il fe-hâta de retourner dans fa province, pour contrefaire les IV premiers Volumes en-petitromain^, qu'il

4 Patsane pervertie,

"■"' ■■-- ■■ ■- -.-- III l_J

mit à 4~^îiv. fans-figures , aulieu de 9. Il n'eut pas de débit; on voulait nosEihm- pes: Il n'a-pas-osé continuer *. Il faut eependant convenir, que la crainte de la contrefaçon a-été le motif principal qui a-determiné F Auteur , a-mettre àts Ef- tampes aux Contemporaines; il efl douloureusde ne publier (ts Ouvrages, que pour le profit de quelques Corfaires de-profeflion, qui non* feulement ruinent un Auteur, mais nuisent également à fa réputation & aux progrès de la îittera-^ ture, en-fempéchant de corriger une i.'* création, d'après une critique éclairée. Si, par exemple, lePaysan-peuverTî avait eu àts Eilampes, lors delà première édition, fix Contrefaçons informes qui fe-font- vendu es dans le Royaume , au- raient-tourné au-profit de l'Auteur & àts Libraires légitimes , vrais propriétaires. Tant qu'il y-aura àts Contrefaéleurs, hs Auteurs n'auront ni gloire, ni profit; ils n'éprouveront que du découragement :

* Nous avons-appris depuis, qu'on a-contrefak le« XLII Volumes imprimés.

I Pavsane pervertie, $

les vrais Libraires intimidés, n'oseront traiter, ou payer convenablement les manufcrits ; \zs fautes , toujours nom- breuses des premières éditions, Téter- niseront , en-fe-doublant par \ts contre- façons. Mais c'en-efl-aiïes là-defTus.

V. A-la-fuitede I'Explication des Figures, on trouvera la Revue des Ouvrages de l'Auteur : On y-rend un compte détaillé de îts nombreuses Produ(5i:ions: Cette Notice, confignée à-la-fuite du plus-important de î^^ Livre"^ publiés, fera trèscurieuse unjour , îorf" que plusieurs Brochures , que leur Au-» teur cherche lui-même à faire-difparaître? ne fe-trouveront abfoîument plus.

Quant à l'Ouvrage qui parait aujour- d'hui, en-lui-méme, il eil le plus-inte- reffant que nous connaiflions, par fa touche vigoureuse, ^\zs tablea us vrais qu'il présente fréquemment de l'inno- cence &. de k bonhommie champêtres» C'ell: en -ce genre - de-merite que la Paysane-pervertie l'emporte fur le Paysan , ils font plus-rares.

JV^.* On vendra aufTi fans Eftanapes,

6 Pav^ane pervertie.

l.ts Libraires de î' Auteur ne peu-^ vent f'empécher de fe-plaindre ici au PuBLiQ , du déchaînement outrageus de quelques Particuliers anonymes, aufli- méprisables qu obfcurs, contre l'Écrivain ellimable, à qui la Nation & laPofterité doivent&devront'une multitude de vues utiles, qui résilie prefque-feul , depuis nombre d'années, au torrent-de-corrup- tion, produit par l'infubordination àts Femmes , &: dont le mérite recevra enfin le prix le plus-flateur, Texecution de fcs Projets patriotiqs. On a-poufTé l'indi- gnité jufqu'à faire-graver une Eflampe contre lui. A-la-verité le ridicule de cette platitude retombe fur Çts Auteurs : mais en-font-ils moins-coupables ?

Poz/r rExtrait-dé-Nanci , ô'/aReponfe; la Lettre à m/ De-la-Reymèfe , les Lettres de m/ le Vi- comte de-Touftain i /e/^Estrait-de-Nanci, ùla Reponfc j /'Extrait-de-Gottingen, ê'/^Reponfei Différentes Lettres ccrites à l'A^j-teur , & rela- tives à Tes Ouvrages j Enfin tout ce qui a rapport à la louange ou à la critique^ voye^ les Volu, des Coritemporaines,XVl, XVIII,XX,XXIV, XXX,XXXÏ,XXXIII,XXXIV,&c% &h Pré- vention-nationale, àlafin* JVous avons-cru inutil de repL Ur ce qui ejî-^rsc&mmtnt'im^rimé^

PArSANE PERVERTIE, J

T. If 1 15 p. 13 Ugn, de donner i //^. de nommer»

Fautes -à-csrrlgÈr dans la Complainte,

La Complainte qui termine la Paysane, n a-pas-été-faite pour lesGens-des-villes, mais pour Ceux de-la-campagne ; elle efl- dans leur manière, & elle fe-chante déjà dans plusieurs Cantons: Mais il r^ïi" glifTé dans la mesure plusieurs fautes j que nous alons indiquer :

Page $02, y ^couplet y Vigne 3 , Use^ ainjiji

Mais la Femme vrai' mignature:

Ibid, <;:

Cousine adraite , & la Servante

Ibid. ^ couplet , 2 :

Manette humiliait Edmond î

594, 10 couplet y J:

Mais l'innocente Brcbïette

307 , 2.0 couplet j 8 :

Par le poignard ell' f'en-defaîte

309 , zâ^ couplet y f ;

De leur abandon ils rougiiTent ,

Ibid, 7 ;

Urfule ! Edmond-! Tous-deux gemifïewt

^lï, 31 couplet y 2.ù$:

Gomme une Sainte elle vécut j Et toucha par fa repentaace

'313 , 40 couplet ^ 8 :

On l'apprit i il fut-renvoyé.

Ibid. 3f couplet y 1:

Au taudi'on il T'exposa i

318, 51 couplet , 8:

Sut lui ce crime fut-yengc,

Ibid^ <) 2, couplet , 4

N'eut pas encore fon eîTet ;

8 Pavsane pervertie.

CorreÔionsk faire dans la Table-des-nnir.s-dcs-Aiiteurs , Aiftifts» Afteuis , & dans la Table des Conrempotsines,

^iM»»~— ' '■ I I «111 -i^WP—

Carline, jolie adrice française aux Italiens. X>èseJJarts , adeur des Français, digne ruccefTciir

de La-Thorillère. Oranger^ excellent Adeur français , aux Italiens, Fitrotf ■^ù.nct aimable & décente aux Italiens.

■^■— l»^!^— I^l.. ■■■■ IIIM^II «^ W^l , ■■■H.r— Il !■■■■■ I .11 1#

^■jr^ Aperçu des z6i Nouvelles, 6/2-401 Hijioires, XXX/f'^oS' VII. Les Filles mariée s-par-Procureur. V'lume,to^. VII'. LesSœurs-maitrefles, Filles-2,10. IX. LenConfulteuscsérflaScrcière-de-quâlir. *r. XII. X. Les Fiiles-de-gent.de-camp. ou les Rival, don. 2.1 2,. XL La Jolie-Nièce & la Mauvaise-Tante.

* 113. XIL &C.a

±16. L*întendante ^ & la Tresorîèrc. ^17. Les Femmcs-de-Maître-des-Requctc$. Femmes-^^^* La Lieutcn.-g.'^les Présicl.& Confeillèrcs. de- 11p. L'a Subdeleguce, la Présid.^* & les Elues. Ju<î!catu-iio. Les Femmes-des-Eaux-Sc-Forêts , & du ^^' Grenier-à-fel, ou la Jolie-Boiteuse.

VI , ouFaites des Nouvelles cotées 2,1 9, 11^, 113,117, XXXVI jti8, 110: les lit, 111, 113, 114, 12 5 & ii<î« de-p'lumê'' ^^^ Femmes-dc-Finance , de- la* Bourgeoisie , , & de-Commerce t

XXXVII 118. La Soufermicre , ou la Feirme-aux-airs. roLume. 2,2.^, La Receveuse-des- tailles. BoHfgeo, 2.3 1. La MairefTc , & les Echevines. Conûîcr2.3 3. La Belle-Negocianre & la Jolie-Ncgrefle, XXXVIII ^^^* La Belle-Oculifte & la Jolic-Pentiftc,

p-olume. 2-^y. L' Apothiquaire , & l'Herborifte.

'XXIX Faites des Nouvelles 114, iij,ii^, ii7,iî§î

jroiume, /ej 13 9, 140, 14T , 141, 143.

'ii ^o/'.^44* La Jolie-Solliciteuse.

Parasites. 146'. L'Entremettcuse pour plus d*une afFairc,

148. La Gouvernante- de-Celibatairc. ' 149. L'Operadiénne . &c.

frolume,^^^- La Danfcuse , & la Figurante. 1^7. L'Actrice- des- Variétés^ &c. ' XLÏl' ^^°' ^^ Danfeuse-de-cordc Baladin^Paradcuse,' volumc^^^'^* La Belle* Charlatane^

LesFigvrss.

I Revue dts Ouvrages de l'Auteur.

a bonhommiefaît le fond du caractère de ccc Homme : Elle lui cft fi naturelle , qu'à Ton entrée dans le monde, en i/j i, il fut d'abord le jouet de fes Camarades. Il regardait, avec unétoqnemcnt fMpidi forme , la fourbe , la malice , la perfidie , le ton pcrfiiîeur de Ceux c^ui l'environnaient, Se fa fur- fûic prefqu'enfantine pafla pour de la fotisc. Ces apparences durèrent longtemps, & jamais il ne Peft aiTésaggucxri, pour prendre les vices qui l'avaient étonné. Il femble qu'il ait été romancier àis fon enfance : il avait peine , dès qu'il était tranqnile , d'empêcher fon imagination de fe bercer d'un© chimère agréable , qui était toujours un Roman complet,quile tranfportait d'abord de plaisir, pour ne lui laiiîer enfuite que des regrets de ne pouvoir le réaliser. Il a toujours confcrvc du goût pour cet amusement, auquel nous devons fes Contempo" raines : non qu'elles ne folent que les rêves de foii imagination , mais l'habitude de rêver les lu* a fait écrire facilement âc fans fatigue.

Soit par caradère , ou que ce fût TeiFet de fon éducation, dès l'âge de quinze ans, il n'envisa- gea Its choses que relativement à leur utilité, ^C'eft ce qu'on a toujours rematqué dans con- duite , ôc fur-tout a. l'Imprimerie , dont il fit ap- I prentiffage, comme le Richardfon des Anglais , i & qu'il a exercée pour Autrui jufqu'en 17^7. Il ' la quitta, fans avoir d'autre moyen de fubfiftancc i devant lui, qu'environ 6 à 700 liv., prix de la ' Famille vertueuse (imprimée en 1707, par la dame V.* Duchrfne) : il avait alors quatre Eji- '. fans. Il a été Prote comme Richardfon. Il dé- ploya dans cet emploi toute fon adivitéi & avec fon principe , de ncfc donner que des peines utiles, de fupprimer tous les abus , il fesaît beaucouj» I plus q u' Un-autre : cependant comme il attaquai? Revue,^ Y v

clxx Revue des Ouvrages

f ancienne routine , il ne fut pas aimé de fes Con- frères : mais Ton Succelleur le fit regretter. C'eft par une fuite de Ton carad^re , qu'il était plus que négligé dans fa mise , & qu'il ne fe fcrvit plus de perruquier, depuis Ton mariage à l'âge de t6 ans. ïl fe couvrait , mais il ne fe paraît pas , fi ce n'efl: dans des circonftançes rares. Ce qui prouve que €é n'était que faute de temps , c'eil qu'il aimait la parure dans les Autres , & fur-tout dans les Femmes, Il n'y avait que la fociété de ces Der- nières qui pût Tengajer à f 'Kabiller , 8cc.^ Pour mille autres détails , voyez le Coinphr-c Nicolas , cjui eft fa propre hiftoire.

Lorfqu'il eut eut quitté fa place de Prote, il f 'en-ala dans ion Village, il f'ennuja. Il en- reyiiît avec un Manufcrit qu'il y avait composé » e'cft [''Ecole de la Jeunejfe , qu il refondit entière- Bient dans la fuite , & qu'il ne rendit pas meilleur, ircomposa^ l'année qui fuivit fon retour, cinq autres Ouvrages, Id. Confidence nécejjaire y Lucile o\i les Progrès de la vertu ^ le Piéd-dc-^FanchetCe , la Fulematurelle , & le Pornograpke, Il tra- vailla de l'Imprimerie far tous ces Ouvrages, ex- ccpté LiicL'e y étant en mçme-temps, auteur t>uvrlcr: il composait fouvent des pafîagcs en- tiers fans manufcrit, &: ces endroits faits à la cajfâ , fms copie ^ font toujours les meilleurs, les mieux éciyits, les mieux penfés.

Tous fes Romans dont on va parler , ont un fond vrai ( c'eit leur principal mérite ) , qu'il a été obligé d^ altérer légèrement, fuivant qiî-e les fait$ étaient plus ou nioins (ufccptibles d'une apj^icîtioii jtrop claire. Ma!s à-mesure que le temps emporte -ces faits particuliers, l'intéréD qui les a fait maf»' .quer diminue , ^ Ton peut, à certains égards, lever un coin du voile , qui envelope U vérité.

de l'Auteur. ^ cixxj

Ouvrages qui ait vu le jour. Elle fur imprimée en IV Parties , pour la dame V.^ Duchefné, & ti- rée à looo exemplaires. Ce Roman, qui h'eft pas traduit de l'anglais, comme le titre l'annonce ,• présente d^abord THiftoire véritable d'un Négo- ciant de Lyon , déguisé fous le nom de fîr Kirch. Henriette, filU de cet Homme, eut réellement de m.rDulilTe une Fille nommée Léonore j &c.* Les Hiftoriectes rapportées dans ces iv Parties , font des avantures bourgeoises , arrivées à Paris , à-Texceptionde celle de Laurenza^ fille du jésuite Llamas, qui eft efpagnole, &; que l'Auteur tenait d'unNeveude ce Jésuite. Tout P Ouvrage ne ref- plre que la vertu,. "L'ortografc qui ell conforme à la prononciation ^ fit tort à la ventj;. ( // en* re/te des exemplaires.)

n. Lucile , ou les Progrès de la Vertu ^ I Par- tie, fut imprimée en \J6Z ^ parle Libraire Va* lade^ 8c tirée à i5'oo exemplaires. Cette Bro- chure eft i'Hiftoirc en-beau de la fuite d'une Jeune-peri'bnne de Bourgogne , avec un Amant,, vcommenfal de Con Père. On l'a contrefaite eu Province. ( Elle ejî aujourd'hui dans les Con- temporaipxes , fous h titre des Crises d'une Jo- Ee-fille.

llï.Le Pied de Fanckette , ou le Soulier cou^ leuf-'de-rose f ii Parties, imprimé à looo exem- plaires, la même année, par l'Auteur. Il en-fic une féconde éditioneni 77*?, tirée à jgo , où. eftuii Epilogue<]m manque aux contrefaçonss. Ce petit Roman, qui eut beaucoup de fuccès, eft l'Hiftoirc ce la jeune Marchande de la rue Sainidenis ( Ma- dame L •) à laquelle il eft dédié. Il eft inutile

de rien dire de l'intrigue i elle eft fort-commune r Biais ce qui lafingularise, c'eft que tous lesévène- mens font occasionnes parle joli pied de l'Héroïne, êi cesévènemcns font très- multipliés : Les x^qis

V V .1

clxxij Revue des Ouvrages

■' ■' '■• - .. . m. . lia.

pLcmiers Chapitres, qui font une cfpèce de Prcfa«e^ ont été goûtés. Cependant feu M. Fréron refusa cic l'annoncer, comnae étant un-peu libre. On l'a conirefaîtc plusieurs fois en Province.

IV. Confidence néceffhire, ii Parties, tiret a 1 5 oo exemplaires, lu commencement de 1 76^p & réimprimée 1 joo, en 1778. Sousdîs noms anglais, l'Auteur raconte THiftoire d'un jeune Bourguignon , qui avait été tmoureus de deux Jeu- nes-perfonnes en même-temps. LePêre de Celle qu'il devait épouser , voulant f 'aflurer laquelle des deux ce Jeune-homme avait aimé véritablement , fait palFer Fille pour morte , & envoie Ton Fili auprèsde Ton Gendre futur , afin qu'ils fe lient d'a- mitié j enfuite il les fépare , dans la vue de l'cn- gajer à écrire fa Confidence à fon Ami. Ces Lettres font vues p. r le Père de la Jeune-perfonnc crue morte , <^ par tctte Demoiselle même. Ce qui les rend encore plus piquantes, c'eft qu*on offre au Jeune-homme fa MairrclTe en-mariage , {ans la lui faire voir, comme Sœur de Celle qu'il a aimée : Il combat longtemps , Se ne cède que parce-que cette prétendue Soeur &;4u mêmefang que fon Alice. ( // en rejîedes exemplaires ckés la dame V.*^ Duchefne,

V. La Fille Naturelle, 11 Parties, fut Imprimée àPàqucs, en 1770. {tirée a 1000 exemplaires» féconde édition en 1774, à joo, ^j' augmentée de plus de 6q pages dtimprejjion ) C'eft le fujcc le plus heureus 5c le plus fimple que l'Auteur eût encore traité. Un Homme , revenu des Iles , ou il avait fait fortune , rencontre une Jeune-enfant qui lui deirande l'aumône: Touché de fes grâces naturelles , & voulant la préserver d'une corrup- tion inévitable, il en prend foin, Quclq'ics an*- nées après , lorfque la beauté de la Jeune-per- fonne eftdeyclopdc , il veut connaitrc foa origine ,

de l'Auteur. clxxiîj

%L fc propose de répouser. A force de recher- ches , il rencontre une pauvre Demoiselle , an- cienne compagne de la Mcfc de la Jeune-fille j il fe fait raconter l'hiftoire de fa naiiîance , & d'après ce Récit, le Bienfaiteur de TOifeline fe trouve fon père. L'Avanture à laquelle cette Enfant devait le jour , ivait été la cause du féjonr forcé que Ton Père avait fait en Amérique » il ignorait même, lorfqu'il était parti, que faMaltreire dût ctre mère , &c.* 5a conduite palTée , fait que Tes Parens , qui vivaient encore , ne voient p^s tran- quilement chés lui une Jeune-pcrfonnë toute- belle j ils vont le trouver, pour lui faire des re- montrances, & chafler cetta nouvelle Maître ife : C'eft en c^pmomcnt que D'Azinval leur apprend queMarion eft fa Fille : cette Jeune-perfonne qui l'ignorait encore , fc jètc dans les bras de fon Père » & cette reconnaiiTance touchante , rend tout le monde content; puifque la tillt naturdh épouse D'Otbigni , neveu de fon Père. Fréron a loué cet Ouvrage. ( Elle ejl dans les Contemporai- nes , fous le titre de la Sympathie paternelle , ^ la Fille reconnue, )

Le Pornogruphef^Tut à la fin de juin : une dé- lation fecrcttc manqua de le faire fapprimer avant qu'il eût vu le jour : mais un Magiftrat reTpeda- ble , ami du Cenfeur , lui confcilla de fermer l'o- rcillc à la délation: & le Public a été du fenti- ment du Magiftrat, fur l'utilité de cet Ouvrage , cjui a été contrefait plusieurs fois.

La-Mimographeim imprimée à la fin de 176"^. Cet Ouvrage eft plein de néologifhie. Il manque abfolument aujourd'hui , n'ayant pas été contrefait.

VI. L'Auteur, en-finiifant l'impreflion de cet Givrage , commença V Ecole des Pères , dont il vcuiait faire un Nouvel-Emile , en-y fcsant en- trti foii Ecole de la JeuneJJe ou le Marquis dt

vv 3

clxxW Keviie des Ouv^rages

j-^M^^^ Mais il Paperçut que ce dernier Ou- vrage était rrop-imparfait : il en-fîr quatre petits volumes féparés, qui parurent en 1771 ( tim à îooo i éd. épuisée ). C'cili'Hiftoire d'un jeune Gentilhomme, bien élevé par fbn Père , qui fe cor- lompt entre les mains d'Inftltutcurs mercenaires^ Cet Ouvrage eft le prcmierEfTaide l'Auteur pour un Nouvel- Emile , auquel travaille encore > il y a de bon , certains détails , & VEpitre dédicatoire^

Il continua fon Ecole des î^èr^s , vendu au lÀ^ braire Coftard. Celui-ci ne payajat pas , l'Au- teur fit^ pour fubiifter^ un nouveau Roman , dont îenianurcrit avait éié commencé en 17(^9.

YII. Ce furent les Lettres cl une S-ilte a foii Tire, ou Ad<.k Dc-Comm^' , V Part||fe ( tirées à î 1 ^ o) . O uvrn ge l'on voit éparsiès matériaux ■d'un excellent Roman :, il y aurait très-peu de? tra- vail pour ie rendre-stel j le^ fautes font visibles^ âc .faciles à corriger. Le manuferit fut vendu au Xitraire Edme liapenoc^ qui garda l'édition dans, Jon niagasin: ni;ùs après fa mort, lesFxemplaires. 4e font vendus rapidement^ & l'on n'en-trouve plus .aujourd'hui. Ce Roman parut en mars 1772.. ,A;delç De-Co^m*" écrit i fon Père , qui vient de partir- pouÊ la camipagne de i7'5 7. Il Icrait trop iong de donner l'analyse de cet Ouvrage , qui ell PHiftoire vraie de m.i^^ De-C" , tlile naturelle dli dernier Prince De-C"' , faiblement déguisée. 'Les III premiers Volumes, & le commencement du IVcontiennent PHiftoire d'Adèle & de fa Mère i le refte du iV Tome eft rempli d'Hiftoriettes dé- tachées_, racontées par lesPerionnagesdu Roman, écrites ciiacune dans leur raan ère. Le V TomC' renferme des Pièces qui n'ont aucun rapport à i'adion, mais qui feulement ont été citées par l'es perfonnages. Telles font, La-Cig(i,k-&'la^ Foiami , fable dramatique. Le-] uoement-dc".

de l'Auteur. clxx^

Paris ,- ComcÉlie-baller , defllnée pour un Théâtre particulier d'Enfans , elle a été jouée. Une apologie de i* Ambigu- ccmiq du. fîeur Audi-^ not. Un Conu en vers , peuc-^ètre trop-libre , inticulé , // recuit pour mieux fauti r, mieax ^ Le Carroije-de-voituu, JEnfin , on Contr^avis aux Gens-dcLetfres y pour répondre à VAvis âux Gens-dc' Lettres de m. de-Falbaire.

Dans lés intervales , rAuteuir continuait toit-* jours ion Ecole des Pères : mai&le défaut de paie- ment le réduisait à deux extrémités fâcheuses i il travaillait mal , & fe rejetait dans les Romans^ analogues à Ton fujet , qui en difpeïfaienties ma-- tcriaux.-

Vin. En 1771 , il fit la Fem.me dans les trois états de FUle^ d'Epouse & de Mère ,. m Parties. ( imprimée à lo'oo exemplaires : féconde édition enijjZ à ^00 y chés la dame Veuve DucheÇne.^ Le but de l'Auteur avait étédefaire une iL^f^ Partis à Lucile y il composa la Parde intitulée la Femme^ qui eft la plus pitLorefque , & dont. L'Auteur des Maris corrigés a tiré fa pièce , jouée &u-s:Italiens , à la fin de 178 1, Cette Partie aggrandit les idées de l'Auteur; il fit la I.^'^, qui efr afTés bonne i cnfuitc la II f."^^ , qui eft . inférieure aux deux autres î peut-être à-causc de fon fujet, que d'ail-^ leurs l'Auteur n'a pas approfondi. La î.^^ Par- tie , intitulée la Fille , présente l'Héroïne dans ce premier état , dont on détaille hiïloriquement ie§ dangers & ks avantages. Il y a un chapitre ^^ Régime , qui a beaucoup contribué au fuccès rOuvrage. La Il.^e partie , UFemme, eÇtldk mieux faite , à -l'exception des trois ou quatre \ derniers- Chapitres : elle eft pleine de gaîré , paE le caradèrc fingulier de la Beliefœur de l'Hé- roïne , qui anime tour. La III,*n« Partie y la Mi'Cj expose la conduite d'une bonne Mère- dô-

T r ^

clxxvj Kevue des Ouvrages

famille , & peint les différens caradères cjuc pcuTent avoir les Enfans.

IX, Il reprenait fon Ecole des Pères , cîcs qu'il avait fini un Ouvrage. Il l'interrompit de-nouveau CR 1775 9 pourfaire le Âiénage Parisien, ou Dé-r liée ijf Socentouty 11 Parties (imprimés à izjo i épuisé). Ouvrage bicn-conçu, & mal exécuté : «quoiqu'il y ait d'heureus détails > & eue l'idée en eût màTAutcur, de-mapicrc à luiperiuadcr que ce ferait fa meilleure produâiion: En-effet, l'on y voit de tcmps-en-tempsdes étincelles de génie, & l'on y trouTC des idées très-plairantes , fingulicrtï & neuves. Avant que de le livrer à rimprcfïion , il rapprécla ce qu'il valait. Les, Notes critiques qui le terminent , en-firent fuipendrc k vente. Elles font afles conftdérablcs.

X, A la finde 1773 , & au commencement de 1774, il fit les Nouveaux' Ménuires a^un Hotti" mc'de-qu alité , iiVzmcsiimpriwées à 750}, une des plus médiocres produdions de l'Auteur. Ces Mémoires font THiftoire véritable d'un m. X''^-^/- manticrcs. L'idée n'eft: pa5 en-entier de l'Au^ îcur j M. Ma-ck-nd, C. R. a fourni le I Vol. à- Fexception de l'Hifloire de Zoé, & les z<i pte- snières pages du II Vol. On trouve à la fin de ce Roman, une Pièce tout-à -fait originale, intituléç, Thèse de Médecine foutenu: en Enfer, & une Lettre a* un Mort à fon Médecin i reîadve à l'af- faire odieuse que la Faculté a fufcitée à M. De-^ Prévalf und-e fes Membres les plus rcfpedables, êc certainement le plus utile , par l'efficacité de fon Remède anti-vénérien: Cet illaftre Meae- cin y eft ven^é avec les armes de la raison , & U fel du ridicule. ( Il en-refte quelques exempl.

XI.Aucommencementdc i77î, l'Auteur im- prima, de concert avec M. D^Hermilly, C. R. Le Fm^MaCois, ouFIiJivirrdu Grànd-Tuquin^tïiLà'M

de TAsteur. clxxvfj

■l I » Il ^—1^— »»M ^ I

dercfpagnol, iii'P2in\cs{ciré ài ^ oo exempl.},(^u^'i\ corrigea , Se auquel il ajouta fcpt Gliapîtrcs de fa composition, pour terminer l'Ouvrage de Quevedo : La Préface, les Notes, la A'or/ce/zir/'in^L/.s/r/or?, ainfi que la III.'"- Partie en-entier, Tontdc lui- feul, l Ouvr<tgc dcQuevedo finill'ant à l'embarque- ment de fon Héros pour les Indes. La Notice fur l'Inquisition lui avait été donnée rairte par un Particulier, à qui l'avanturc était arrivée y elle composait un volume ,& il l'a réduite à quelques éo pages. Le Libraire CoJiarJd.chzngé le titre à 500 exemplair, cn-cclui de "^ Avantun&r Bufcon, premier titre de Qwfvfi/o. {manque^

XII. Ge fut à fin de la même année 1 775- , qu'il mit fous-prcfTe le Paysan perverti , qu'il im- prima lui-même à 3 000 excmpl. & qui parut à la Toulfainirs. L'édition était épuisée à Noël , & on cn-fit une fecoade : Un Libraire de Toulouse cn-fît une trcHsiérne , mais fur la première , qu'il mutila, par précipitation. Oîi cn-ât une qua- trième dans une autre Ville du Royaume: La cinquiém,e , plus complette , ell ceiie à laquelle on renvoie dans rexplicacion des Eftampes, Si le digne Fils du erai>d Crébilion avait vécu . il fc proposait d'aider l'Auteur de (es confeils pour re- faire cet Ouvrage, 6c le rendre di^ne de Fatten-: lion du Publiq.

Extrait du Journal des Dames ^F^'v. lyy^. Ce Roma.ïa excité la plwii vive {ènfarion. Ses FartisaiîS & Tes Détradetirs ont mis darsleur juge- ment une chaleur égale. Tout le rnorde cepen- dant l'a voulu lice ^ & k plus grand nombre y a trouvé des peintures frappantes , d:es caractères fièrement deiUnéSs wii conrailTance profonde des mœurs de la Capitale, vues dans une eertainc elaflc d'Hommes; une éuergie effrayante dansplasieurs tableaux de corruption & de crimes , des detalkq^ià

V Y 5

clxxviij Revue des Ouvrages

»ii I ■"" I I II I 1 I I I I II ' .111 liiii m tmmmmm»

fupposcnt dans l'Auteur beaucoup d'Imagination,. Il a des traits de 'vérité 8c de génie , mais il n'é- pargne pasaffés les couleurs, il les accuiîiule , & quelquefois elles font fi fortement, fi durement exprimées , que l'oeil Pen-épouvante. La vérité (osons le dire) n'cft pas néanmoins toujours bief- fée dans cet Ouvrage. Falait-il plutôt laiflir tom- ber lé voile fur des atrocités Se des turpitudes fem- blables ,. nous le croyons ; mais en-même-tcmps ie portrait du vice n'eil: pas manqué & fait reculer d'horreur» Il y a dc-quoi répandre un e ffroi faiu- taire dans le coeur des Païens de Province, furie danger que courent leurs Enfans , lorfqu'ils leur font abandonner le féjour de la Gajnpagne j pour les envoyer à Paris y chercher une fortune incer- taine i tandis que des malheurs plus certains les menacent & les environnent à chaque pas, C'eft à Ceux qui tiennent les rênes de la Police & le fecret des confciences à dire fi ces tableaux horri- bles font tous exagérés, & fi TAutecr n'a pas été ^n plusieurs endroits, malheureusement, Peintre trop fidèle. Il ùnt gémir fur les désordres deThu- .manité, aulleu d'accuser un pinceau véridique. Peu de têtes aujourd'hui font en état de concevoir,, de tracer, de fout^nir & d'exécuter un Ouvrage de cette force. Il a de Fctendue , des caradères, de fadion, du mouvement, un afpeâ: moral fous une forme quelquefois hideuse ; enfin , un^e grande j hardieffe de pinceau. L'invention qui y règne , rare de nos jours, 'doit en-fairê pardonner tous les défauts , quelques nombreus qu'ils foient. Nous ^ré^érons ces compositions vaftes & irrégulieres , v. il y a beaucoup d'idées, de détails, de portraits êi de Perfonnages figarans, à cette foule d'Ou- vrages uniformes & polis, faits, dit-on, fous l'œil iin ^oûr, 8c qui, outre îeur petite & timide manière,' ^loupiiient par leur froideur, non-moins ^e j^f ;

de l'Auteur. clxxi^^'

leur prétendue perfeAion. On aurait pu intituler ce Roman, le Vice puni; parce-que le châtiment le plus prompt defcend fur la tête des Coupables, OC^ M. MeVcier y, qui eft auteur de cet article , Va étendu dans le plus-récent & le plw;- philo sophiq^ de fes Ouvrages immortels , le Tableau de Pa- ris , il a donné un chapitre entier à V Auteur & à Û Ouvrage du Paysan perverti. Les fenti" mens n'ont Jamais été partagés fur le mérite de crrteFroduaion originale, Ilefi desPerfonnes que le Quatrième Volume a tellement épouvantées ^ . que leur imagination troublée dans la nuit fui*' v-ant^, : leur fesait poujfèr le-cri-de-la- frayeur, Un L^e re.de 'famille de Bourgogne , qui avait ^ Garfons , dont il était prêt d^ envoyer trois à la Capitale y changea d'avis parla le dure du Paysan; perverti, & en^fa. des Laboureurs^ Une Mère de la petite Ville d: t^oyèns ,. partit fur-k^champ/ pour aler chercher fa Fille en-fervice à Paris ^ , ^.' la trouva prête à être fédidte par fon Maître, l La Paysane pervertie peut avoir des ejfkts en» core plus-avantageus , en ce que les Filles font' plus exposées à la Ville que les Garfons , & qiL elles doivent j^y perdre plus-entièrement, .

[Il faut prendre garde à ne pas confondis notre- Paysane y. avec la rapfodie d'un s/ iV * "^.j

Un petit Auteur ^ fans imagination , fans con- nuiilances îa condition des Paysans , ni de celle - da monde, fii l'année fuivante une Fcysaae, cjui! n'eftqu^un misérable aiTemblage de Lettres fans fel , fans but, fans ftyle ,. d^ùne morale niaise ,. auquel on aurait pu mettre tout autre titre qa^. celui de La Paysane , Ci l'on avait youlu, .

XIII. VEcole-des-Pères , (V.^ Duchtfne , im=*' primé â i ^oo exemplaiies) , parut en mal 1 7j6 ^^ III Volumes, après avoir été retenue foft-long?- tcmps,^ L'Auteur l'avait rachetée à\^ Librake^

V y 5

clxxx Revue des Ouvrages

Coftard-^ poar la- mettre k la rame, & en-extraire le meilleur, p0ui" fo« JNcuvel-hmile j mais il en-fut detGuraé par q^uelqu'un de fes Amis,, qui le confeilla maU Cet Ouvrage cft bietf Cupérieur à V Ecole de lajeunejfe, publiée cinq années a upa- ra-vanr. Il fcrjtiE i fouhaiter qu'il fût entre les Biains de tous lc£ Pères & Mères i il ne pourrait que les éclairer fiât la marner^ d'élever leurs En- fariS', pour en- faire de boas Citoyens, Le but que l'Auteur Tell proposé d'ans G^Éivre, cfl de faire fentir à tout les Inftitutcurs , combien ïi ferait »tilc de faire paifct les Enfans des Riches par les difFércns états audciTpus de celui qii'ils doivent - tenir dans ie monde. II prouve que c'cft le feul moycnde mettre les Grands à-portée de bkn gou- ycrner , Scdc ïendr<e heureusCcuiqm doivent dé- fcîîdrc d'eux, foit comme Maîtres^ ou Seigneurs particuliers, foit comme Miniiires du Prince* On trouve « au commencement du II.** Volume^ un petit Traité hiftoriqae d'e l'Éducation des Fem- jnies, abfolumcnt neuf. Les connanffances ph)'- siqucsksplus faines^ font répandues avec profci» sioii dans tout cet Ouvrage , fur-coutdans le ÏII.'"« Tome ,• après l'Hi//o//-e du Marquis de-T"^**.

Les Gynograpkes , troisième Vol. des Idées JmguUeres y parurent à la fin de 1776"*

XIV. L'Auteur ne donna en ï7'77, que le« deux petits Volumes du Quadragénaire , avec figures. C'eft ici un Ouvrage de fentiment & de convïâ:ion intime , que TAuteur a composé d'a- près rexpérience. En-général j les Homm.es fe ïiiarîent trop-jeunes dans les Villes, ou^ croient trop-tôt avoir paffé l'âge du mariage. Ils font cntretenusdans cette idée par une foaled^Oavrsges ibit Dramatiqs, foit du genre des Contes ou des Romans, qui raccordent tous à dire une vérité physique , favoîr , ç^^:^ il faut unir la Jfuuejfe à lu

de l'Auteur. clxxxj

!>■ II. .. i 1 . I I 1-.

Jeunejfè, mais qui n'cft pas toujours ane vérité «ïahsle moral & le politiq. En-efFct, fouvent le mariage cft împoffîSic à des Hommes occupés i fe faire un état , qui n'y parviennent qu'aprc* de longs travaux, & par des profit* lentement accumulés. Eft-ce bien-méricer de la Patrie > que de dégoûter ces utiles Citoyens du lien con- jugal, en les effrayant parie ridicule, & la crainte de quelque-chose de pis ?.,. C'cft néanmoins ce que l'on fait tous les jours. Ne ferair-il pas plus fage, plus digne d'Écrivains qui jouiifentdc U glorieuse qualité de Précepteurs du Genre-humain^ de répandre dans le Public des maximes quidifpo- salfent iafcnfiblemcnt les Femmes à prendre dcf idées plus faines de leurs devoirs? à fe renfermer dans les foins du ménage ? àlaiffer au premier-fexe des occupations & des ^c^z/z>e5,qu*ilfcrait nuisible au Genre-humain que les deux fexcs euiTent ^galc» Jïîent i Qu'on y prenne garde î de ce qu'une Du- chclfe , une Marquise , & quelques aitfres Femmes' riches , peuvent , fans inconvénicns , f ''appliquée aux fciencesdes Hommes-, il ne T enfuir pas qu'il faille Y porter fout leur fexe : loin de ! comme i'e» xemple desPerfonnesdidinguées eft toujours con- -fagicus,. Ton devrait interdire aux Ducheiles , aux Marquises^ &^.a, ce qui deviendrait nuisible aux Femmes des clâlles inférieures. Lesminces avan- tages que pourrait retirer une Particulicre , qui 'aarait d'heureuses difpositîons Se du temps de refte, de l'appliquer aux fcienc es . doivent toujours être facrifiés au bien-publiq... Mais nous fommes dans le fiécle de l'inconfequence & de la déraison. Ce qui n'eftpas dit par mauvaise-humeur. LcsMaris fouiFrent 5 ils voient le mal , & n'osent fe plaindre : ou fils le font , c'cft d'une manière raniculière i ils attaquent perfonncllcment leur Epouse j ils accu^ sent fon eif rit, fon cœur ^ fon cara^Stère, Ek!

clxxxij Revue des Ouvrages

"-II- ' " ' ' ' ' ' 1 1 II Il II I 111 ij

prcnez-vouS'-en à l'éducation publique,, à, vous» rnêmes ,,' Hommes pusillanimes !,.., . L'Guvrage eft terminé par une revue trcs-abre- gée des différens états , dans laquelle on fe propose d'éclairerles Pare ns, fur celui qu'ils doivent pré-' fèrer pour Py choisir un Gendre. Cette revue eft= la iuite naturelle à\iJjiffours(i\.}i a'fervi à^Intuo' du 3 ion.

XV'. En 177S , l'Auteur composa Le NuiiveL jiheiLarJf, ou Lettres de deux Amans qui ne fe font j<imai$ vus,.iv Viil., il fe livra trop' à fa'- facilité pour écrire ; Cet Ouvrage ad'excellens. détails ,. mais il elt; prolixe. Ç'eit néanmoins un Ouvrage ou tout efl approfondi, beaucoup plus que dans les autres Prodadions de l'Auteur. Extrait du Journal deP aris y j eudii i février 1 ij$. Le véritable tiire de cet Cuvrage ferait /'^^ rnour par lettres , que l'Auteur paraît avoir. ea ihtentïon de lui donner.

Deux Pères , deux Mères de-famille ont un Fils ^vUne Fill e , qu'il s fe propose nt d' unir un-jour. Ils veulent que ces Enfans f 'aiment &; f 'eftiment ,. lorfqu'ils feront épous, c'eft-à-dire , qu'ils fo'ent iieureus. Ils examinent enfemble toutes les JlTanicre^ dont l'amour peat naître i & ils fe dé- terminent pour celle qui eft la plus extraordinai- re , & peut-être la plus fûre ; c'efl un amour de ouï-dire , fi l'on peut f 'exprimer ainfî , aidé ce-- pendant par la vue d'un portrait, &. accompagné â'un charme puiifant, celuide refprit. Les Parens de ces Jeunes-gens trouvent de grands avanta- ges dans la manière qu'ils ont choisie : l'inno- cence de le&irs Enfans ne courra aucun danger : . forcés d'être £ncères dans leurs Lettres, ils ne Te permettront aucune aétion repréheniîble ; ili acquerront des v«j tus i ils feront des choses loua- bles, pourparaîtîe avec .^vantage auxyeux i'uiade

de l'Auteur. clxxxifj

,_ __ I II - 1 .

l'autre , & ils prendront ai nfi l'habitude da bienî' Le Jeune-homme auraleplaisird'Inftruire fa jeune MaltrelVe, & de lui apprendre tout ce (^u'il voudra qu^elIe fâche : enfin ils connaîtront parfaitement le caractère l'un de l'autre i leur" amour au^ra poux base reftime la plus folide.

Voyons maintenant commentl*Àuteur a rem- pli la Correfpondance qu'il nous donne pour réelle , &c qui pourrait l'être : plusieurs Perfonnes de cette Capitale connaiiTent des Gens qui exé-î cutent le- même plan.

Les iJ^s Lettres font un-peu frdide s. Hé- loïse ne répond qu'à la fîxième, quoiqu'elle en-eût ia permiiîîon dès la i.'^ , & elle eft encore plus froide &pluslacomque que fon Amant: mais l'on fent qu'il aurait été contre la vraifemblance que l'Auteur y eût mis plus de chaleur. Le Ledeurne conçoit auère comment on pourra comp-oser qua" tre gtos Volumes d'une pareille Correfpondance^ Mais rétonnement ne tarde pas à eeifer ■■> & il faut avouer que l'idée de l'Auteur eft très-ingé- nieiise , fi la Correfpondance n'eft pas réelle. Non-feulement le jeune Amant qu'il fait écrire, remplit fes Lettres du récit abrégé de fes études en tout genre i mais il raconte des hiftoires , qui ont le- mérite de ne pas être des épisodes dans=^ cette efpèce d'Ouvrage. Ces hifLOÎres font au- tant de Modèles-de-conduite en ménage. Il y en-a fix principaux. On diflingue particulière- ment le IL*^ , qui eft un Conte-moral excellent: Outre le mérite d'être l'hiftoire des Parens des deux Amans , il peut être mis à-côté de ce que Eous avons de mieux en ce genre. On y trou- vera des morceaux du naturel le plus frappant 5 enc volupté douce, honnête, touchante l'anime d'un bout à l'autre. Ce modèle eft intitulé^ La ihilusophii des Maris»

Clixxiv Kevue des Ouvrages

Le III.^ , L* Amour-enfantin , cft d\m genre ^bfolument différent : c*eft plutôt un plan pour fe former une Epouse prefqae àzs l'enfance , . ^u'un modèle de conduite en ménage. L'Auteur y fuit la méthode difficile de tout réaliser. Il rend toutes les converfations de fes Perfonnages. Il a occasion de dire que Ton Héros fit à^s Contes- bleus à fa jeune MaltrelTe, & il nous les donne....

Il y a des morceaux bien-frappés dans le IV.*, intitulé, A quoifercle mérite, fur-tout les trait» ^e bienfesance.

Le V.^ , La Partle-quarrée , cft d'un eenr« Éngulier : c'eft un plan d'affo dation de ménages, pour prévenir la monotonie & l'ennui , ce dan.- gereus poison de l'hymen. On voit que l'Au- teur , en bon Citoyen , tâche autant qu'il lui cft poffible , d'anéantir les inconvénicns de l'in^ dilfolubilité du nœud conjugal»

LaVI."= &d.'^ehiftoire, l' Amonr^muet ^ cd \in modèle pour faire l'amour. Les détails en font heureus: la manière dont ils (ont traités, prouve que l'Auteur fait approfondir le cœur humain ,, & qu'il doit en-faire ion étude particulière.

Dans les petites Hiftorlertes, on en remar- que une extrêmement touchante j intitulée Le ïr'etii^ménase,

Abeilard donne à fa Maitrefte des leçons de physicue & de philosophie , il fe trouve d'excel- l'entes'choses.'ony enfeieiie l'animalité du Globe , &des autres Planètes; a-pl us-forte-raison, celle lies Soleils , qui font leurs mâles , &:c.^ La Jeune- perfonne fait quelques récits, mais courts. Après plus." incidens, & quelques tentativas de la parc d' Abeilard pour voir Héloïse , on la lui montre fans qu'il le fâche , & elle devient ainfi la Rivale d'elle-même.,.. On les fait connaître l'un âfau- çre au eommencemerjiî: du 4^,^ voL Alors les Lettres

de l'Auteur. cîxxx?

11 - .-.----- - - ^ . ■■■

deviennent fort-énergiques de la part d' Abeilard...

Cette nouvji^ produdion de N .-E, Rétzf-de4a-' BrctonCf annonce une imagination riche , & beau- coup de fenfibilité. Il a fur-tout déployé fon ta- lent d.^ns les Modèles, on trouve des morceaux de la plus grande force... Nous n'hésitons pas à dire, que Le Nouvel- Abeilard cft peut-être le plus utile des Livres qui aient paru depuis longtemps... tout y eft honnête , & il eft également fait pour les Pères & Mères-de-famille, &pour les Jeunes-gens. ( Rien ne ferait plus utile, que d'adopter le plaa proposé par l'Auteur, pour faire-faire l'amour à la Je un elfe fans danger pour (ts moeurs. Nous favons que quelques Parens refpeélables l'ont dé- jà tenté avec fruit.)

XVI. La f^ie dcTnoîiTere y composée en 177S, immédiatement après la mise-en-vente du Nouyel- Aheilard , parut à la Saintmartin , fous la date de 1779. C'cft de ce petit Ouvrage, qu'un Hom- me-en-place a dit : Je voudrais que le MiniC- tcre fk tirer centnnlîc de ces dcuxpetites Parties, pour les dlflribucr gratis à tous les Chefs des Villages-, Extrait du Journal de Paris ^ mercredi 24 mars*

Dans cet Ouvrage , écrit d'un ftyle fmiplc, plein d'onétion, & conforme au fujet, l'Auteur donne de nouvelles preuves de fon talent pour ren- dre fidèlement & d'une manière frappante tout ce- qu'il veut peindre. On eftfurpris de voir comment, fans jamais fortir du naturel , il eft parvenu â rele- ver une condition très-refpeélable fans-doute f celle de Laboureur) mais qu'on n'eft pasaccoa- tumé à ccnfidérer fous fon vrai point-de-vue.

Après une courte Scmodeftc invocation aux Mâ- nes paternelles, il enxre en matière, & raconte fuc- cinélsment les actions de fon propre Père. Edme Rétif çH un bonFiis de toutes les manières poflibles.

çîxxxvj Revue des Ouvrages

''■■■■■■■ m IL II >i I I < I m II. iM.i II I ' IIP

X>a nature ofFre un excellent contrafte à l'Ecri-^ Vain dans Pierre Rétif fon ayeul : c'cft un Père '.romain , dont le defpotifme n'^^a point de bornes > on ferait tenté de le feaïr : mais fon Petitfîls ne tarde pas à changer ce fentiment en-admiration, C'eft au moment Pierre vient de faire l'ade le plus abfolu de Ton autorité , en-difposant de main de fon Fils , c^eft: dans ce moment qu'il laiffe échapper comme malgré lui les marques d^un ex- cellent cœur & de Tàme la plus fenfible. On efï ému, & les larmes coulent. Cet endroit efturï des meilleurs de l'Ouvrage 5 il a l'éloquence du genre , Se celle qui éft propre aux Pcrfonnages €e la condition ,: du pays , & du temps ils vi- vaient. Ce Père conferve fa fermeté jufqu'aa tombeau & prefcju'au-delà ; il veut que' le mar riage de fon Fils fe fafle , finon devant fon lit-de* Biort,,, du-morns fur fa tombe j & fcs volontés font ponéluellement exécutées. Ce Fils héroïq im- mole tout à l'obéiflance qu'a exigée fon Père i il luifacrifie la pafiîcnla plus vive , infpirée par l'Ob- jet qui la méritait le mietix. Âuil-i excite-t-il îadmiration de tout ce qui l'entoure. "Je te porte envie ( lui dit un de fes Parens avec enthou- siafme) î) tu es trop heureus I Ah î Edmond î je fuîsjalousde toi ëcdc ton Père , tout-m.ort qu'il' cft ; je vous envie tous , & ne vous plaindrai plus* Je favais que' nous avons Se de l'àme , & du feu ^ & de cet honneur digne de lafource de notre fang; mais je n*ai vu la plénitude de la vertu qu'en toi, à ao ans. Ne dégénère pas, Edmond ! fois pauvre ,. fois riche, qu'importe 1 ton fort efl: fait, il eft au- d'efTus de la fortune »- On rencontre fouvent dans rOuvrage , de ces traits vifs qui partent de l'âms' ^ qui ne peuvent manquer de faire une forte im- preflion fur toutes celles qui ont encore le goût éc h yectu,. Nous, a'ajpiaterens rieii fur cette paflîan

t^^miiimsaÊim>

de TAuteur. cîxxxvij

- f, iia>— - I II ■■ Il HT I I I I «III III. IHilllM II

' 1511' avait conçue E. Rétif pour la belle Rose Pom- bclins , que Ton Perè ne lui permit pas d'épouser i - Sa manière cTaimer eft trop éloignée de nos mœurs- actuelles , quoiqu elle foit encore en usage àRûs certaines Provinces reculées , & qu^elle fût autre* ■fois générale. Mais le Ledeur ne tarde pas àfea- tir combien cet attachement avait de profondeur & d'énergie ; Edme Rétif devenu veuf avec fepi Enfans, après dix ans de mariage , a occasion de faire un voya'^e à Paris. Il visite Rose^Pombé'* lins , mariée ,. ayant auffi des Enfans. Les deus Amans fc voient avec une forte de crainte : maïs rbonnêteté de leurs eoeurs les ralTure: E. Rétif exprime Qi fenlibilité par les larmes cu'il va ré- ' pandre fur la tombe de fon digne Ami ,1e Père de Rose : & c'eft pan l'excès de fa douleur ,qu'oii^ voit quel fut fon amour». '

Tous les caraélères font tracés avec vérité dzÀs- ce Livre. Souvent deux mots peignent un Perfo— . nace , comme nous l'avons nn2;uiiêrement remar— ç[ué àToccasion de la i.*"^ Epouse d'E. Rétif, pay- sane bonne &: naïve. Un des Perfonnagesauxq. on f'attache le plus , eit l'Avocat Récif î.iLrapps-lle- ces anciens Amis de la vertu un-peu brufqs , mais qu'on aime mille-fois mieux que les Hommes a^ prêtés & polis des grandes Villes.

Quant au principal caractère , celui d*F,.Rétif^. c*eft: celui d'un Homme îimple , droit , qui paraît aimer (i naturellem'- la vertu, qu'ilferaîtcroireque ks Hommesnepeuvent jamais aimer autre chose,. il l'on n'avait la fatale expérience du contraire. Sa vie , à fon mariage près, ne renferme aucun fait iingulieri c'^eft celle d'un bon Père de-famille , qui présente une inftraélion continuelle , non-fèulem^' aux Gens-de-lâ-campagne , auxquels elle peut être très--utile, mais aux Habitans des Villes, pour la- conduite mtérieurc du Mari avec- fon Epouse,, d'il'

clxxxviij Revue des Ouvrages

Père envers fcs Enfans. Il eft certain qne les Curés pourraient mettre ce Livre avec frait entre les mains de leurs Paroiffiens j le titre far «ré desPafteurs y efl peint fous les couleurs les plus intére(Fantes } on fe fent porté à les aimer ÔC aîesrefpeéler, après avoir lu cet Ouvrage. On y trouve même des modèles d'une conduite vrai- ment paftoralc dans le portrait de quelques Curci contemporains, & plusieurs d'entr'eux ptononcent lies difcours qu'on ne peut lire fans attendrillem'.

Mais revenons au bon E. R. Sa feule ambition eft de mériter le titre d'honnête-homme ^ & fes vœnx font pleinement fatiffaits : car ce titre , le plus gloricus de tous, lui eft univerfellement dé-* fcré... Pour obtenir ce beau titre , il emploie des moyens infaillibles, il eft bon Mari, bon Citoyen, bon Juge. Son Fils , en rendanî-compte , de la jnanière dont il achetait, dont il traitait fcs Dôme- ftiqs & fesait le bonheur de tout <:e qui IVpprochair, &c.^, répand dans l'âme une fatiffadiion douce, & reporte le Ledeur aux temps des Patriarches.^

Ce te nouvelle Produâion de A^.-É. Rstf-de-la-Bretone^ neus fcmble audeflTus de tout ce qu'il a publie' , tant par le chois du fujet, que par l'utilité, lafimplicitc, on peut jHême dire par la grandeur des fentiniens... Tout y eft «naturel, intéreiTint & vrai. Lapartie des mœurs fur-tout mérite les plus grands éloges j peu d'Ecrivains ont autant' rcufli àpcindrc les vercusantiques, &àinrpirerpour eU«s une tendre vénératian.

Année Littéraire , ijj^ , Tome vij , n." gi.

Depuis cet honnête Abbé de Saintpierr?, qui "rêva au bien public pendant toute fa vie, aucun Ecrivain ne feft plus occupé àt fyftèmes & de projets de réforme que M/ Rétif, Révolté des abus monftrueus qu'il a vu régner dans les deux elâffesde la Société deftinées aux plaisirs Aqs au- tres , &: , qui par là-même font les plus diffici- les à gouverner, il a proposé d'établir un nouvel

de l'Auteur. dxxxix

©idre parmi les Comédiennes & les Filles-publi- ques. Egalement choqué des inconvéniens que le mariage entraîne , touché du fort de tant ds Malheureus qui gémilTent fous un joug éternel, le charitable Légiiîateur a imaginé des moyens de remédier aux maux infinis qui résultent des unions mal-alforties. Enfin l'éducation, qui n'a jamais été plus mauvaise en France , que depuis qu'on Z tant écrit pour la perfectionner , eftaufli un des objets fur lefquels f'eft exercé le génie réforma-* tcurde m.*^ Rétif: cependant par une fatalité fin- gulière , fes fpéculations politiques & morales ont eu le même fort que ces fpécieus projets de finance présentés au Miniftre, qui les litpoint. Le Paysan perverti , eft celui de fes Ouvrages qui ait fait plus de fenfation 5 l'idée en eft heu- reuse & le fonds très-moral. Quelques iltuations neuves & frappantes, quelques réflexions fingu- lières & hardies , ont tiré ce Livre de la foule de Hos Rom.ans frivoles, alimentde l'oisiveté & de l'i- gnorance. M."" Rétif,., eft un Ecriva'n très- inftruit , qui fait pcnfer & qui a des idées à lui , mérite rare dans un temps les compilations font fi fort à la mode, les Livres n'offrent plus rien de neuf que le titre, & la tournure bisarre du ftyle. Ce n' eft point un Roman que je vous annon- ce , Monficur : en écrivant la Vie de fon Père , xnJ Rttif eût cru fe deshonorer, Cil eût mêlé de raines fidions à un fajet fi refpedable. Les Hif- toriens ordinaires ont foin de choisir un Héros il- luftre , &netranfmettcntàlaPoftérité que les ac- tions éclatantes : l'Auteur de la [^ie de mon Père f 'eft imaginé que le portrait d*un Honnête- homme , d'un bon Laboureur , d'un bon Père- de-famille , ferait aufii intéreffant que celui de ces prérendus Grands-hommes, qui ne Ibat cclè-« bres que par le mal qa'ils on: fait.... Quoi qu'il

cxc .Revue des Ouvrages

o'

«n foit , heureus le Père digne d'avoir Ton Fils ■pour hlftorlen ! heure us le Fils qni confacre ïçs talens à la gloire de Ton Père î

{fuit ici l'Analyse d^ l'Ouvrage ). Cet Ouvra2:e offire une imao-e touchante des mœurs champêtres ■■> il refpire la vertu & l'hu- -manité : on y trouve des defcriptions riantes & ^^acieuses, des détails d'une naïveté charmante ,• ces traits pleins de fentiment 8c d'énergie... &g.

XVIÎ. La Malédiâion paternelle : Lettres fifickres ô' véritables de Isl,^^ * "^ **'^j à fes Pa^ rens^ fesAinis & fes Maitreffes ^ avec les Ré" ponfes ; 3 Vol. avecfig., a paru en 1779., ^<^'^s la tiate de 1780. Cet Ouvrage eft une éruption violente de fentiment , fur-tout dans le premier -Volume , & à la fin du 111.°^^ i\ ^ft la Préface naturelle des Contemporaines, {Affiches de Province ^ I9 feptemhre 1779*)

Ce nouvel Ouvrage de M. Rétif-de-la'Bretone, cft comme tous ceux que cet Auteur a publiés, c'eft-à-dire, qu'avec des choses que le goût fé- vère a peut-être droit de profcrire , on y trouve un plus grand nombre de traits d'un naturel, & d'une vérité qui n'appartiennent qu'à lui-feul , & qui le diftinguent de cette foule d^Ecrivailleurs mo- dernes, dont les produélions ignorées du Public lie femblent faites que pour exercer la patience ^es feuls Journaliftes 5 malheureusement con- damnés à les lire, IMous devons même ajouter, oue dans lesiroxeaux ou le principal Perfomiage de ce Roman , nommé DuUs , maudit par fon Père pour avoir épousé , contre fes intentions, une jeune Anglaise , croit éprouver, par les naalheurs qui le pourfuivent & par les égare- mens funefles de fes pa liions , les effets de cette jrcdoutable maledicl'on , alors m.^ Rétif-dè-la Bn'e.tonc Pélève au-dellus de lui-même i ' il dé-

de TAuteun cxcj

Oi »■»— ^«^m;— I I II. Il

|)loye .dans fes idées une force , une énergie qui imposent. Ces tableaux dun pathétiq foin- tre & terrible, font dignes, de la touche de Cr.éhillon, Un firnple extrait ne fiiffirait pas pour donner l'idée de ce Roman : il faut le lire. Nous préférons de citer un pdifage que nou3 -croyons utile , vrai fur-tout ^ & qui mérite qu on y faffe attention: Il eft rire des Avis du Fils mau- dit mourant, à fa fille Henriette, qui termine la 3. ^Partie» « Dans la première éducation , &:c,* Troisième Partie, p. 799.

Nousinvitons m.'" Rtiif-de-Ja-Bretone à déve- lopper fes idées ; &: puifque les Hommes font toute leur vie de grands Enfans qu'on doit inftruire «•n les amusant, qu^^il donne carrière à fon ima- gination jS féconde, pour composer un Roman fur ce fujet. Ce ne fera pas le moins utile de tous -ceux qui font fortis de fa plume.

Fetites-Jjjjckes , ^ i nov. Ij'^g.

Onreconnairdès les i."^"^ pages, l'Aureur de cette- Produdion^ à l'énergie de fes idées. Il ferait ■difficile à mJ Rétif- ie-la-B ! etone de déguiser fon ftyle & de changer fa manière... Ces Lettres peignent principalement les mœurs & les vices des Bourgeois , ainfîque les travers & les ridicules des autres clâdes de la Société; elles présentent uaT^ tableau fidèle de la diîlipation & àzs excès aux-- quels fe livrent les Jeunes-g^^ns de province , iorfque , dégajés^ de tout frein, ils viennent Tengloutir dans la Capitale. On fait com/bien peu F Auteur <iuFi,'y5^/2 perverti 3. Coin de gazer fes peinmres , celles-ci font par fois trop-nues... La i."^^ Partie de l'Ouvrage eîl cel!e il a ré- pandu le plus d'intérêt. Les deux autres lui font fort-inféiîeures , à-l' exception de quelques Let- tres , il f abandonne à toute fa fenfibilité , & oùla chaleur de fon imagination imprime à (es

cxcij Revue des Ouvrages

* -^ - - -r II -- ■>!!

récits, ce caradère original qui le diflingue û avantage Lisefïient des autres compositions de nos faibles Romanciers.

Journal de Paris y jeudi 2 y novembre 1779, Il ne faut qu'avoir la quelques pages de ce Roman, pour deviner à qui nous én-fommes re- devables. Perfonne n'a aujourd'hui ni les qua- lités, ni les défauts de cet utile Ecrivain. Il a un caradere qui lui efl propre , une physionomie bien marquée , & c'efi: un mérite qui devient ailés rare. La MaUdiâion ^paternelle eft de l'Au- teur du Paysan perverti, du J^ouvel Aheilard , èç.la Vie de mon Père , & de quelques douzaines d'autres Romans, Hiftoires, Livres de Mora- le , &,c , qui peuvent bien composer une foixan- tainede Volumes,où il fe trouve fouvent des mor- ceaux dont l'idée ferait honneur à nos meilleurs Ecrivains, une énergie peu commune, des peintu- res de la vertu pleines d'enthousiafme, des tableaux terriblesduvice & de Tes fuites hideuses, une ima- gination prefqu'incroyable , & par-deflus tout, beaucoup de fîngularité. On ne reprochera pas à cet Auteur de marcher fur les pas des autres : Kiêmé quand il va mal , il marche feul. Il a pouifé cependant un-peu trop-loin cette (îgularitc qui le dlftingue ; car il auraitpu fe difpenfer d'in- Tentcr certains mots,& de créer une orthographe: ces innovations n'ont pas fait fortune i aulfi pour l'orthographe , f'eft-11 enfin conformé à celle qui cft en usage. ^

Le Roman dont nous rendons compte e,ft en Lettres. Le Hércs fe nomme Dulis, Il defcend par les Femmes de la fameuse Jeanne dArc , & fon Père détefte les Anglais avec toute la cor- dîalîté d'un bon parent & d'un bon patriote. Dnlis a le coeur & le tempérament très-inflam- mabiesi. il devieetéperduement amouteus d'une

JCUBÇ

de l'Auteur, cxciij

—Wi—— —■—»—— ' < Il uni ■■ ■» ■■ ■■-m I .■■

Jeune Anglaise qu'il épouse: c'eft cette impm- -àence qui lui attire la malédiâion paUrntlL'm tes fuites de cette malédidion font peintes dans ces Lettres fous des couleurstantôttrès-fombres , tantôt moins rembrunies , mais toujours énergi- ques. Il femble que le malheur fattaclie fur TOUS les objets de l'attachement de ce misérable Profcrit. La mort lui enlève la plupart de fes Ami?. Sa Femme Penfuit en Angleterre avec un Séducleur qui la rend bientôt aufîi vile que lui. Après bien des chagrins, notre Héros paraît im-peurefplrer. Quelques-unes de fes avantures lie font rien moins que triftes : mais" ce ne fonc pour lui que de nouvelles fources d'amertume 5c d'humiliation. Il a des inclinations qui le dégra* dent à fes propres yeux. Il efl honteusement dupe , & il eft cause de la m.ort d'une Femme fenfible. A quarante ans pafTés, fes amours de- viennent enfin plus honnêtes. Il avait décou- vert une maison de jeune^Penfionnaires, belles comme les Anges j il va tous les foirs gliller une X.ettre fur la fenêtre & chanter des impromptus de ■fa façon^ tant pour les paroles que pour la ir.u- :sique. Mais parmi ces Demoiselles, il j en ^avait une qui fe nommait Amélie , Se que notre Homme avait choisie particulièrement pour la Dame de fes penfées. Il n'osait pas trop la demander en m.ariage, parce-que l'Anglaise vi- vait encore. La curiosité avait poulie les petites Penlioimaires à lire toutes les Lettres , & rL''nc •d'elles avait même fait une réponfe pour fa bonne Amie. Cependant on écrit à Dulis que fa Femme eft morte , &: quelques-unes de fes Coii- nailTances rendent un bon témoignage de lui à la Tante de fa nouvelle Maitreile ; il l'adorait , il l'i- dolâtrait : d'un autre côté il avait eu deux Filles' <Je l'Anglaise^ ilyavaitquinzeàfeize ans. L'une Revue, u u

cxciv Revue des Ouvrages

■■! M»i«»ii ■■■iniinni m III

d'elles, nommée Henriette, était charman- te : le Cousin ^Amélie cn-devint amourcus. Un double mariage eftprêt àfe conclure , loil- qu'on apprend c^vC Henriette ôc fa Sœur ont dif- paru , éc qu'une Femme qui Teft dite leur mère , T'en eft emparée. Dulis a eu un fongc aftreus. Cette nouvelle & les idées noires qui remplilTent Ton imagination lui causent une ma* ladlc dangereuse, On retrouve enfin Tes deu«c Filles , dont la Mère n'était pas morte. Cette Mère, ou plutôt cette Furie a voulu les corrom- pre. On les ramène à leur Père , & l'Anglaise vient le voir ; Elle eûfuivie de toutes les Infâmes qui ont avili & tourmenté le malheureus Dulis > elle déclare que c'eft elle qui l'a toujours pour- fuivi 5c conduit de prçcipice en précipice , & que le voyant près d'être heureus , elle était ac- courue pour f'y opposer. Elle l'accable d'impréca- tions, f'en retourne , & fempoisonne elle-même. Il eft jjnpolïible d'indiquer toutes ces épouvan- tables fcènes telles qu'elles font dévelopées dans le Roman: nous n'avons rien lu nulle part qui fàlTe autant frémir, Dulis ne furvit pas à ces coups multipliés , & il termine fes jours par une exhortation très-pathétique à fes deux Filles.

Les horreurs paraîtront fans-doute beaucoup trop accumulées dans cette cataftrophe : mais ceux même qui les blâmeront ne pourront rem- pêcher d'admirer l'étonnante vigueur du pinceau qui les a tracées. Si ce font àe.s défauts, on conviendra qu il n'eft pas donné à tout le monde d'en avoir de pareils , & qu'ils fapposent bien du talent', Ce n'eft pas feulement dans cette partie que fe fait remarquer l'Auteur i en gé- néral il exprime avec fuccès toutes les parlions, & particulièrement celle de l'amour. On voit avec grand plaisir^ dans ia Première Partie , une pein*

* ■■■ " '"■ '■' Il I I r i

de l'Auteur. cxcv

ture de ramidé pouffée jufqii'à i'héroiTmc au milieu de la pauvreté ; & les difcoursde l'un des deux Amis font remplis de iîâme & d'éloquence* Il ne faut d'ailleurs chercher ni le bel-efprit , ni le bon- ton , beau ftyle dans ce Roman : Ceux qui voudraient autre chose qu^ ce qui parc de l'âme , feraient trompés dans leur attente

Ce nouveau Roman eft terminé par un Plan- de-conduite que VuUs laiiîe à fa fille Henriette» Il y a dans ce morceau d'excellentes choses , ëc d'autres très-fuiceptibles de difcudlon,

XVIII. L'Auteur commença les Contemporai" neSf ou Avantures des plus JoUei-Femmes de l'âgé présent, en 177^, après avoir composé l^Décou^ verte auflràU : Il n'avait d'abord ie planque d'une vingtaine de iVoi/i^^/Ze^ , & fur- tout, il n'avait pas fon titre , qui efl excellent : il le trouva après avoir xédigé un certain nom-bre d'Hiftoricttes : celui qu'il avait d'abord cn-vue, était les Nouvelles Parisien* nés: mais outre qu'il n'était pas jude, qu*îl ofFraic une forte d'amphibologie, & ne valait pas celui des Contemporaines, Cet Ouvrage cH composé de -ccii Nouvelles en XXX Volumes : xcvïiî font prises dans tousles états : ilyen-aLxixpourles^o/z- îeniporaines-du'-communj &:xxxrii ont pour ti- tre , les Contemporaines graduées , c'eft-à-dire , qu'on fuit dans ces àcviûaics Nouvelles la grada- tion des états, depuis ceux du-commuti , jufqu'aa plus -élevés, fans Pécarter de l'ordre. Cet Ouvrage, eft la première ùQsdluvres pojihumes, dont il cft parlé dans la Malédiclion paternelle» Extrait du Journal de Paris , 9 Juin 1780^ Tomes I , II , IIÏ 6' IV. On peut dire de ces Contes ce que Martial di- rait de fes Épîgrames : » Il y en a de bons i il y en a de médiocres i il y en a qui font afTés pea-de- chose >v L'Auteur -eft Celui qui fe fait k plus

cxcvj Revue des Ouvrages

remarquer parmi nos Romanciers aduels , malgré les inégalités de fon imagination & de fon ftyle. Ceft le fécond & rapide Écrivain , auquel nous fômmes TcdcvdhlQS à\i Paysan perverti ^ du Q^ua<* dragcnaire , du JNouvel-Àbeilard ou V Amour par Ltttrrcs , de la Vie. de mon Père , de la Malédic" tion paternelle , &c.% &c.a , &c.^ , Scc.^ _ Les Contes que nous annonçons dans ces quatre Vo- lumes y font au nombre de XXVIII , & il y en a encore fous "çït^tfoixantedixfept. Pour les rendre plus intéreirans qae toute,s les autres Nouvelles , Contes j Anecdotes f l'Auteur ('eH: fait une loi de n'y inférer que des faits arrivés , légèrement dé- giiîsés pour la plupart, c'eft-à-'di^e , dans les noms & dans quelques circonftances indifférentes. Vrais ou non, ces faits font les plus fouvent extraordi- naires ! La I.'''<^ Nouvelle ei'tlc JNouveau-Pigma' lion .•''quoique remarquable par les faits toucbans qu'elle renferme /elle eft cependant une desmoins jfingulières: celle arrivée à un va^Delaphare, au- teur j l'eft davantage... La NouvtUe intitulée : V Honneur écUpféy efl encore unde ces traits que rÂuteut'donne pour vrais , & qui, racontés dans ]a"^fcc:été, paraillent toujours piquans. V Arna- ^àne , autre Nouvelle , a des détails qui décèlent davantage h manièic de l'Auteur. Mais toutes ces fingularites ne font rien, en comparaison de la XIV.'^^' Nouvelle. Un Comte De la-S^* ren- contre une Jeune-perfonne charmante furlcs^oz/- l;:vards \ on la nomme Cécile ; Il en-eft épris a la première vue i & fe confirme dans fonpanchanr, en l'accompagnant jufques dans la maison où. elle entre , près de la rue Foijfonnitre : Quelques jours après, il parvient àf'introduire drns cette maison : Il y voit un Vieillard , dont Perfonne ne connaît ni Le nom ni la qualité. Il y rencontre par h fuiïeLii'iC-auçreJeuuc-perfonnc^ irès-aimabie

•àQ l'Auteur. cxcvij

& très-iîngulière : Enfin , après bien des cîrconf- tances, il fe trouve que cette Dernière eft une Fille innocente qui a été mal-pendue , & à laquelle le Vieillard (Bourreau) a fauve la vie; & que la Première _, dont le Comte efl éperdûment amou- reus , eft la Fille ........ duBourreau. Le Comte

ne fe détermine pas moins à l'épouser, & l'em- mène dans une de fes Terres.-

On reconnaîtra dans ces Hiftoires, le mêm^e ta- lent, &; quelquefois les mêmes défauts que dans les autres Produdions de ri\uteur j beaucoup d'ima- gination , du fentiment , une manière d'écrire ex- pédirive. Lafingularité de la plupart de ces A^'an- tures y ajoute un nouveau degré d'intérêt, & leur donne un cp.raélère abfolument dillind;if. Ajjichts dt Province , 19 Avril 17S0.

Cet Ouvrage de m.^ Réîif-de'la'Bretoiie doit avoir une fuite confidérable : il fera composé de <foi^{e autres Volumes ^ aumoins,comm.e les quatre qui paraiifent, &les/e/{^réiinîs contiendront cent JSJouvdliSy avec une gravure en-tête de chacune ; quelquefois même une feule Hifloire en-a plusieurs. Voila de-quoi fatiOaire.les grands Liseurs de Ro- mans ! fils aiment ûir-tout plutôt la peinture de la naturel des mœurs bourgeoises , que celle des mœurs faélices des Grands : c'eft à ces mœurs naturelles, Se qui font en quelque forte celles du Genre-humain^ que 1* Auteur f'eft particulière- ment attaché: Rarement il f 'élève à celles des Conditions fupérieures j & l'on ne faurait l'en-blâ- mer. Peut-être ne croit-il pas qu'il foit utile d'en- traccr un portrait fidèle : aulieu qu'il prouve in-' conteftablement , qu'il eft très-avatageus d'envisa- ger les premières, qu'il paraît avoir approfondies{'^).

iilM» Il II iiiiiiii m.i ■!'■ a^trtra-tririr» rmniHijJîïTgafamg iia ■mm maii en*gi^-ij|

(*) Qu'on lise les Poètes Grecs , & même les Lacins ; on n'y trouve que la peinture des mœurs bourgeoises S- çjmmunes» VoyQ:i^ furtouc Simojùdts,

u u 3

/

cxcviij Kevuc des Ouvrages.

îl a particulièrement dirigé fes obfervations dir lelï Femmes des clâfTes intermédiaires delà Société i -c'eft leur maiîière de voir , d'agir , de fentirî leurs vertus, leurs vices , leurs prétentions, l::Ur genre de coquetterie , leur langage. L'amour fait pour l'ordinaire le fond de ces Avantures i l'Auteur peint ce fentimenc avec des couleurs très- vives ^ &: ïous tous tes rapports pofTibles: C'eft y cn-eiFet y la, plus noble ^ la plus variée , la plus énergique ■dîs paflîoîîs : On pourrait cependant désirer qu^ rAijteur ne fe fût pas borné à ce fcul m.obile des :acrions humaines i cela jètc une teinte d'uniformité fur fon Ouvrage ; & malgré l'art qu'ail y emploie'; malgré les leçons qu'il en-tîre^ avec cette force qui lui eft propre , pour l'inflrudion des Femmes, il ne fouricadrait pas l'attcntiondc fesLedeurs d'"uii bout-à-rautre d'un Ouvrage au/îi confidérable j Pii n^avait parfemé dans les XXVIÏI Nouvelle^- ■qui compos ene les lY premiers Volumes , c es formes originales qui n'appartiennen; qu'à {u'-feul. Quelle ctonaaute féconde d'imagination î quel aiTemblage de traits plai sans., trlftes, t;!rribles, cxtraordi- Éaires _, toujours iîngulicrsï, .. On trouve quel- Cîuefois des Leéleurs délicats ,. a qui les négligences <ie fon ftyle donnent de Thumeur r Nous ne pré- tenions pas excuser ces défauts , quoiqu'il y aitdes. morceaux fupérieureraenr écrits dans celuF-ci 5 mais €oœpre-t-on pour rien,, & le mérite fi rare de i'in- Vention , que les "" * ** voudraient fi bien avoir, & la vivacité de l'intérêt , & la toucbe vraiment originale ? Ces qualités , 'qui partent d'un cœur êc d'une tête pleins de chaleur, ne valent-elles pas cent-fois lafymmétrie & la froîde élégance de nos Romanciers ordinaires ?

J'ai fu que plusieurs Auteurs, tom Poètes, tous con- tonrneurs ds jolies phrases , avaient éxéchés l'Auteur des Affi.chts-iit-'PrJvinct , pour prefTcntir fon jugement fur les Çontcm^oraiiiss , &Ic menacer dcieuranijaiadTeTÛajij

It^tmmmmÊmmimmttmmmmtmimmcm^mmmmmmgÊmÊimiÊtmiÊmÊmiÊÊk

de l'Auteur. cxcix

*■ I I r I I Mil

fil louait indéfiniment. Cet eftimable Journaliile, que r Ouvrage avait amusé , a pris un parti moyen dans foil rendu compte , que je viens de placer ici. Je demande à-présent , d'où-vient que les jolis Contourneurs en-veulene à mon Ami ?... C'eft qu'il cfl dans de* principes opposés aux leurs fur le Femmes , fur la manière de les élever y fur le genre de bonheur auquel elles doiveec afpircr» Voila couï. ( Joly.

Isl.'* Il eft fausque les Romans corrompent les moeurs: c'cfl: , comme on l'a dit dans la Préface , tout le contraire qui arrive: J'aivudernièremcntg fur un manufcrit qu'on livrait à l'impreflion , une note que j'ai dcm.andé la permiiîîon de copier :

C'eft avec furprise qu'on a lu dans un certain Journal ( gimai), que la-Tapcret , femme Lefcombat^ a fait afia- ciner Ton Mari, parce-qu'elle lirait aes Romans. L'im- putation ett abfolumenc gratuite : j'ai vérifié le fa't> connaifîant une Femme âgée, quia été voisine de ce Monftre femelle : h-LeJcombat ne lisait pas: elle avait beaucoup d'efprit naturel/ quoique faus, capricieuse mais elle ne lisait pas : elle avait bien d'autres amusemenst Elle ne com*nença de lire , que pour fe desennuyer durant ■fa prison. Jamais la ledure des Romans n'a porté au crime j c'eft tout le contraire. Il y a grande apparence que ra.r k Journaliiieen-veut plutôt à quelque Roman-î cier, qu'aux Romans.

Mxcrait du Journal de. Varis , 1 7 décemhre ijioi Tomes V, VI , VII Ù VIIL

Cette féconde Suite des Contemporaines îeti^ ferme vingtquaa'e Contes ou J^ouvelles, dans les- quelles l'Auteur ne cq{Çc de donner des preuves de fon intariiîable imagination : car fil n'a pas inventé le fond de toutes ces Hiftoriettes , aumoins a-t-il créé la plupart des détails. Les premiers Volumes ont eu la plus grande vogue i on a cru y reconnaître difl'érens Particuliers , & on Peft tourmenté pouE appliquer à quelques Perfonnes connues des ayan- tures qui avaient certains rapports avec celles qui leur étaient réellement arrivées. L'Auteur , fouj le nom de m.^ Timotkée Joly y . protefte dans un AvcrtiiTçment <^ue , loin 4' avoir cherché à répaîtr*

ajHtaMlMMHHMibBaM

ce Pievue des Ouvrages

a»i II l'T l'i g»«i mil liai iiii I I I lui iii«a— »» mi I, I |»|

îa curiosité , qui fattache particulièrement aux Grands , ii a déguisé plusieurs avantures dont les Héroïnes étaient des Femmes de la première-qua- lité j en les plaçant dans une condition moyenne.

.Pour les avantures bourgeoises, il alTure qu'eiles-

demeurent toujours inconnues , & qu'elles ne blel- fent Perfonne. » Une Bourgeoise hijioriée , dit- î> il^ fût -elle reconnue detout Ton quartier, dans le » moment ou le Livre paraît , ne peut manquer ?9 d'être bientôt oubliée ??« Quoiqu'il en foit, ces X^ouvellss ont du mérite en-eiles-mêmcs , indé- pendam.ment de toute efpèce d'application j & fi

, toutes ne font pas vraies , elles ont dumoins , pour

Ja plupart , un grand air de vérité , quoique plu- sieurs d'entr'ellesfoientfort-extraordinaires ! Nous, ne pouvons parcourir ici les vingtquatre fujers des Volumes que nous^annonçons : nous dironsfeulem^ qu'il y en- a de très-intérefîans , & que i'A-Uteui; paraît avoir fouvent rempli fon but-, qui eft àzclon-* ner un cours de moyens oJ être heureus en ménage,

^Quelques-uns de fes principes cependant pourraleRt iui être conteftés 3 celui-ci , par-exemple :' » Epous,

j-> dit41 , à la têted'un de fcs Contes ; il vous n'êtes pas l'Un pour l'Autre -des Etres parfaits^ vous

;55 vous deviendrez bientôt infupportables ?>. Et c'efl une de Tes propositions favorites , une de celles qu'il f'attache le plus à developer. Il eft fâcheus que le confeil qu'elle présente foit le plus, difficile de tous à réduire en-pratique : car lorfque 4eux Perfonnes pailent enfemble toute leur vie , 41 eft imipoflible qu'elles ne fe reconnaillent pas •mutuellement des défauts. Si un Héros ct{{z de l'être aux yeux de Ton Valet-de-chambre, il n'y a pas non-plus d'Homme parfait aux yeux de fa Fem- me. Quant aux Femmes parfaites , elles font prefque toutes dans l'imagination des Romanciers, des Poètes & des Amans i jamais dans, celle à^i

de TAuteur. ccj

m - -

Maris , dumoins après la première année da ma-- riage, Aufïi les ]<[ouvelles intitulées, Le Mari" dieu , La Femmt-déejfe y paraifîent-elles les plus romanefques du Recueil. Une idée plus philo- sophique , & peut-être plus fondée fur la connaif- fance du cœur humain , ferait celle d'un Conte ou d'une Hiftoire, ou l'on apprendrait aux Epous a. n'être pas étonnés de fe trouver mutuellement des défauts , & on leur indiquerait l'art de les fup- porter (^). L'Auteur a mis en aélion une-autre maxime un-peu-moms chimérique , mais qui pour- rait bien n'être pas du goût de nos Elégantes i c'effc qu'il Ç:it de la plus grande confequence que les. Femmes foient foumises à leurs Maris.. Dulis » fonAmi , furie comp:e duquel il met la plupart de ces Hiftorietres . prétendait même _, à ce qu'il nous die, qu'il falait que les Femmes fulîent igno- rantes, cette ignora -i ce n'étantqj'anacceiioire de ta foumillion. L'Auteur tâche de prouver toat cela dans le Conte du Mari-pcrc, C'efl un Rom-*- me d'environ quarantecinq ans,, qui épouse une Asnès très - ignorante & très-fourni s e.^ Celle* ci rend fon Mari heureus, en fe bornant à raîmer^ à le refpeârer , & à prendre foin du menace :: elle, n'a que quel q^ues attraits, du bon-fens & la ccmî'- nallTance de fes devoirs; erfîn c'eft une ce^s Femmes que l'on pourra bien traiter àt vetiUSi Bourgeoises , & qui ne fa vent qu'être Épouses ref- peé^ueuses & bonnes mères, La plupart de nos. Femmes, en (àvcnt davantagre. Aaili font-elîes. fort-mal traité es d'ans cette Hiïl'arietteTeu galknte^j, ©à on- leur répète; cet axiome du Livre delà Sa—

Ç*->L''èdiceur a- placé dantsfon "B^cm'û.un^ NoirMlls^ ^ui remplit parfa'tcirent c€ but t: c*ell ]a;x<ïiii,înj &-Ja dernière du xviî.jn; VolUrae ^ ino-tulcâ.,, Lii: Eanmg;^ <msu^l&& Le. Mitrz-foîirâ:^

ccij Revue de l'Auteur,

gefle :- La folie d'un' Homme vaut mieux queArn'- Jàgeffe cTune Femme. L'Auteur aurait p\i citer ej3Corele traitde l'Hilloire facréc ,,qmfait voir que' c'ell la carioské de la première Femme cjui a tout perdu. Mais il {èmble avoir eu quelques remords -^ d'avoir débité des vérités auifi dures; car il a fait^ fuivre cette ^oz^ve//e dlme-autrê , oùruneFémmc joue le pF-emier rôle,' IleftvraiqueiGMaricftu»^ înafeéciie^ SaFemme cachcfoigneusementqu'ellc- ' legçuvcrne v^lleyamêmeiufqLi'àiefafrerêfpeâier,- Cct££ anecdote à pour titre:- UÉppusc'mèreo- Il ya encore dans cette iuite àt'aiiJ^fowvdU^ qui fonteôntràftè. La première tïl La Femme ver"- iueme matgré elle ; la féconde yXaKerîu inutile,- Dansl'une, une Femme cherche toutes les occa-- sions de fuccomber , & un hazard très-peu vrai- femblabie contredit toujours Tes belles intaitions, Sa SœuL' aucontrâirè évite tous les pièges avec foin, &ne manque jamais de Py trouver prise. Ce dernier Conte peut faire entendre qu'il-ne faut pas queC-ellesquircilénthonnêres femmes en foient- .pour cela trop fièrcs. L'Auteur a peut-être en- core eu ch-voe un-autre bm moral ,^qui résulte l'enfemble dcs^-deux Nouvelles i c^eft que fil fc-' trouve certaines Femmes qui font vertueuses par-- hasasd^ commcmJDe'-M^rmcnîelVà m.ontré dons ttn de fes Contes moraux , il cn-eil auffi qui doivent fe confoler de leurs faibleiïes 3 & ne pas^ tomber 4ans le découragement , qui fait toujours plus de tort aux mœurs , que la faiblelfe même;- Une Fille qai a perdu fa fleur , ccfTe ordinaire - i.:nent de fe refpeéler 3 & c'eft ce qui l'égaré : une Fc m nie-mariée,, aucontraire continue de Teftimer, & c'eft ce qui conferve fes-mœurs : utîe Proftituéc qui ignorerait fa dégradation , ferait toujours prête à redevenir vertueuse , &£.^ : mais tous les Lee- teursifapprovetpnt peut-être pas les tableaux pré^

de l'Auteur. cciij,

sentes dans ces dsux Nouvelles [i). Le défaut gue nous venons de reprocher à l'Auteur , eft afTés rare dans ces petits Ouvrages; on y remarcjuc en-géné^ rai une morale pure , & même un-peu févère, comme celle de la foumiiîîon des Epouses à leurs Maris, Malgré ce desagréable principe, nous ne ferîo«s pas étonnés que ce Livre pût continuer de trouver grâce aux yeux de beaucoup de Femmes ! L'Auteur y parle fans ceffe d'amour , d'adoration, d'ajuftemens: il y a de ciuoife faire pardonner bien de petits travers! Ceux qui ont une âme fcnfîblc , excuseront auffi la négligence du ftyle , cn-faveur du talent d'exprimer les pafïions ^ de l'originalité piquante & des fentimens honnêtes qui les frapperont dans plusieurs de cêS 2^ouveUes* En-lisant cet Auteur , nous l'avons déjà dit , il faut renoncer à trouver du pompeus , une manière léchée , jolies phrases , de l'enluminure , le ton du monde (i) : en revanche , on eft quelquefois

>•• ■■■' "I' '■■ Il ■■ 1-..^.. . - ■- ,,. .

(r)Vo5fex, pour le motif de TEditeur, à employer les Nouvelles qui paraifl'ent libres _, la LX.n'^^, intitulée, Lu Fille venge'i. Le but moral de la p^ertu iniuHe^ eft, » qu'il faut eViterjnfqu'aux occasions de chute. {.Joly^

{^) Voila effe£tivemerit ^plusieurs-fois qu^on fait ce reproche au ftyle de Didis. Étonné de Tentendre re'pe'ter, î'ai été dans différentes nnaisons, je itiis leçu : j'ai amené dans la converfation un ru}ec femblable a quel- ques-uns des principaux, traités par mon An'.i ; fur-touc en dialogue : j'ai fait un rôle , & j'ai laiflé faire l'autre , fans les en-prevenir, à àcs Femmes bien-ékvées t chose étonnante î elles ont répondu daas leï mêmes termes que mon Ami avait employés ! Lorfque les prersiières A'^u- y<;/Zf5 ont été imprimées, j'ai porte l'Oiîvrage , & j'ai de- mandé le fentiment fur ces mêmes endroits"^ Biea-| în*a-t-on dit. Les Journaux ont parlé } on a dit alors contme eux. Encore p'us furpris, j'^aî lu quelques-unes €ie .nosBrochures.éfémères : j'y a-i trouvé un ftyle oratoire & pompeus i des épi^hètes à cliaquc fubftantitj des inter-' jeâions ! &c.j J'ai relu CrébiUon ftls ., j'ai encore mj-cuK conçu le rcprochç qu'on frtit à ç^iî^ouycLiss i riisàs je

cciv Revue des Ouvrages

très-vivement mtérefTé i ce Peiiitre la ve,rtu. fait ia faire aimer : plusieurs de Tes Anecdotes at- . tendri lient jurqu' aux larmes : nous indiquerons par- ticulièrement celles_ de la Bonne Bellemcre ,, de \2i Altre foupçoniieuse yà^ hMaitrcJfc infirme, Idi Dédaigneuse , &c.a &c.a II y en a de beau- , coup moins ineéreiTantcs y mais il n'y en a pas cju'oii: doive retrancher : la plupart excitent aumoms la curiosité. L'Auteur doit donner encore dix Ko- lumes , pour compWter le Recueil..

Affiches de Irovince ^ lj novembre 1780, Si les Perfonnes qui ont fait des critiques des quatre prcmiersVolum.es de cet Ouvrage , veulent fe donner la peine de lire la rèponfe que l'Auteur a mise à la fin du Cinqullme^ elles feront frappées; fans-doute de lajudeiTe & de la vérité de fcs rai- sons» Il prouve ,, <Sc ailleurs , que c'efl à-tort: qu'on lui a reproché d'avoir choisi de-préférence les conditions bourgeoises pour être les fujets de fes Contes :. il obferve tiés-bien que ces condi- tions prêtent plus que les autres à la peinture des mœurs ; que les caraélères y font plus variés , plus- faillanSj plus frappés de nature , fi je puisme fcr- "pir de ce terme y qu'àurefte il ne Pèft pas telle- ment renferme dans ce cercle , qull ne remonte quelquefois aux Clàffes fapéricures de la fociétc , comme il eft encore aisé de f 'en-apercevoir dans cette féconde livraison, îl fapt avouer qu'il a des idées rares, fingulières, originales dans la plupart des Contes qui la composent. Il ne trouvera pas mauvais qu'on le compare à VAriofie. Ne pour-- fait-on pas lui demander , comme le Cardinal de-

fnis dit r Les N'ouve lies- fimples & vraies de mon Ami feraient mal-ecrites en ftyle pompeus, & dans ccïm du Peincie charmant des riJicuiei-wtalQruS'rpuges : iaii&QS!» Je ul qu'il Cil. (/£?/>

de l'Auteur* ccr

- -

Ferrare à ce premier Poète italien:- Jj*ovà MejJerRetifo délia Bretonia , avettpigliato tante: coLonerie 2. Il dit qu'on lui a foutni beaucoup de fujets dont le fond cft vrai. Soit : mais il y a bien mis du ficn , bien des circonftances., bicii' d^es détails , une manière qui le diftingue de tous, les Auteurs , & qui fuppose une imagination im^ gulièrement féconde ^ bizarre par-fois, prcfque toujours brillante & animée. Il eft inutile d'in— fifter fur les défauts qu'"on peut lui reprocher: ils tiennent à cette imagination qui le domine > &. fil voulait f'en-corriger, peut-être ferait-il moins, piquant, moins intérclfant. Tout en le criti- quant , on ne laiife pas de le lire , quitte à-pallec les dialogues qui, pour, l'ordinaire, font trop longs , & aiFaiblilfent la vivacité du récit D'hall- leurs on continue toujours la ledure j on veut voir la fin du Conte : on rit, on Pamuse des inci- dens. Que faut-îl^ de plus ? N''éft'ce pas le triomphe de tout Ecrivain, que de tenir conti-- Buellcment le Leâ;eur en-haleine? C'cft fur- tout dans quelques X'Touvelles de cette féconde: livraison , qu'on éprouvera cet intérêt. Nous ne:: pouvons que les indiquer, Za Femme vertueuse malgré elle : elle eft très-plaisante i & cetteFem» me , qui n'a rien négligé pour pouiTer toutes feâ, avantures jufqii'a la fin ,. toujours trompée dans fon attente , a bien raison de f 'écrter : îj Je fuis- « encore Lucrèce ^ jafqu^'à Tarquin exclusive- ment ^)! La vtrcu inutile. LaScrur-cadettcdc^ Celle qui feit le fujet de la Nouvelle précédente ^ raconte ici fon hiftoirc. Avec les meilleures dif-- f^ositions pour erre vertueuse , elle eft , malgré elle , une Anti-Lucricet. déjà elle compte fepî: avantutes , & fept faiblefîes. Le Ma^i-dieu & X^ Femme-déelp : la première de ces deux Noe-- yeiles cft un-peu dans le goût de iaFéeric &

ccvj Revue des Ouvrages.

i'mvraifcmblance > mais on y trouve des fenti- mens naïfs & des détails charmansi la féconde a auffiles (îens, qui rendent ces deux Hiftoriettes les meilleures peut-être de l'Ouvrage : mj Rétif dc'laSritone Ycut y prouver, que plus un Mari cft refpcélé de fa Femme , plus ils font Jbeureus rUn & l'Autre , & que le bonheur , dans le mé- nage, dépend principalement lafoumilTion ôc de l'ignorance de l'Epouse. Tel eft le but mo- ral qu'il fe propose dans prefquc toutes les autres Nouvelles, mais fur lequel il indice avec peut,- être trop d'aiFedation , & qiv'il n'a pas alTés varié. Il pourrait f'en-proposcr d'autfês qui ne feraient par moins utiles i déveloper, par-exemple , cette juaxime d^Alphonfs V, Roi d' Arsagon & de Na- plcs , que pour faire un bon ménage, il faut que le Mari foitfourd & la Femme aveugle, ^Jjzches de Province ^ i6 Mai 1781. Tomes IX, X, & XII. Il nous paraît que m^^Retif-de-la-Bret^xie feft un-peu rembruni dans cette livraison. Aurait-il renoncé à ces Contes-bleus , à ces Hiftoriettes qui ont été fi goûtées du P ubliq , pour adopter le genre fombrc ? Il ne peut que perdre au cliange. La trifteifc , a-t-onditmilie-fois, n'eft bonne à-rien i & envérité, c'cft bien affés des maux &: des cha- grins qu'on eft obligé de fupportcr, chacun dany fa fphère , fans aler f 'affliger encore pour de& avantures imaginaires! Prenez-garde , va-t-on f 'écrier , vous ne tendez à rien-moins qu'à dé- truire le fentiment \ Le fentiment l voila un beau-terme ,- mais dont on fait un bien grand abus depuis quelques années l Je ne fais quelle race dePlcureurs, d'Hommes mélancoliques, &; &; même atrabilaires , f 'cil malheureusement éle- vée , pour communiquer les noires vapeurs dont icKts cerveaux foat troublés, Tous ces GeûS-là

I I " i ■■Millii I img»iii^

de l'Auteur. ccni

1 «■! Il I III I I - !■ ■*

^^^tWznt fentiment , la fenfation que produisent ïes objets les plus-lugubres & les plus-lamenta- bies : ils- ne fc plaisent cjuc dans la peinture de ces objets, ils rfeftiment que les Ouvrages qui les retracent, & à-ibrce de parler, d'écrire , d'of- frir des morceaux en ce genre , ils ont entraîné dans^^ leur opinion une infinité de Perfonaes. Je convicr.f qu'il cft àts cas Vot^ peut , ou Ton doit même donner toute l'énergie pofSble aux ta- bleaux-des pafEojis qui entraînent de grands mal- heurs à leurs fuite , qui plongent dans l'infortune ^es Perfonnages illuftrcs , qui changent même quelquefois la deftince des Nations. Telle eft 1$ Tragédie qui m'^intéreiTe par les grands évènemcns qu^cllc me présenre : Mais que m'importent ce^ petites pa0ions bourgeoises , ces tracalFeries de îbciécé, ces colèresdc Femmelettes, ces fureurs^ CCS desefpoiîs pour des motifs aflcs fou vent bien- légers , ou , fi vous voulex, ces vengeances bien- bailcs, bien-noires,, bien-dégoûtantes , à^force de crimes accumulés? A l'exemple de i1io//«r?, quand on veut mettre en-j-eu ces Citoyens fubat- ternes, on doit prefque toujours les représenter en belle-humeur ; & pour corriger leurs vices & leurs défauts, on n'a d'autres moyens à employer que le ridicule. Il faudrait d'ailleurs fe fouvcnir toujours de cette maxime du Sage : Il n'efl rien de mieux dans la vie que defe réjouir i bien-euî- tendu toute-fois que cette joie foir honnête & dé- cente. Ainfî nous ne ferons aucune difficulté de blâmer les fujets de quelques Contes de m.^ Kédf" de-ia'-Bretone , cîans lefqueh il peint des Je unes-i perfonnes que l'on a forcées à fe faire Religieuses, fe portant à des extrémités violentes ^ fe donnant même la mort; comme fi les clameurs d'iineTourbc d'Ecrivains contre l'état rcligicus n'étaient pasdéja «uc O'op fuJhsantes^fans rcn<î>uyckî encore des exa^:

.,'

ccviij Revue des Ouvrages

Il « I I " I iimiii 11 II I II » III I I I II I iiK--

gérations pour le rendre plus odieus. Dans d'au- tres Contes > l'Auteurmontrc des Sœurs jalouses ^ui fonr usage du poison , qui pendant la nuit vont vcrfer une liqueur cauftique fur le visage , afin de détruire une beauté qui les met en-fureur. Si de pareils Monllres o^t exiflé , qu'eft-il néceffaire de l'apprendre ? &c qu'elle utilité peut-il en-re- sulter pour les mœurs l Croit-on par-là infpircr une plus grsnde horreur pour ces crimes? Heu- reusement ils font très-rares ; & la morale ne doit f 'exercer que fur des a&oiis jourualieies. Nous fommes encore obligés.de nous élever contre d'au- tres Nouvelles y la vraifemWance n'eft feule- ment pas gardée ^ mais les mœurs n'ont rien: à gagner. Qu'eft-ce, par-exemple, que ce Conte- de la Capricieuse y qui étant à l'autel , prête à f 'engager, refuse fon Ama»t, accorde enfuite à cet Amant ce qu'une Femme peut feulement ac- corder à fon Mari, & prétend être fa légitime Epouse ? Qu'cil- ce encore que cet autre Conte, un Père , fupposélepîus vcrtueus , le plushoa- nête-hommc du monde . confent néanmoins , par efFort de vertu, au deskonncur de fa Fille ? L' Au- tear convient, dans une note , que c'ell bien- ridicule : nous dirons que c'cft d'une abfardité ré- voltante. Qu'on n'aille pas croire cependant que les obfervations critiques que nous nous permet- tons contre cette nouvelle Livraison des Conteni- paraines f foient faites pour détruire Tidéc avansa-- geuse que nous avons fouvent donnée des talens de mJ Rétif-de-la-Bntone, Le désir devoir perfe£lionner un Ouvrage bien-propre à diiîiper Tcnnui, & à faire rire, par des traits. d'une ori- ginalité rare & piquante, nous a feul didé ces ré-- Êexions. Nous perfiflons toujours à regarder m.^ liétif-dt'la-Bretone , comme le Romancier de; aosjoursle plus fécond cn-iny entions ^ douéd^'ooe-

de l'Auteur. ccix

imagination vive & brillante, & très-attachant cîe toutes manières. On le retrouve même , tel qu'il cfi: _, dans les trois-quarts des Contes des Volumes cjue nous annonçons i Se on le Ht alors avec le plus grand intérêt.

PUponfe lit V Editeur, Si je fuis de l'avis de m»^ l'Abbé De-For.tenai y fur ce qu'il reprend dans cette Livraison de mon Ouvrage , ce n'eft pas que je ne puiiTe juftifîer aisément toutes les 'Nou' vdies qu'il attaque. Et pour commencer par la première de celles dont il entend parler , il cd visible , que tout le blâme des faits rapportés dans cenc Nouvelle f .tombe fjT une Mère qui force l'inclination de fa Fille ; ce qui fut toujours un crime égal au parricide, & non fur l'état religieus , cet étatfaintjinflitué pour la confolation des âmes tîm.orées, mais dont Centrée ne devrait être per- mise , qu'à Celles qui l'auraient mérité par leurs vertus , & par certains devoirs remplis, qui font imposés par la Nature , & dont rien ne peut dif- penfcr. Le trait de la St^ur Jalouse j qui cica- trise, atté conjGgné, il y a plusieurs années, dans un Ouvrage périodiq, qse me montra le Libraire ^ Edme Rcpinot , comme récent, & vrai : Dans le temps de la rédadion , un bruit prefque pareil courait le monde , & je publiai cette nouvelle 6c les deux autres , pour avoir occasion, dans TA- vant-propos , de juftifîer une Sceur calomniée» Mon étonnem.ent a été extrême qu''on ait attaqué la Capricieuse ! Outce que le fait efl arrivé en Normandie, & à Anvers 5 outre que la décision a été abfolument contraire, en France &c dans les Pays-Bas , ce qui m-éritait d'être exposé aux yeux du Publiq, c'efl que la Nouvelle -piéscvsts un ca- radère capricicus , très-ordinaire , fiir-tout en-Pro- vince , & qu'elle efl: très-morale en-elle-même». Enfin j la uomèmQ Nouvelle designée ^^fe trouva

ccx Kevue des Ouvrages

encore dans les Saurs jalouses : Ce fujet «c pouTait être gai: mais on lui reproche rabfurditc 3e h. conduite du Père. J'en-con viendrais, fi ce Père n'avait que fa vie à conferver. Mais il avait fa Mère , fa Femme , trois Filles. Je n'ose le

juger D'ailleurs ce trait n'eft qu'épisodiq»

c'efl la Jalousie de la Sœur-aînée de Clémence , ^uifâit le fujet de h^Ç'ouvclley & il eft très-moral. Àurertc , on n'aura plus à fe plaindre de Nouvelles tragiques : celles qui vont fuivre , feront gaies pour la plupart , fur-tout dans hs Contemporaines du'Commun y dont je prépare VIII Volumes.

N.^ A-l'inftant j'achevais de lire l'épreuve du morceau qui termine le XïX ^'olumcj defiiné à répondre , non aux Critiqs judicieus , que je re- garde commue mes vrais amis, mais aux Puriftes , ces Ennemis nés de tout bien i aux Dévots bornés, auï Hy2->ocntes5 aux Femmelettes orgueilleuses & déraisonnables i en-un-mot, à tout ce- que le Genre'-humain contient de 5ots, de Malhonnêtes- gens , de préjugiiles & de Malintentionnés , fa» reçuparlapoèe, à l'adreiTe de laDameV.^ Du^ €hefne, un exemplaire au. Journal de Neufchatel ^ Oâobre ij8i ^ qui commence par un Extrait étendu & raisonné de XVI volumes des Contem* poraines. Si je l'avais eu plutôt _^ je me ferais difpenfé d'aucunes Réponfes , d'aucunes jiiftifica- fions : cette Apologie , qui part fans-doute d'une Mam-amie , quoique je fois inconnu à l'Honnête-» homme qui l'a faite , répond infiniment mieux <5ue je n'ai pu jamais le faire , à tous mes Dé- tradeurs : Vy trouve feulement trop de bien de moi.,.. Mais bénie foit la Main qui l'a écrite ! Car cette Apologie m'eft venue dans un temps, j'étais accablé de maladies du corps, de peines d'efprit, & de tourmcns du cœur, Bcnic foit

de i'Auteurv ccxf

Main qui me l'a envoyée, car je foupçonnede l'avoir fair , un Homme eftimable de la Capitale , à-présent en SuifTe : Et le Jouriîalifte , & le Bien-intentionné ont tous-deux fait une œuvre méritoire i ils ont eonfolé un Malade, unAfHigé d'cfprit & de cœur i ils ont généreusement foulcvé une Ame affaiirée par la douleur , & ils ont excité , en elle un fentiraent de joie , dans le moment elle n'en-attcndait plus. Ils Terronf tro^f- tard cet épanchement de mon cœur 5 mais il cft. du II novembre 1781.

Extrait du Journal de Neufchâtel: Oâob, i y S 2i

Avis de la Femme du nortvtau Libraire. Je crois vous faire plaisir ^ honorables L^-dcurs , cn- plaçant à la tête de ce Volume , ie fécond que mon Mari imprime àcs'Contemporûines , onJoiits-FemmeS'du-cnm' mun, un morceau que j'ai lu danslejournal de Neuebatel.' On avait lalffe' le Cahier du mois d'odobre 1781 fur la cheminée j je fuis venue pour me chauftcr , parccqu'il fesaic froid ^ & je l'ai pris pour me (ervir d'écran. Je i'ai ouvert par amusement, & j'ai lu avec un plaisir .c|ue vous partagerez, j'efpère, le premier Article, qui eft celui des Cc/^/^mp^ri/me^ Il m'a plu au-point , que j'ai pris fur moi l'envoyer à l'Imprimeur, fans l'avis de mon Mari , moi qui le confulce toujours, quoiqa'ot» me trouve jolie. Se que je n'aie pas vingc ar>5.

Quoi 1 ne ferai-je jamais que Journallftc , Criti^,- Hommc-de-goût ?... Et je fuis frappé du mérite d'un Ouvrage , file génie d'un Auteur m*étonne, (\ j'admire le courage avec lequel il répète à {on fîèclc lesleçons oubliées des Sages , fi je fens vive- ment l'importance de fa morale pour le bonheur du Gcnrc-lîumaîn,me fera-t-i!défendud'en parler avec cnthousiarmc ?... Quoi ! en-dcvenant journaliUe, j'aurais donc renoncé à fentir le génie \ Le Livre que j'aurai dévoré, qui aura opéré une révolution dans mon efprit, auquel je dois de nouvelles idées întérciîantes , dont la ledure m'aura profondement occupé, quelquefois cmu, ce Livre original, oa

ccxij Revue des Ouvrages

ne voudra me permettre de l'annoncer que froi- dement!,...

Et ce font les Contemporaines , dont vous venez nous parler fur ce ton! l 'écrieront à-la-fois toutes les Femmes de goût & tous les Gens du bon ton. Un Roman l moins qu'un Roman ! des Hifto- riettes, prefque toutes invraifemblablcs, Se fourent indécentes i écrites d'un ftyle qui n'a rien de fort- agréable ; où. tout eft bizarre , penfées, langage^ orthographe : voila le chef-d'œuvre qui vous tranU potteY Qu'en aimez-vous (i-fort ?.,. Sa bizar- rerie ?... Ou fi ce ne ferait point l'efclavage auquel ctt Auteur prétend -condamner IcsFemmes?... -r~Ce que j'en aime! Je vais répondre. Mais qu'on m'écoute de grâce , fans prévention : & vous, Pemmes, excellente partie du Genre-humain ! ne refusez pas d'entendre la juftification , l'éloge de l'Auteur qui vous ahonorces , comme je vous crois clignes de vouloir l'être, en vous disant des vérités inftru<5l:ives i vérités dont vous profiteriez , j'en fuis fur, fi l'adulation même de ces Hommes vils, qui vous dégradent en vous flatant , ne détruisait leur effet. L'hommage intcreifé de l'Homme-frivolc vaut-il donc à vos yeux la fîncérité de l'Homme- de-bien? Punirez-vous Celui-ci d'avoir trop- bonne opinion de vous ? Et ne voudrez-vous ja- mais voir, que c'eft le rebut de notre fexe qui rampe fervilement à vos pieds ?... Nous fommcs le prc" mierfeoce^ yous\& fécond fexe (*), com.me Tex-

C*) Et je crois qu'il a raison , Monfîeur le Joiirnalifte : Car enfin ^ je vous avouerai tout-bonnement , que voyant mon Mari faire lesaflfxires, des envois, acheter des manufcrics, des Ouvrages tout- faits, je fens au fond de mon âme une grande joie , qu'il foitplus éclairé que moi, qui n'entens goûte à cela : C'eft un repos, une fatiffadion infinie pour moi , quand j'entens parler , «Jifputer , conclure , de me dire , Mon Mari fait ce

de l'Auteur. ccxiij

^nmt m.^ Rét'f-dc-lj-Bre^one : eux, ils ne fonc pour-ainiî-dke , que le troisième... Revenons. Je disais-donc que c'eft aux Femmes qu'il faut prê- cher ; que c'eft à elles qu'on peut prêcher avec le plus d'efpérance de fuccès ; que c'eft au troisième fexe qu'il faut f'en-prendre de l'inefficace des inf^ trudions données au fécond, par lequel la referme doit commencer, & qui eft naturellement très- difciplinable.... Mais eifayons de raisonner de fuite , & de m.ettre quelqu'ordre dans nos idées.

M/ Rétif-de-la-'Bretone a vu que le mariage ,' Cette belle inftitution, dont l'Inventeur, c'était une inftitution humaine , aurait mérité des autels, ne fesait p''efque plus que desMalhcureus: cette chaîne légère & fl douce ne fait plus que ecner, ctreindre, accabler de fon poids Ceux qui la por- tent. Il l'a vu : car il vivait à Paris ... hélas! 8c quand il aurait vécu cnSuilIe?... il l'a vu, & il en a cherché les causes.

Il f'eft très bien aperçu que le mariage à vie eft en quelque-forte , fil eft permis de le dire , une inftitution contre nature , quelque fainte, utile Se refpeâ:able qu'elle foit : enforte que , pour y trou- ver le bonheur qu'elle-feule peut procurer, il faut âbfolument veiller furfoî-mêmc,ctre fur fes gardes, prendre des arrangcmens&des précautions, munir

qu'il fait... Je ferais bicn-malhi'ureuse, je vous aiTjre, fi j'avais un Mari qui ne fût pas âii ptemier'Jèxe , & que ce fût moii Ec-pins , de mon FjIs donc, qui a bisnnôt huit mois, croycz-voas que je ne fiiispas charmée qu'il foit du premier fexç ? Tençx, Monteur, ma grande gloiie à moi , quoique Femme & ignorante , c'eft de favoir, que je fais , telle que je fuis, le bonheur d'ua Homme, & qae j'ai donne' la vie à Un-autrc, Ah! c'efl: que je veuK que mon, Fils Ibit unHamme ! .de ces Hommes mâle? , , comme j'en vois quelques-uns, comme eft monPère, par-exemple : ce font les plus cendres «nvers.lcurs Mères, fan» com^^ter que c'eft un fuucieru

: ' ' 1 111 I «Si— ^v^^s^^wv

ccxiv Revue des Ouvrages

Se fortifier de toutes parts un bonheur fans-ceiTe exposé a mille attaques.

Il a donc fait le tour de la place , it^Pa visitée en- dedans & en-dehors, pour en^reconnaître les en- droits faibles , pour voir il falait de jnouveaux ouvrages, il ne falait que réparer les anciens ^ui tombaient de vétufté : il a tout examine.

Il a trouvé qu'on fe mariait fans préparation , fans ryftème, fans plan de conduitej que les Gens-ma- liés ne fentaient point alTés rimpofîibilité d'être licureus autrement que l'Un par l'Autre i que les Femmes-mariées négligeaient trop cettepudeur qui fournit a l'amour les traits les plus inévitables , qui fandifie une paffion terreftre , & peut feule en prolonger le charme i que les Filles même n'a- vaient point cette réserve attirante , qui donne du -prix à la moindre faveur , Se guérit l'Amant préféré de toute jalousie j que dans leur première éducation, l'onpermettait auxHommes àleurégard unlangage peu- convenable & des familiarités dont l'imbécillc fccarité des Mères ne favait pas prévoir les confé- q[Ucnces. Voila ce qu'il a penfé, ce qu'il a eu le courage de dire ... dans notre fiècle î... & le raient de mettre en adion. Et vous ne voulez pas que je l'admire !

Ce n'eft pas tout, ^ Toici fon crime.

Il a obfervé que les Femmes négligeaient les qualités de leur fexe , pour eflayer de courir après les qualités du nôtre ; qu'elles Pinftruisaient plus «qu'une Bonne-mère-de-famille n'a besoin de l'être 9 qu'elles Pagguerriffaient ; qu'elles devenaient a- mazones j qu'à tous égards , même pourrhabille- ment , elles fe rapprochaient trop des Hommes > que par ce rapprochement apparent , contraire aux vues de la Nature , les deux-fexes ne font en-effec que Péloigner l'Un de l'Autre, comme deux |>icecs faite pourremboîtei: l'une dans l'autre, Se

de l'Auteur. ccxT

I I II H I

cu*un Ouvrier fans intelligence roudrait rendre entièrement fcmblables , ceiîeraient de fe con- venir. Cet abus a choqué l'Auteur : » H faut, dit-il, que le fexe des caradèrcs foit différent. C'eftlaNature qui l'a voulu, Infenfes! pourquoi vous tourmentez-vous fi-fort à gâter Ton ouvrage î Vous croyez-vous pUis fages qu'elle » ?

Il a obfervé , que par une fuite de cette ma» nie de vouloir rendre tout égal entre les deux* fexes , les Femmes , enhardies à reclamer contre les lois de la Nature, de la Société, de la Religion, ne voulaient plus entendre parler de foumiffipn dans le mariage 5 enforte que , comme il l'a très- bien dit dans un-autre de fes Ouvrages , aujour* d^hui , il rùy a plus que les Rois & les Crochcteurs qui foient maires ckés eux , & qui confervent V autorité niaritaU, Il a osé f'indigner , fc dé- chaîner fans ménagement contre cette morale fi chère aux Femmes : il Peft emporté contre les doucereus Philosophiftes qui la prêchent : Dieu vous confonde ! leur a-t-ildit dans fa colère i pe^ rijfe votre exécrable fyjieme l » Femmes! a-t-il fans-cefTe répété, c'eft à vous a obéir > reconnailTcx votre dépendances foumettez-vous à l'autorité de . l'Homme j rentrez dans l'ordre , & ne vous plai- gnez pas de cet ordre i il n'eft pas moins avantagcus pour vous que pour nous , & vous ne fauriez être heureuses qu'autant que vous vous y conformerez : votre empire même eft dans la foumiflion i par elle vous pouvez régner».

L'Écrivain qui annonce avec force ct% grandes vérités , qui les met dans tout leur jour , ne mé- rite-t-il pas la reconnallfance de Tous-ceux qui y aiment le bien ? Je dirai de fes Ouvrages, ce <5ù'il a osé en-dire lui-même , en-rapponant, avec une franchise exemplaire , & comme fil fe fût agi d'un autre Aute'ui- , le feutlmcfit 4'uii de fei

ccxvj Revue des Ouvrages

Perfonnages : m Ils fontciumouis bons àc^uelque- >j chose ; tant d'autres ne font bons à ncn n î (■")

Ce n'eft pourtant toujours qu'un Romancier!.., Ce n'eft qu'un Romancier ! Ce ton m'échaufFe , quand je l'entens prendre à nos Femmelettes philosophes. Hél n'efl-ce donc rien qu'un bon ilomancier?

lUe per extentum funem mïhi pqffk vldctùr Ire. .... meuTn qui partus inanitcr angît , Irritât^ mulcet ^ faljîs terroiiùus impLet ^ XJt Magus,

tJn-peu-molns de dédain pour ce genre. J'ai dcja eu l'occasion de m'expliqucrlà-deiTus; & je penfe, comme m.^ Mercier y que nos Littérateurs ont pris parti commode de mépriser les Romans, par- ce-qu'ils n'en favent pas faire.

D'ailleurs, que pouvait faire de mieux m.*'

(*)Dans la Lv.me^jyve//e^ intitulée, LesPr^gr&s de La vertu. [ Je fais une Fille jeune , jolie , qui avait <|uitte' un Maire fcducieur, & quj f 'était retirée chés une Femme de la rue de-Bièvre , dont elle avait fait la con- naiflance chés Ton Maître : Cette Jeune-fille ayant eu occasion de voir l'Auteur des Contemporaines , elle prit confiance en lui, & le confukafur les avis que lui donnait fon Hôtcffi : Il ne lui répondit , qu'en lui prêtant le I Volume de lit Femmeduns lestrcis é:ats , intitulé ici Fille, en lui recommandant de \z lire dans la journée , & avant de retourner chés fon Kôtefle. La Fille ala f 'enfermer dans fa chambre, où- elle lut le Volume , qui n'eil pas long, & le lendemain, elle le rapporta. Mais enfin , Monlîeur , que me confeillcz-vous J Ce Livre vous a répondu : vous ctcs FeUcité / une Phryniville^ une Metjvitc prétendent vous diriger : que devex-vous faire—? La Jeune-fille comprit la leçon j elle, le remer- cia , 5^ lepria c^ePintérefîer pom: elle, li l'a p'acée.

Ainfî 5 Monfieur le JounialKie , .il eft clair que ce Li- vre, un de ceux dont il cft parlé dans l'endroit que vous citex ^ peut-être rrès-utiîe aux Jeunes-thambrières-, & à toutes les Filles exposées àlafedudion, fur-tout aux ■Nouvelles-debaîquées tombées en de mauvaises-mains. ajll ell dumoins bon à quelque-chose w J

Kétif-

de l'Auteur. ccxvij

•»»Mii I II M mmn lin » fi m mmnum ^'

Kédfi-de-la-Breîonej que de mettre Ta moraîe en- âClion? On la lit aumoins. S'il l'eût mise en-» ^ifcours, on ne l'aurait pas lue. Et-puis Roa(- feaa, fon prédéceileur, le disait en nous donnant l'Hcloïse, il faut d^s Romans auxjîechs co'-» rompus. J'ajouterai avec lui: Que n'ai-je vécu dans un temps où. je du lie dire du mai des Conumporaines , ce fut un Livre inutile , un Ouvraf^e à jeter aufeu-î

Qu'on ne dise pas que ce ne font ici que des Hiiloriettes. Ne voyez-vous pas, Lcdeur fu- perficiel, que ces Hiftoriettes ont un but com- mun > qui cft de vous donner un cours de moyens d'être heureus en ménage ? Ce ne font donc pas des Nouvelles isolées & qui ne tiennent point l'une â l'autre: au-mérite d'être courtes & amusantes , elles joignent celui de former un enfemblej elles f'expliquent, fe limitent, fe foutiennent les unes par les autres. Elles contraflent quelquefois : ainll vous avez, la Vertueuse malgré elle , 8c la yertu inutile i la Belle-laide, & la. Jolie-laiîeton; la Bonne, ^ la Mauvaise-mère ; les Progrès de la vertu. Se lesProgrès du libertinage ; leMari-pere H VEpouse-mèrcj îeMari'dieu , & la Femme*déejp', Quant au reproche d'invraifemblance, je ne lu comprens pas. Plusieurs de ces Nouvelles me pa- railTent d'une fingula rite piquante > aucune invrai* femblable. Ert-il invraifemblable qu'en dix ans laFrance fournilïe à un Chercheur d'anecdotes fix- vingts avantures tout-1-fait extraordinaires ? Dans le même efpace de temps ^ nôtre petit Pays m'en* fournirait aumoins une trentaine.

Je n^aurais pas même fait mention de cette cri- tique frivole , û je n'avais voulu , à cette occasion, parler du Vr-ii femblable ronianefij, JEn quoi confîfle-t-il? Serait-ce à ne dépeindre que d^es caradcres communs , à ne raconter que dcsavan- Revue, x x

ccxvîi'j Revue des Ouvrages

îurcs ordinaires? Non: il eft très^r-vralfcmblable eue le Romancier ait choisi pourfujet de fa nar- j.-ation des évènemens rares. L'artde la vraifem- blance coniîfte donc à çonferver à chaque Per- Connage fa physionomie , dans quelque fituatioii qu'on le mette i à le faire agir dans les circonf- tances les plus-étranges, comme il eft naturel qu'il agilTe j à ne pas trop cnultiplierdans le cours de la même Hiftoire les incidens furprenans i fur^tout peut'-ètre à éviter ces coups-de-ihéâtre usés, ces reconnallfances arrangées, ces machines qui for-c tent tout-à-toup de deifous terre à-f inftant oii le Romancier en-a besoin.

Robinfon eftril vraifemblable ? Si j'en-jugc fur lefimple tilRi de fes avantures , noni cela eft trop-extraordinaire: j'cn-juge far la manière «Sont elles font racontées , oui i. ce n'eft point ainfi qu'on invente. Moins la chose eft vraifemblablc en elie-mêmc , plus elle a l'air d'être vraie , lorfque d'ailleurs tout , j'ifqu'aux moindres détails, eft d'un naturel frappant. C'eft alors qu'on fe dit; Il faiif bien que l'Original de ce portrait cxifte cjuclque-part ; il ne faurait être de fantaisie ; tous ÇQS traits, fi bi^en aifortis , n'ont pas été ralfemblés àu-hasard. Jamais, il eft vrai, je ne vis rien de fembiable ; mais on ne me perfuadera pourtant pas que ce foitlà un Ouvrage de pure imagination, -Ce portrait réftemble je ne fais à quoi j msis il telTemble-.

Or , en ce fens , je foutiens que l'Auteur des Contempuraines n'a prefquc jamais manqué à la vrai(emblancc.,. Dans les ConceniporainesjPcn* tend : dans le Paysan perverti , c'eft autrc- çhose.

Soit: mais, après tout cela, bien des Gens m'ont encore demande, quel grand mérite je pou- yg,is donc trouver dans ctsÇontcmporaines ? Elles

de l'Auteur. ccxix

ne font pas {î-bien écrites, me disait-on ?.... Et c^uand cela ferait?... Pourvu qu'elles foient bien, fortifient &: profondement pcnfées. Cependant raisonnons.

Il n'y a rien , dites-vous , de bien mervcilleus daiK le ftyle de tcsNouvelies j en eft l'agrcment* J'accorde qu'il n*eft ni fleuri, comme celui de Dorât ; ni léger & enjoué , comme celui de VoU ~ taire- ni onâucus & coulant, comme celui Koujft'au ; ni délicat, comme celui de Lafayette ^ m piquant, comme celui âc Crébillon j ni rapide à la manière de celui de m.^"« Riccoboni..,. Et <5u'en resuke-t-il? Que l'Auteur a une manière à lui , comme tout Homme-de-génle,

Le caradère ditllndif defon ftylc, c'eft qu'il €ft naturel i & c'efl à force d'être nat^irel qu'il de- vient original i c'eft à force d'être naturel que , fc prêtant fans contrainte auï idées de l'Auteur, ileft fifouventpléinde vigueur & d'énergie. S'il i?» pas le poli , la fraîcheur g le coloris , le brillant , î'efprit , bc en-général ce quipJaît aux Dames ; fil n'eft p£s imagé, fentimentaî (qu'on me paffc ces expreffions néologiques), il eft penfé » il eft vrai. Et n'eft-ce rien 'i C'eft ce qui plaît aux Hommes..., Mais il n'y a plus guère d'Homme< de nos jours.

Il femble pourtant que l'Auteur ait aufld voulu montrer^u'ii n'aurait tenu qu'à lui d'avoir ce genre ^e mérite. Je m'engaje à extraire des feize \^o-' \\i'j\^sàts Contemporaine s cinquante pages écritejs^" aulTi agréablement qu'ilfoit pofïible d'écrire. Au- tant il y a de force dans le Mari- père & dans la QuinienairCf autant, je trouve d'agrément dans le Modèle , le Pnmier amour &c le Mari-dieu, De- plus, prefque toutes les fois que m/ Rétif-de-' Id- Bnt on eÇdiit un avant-propos à Ton Conte , pref- que toutes les loïs qu'il fe permet une digre^ion

ccxx Revue dee Ouvrages

"■ " ' I . I I, Il 1,11

-fur quelqu'idée de morale, qui lui cft particulière, fonftyle Pamme , f 'embellit & fc colore. Lisez, par-exemple, le commencement de !'-£/. oy^e- mère, & la fin de la Dédaigneusel

On a reproché à fes con verfations d'être longues, traînante?, désagréables à lire. Je n'oserais dirç c]ue ce reproche foit tout- à-fait fans fondement. Mais ce défaut même ,"fi ç'cn-eft un , ne tient-il pas à la fidélité avec laquelle il rend les objets tels qu'ils font ? Peut-ctre cela eft-il écrit un-peu trop comme on parle.

L'Anteur aurait-il foupçonnc lui-même que ces converfations pourraient bien être ennuyeuses Aurait-il eu , en les écrivant, un petit fentimenc d'ennui ? Ce qui porterait à le croire , c'eft qu'il les finit très-fouvent par un ô'c.'»

Sonfcul mérite n'eft pas d'avoir unftyle naturel, CJn Journaliftc aditfort-^heureuscment, qu'il avait Mne manière d'écrire expéditive; & je ne faurais jïiieux-fairç que d'emprunter cette expreflion. Quelles grandes & efTencicUes qualités de ftyle 'dans un Narrateur que d'être naturel ^ expéditif ! Ce font, à mion gré, fes deux premiers devoirs. Le troisième eft de faire penfer. Et jamais je îvai lu de Roman qui donnât tant à penfer que les Contemporaines, Par-tout vous trouvez quel^ que vue nouvelle , quelqu'idée originale : à-l'inf* tant vous y penfez le moins, la nue Pentr'ouvre & réclair brille. Ce fera un mot dit en-pafTant , un détail qui femble ne tenir à rien , une obfer- vation légère, dont vous ne vous étiez jamais avisé. Voyez le Jqli-Fiéd: ce titre ne promet guère.... Éh-bien, fi vous le lisez avec intelli- gence , vous y trouverez à-penfer. Voyez le Modèle : ce n'eft qu'un jeu d'imagination i Ôç pourtant que de traits épars , qui décèlent une pfofoiîde çoAmihaçç du cceur humain ! Ce

de l'Auteur. cexxj

Peintre ^ que tous les attraits de la Jeune-fin^ qui lui fert de modèle n'cmcuvent point, queTon aniournaïf ne touche point, Se qui devient éper- du ment amour e LIS d'elle , quand il la voit faire de rapides progrés dans le dellin: ce même Ar- tiile , réparé de ion Amante , cruellement dupé , marié avec une Femme qu'il n'aime point , qu'il ne connaît pas même , éc palîant toutefois afîes doucement fa vie , parce-que , toujours occupe de fon métier , // n avait pa^ , x:omme tant de. Gens de par le monde y le loisir d'être malheu'- reus ...cela n'e(l-il pas charmanti ii'eft-ce pas la nature ?

Et comptez-vous pour rien cette inépuisable fécondité, qui _, après le Paysan perverti , & /c 2>iquvel-Abeilard , & la Vie de mon Père , ôcla. Mâltdiciion paternelle , & Je ne fais combien d'autres Produâiions du même genre , nous donne encore feîze Volume intérelfans d'anecdotes, nous en promet deux autres , & prépare cn-mêmc- temps d'autres Ouvrages plus-ferlcus ?.... Oui , je fais profclHon publique d'être admirateur en- rhousiallede Rétif-de-la-Iiretone. Etfîunftylc naturel, énergiq^ cxpéditifi fi l'originalité,' la fécondité du génie ; un cfprit obfervatQur, fi une morale profonde & courageuse ne Juftifienc pas' pleinement mon admiration, je fais plus ce qu'il faut admirer.

Mais eft bizarre ! . . . SansVoitc. Et Pil ne l'était en rien, ferait-il Hommc-de-génie ?

Mais il eft inégal !... Il ell; vrai que dans feize Volumes il n'cft pas toujours également întéref- fant, toujoiîrs également fort de penfées & de il:yle. Quand un fleuve traverfe une immenfe étendue de pays ^ cft-il furprcnaut que fon cours fc ralentiffe quelquefois , que fes eatix foicnt moins profoFades ou moins limpides , que fon Hc

XX3

ccxxij Kevue des Ouvrages

fe refferre, que fes bords deviennent de tempsi* CK-temps efcarpés ?

Maïs il manque de goût !«'► Eh ne pg.flere'i- vous donc rien au génie ?

Deux fedes opposées déchirent aujourd'hui la République des Lettres. Les Uns ne veulent en» tendre parler que de goût ; les Autres que de génie. Les Partisans du goût brisent fans pitié tous les autels du génie , traitent Flomèreàc ba- vard , Miltcn de fou , Shahtfp^ar d'enragé , Oc'- hillon d'énergumène. Les Partisans du génie font d'autres fuiieus, qui ne font cas d'un Ouvrage qu'autant qu'on y a méprisé le goût , qui Tont dé- nigrant Horace & VirgiU, Rncive Se Boileau^ parce-que tous ces Gens-là avaient du goût.

Or ne croyezpas pour cela que ces Zélateurs da génie en-aient 1 Non : feulement ils manquent de goût..,. Et ne croyez pas non-plûs que Ceux qui fe battent fi chaudement pour la querelle du goût , & injurient avec tant dégoût tGUS Ceux ■qui en-manqucnt, foient des BoilcauJf ! Ce n'eft -pas cela : ils fentcnt qu'ils n'ont pas du génie.

Pour moi, je penfe qu'il eft jufte de pardonner quelques écarts au génie , & j'excuse très-volon- ïiers le^ péchés que commet contre le goût un Auteur qui Pempare de moi , comme le fait Celui .«îont je parle. Mais j'avoue que j'aimerais mieux «}u'il eût moins fouvent besoin de pardon.... Et il ne tiendrit qu'à lui.

Mais il eft indécent (*) !... Entendons-nous, Car enfin, fi la décence eft très-refpeclable , Ta fauftedélicatefle ne l'eft point. Cette accusation,

(*) Oh! peut-on mentir! Tencï , Monteur le Jour- malifte, j'ai lu l'Ouvrage d'unbout-à-rautrc fans rougir; & fi, je ne fuis pas iineEffronte'e i tout le monde vous le dira. Il eft vrai qu'il y a des endroits dont ^'ai e*ce de- TOiWider l'explication à mon Mari, qui ne m'a lépondu

de TAuteur. ccxxiij

t^iic repètent en-choeur toutes nos Honnêtes-fem- mes , vaut peine d'être difcutce , & examinée à-fond.

n eft vrai c^uc et n'eft pais ici un Livre qu\mè Femme doive fe faire lire par un Jeune-homme ; ilfaut cju'elle le lise feule. Car l'Auteur , qui regrette Us myjîcrtsde li Bormc-Véfffey femblc quelquefois vouloir les rétablir , & f ^en-falre le hiérophante. Je ne dirai pas que fon Ouvrage ne doive pas être mis entre les mains d^une Jeune- fille j aucontraire: mais je voudrais qu'elle le Lût: avec fa Mère. Plusieurs avis , dont les Femmes otit besoin & qu'on ne fait comm-ent leur donner j des choses qu il eft bon qu'elles trouvent quelque- part, & qui ne peuvent f 'exprimer ians une indé- cence apparente, il les dit funplement, férieuse- ment , gravement , comme on doit les dire. Y: a-t-il de-quoi le taxer d'indécence ?.., Femmes honnêtes ! fachez-lui gré , &c de fes 1 alutaires con- feils , & de la fage manière dont il voi,is les donne»

Un Traité de miédecine , l'ejcelient Traité de VOnanifrne , par-exêmple, eft-ce un Livre in- décent?... Eh-blen!^lcs Contemporaines font un Ouvrage de médecine morale, qu'il faut juger d'après les mêmes principes.

Les détails en-font licencieus , me dit-on : pour- quoi n'a-t-il pas vm-peu plus gazé les objets?.,.. Pourquoi!... Voici fa réponfe i je la tranferlrai mot- à-mot :

î' Plus les paroles font honnêtes, plus les idées pénètrent dans le cœur; aulieu qu'une peintiire nue eft repouifante pour toute Ame qui n'eft pas corrompue i elle ne déledle que les Libertins déci-

que par un fourirc. Mondicu ! qiîe je fuis aise de ce qtrc

vuiis dites à ce fiijet! Vrai, voila ce que j'aurais rc-

po.idu à certaines Femmes, fi j'avais pu le -trouver.

Mais ça ne lii'efi venu qu'en lisant dans votre Journal»

XX 4

JW

ccxxîv Bévue des Ouvrages

dés y fans néanmoins faire far eux une imprelUan profonde >î.

Dans la ^ilUfèJuite , fi les détails étaient pré- icntés avec plus de ménagement , le tableau produirait-*! autam d^cfFet ? Dans la Surprise de Vamcurj Ci certaines fccnes étaient fupprimées , ou représensées un -peu moins au - naturel > Ja leçon ferait-elle aufîi utile? Qu'on m'in-- «iique l'endroit l'Auteur a peint le vice d'une manièrç dangereuse 1 "N'a-t-il pas foin d'en- niontrer toujours les fuites affreuses? Ne dit-il |5as par-tout aux Filles , Soye^ ckaJJes &Jévères , même avec V jimant aimé : auxFemmes, Soyei^ fidelks j à confervei dans le mariage toute la pu- deur des Vierges : aux Maris, B. efpeâc:^ la pudeur de Vus Femmes ? Son Ouvrage n'eft-it pas une leçon cojjtinuellc de pureté? La faiblelTe y de- meure-t-cUe jamais impunie ? Si quelquefois clic vous paraîtdcpeînte d'une manière fcduisantc, lisez jufqii'aubout, & vous verrez que le but de l'Auteur , en vous peignant les objets tels qu'ils font , n'a été que de vous apprendre mieux à vous défier de ces perfides apparences , qui vous em- pêchent dej)rcvoir le plus trifte avenir,

Qu'cft-ce qu'un Romancier? Le Peintre des moeurs. Les mœurs font corrompues ; les Hom- naes , comme il l'obferve très-bien , aulieu d'ètzc amoureusy ne font plus que desireus ... & vous voudriez qu'il donnât à fcs Contemporaines l'inno- cence des Bergères de l'Aftrcê ? Brîserez-vous «!onc le miroir trop-fidèle , qui vous montre la difformité de vos traits ?

Reservez , Femmes honnêtes , reservez votre indignation pour cette indécence de focîété qui n'efl bonne à rien ; pour ces équivoques infanies; pour ces manières libres, familières & peu ref- pediieuscs > pour ces propos à-dcmi libertins^ cu'ob

de l'Auteur. ccxxv

fe permet tous les Jours devant vous &: avec vous... Mais pour la prétendue indécence, quia un but, un usa2;e , qui cft morale , qui fert à ijîftruirc & à. corriger, n'cn-faites pas un crime à l'Écrivain yct* tucus, dont vous devriez plutôt admirer le cou- rage , louer les Intentions & honorer le zèle.

Quant k l'imputation , plus grave encore ^ r^u'on lui fait, de vouloir imposer aux Femmes le Joug de rautoiité maritale , 3c de prétendre opinii-- trém.ent que 1 eBeau-iexc n'eft que le Stcond-fexe. .., que vous dirais-je l Jc-comprens combien une Femme chrétienne doit préférer à toute cette morale, le joli article Aduh'trt dcsQuiJîions cncy- clopédiquts ^8c le cha-rmant Commentaire ironicj du mcmeMoralifte , iur le précepte incivile, fii- ranné de Saintpaul : Femmes , joye^ founiises à vos Maris : Je le comprcns» Mais je prie les Femmes de confidcrer , que m/ Redf-dç'la" Bretone veut qu^on les adore ^ & quil les atverDÎr de leurs vrais avantages. Le Bourru vaincu par V amour y la Dédaigneuse, le Marifourd & ia^ Femme aveugle , &: plusieurs autres àt Ces No u- vîUes ^ ne lui mériteront-elles donc point fon pardon pour h Mari-^kre / Tout ce que )c dirai ^, c'eft qu'il efl: certainement avantageus ppur une Femme que fon Mari lise cet Ouvrage , comme il l'eft pour lui qu'elle le lise, com.me-il Feft ponr des Enfans que leurs Parens le lisent C**}*»* C'elt donc un excellent Livre,

(*) Oh î pour celui -là , Moniîeur le Joii'rnalifî'e , vous SRrex raison î Par-exemple, moi, je fcistrës-^uumisey^ je m'en trouve bien. Je luis ce qu'an appdle une Icrtne petlteFemme , je n'ai pas de volontés-, ou je les ai fi faibles^, que je cède après deux mots: qu'en arrive-t-il? quen^o^ femmes toujours en bonne -inteîîîgenGe , mon Mari SC Hioi . - Le» choses iom; arrangée s ds façon ehés r«Hi-"5, que- i*ai Vm ^ contribuer que trcs-peit au bon-accordlj

3LX 5

ccxxvj Kevue des Ouvrages

Rendre au doux amour fon empire

Et fanâiiier Ton délire j

Coni'erver à la volupté

te dwrnie de rhonnêteté, voîU le bue de cet Écrivain, & il l^a rempli : nV t-il pas bien mériré de fes Semblables ?

Après cela ,, que m'importent Tes petits défauts ? Que m'importe fbn goût cxceffif pour les pieds mignons-, auquel- il revient fans-ccirc avec une complaisance marquée C") ? Oue m'Importe le

WiiituBmmiimJWBwaMica.'MiiJiJ»— na

& je fais de Qtielqu'an d'éclairé , que m fourire,. & ma facilité à cctlcr, cn-fo

mon (îlence , mon font aumoins les trois-quarcs. Enfuite je fuis diannée que vcnis recom- mandics la ic&ure dï:s C DHtempo raines : cela fera con^ »aître notre boutique j. nous fommcs deç Jeunes-genk qui avons envicde bien-faire. J'aime auffià vendre uft feon Livre : que diraic-on d^unc Jeune-femme honnête > qui vendrait uîi Livre à-faire des €atins ï J'aimerais mieux . . , manger nra doc. Tous- les jours j'entcns ^tt du bien de l'Auteur des Contemporaines , jufques~là qu'un Homme qui porte le pttit»colîet> a die devant moi, qiie c'était un Homme precleus , d'une imagination infi-' Rie, d'une onginalité toujours piquante. Ce qui cft très-vrai. Voila CCI! iv^oi/ve/Ze^ qu'il donne: En-bienf il a encore fîx Ouvrages comniencés^, tous fînguliers,. à ce qu'on dit.

(*) Il faut que }c raisonne un-peu avec vous , Mon- fieur le Journalise ^ fur le goût des piéds-mignons, que voiBS reprochex ici à l'Auteur des Cintemporaines. J'ai hx Le Joli-Pied , & j'y ai vu de fi excellentes raisons, que je ttepuîs que les approuver* Si tous les Hommes avaient le gottt délicat j la même Femme leur ferait plus long- temps agréable : puifqu'elle aurait un-moyen artificiel d'exciter le désir. C'tft, je crois , parce-que l'Auteur des Co7Uemp:!yaines âpluSY'ivetnem fenti qu'Un- autre le pouvoir qu'a fur les fens , la partie de notre habill«- snent qu'on appelle la c/ijr{/7?^rf, qu'il y revient fou- vent ; Ce même Homme qui prêche la foumifïion auîr Femmes, me paraît quelquefois un Traître à fonfexc ^ aux cherche à donner à Celles qu'il prétend foumettre au îoug^ tous les moyens de régner; dumoins j'en-aurais cette idée, fon Ouvrage était celui d'une Femme. Vous avex remarqué , qu'il va par-tout disante que notre y^ruse ^ic trancbçravç^ ççJiU des Homme«j ^ueren^!

de l'Auteur. ccxxvij

ton brufque qu'il prend quelquefois ? Non ego paucis ojftndar maculis* Ce n'eft pasque je ne voie toutes ces taches auiîi bien qu' Un-autre ; mais à-peine, félon moi, valent-elles la peinç- d'être relevées.

Je fais qu'un Journallfte doit avoir deux yeux , l'un pour les beautés, l'autre pour les défauts d'un Ouvrage 5 &: je ferais bien fàcîié qu'on pût me reprocher d'être borgne , comme le font prefqac tous mes Confrères. Si je le luis, aumoins le principe qui m'aveugle efl-ii excusable ; aumoins ne fuis-je borgne qu'â-demi , puifque je vois les

JTmW*! I II ■■! Il» I.B II lliB I I "Il liPil^l m > " ill U iif"-" "1'— ■^' 1 F .- I «-^if ipi^.^^y^pg]

^^f^-M m* !■ ■■- I Il !■■■ I ■.■■■■ M. ■■- ■■ ■■*■■ —.mm -.^-—1 ■— ■■ I «ti» ,

rapprocher, c'eft en-ôcer le charme. Il a raison, & je .fens cela: fîmor. Mari femetcaii prefqu'cnFemrnc , to\!t- jeune qu'il eft , ii me plairait moins. Je conclus de là, qu'une Feaime prefqu'en H«mrie doit moinâ plaire aux Hommes. J'ai entendu dire dans ma boutique, on parle quelquefois noceurs & modes , que ce font des Femmes tiibades, qui ont amené le goût de fe coîftc en Hommes , de porter àzs cRapeaux , d'ôter les talons k nos chaufliires, ou de les faire iî-bas , que nous ayiorisie piéi plat. Je ne fais pas ce qn.e c'rftque les Tribades, on m'a dit que c'étaient des Fem'i:es qui ne roubicnc plaire qu'aux Femmes: Elles en-prcnnent le moyen j caf il eft impoffible qu'avec cela elles plaident auJfHorames : Je fuis afles bien,je fu s grandc,bîen-fai:e ^ mais pour tmit au monde je ne porterais pas un chapeau j &de3fouliers plats. J'ai remarque , que nousn' avions prefqiîs Jamais la ) ambe auffi bien-faite que les Hoirmacs ; potir-peu que nous i'ayions grofie du ba^, une chauiTure plate nous rend lourdes , malïives; c'eftce qu'on voit aux Paysanes t fi nous l'avo'is fèche , elle noui fait un gros vilain pied , dont la vue eft repoufTinte. Mais cn-ou tie, je trouve u'il.n'y a pas de fens aux F- mmesd' avoir voulu fe gran- ir par la tête comms des Grenadiers , & de fe raçcovîr-«i cir fîdesavantageusement par les piéds j c'eft ne rjea gagner. Pour moi, je crois , d'après notre Auteur, que les talons hauts ont un double avantage pour les Femmes; le premier , & le plus innportant , c'efl à^é- loîgnerla forme de notre chai.iTure deceîledcsHorpmfsj. ce qui lui donne le charme du (exe / qu'elie p'aur;aiù,|>as fasisçeiaî k fécond, de icndic phis ;igréable le.ii**

Z X (?

l

I filial 1htiiii<l<Mfc4

^■« mn 1— eaB^Éta— JiMM

ccxxviij Re^oc des Ouvrages

défauts & n'cnt-perféyèi'c pas moins clans mon cn- thousiafme-. -

Convenons que m/ T^erz/'ma.nqnc d'un certain goût ; convenons qu'il' écrit trop & ne travaille pas- ailés Tes Ouvrages.; convenons que, .furia quantité d^fQsJSlouveUcsy'û y en a deux ou trois qui fe ref- femblent trop , ' & quelques-autres. allés faibles ; convenons, que de deux ,, qui font contraire , il n'y en aprefque jamais qu'une bonne ; CDuvenons que les derniers. Volumes iTe valent peut-être pas les- j^remiers. Tout cela eft vraij, & tout cela n'em- pêche point que l'Auteur ne foitinconteftablem^at Dotre-meilieur Romancier;

de la jambe & le pîe'd: le troisième, de dontrer à notre marche un air moins dicide' j je trouve que la marche d'une Fe-mme à calons bas , a quel^quc chose de trop hardi , & rfiênic d'indécent* La. raison qu'apporte un certain 7owr«iî/,, que la marche ell pénible avec un talon haut , n'a pas été donnée par une Femme j. nous favons que Thabjtude nous gpne c'galemcnt à marcher- avec des talon<î bas , lorfque itous fommes accoutumées aaxtalons élevés. Une Femme doitavoir l'air Sylphide,

wa boulier plat lui donne Ta-'r matériel i- aulieu qu'uR'

X iwlon haut l'Cmpëche de toucher la terre en quelque- forte , & en- Pair une Créature cékfle. Tl rdixnit donc, plusieurs avantages, qui ie fondent en un, de plaire. Kos^Grand'sfïicrcs , qui établirent la hauteur des talons,, ne le firent, je crois-, qu'aprèide mares réflexions fur îcuts elfets î c'eil la raison pour iaqu. Ile cette Kiodc a «cegénéraîcment adoptée, même en Efpagne (n/a-E?« t>n dit). Quand Cordonnier ^owrZ»oAi, de la rue <i'ej-

' .Vitu^-a^'-liuis,, a- fait un fouîier de Femme , ii on le présentait à un Sauvage, qui n'aurait jamais vu de Femme chauifée, & qu'on hii demandât, quel Etre ceJa doit chauflèr , il répondTait , Ç'cfl une Ange y une F/^ ,. ime Sylphide, fupposé qu'il connut ces Etres-là- j & fil He les connaidàic pas^ ii.noaimerait quelques-unes de

^Jes Divinités femelles Its plus agréables-. Je reviens- k notre Atiteur;- Les Femmes devraient le chérir, le Hîettre cn-vogue, ie faire lire à tout le mondé ; il »'ccrit que pour étendre leur çmpirç y Je»- rendrç fetu»

de TAuteur, ccxxix

——__—____ ,

Er encore , dans ces derniers Volumes, le petit Conte villageois de Saitendhien,, dans U Mari fourd^ la Jremme aveuglt, eft un chéfd'ccuvre d'agrément Bc de naïveté.... Il n'cft pas long y je rinfèrerai dans mes Fugitives^

Disons encore queique-chose de l'orthographe de rAutcur. Lorfque je i-endis-cpmpte ^ il y a deux ans, à\i Nouvel-'Àbeilard, je critiquai Tes- innovations: tout bien pesé j'enfuis devenu par» tisan, & je les trouve raisonnables.

Que fait le.ràlafîndes m.ots heureux ^ époux ^ Jaloux f. &c^? Pourquoi ne pas écrire heureus,. puifqu'on dit heureuse , heureusement ; épous ^ puifqu'on dit épouse,, épouser j jalous y puife^a'oa éiit Jalouse, jalousie? Nous avons la lettre y ; que ne Temployons-noustoujours dans nos fyllabes je j ji , aulieu de donner fans néceilîté un double fon à la lettre 0-? Qui empêche qu'on n'écrive paje y. imajey Scimajination? Le g ferait notre gué, comme-en allemand, & le J rappelle- rait ye; l'Enfant qui épèie ne dirait plus ridicule- gé, a y gai il dirait; é, a , ju , & gue , a , gua^ Nous avons dlftingué le v de Vu , & le/ de i'z ; ne ferait-il pas tout auffi raisonnable , puifque le .s a deuxfons dans notre langue^ & que nous avon& îe s rond & le/alongé, de les diftinguer l'un de l'autre , en-cmployant le s rond par-tout il fe prononce comme un i , chose , maison , 6'C^ ^ & reservant le/alongé pour les mots ilfe pro- nonce fortement , fon ,, fien , tranff , 6cc,a On écrivait autrefois rfe/zû, toujïoursy auoir î on écrit déjà , toujours , avoir : le changement pro- posé n'eft pas moins-naturel. Pourquoi écrire garçon , & non-pas garfon , qui vient de gars ? Pourquoi ne pas diftinguer a/jc<r , qui vient do. latin glacies , d^une glajfe d^e miroir , qui vient .^ci'allemaJié^/ri/î 1 i^D'où- vient nepas diftingucr^

ccxxx Revue des Ouvrages

comme lui , les féminiiïs clés mafcullns dans do" mefiiqiie^ physique j en-écrivant le^s derniers, </û- mejliq jphysiij? Sic.^).

Aurefte, m/ Ré<i/ f'efl: plaint qu'on avait cabale auprès d'un Jourraliftc ,- pour l'engajer i dire du mal de Ton Livre : ne f'elï-il point trom- pé (*) ?... Sije lui disais que. de tous Ceux à oui f ai parlé de ion ouvrage, je fuis le feul qui l'admire j qu'il y a beaucoup de G ens qui me font l'honneur de ne pas concevoir que je puiile manquer de goût à ce point-là, & oui fourient de mon cnthou- sîa'me ; que, û je tenais moins k mon opinion j on m'en aurait fait changer : il comprendrait que , fans qu'il y ait de cabale , il aura par-tout un fort parti contre lui.... Mais, Lcdeur! fi vous n' ai- mez pas les Cor.temp online s , lisez V Aveugh- par':imour : ce fera bien-mieux votre fait.

Hota, VÂveiigU par amour tft uq Ouvrage dans le :/ivlc des grar^ds mocs des grandes phrasf s , des fréquentes apoflrofes: fiy'.e que notre Auteur garait ru fe donner, & tju'il a eu , je croîs , àzn^fn Famille vertueuse^ ^c'ci Aiar' ^uis de X'^** , un peu dans les Lettres à''iuit FUI: à j^n /'^re, qu'il a totalement chargé, loifqu'iî .-i fait le Fay- san^ & qu'ilne reprendra jamais.

Je ne me contenterai pasdesNotesque j'ai mises ftu bas des pages , je veux encore m'entretenir un moment avec vous , Monfieur le Journalîfte, Lorfque l'Auteur eut reçu votre Journal , je luide- ;mandai ce qu'il répondrait à différentes critiques? »> i."^ A Ceux qui ci itiqucnt les mœurs de mes Per- fonnages , je répondrais, Madame , que lesmccurs bonnes & mauvaises, font également utiles dans Bics ISouvelles , par la manière dont je les expose : Le vice efl toujours laid & puni i la vertu toujours belle & finalement heureuse, foit par les événe- mens, foit par elle-même. » i."^ A ce pctitAbbé^ tjui cn-achetant un Exemplaire , lut nné Nouvelle

fTir'""nmiiiiiifcMHBiBinii i .niiir— iTrirrOTr -mniii i ^ mi^r-i-Ti rtr'mTtwrn fi-^r m^ r'^flt

{*) Il le fait de ce Joviinaiiftc , m,' l'Abbé F i-FenuT^ai,

de l'Auteur. ccxxxi

fur votre comptoit , & qui dît en la finiflant : Ce v 'ejl que cela l mais f en ferais bien aujjij moi , <!^<f A Nouvelles-! je ne répondrais rien, mais f atten- drais qu'il en-fit. » 3 ."^ A ce g;rand Homme ^^c, ciui épilogue toutes mes fyllabes , & qui à chaque houvellc , féerie : Qu'il y avait-là une jolie chose à faire! ^ que j^ aurais bien-mieux traité cela-! je dirais : Vous n^êt es pas Poère*, comme je le fuis, puifquc vous ne fauriez créer i & quand vous voyez que j^al créé, vous dites, i/^ créé, mais il a mal-arrangé ! Eh ! créez , crée^ , Stérile ! créer, c'eft plus qu^arranger, & l^envie ne vous donnera jamais le talent créateur-î » 4."* A cette Dame , qui vous adit : Tout celaefi fort» ifien ! mais il faut être riche-! ( pour être heurcus fans-doute): je lui annoncerais que mon but prin- cipal , dans une partie des Nouvelles des Contem- poraines-du-commun , fera de donner des moyens d'être heureuse fans richeffes , de fe procurer us Bon-parti fans fortune , & je la renverrai à la /o-* lictelleticre , a la Jolie-Fruitière , aux Jolies- Couturières , à. IcL Jolic-Gaiitre j zls. Jolie- Crê^ mikre, & fur-tout à la Joli ^Menuisière, &c.*, &c,* » j ,"^ Enfin à Ceux qui parlent de mon ftylc , je leur dirai , qu'il eft celui de la chose , & <que j'en- faurai prendre un- autre quand il le faudra : qu'ils attendent le^Hibou , & ils verront je fais écrire avec force", & d'une manière brillante , concise l Je me ferai Toir alors audeifusde moi-même, Se de bien d'Autres. Je prépare une laysane per- yeîtie'j j'en-si fait les deux-tièrs la larme àl'âEil & le coeur gonflé : or, je pleure cn-travaillanr, jamais l'œuil de mon Ledeor n'efi: rcfté f : c Qu'ils attendent, pour me juger , que je me fois montré tout-entier «.

J'cnf-refte-Ià. Adieu, Monfîeuri & je de- meure très-fincèremçnt , Votre oWigée *•*•'•••*•'%

T-

ccxxxij Kevue des Ouvrages

■■ I III . Il ,■ ... I 1 .1 . I iiii ■■>

Ajjiches de Provinces ^ 13 février ij$ 2. , Tomes XIII à XVIIÎ.

En^rcndant compte des Tomes IX , X , XI Se XÎI de cet Ouvrage , nous avions obfcrvé (]ac mJ Réti/^de-U-BrcCone Pétait quelquefois égaré dans le genre fombre , genre peu analogue au but qu'il fêtait proposé , d'intéreirer le Lecteur par des Hiftoriettes qui offrîHent le tableau des moeurs acluellcs. Nous reconnailîons aujour- d'hui avec plaisir que cet Aateur a repris foa ancien ton ; que plusieurs de fes Contes font ex- ttaordinaires, remplis de cet imbroglio qui fait admirer la fécondité de fon imagination , & qui fait dire fans-ceife : Mais d'où tire-t-il toutes ces Arantures? On devine fans-doute que nous ne lapportons pas ceci comme un trait de critique. A-travers toutes ces folies, comme les qualifie- ront les Misanthropes , il y a quelque grain de génie i & cet éloge qu'on ne peut faire aujour- d'hui que de bien-peu d'Auteurs, doit abfoudre mJ Rétif-d.-U-'Br îonei il f'elt d'ailleuis cor- rigé de fa prolixité , de la longueur de fes dia îogucs , & l'on n en-trouve plus qui fo'iciît tra-î- nans , ou qui tiennent du bavardage des petites 'Caillettes» Il a même corrigé ce défaut dans les- pi£mières]Voav^Z/t;.y, à la féconde édition. Ilfauc enfin convenir, que V Annaîijîe du BeaurfexSy tout en-nous dortnant fes fagots , ne laiffc pas' que- «le débiter d'excellentes choses & d'établir une bonne morale. Après une courte analyse qu'il: fait lui- même de tous les Contes de-^ cette li- vraison , il dit : 35 îl eft aisé de con^vaincrc IcsCafFards, les Sots, les Puriiles & toMS 37 les Méchans , qu'il n'erifte pas une de ces ^juveîlcSj qui n'ait ua but très-nfiorab* ^ & c'eft très-vrai. Nous ajouterons que nous avon* cateada dire à une Dame de beaucoup d^ef^tk,^

de l'Auteur. ccxxxlij

némf «Il !■

Cjue ra.r Rétif dyd\t opéré un grand bien, en-iii- lîilant , comme il fait , fur la néccrfité de la dé- pendance des Femmes envers les Maris , &; que quelques-Unes Pétaîent déjà trouvées très-bien , pour le repos du ménage, de la pratique de ce devoir oublié depuis longtemps , m-ais impref- criptiblc. Heureus MonheurKerZ/'j & combien il doit fe féliciter, fil produit cette révolution dans nos mœurs ! Pour nous , nous n'avons plus qu'un vœu à former , c'c(fc que toute cette mo- rale ne foit pas noyée dans un tas d'hiftoires ga- lantes, dans des images voluptueuses , dans des cxprefllons pafïionnées. Il nous dira peut-être , que nos principes font trop févères , ou qu'ils visent au pédantifmc. Mais nous fommcs en- droit de lui tenir ce -langage. Aureflc , nous n'entrerons dans aucun détail fur le fond de ces nouveaux Contes , parcc-qu-c ce détail ne finirait pas, (i l'on voulait dire an mot de chaqu'un. L*a- nalyje ne pourrait d'ailleurs qu'en-donner une idée imparfaite. Nous -nous contenterons de dire que l'Auteur, qui f "était d'abord proposé de ne donner que XVI Volumes, en-a porté le nombre à XVIII, & qu'il doir encore en-pu- blier une fuite. Le XVIII.™= Volume eft com- posé de ce qu'il appelle les Contemporaines-du^ commun^ telles que X^ Jolie- Co urtilre , La Jolie- Vielleuse , Za JoUz-Ravaudeuse , La Belle-Bijoutière , La JoUe-Fourreuse , La Jolie-» Cotfcuse y %ii Belles Ckapelière , & fera fuivi de VIII autres, qui renfermeront des Avantures prises dans tous les-arts & métiers,

XIX, La Découverte Aujîrale , par un Homme volant y ou le Dédale Français , J^ouvelU très^ pUosophique , fuivie de la Lettre d*un Singe , 5fc.^, avec une EJîampe à chaque fait principal^ iV Vol, ((luvre féconde). Cet Ouvrage fti?

ccxxx.v Kevue des Ouvrages

■'"'■ " ' i" .■ ' 1 1 . Il II-

commencé en mars 17793 pendant une maladie de l'Auteur , qui le fit e^n-paitlc dans Ton lit. On y voit un Tyrtème de physique , lié , fu-vi , mais un-pcu cnvelopé 5 un plan-de-légiflation fage , cnvclopc de-même. Il y a des Notes très-mf- trudives , qui tiennent plus d'un Volume, des IV qu'a cette Produdllon

Affiches de l'Tovmçe y du i^ mars 1781.

Cet Ouvrage eft de l'intanilable m.*" Rédf-dt'^ lorBretont'-i & c'cft bien la plus étrange produc- tion qu'il foie pofTible d'imaginer ! LesEftampes font d'un grotefq dont rien n'approche : mais à- travers toutes ces bisarres conceptions , vous trou- verez, honorahl" L-S^ur , ainli que f'exprime mj t:étifj de la morale, de la critique, beau- coup de connaiilancesde rHiftoire naturelle , des traits de fentiment, des hiftoricttes fingulières, une fidion foutenue, & par-tout la manière qui fi'eft donnée qu'à lui feul. Je n'entreprendrai pas de faire ici l'analyse de ce Livre : c'eft un véritable dédale je craindiaîs de m'égarer ; &: d^ailieurs le nom de l'Auteur fuitit pour exciter la curîosiré d'une infinité de Perfonnes.

V Anthropographe y commercé en 1776" , & repris en 1780, fut achevé en 1 7 8 1 , durant l'im- preâGon des ionttmporizineu C'eft la fuite né- ceilaire des Gynog-aphis. Il ne refte plus à publierque iVolumes fur vides Idées JinguUei es,

XX. La Paysare pervertie, que nous don- nons aujourd'hui , a été composée en feptem.bre 1 780 , & Couvent reprise depuis. C'eft l'Ouvrage de prédilection de 1 Auteur , qui l'a beaucoup plus penfée que le Paysan perv' ni. On alTure qu'il a com.posé plus de 160 psges du manufcrir, c'eft- à-dire, près de la moitié de l'O^^vrage , lalarrac- à-rocil & le coeur gonflé. Cette Produdion , «ju'on peut juger à-présent, eft parfaitement dans

cie rAuceur* ccxxxv

iMwi ■i.iiiwi[iiwiM^«t *r- I -- i— r'-ii II I rwwr-rrrnn-ii ,--— -^ _„^

le flyle du genre : l'Auteur fait y varier ii~bien le iMngage desdifférans A<fteurs, que ces Lettres ne font pas vraies, & qu'il les ait véritablement composées , on peut dire , qu'il n'y a rien au monde d'aiîfîi vraifemblablc. La Paysane révi- nic aiî 'pj.ysan perverti forme un Ouvrage com- plet, & uniq dans toute la Littérature curopéanc , par la variété , Ténergie , les fentimens d'hon- neur , de piété filiale , de religion} ainfî que par les moyens de fcduélion qui Py trouvent employés, èc qui le rendent utile à-jamais,

jg:3^Il exifte une P ay s ane pervertie y comme on l'a dit , qui eft d'un fleur Nougaret, auteur de 1.1 Capucinade y des Aidle-^'-une- Folies y de L'i'^ ctttc y des Ajîuccs de Paris, 8cc.^ : Elle parut en 1 777 , & an Journal efbimé ( celui de Paris }, cn-rcndit le compte luivant :

LaPaysane pervertie ou les Mœurs des grandes Villes , &c.a Le Roman du Paysan perverti a fait beaucoup defenfation il y a environ. wjr ans-,. On y a remarqué une imagination féconde , m.ais trh~psu rcgléey & dtspei :tur:s énergiques du vice & de la vertu. Cet Ouvrage a probahUmenù donné naijjartee à la Paysane pervertie, qui iHa. ni U beautés ni les défauts de fou modèle» Le but de V Auteur parait avoir été de montrer tous les dangers que courent dans la Capitale les Jtunes- perfonnes fur le [quelles on ne veille pas avec afjés de fiin. Jeannette ejt une jolie Paysane qu'une Mirquise fait élever comme fa propre fille, Q^uaZre ou cinq Hommes d'âge & d^état différens^ co fpirâ'U contre V innocence de. cette Jeune-per^ fonnej le Fils de la Marquise y qui l'aime vérz~ tahlement , le Précepteur qui eji un fcélérat , un certain Comte , très^aimable & très-corrompu , un. Financier f^c,^^ &c.* Il ferait fort^extraur" d'Lnaire qu$ Jeannette pûc échapper à tous Us

ccxxxvj Reviie des Ouvrages

pièges qûds lui tendait : aujji n^en-évite-t-eUe nw euîu Les circojlances Ltnttûîritnt d^ abord dans le vice piefque malgré elle : elle f\ plonge ^n- fuite volontairerxienCj le FnCepteur lenltve & la trompe par un mariage Jhnulé j le Financier Vé" pause: elle ft livre avx plus honteus de.n,rdres. Four que cette Paysane fût intérejfante , il/àu- drait qu^eU^fùtnéefenJîbUy honnête, reconnaîf- fante, & que fa fenfibilité & fon inexpérience fujfent en-partie la cause de fes fautes ; il faudrait qu^elle eut des remords aL*uulieu de fes égare- mens ^ Ç> qu^elU ne pût recouvrer la tr an quilité & le bonheur qutn-r tournant à la vertu, JJOu" vrage en-ferait aujji bien plus moraU Mnis la Paysane , dont on nous donne ici les Mémoires, n'excite aucun intérêt, même avant qa^elle foit pervertit, Elle commence par aimer deux Jeu-* nes-gens à-la-fois j ou plutôt elle n^en-aime au- cun V elle Je laijje tromper grojjierement par un, pédant de Précepteur, dans lemomentmcme qu'elle va épouser un Financier qui lai a dtjafait les plus riches présens. Elle épouse par-la-fuite et même Financier, & toujours fans aimer Perfonne, elle ne fait r es if} er à auquun de Ceux qui viennent Je présenter. Non-feulement ellt efi méprisable , mais elle eji maladroite. Sa Saur ejî honnête , 6" lui fait des représentations : elle f ohjline à lui conjier toutes fes avantures , ce qui, ajfuré^ ment , n'cft rien-moins que vraJfe.mblabU : car le vice rougit ordinairement devant la vertu , ly ne la prend point pour confidente. Enfin, elle devient la plus odieuse de toutes les Femmes , 6' confpire avec un de fes Amans , pour entraîner fa Saur dans le desordre. Ce dernier trait efi pris davantage dans la nature des caurs corrom" pus : mais le complot de cette Femme efi: fi noir^ U^dure Ji-longtcmps , qu'elle n'infpirs que de

de l'Auteur, ccxxxv^ij

^' ho rreu r 6' du dégoilc. On n^efi foulage que lorf" que Von voit qiidlt finit par en-être la viclimc. Les caraâtrcs accejfoires de ce Roman auraient pu donner lieu à beaucoup df! autres obfervations, fi les bornes de ces Feuilles nous 1^ avaient permis, V Auteur ojfure que ce n^efi point un Roman , jnais une hijîoire qu^ il a composée. Il rH ignore p as \ fans-doute , que toutes ces protejlationsfont ajfes inutiles , & lui-même apparemment n'a- jouterait pas foi à celles des autres Romanciers,

Le grand défaut de cette Paysane prétendue , c'eft<]uc rouslesPcrfonnagesy ontlc même ftyle > <]ue les évènemens & la morale cn-font de la plus grande niaiserie 5 en-un-mot , gue c'eil une platitude.

XXI, Le Manur^rlt d' O-Ribeau , commencé dès le tem.ps du Paysan , fort avancé -en 1777 , n' cil: achevé que depuis Timpredion de la Ray" sane : cet Ouvrage doit paraître bientôt.

L'infatigable Auteur de toutes cesProdudions, eft véritablement un Homme étrange , un Homme uniq; fecouant autant qu'il peut toutes les en- traves, à-l'exception des falutaires entraves des bonnes-mœurs , dont il eft l'apôtre zélé j mais corrigeant l'orthographe , réformant les abus de toute efpèce 5 ayant autour de lui, depuis un temps confidérable , une ffere d' activité , qui fait fub- {îfler de fon travail , journellement , douze a treize Pères-de-familles , tant Imprimeurs , que Bro- cheuses , Relieurs , Dellinateurs , Graveurs , Taille4ouciers : ne peut-on pas dire , que c'eft- véritablement un Citoyen utile , eftimablc , honorable ] fur^cout l'on conlidère , que fes Produclions fe débitent autant audehors qu'ende- dans du Royaume, & qu'elles y amènent de l'ar- gent de l'Étranger. Il eft donc peu d'Hommes, ■^ui, dans la médiocrité^ puiircnt.fe fiater d'ctie

ccxxxviij Revue des Ouvrages

tîes meilleurs & de plus-utiles Citoyens. C'eft cependant cet Homme qu'on a calomnié j à qui les plus vils des Hommes, ont attribué de m u- vaises-mœursi qui ont écouté contre lui les calom- nies de fcs propresïnfansi ingrats comme Ceux des Sofode,

Projets. Idées Jinrulières, Tomes I , Il , III & IV. in-S*

Ce grand Ouvrage doit avoir fîx Volumes j dont il y en a déjà quatre de publiés.

Le I.*"^ eft le Pornographe ou Idées d\n Hor.' rcte-homme , fur un hrojet de r^' formation pour les Projihuées. 1769. {tiré à zooo). Cet Ou- vrage, rempli de vues utiles, eft divisé en II Parties, lal.*^ comprend le Projet de Règlement ^ foudivisé en plusieursTitres , & en lxvi articles. La 11/^ eft composée de Notes hijloriques & juf" tificatives fort étendues , dans lefquels on montre I , les abus révoltans de ce vil état î i , que la Réforme annoncée exifte dans certains Pays , à- pcu-prcs comme on propose de l'effeduer. Ce Volume a près de 600 pases, Se le débit en-a été rapide , malgré les contreraçons de Provinc e. ( // ve refit plus que des exemplaires de la contrefa- çon de La-haie , avec laquelle fuie cadrent les renvois des GynograpKes. Pornographe fignifie, Ecrivain fur les Filles-publiques,

11, L^ Mimo graphe , on Idées d'une Honnête femme , fur un plan de réfonnation du Théâtre-* national, Ï770. Le titre fîgnifie, Écrivains fur Us Comédiens, Voici les difFérens Jugemens qu'ont porté des deux Projets du Pornograph" Se de la Mimographe , les Auteurs des Ouvrages périodiqs de France : Mj Fréron ^ Ann. L:tr, en-rendant compte du pornographe n'en-a pas faisi l'efprit. A la fuite d'une Analyse aifés saû digérée , & que fans-doute il n'a pas faite ,

de l'Auteur. ccxxxîx

^—

on die que Vérudulon du Pornographe, tn-niacière de Projiitutton eji ajjh écendue. Il avait tort i elle était très-bornée lors de la première édition. Il fe fait beaucoup d^objeBi ns , au r que lies il ne répond pis toujours d'une minière fntijjesante, C'eft allés , fi elles le font quelquefois pour un Critiq auili difficile que m "^ F * ^. Pairoas aux Analyses réiinies , com:nunes aux deux Ouvrages. Galette univcrJ/'Ue de Littérature , ijJ^- "«^ p. 67. 5) Un Ecrivain anonyme , qui a beaucoup d'efprit, & beaucoup à' Idées (mgu Hères , publia en 176) le Porno (Graphe ou Idées dun Hjnnéte" homme, fur un Projet de Règlement propre à prévenir les malheurs qu'occasionne lepublicifnie des Femmes , avec des Notes hifiarigues &' jujii- fi acives. C'eft -CQ même Auteur qui publie au- jourd'hui la ^^imographej pu Idées d ane Hon^ nète-femme pour la réfrmztton du Théâtre, Ses vues fur les abus & les inconvéniens des Spe£la- cles, les Défauts de l'action théâtrale , la Décla- mation, leCoftame., les Caradères duTragiq & du Comiq, fant en-général pleins d'efprit &C de goût. L'érudicion eft prodiguée dans les Com- mentaires & dans les Notes : mais fon Ouvrage relfemble à ni bel édifice démoli. Tout y ell: jEonfus , desordonné .... 6c raiFc*5lation outrée de néologifme cn--déiîgare le ilvle. £ Mercure 1 77 d. o3ob, 1. vot p. 9?. L'efprit & l'érudition ronf répandues dans les Notes de cet Ouvrage [ta Mi' mographe) le Leâ:cur pourra les parcourir, ou pour finftruire , ou pour Pamuscr. [ A^'int" cour, 1770. n.® 3 3- p. T2-4. L'Ouvrage eft ac- compagné de Notes & d'Obfervacions qui inftrui- sent & amusent en-même-temps par l'érudition dont elles font remplies , & par la gaîté avec la- quelle l'Auteur fc livre à Tes idées. [ Ann. Litt, 1 770. T. //. p. 3 45 . Cet Ouvrage eft le Tome

ccxi Revue des Ouvrages

II.'' des Idées Jingulikres j dont ie I.^"" parur Tan- née précéd.^nte, fous le titre du Pornegrapkè % les Notes font un fort bon Répertoire d'idées & de faits littéraires fur la matière des représenfa- tions fcéniques. L'Auteur eft de tous lesHoni- mes-de-letcres <^ui font aduellement en France , Celui qui fe fîngularise le plus par une imagina- tion extraordinaire... Ses idées , la forme qu'il leur donne ne font qu'à lui. ( Cette Analyse , qu'on peut lire en-entier à l'endroit cité en-marge, n'crt fûrement pas de m'^ Fréron, mais de quel- ques Sousauteursqul exercent leur malignité fous fon nom : le Ledeur en-va juger: Il y a dans la Aiimographe , comme dans Le Pornographd , un Règlement par articles , eft détaillé tout le Plan de Réformation i l'Analyseur en-parle : En- fuite, 330 pages après , le. Rédadeur de l'Ou- vrage dit ^ à la fin des "Notes , que de deux choses Vune y ou qu'il faut exécuter le Règlement de la Miraographc , le Théâtre ne pouvant fuhjifter tel qu'il ejijans trop de danger pour les mœurs j ou en-adopter un entièrement opposé j qui aulieu ti^ honorer le Théâtre^ le dégrade abfolument y &:c.^: Le Ledeur le croira-t-11 ? c'eft de ce Contre~Règîement eu Rédigeur de Notes , que le iSouscritique a choisi l'/^mV/e (qu'on avait rendu exprès le plus révoltant & le j^lusodieus, pour faire mieux fentir l'opposition) par lequel il prétend donner une idée du Projet , de la manière.^ & du Jïyle deld. Mimographe 1) [ ^Jp hes, Ann onces ^ ôcc.^ 177Q , mai y n.*^ 18. p. 70. Le fond de cet Ouvrage {h Mimographe) eft rempli de re- cherches, de vues neuves 3 dont quelques-unes^ excellentes, d'obfervatioKS très-juftcs , & même allés fines, de jugemcns fur plusieurs Pièces de Théâtre.... En-un-mot, c'eft un bon réperroire d'idées & de faits liî:térair:es , fur tçut ce qui ap-

pai'tierit:

de l'Auteur. ccxlj

partienr au Théâtre... Tous les abus & les in- convénîens des Speciacles, les défauts de Tactioii théâtrale, les geftcs à-reirort des Adeurs, l'ex- cès intolérable & ridicule des applaudiiremens , achetés ou volontaires , la mefquinerie des déco- rations , le coftume faus ou négligé , les carac- tères difFérens des deux genres Tragiq & Co- miq, dont on exclut la Comédie-Ariette, font bien-obfervcs , bien^^vus^ difcutés avec efprit , avec goût,.. Mais ce qu'on ne patTera guères à PAuteur, c'eft l'affectation de néologifme i ce font tous ces mots nouveaux qu'il Pell-avisé de de créer: Hcnefier une profefiion , inconvénient ter y dcsinconvéràenter ^ Vaaricifme , laideur im.- prelJionante, férieuser les mœurs s le comédifme, iy^cmo. comédifmiq ^ & beaucoup d'autres, dont on ferait une longue lifte. ^ Journal En cycîo- pédiq^ 'i-770, T, III ^ Part, 3, mai , pag. 471. Cet Ouvrage ( la Mimograyhe ) peut fervir de fuite au F orncgraphe , dans lequel l'Auteur a- proposé de réunir dans une Maison-publique, bien- adminiftrée , toutes ces Malheureuses dévouées aux plaisirs & au mépris du Pabliq , de les affujétir à un Règlement, &c.a [ Id. T. PII ^ Fart, i, o3cb. p. 147. C'eft bien autre-chose vraiment que des Idées vagues l voici un i'rojet très réflé- chi de Réformadon totale du Théâtre, que cette Femme honnête propose , dans un Ouvrage qui contient d'excellentes vues & de rrès-faoes réfle- xions... A la fuite des E.églemens que la Mimo^ graphe propose , on trouve un Abrégé hijioriq ,& critiq, très-bien fait & très bien-exécuté i:?'d /a: Profejjion théâtrale , depaisV infhîuiion du Théâ- tre , jufquà nos jours, La lî.'^^ Partie renferme d'excellentes P^ejîex ions fur le Comiq cn-particu"' lier j fur la Tragédie , V Opéra . les lieces-mê" es-d' ariettes j & fur iOpéra-cmiq, ...,.,, Les diiFérens fojets que Fxiuteur parcourt à cette oc- casion, font-traités avec beaucoup de goût, arnfî que tout ce qui a du rapport avec le Flan de Ré- formation; l'ingénieuse Mirnogriphe a i'art de Revue, y j

ccxlïj Revue des Ouvrages

rendre latéreiraiis tons les fujets qu'elle présente Qu qu'elle confidère , & fur- tout de- cacher avec beaucoup d'adreire Tes profondes connaiirances fur tout ce qui eft relatif aux Théâtres ancien 8c moderne ; en-un-^niot , fon Plan nous a-paru beau- coup audeilus des Liées publiées par i<fccoi?oni fur le même tujet , 8c renfermer des vues plus* .étendues & plus- patriotiques. ( Tiré à loo© lexemplaires f dont il ne reji.e que ceux repartis dans la l ibrcJrie, )

lîl. Les Gynographcs ou Idées de deux Hon-^ n êtes- femme s , fur un projet de Règlement pro- posé à toute ]^ Europe j pour mettre les Femmes ^ leur place , 6' opérer le bonheur des deuxfexes : avec des Notes hiforiques & jufificatives ; fui^ 'Vies des Noms des Femmes célèbres. Le titre cfl composé de deux mots grecs, gyné , femme, ^ giâphos ^ écrivain. Dans ce III.^^ Volume, on ne propose rien-moins qu'une Réforme géné- rale des mœurs. Après quelques Lettres prélimi- naires , une des Dames Gynographes entre en- jîiatière, & traite dans le I/^ § (v.^-- Lettr.e), De V Lniportance de VEducdiion des Femmes, pans le lï.^ § (vii.^^ Lettre), elle parie ^e^ ^bii£ liSuels dans la manière d^ekver <S' de cor:-:- f.dérer les Femmes. Dans le IÎL^^°, Des moyens de réform-sr tous les Abus de V Educ.atlori des Femmes , 6' de Us mettre dans une position â" faire le bonheur général. (Projet.) Les Dames ^jnografesdonnentici itii^ projet de Règlement ^ que fa vérité , plutôt que fa iin2ularii:é, rend ex- trêmement piquant. Le L"" Titre concerne les Filles; ieïî.d traite des Jeune..-femmes ; le ÎIL^^ le dernier regarde les femmes -faites. M.r Des- Tianges §: m.r jy Ahan voient cet Ecrit, oC tous-deu?; en-^appuient les principes par des rai- sonneraens. Les Keponfes qi:e fait ifes Amies, ja jeuae Madame Dei-Arcis , contiennent toutes 4iiï^'ens traite hidorîqs , relatifs auxLettres qu'elle en-a reçues : îl y a huit de ces NouvtlUs. Dans iiXIït^' Lcttri;, les Dames Gynographes trai^

de l'Auteur. ccxliiî

tenc de la Beauté. [ A] & de V Amour [B] . Dans ^ la XV.'"" Lettre , il eft qaeftlon du Mariage [B] ; Fon y palIe en-revue les usages de tous les Peu- ples du monde. La XVI.^^' Lettre traite De la Soumzjjïon du Second-fexe e/ivcrs le P re'nier[Djt De la Fidélité lE^ i De la Jalousie [F] î De li Coquetterie [G] > D^un Tribunal des Femmes^ïi^î Du Luxe [IJ. Enfin dans la XVIL"^^ Lettre , madame Des-Arcis dit quelque-chose De la def^ tinatioTî des Femmes,

IV, L^ An throp o^rapk e, ou P H om me réfo rmé: c'cftle complément du lîL^^^ Volume 5 PHomme & la Femme ne pouvant être-réformés l'un fans l'autre. (Les Journaliiles n'onc-point-parlé de ce IV. "^® Volume, €^ue l'Auteur ne leur a-point-en- core-envoyé : mais il eft bien-rupérieur aux deas premiers, par l'importance de la matière.

Il neft peutêtre pas horsrde-pi'opos de pré- venir encore , qu'il y aura un V-"^"^ Volume, in- titulé j le Thefniographe ^ ou il fei'aquefdon Des Loi<; : Que le Gloffographe ^ V[."^-''= Tome , contiendra une Réforme raisonnable de notre Or- ihograpke f qui fixe à-jamais la belle prononcia- tien , éc la rende facile aux Etrangers i Qu'on v y traite de tous les défauts de notre Langue , éc des moyens de les corriger , Qu'on y décomposa une partie de nos mots , pour y trouver le fens primitif, Se qu'on met le Ledeur à-portée d'a- chever cette opération fur les autres ; Qu'enfin on y donne une Notice de tous les Fatois en- usage en-France ^ dont on fuit les nuances im* perceptibles. Quelqu'arlde que paraliîe cette matière , l'Auteur la traitera d'une manière £io- sofîque & curieuse : il fera palTer dans les Notes toutes les Langues en-revue , donnera leur hi- ftoire , inventera une forte d'écriture univerfelle, propre à-peindre aux ieiix un difcours , que toutes lesNations pourront lire chicune dans leur langue} indiquera la manière de norcr la Déclamation, &f. \îl y adou-e^ansqueCAêiteurpoccupede cet im-^ poriam Oun^^gef qui exige des voyages ^ des

yy ^

ccxliv Kevue des Ouvrao-es.

dépenfes audeffiis de fa fortunes mais qu'ilpef^ forcera, cependant de mettre- au-jour).

On peur, donner ici le titre des Ouvrages de PAuteur , à publier après 0-Ribeau: Le Hibou j commencé en-1778 , & dontily-a

<léjadciix Volumes en-manufcrit : ce font des

juvénaks en-prose contre les abus & les vices, Xtf Compére-Nicolûs , l'Ouvrage favori de l'Au-

tem" {8c qui doit l'être). Zes •"-*—»• Métamoîfoses , dont il y-a près

d'un Vôlunae en-^^manufcrit. La Femme infidclle. Les Préjugés jufiifiés , Ouvrnoe utile aux Filo"

sofes ( annoncé dans la Préface du Paysan), X'f Jeune-homme , ou (commencé).

La vie de l'Ameur , toujours-foufFrant , ne fuf- €ra pas à la composition entière de tous ces Ou^ ?rages, puifquelc GlojTograpIre ^SlIq 2 hefma- 0raphe même ne font-qu'efquiffés.

Samedi 8-févr.-5, unHoinme osa dire devant l'Auteur au Librsire Fetit., qu'il y av^it des fautes de fi ançais dans Le Dernière Avanture d\in Hcmmc is, quj ranuchiq-ans : jon lui demanda un cxempis ? ïl cita 'jn de ces endioi.js pleins d'en.ergie qui caradérisenc ronîlyle.Çens-de-lett.! par quelles Gens vous êces-juges! par des Cœurs-de boiSo

«aCaggEassiOB. Jt^zasii- 1 ....-un. , ,. . .^ ,...i. ■■.., .■^.. .. . t. t .. ..> .^ ——..I.. .)

^:X Quoique les Cuntemporames foient entre les mains de tovitle nioud^,, nous alons en-mettrc ici la Table , pour complètes la Lifte fuiyante :

(^Olfcrvans p aujujet de ces N ouy dits ^ qu'elles font propres à être la terreur du vice^ dan:^ la Clâflc-bour- ^eoise : Mais cette raisor.-mënie leur a fait de ntmib- eus Enn"emis> de tous ie,s Malhonr«êK?S'gcns qui peuplent la -Capitak & les Provinces 5 oï\ a^dîinoncè 4es plus utiles , ©n a. ...... Quoi î le vice infedeia fourdemenr tous \ç.s

Oidres, & il ne fera pas ptnnis de courir Tus au vice, en- îe-dévoi!ant ! Eh ! rougilîex , Fauteurs-du-vice ' cefl'ez. 4e yousdémafcuer auxieusdenos fages Magistrats î car jiis vctro'.ic vos coiipabies n^Œtif , Si vous couvriiontisU çonfi,îsiQnquey,ousmerite:£ ! )

Ou ORAGES du même AWÏE U R , ^^î fi trcuvent à Paris chiS la Veuve VuCHÈJSrB ^ BÉLÎN , ReÇ--^ NAun , Tue Saintjaquss, lïlÉRlGOl, quat-c^es,- Auguftins , & la Feuy^Es P F. I T , aK Palais-roviiU

La Famille vertueuse , IV Partie g.

Liicile, ou les Progrès de la Vertu. La Contidence nèceilairej Lettres Anglaises, av-ecle Conte d' 0-Ribo , fec. édit. if "Parties.

Le Fiéd de Fanchette , ou le Soulier couleur-

de -rose ^ féconds édit. tLiilËfr

La Fille naturelle , troisiime édit. II Parties,

L'^Ëcôîê de la JeunelTe , ou le Marquis de T"*'*'^^ ^^^^^^__^__^^___ ÎV Parties.,

Lettres d'une Fille à Ton Père 3. V Parties»

La Femme dans les trois états de Fille, d'E-»- pouse & de Mère , féconde édit, ÎII Parties»,

Le Ménage Parisien. II Partiesè

Les Nouveaux Mémoires d'un Ho'mjuc-de- Qualité, II Parties.

Traduit en-allemand.

Le Fin-Matois, traduit de rElpagnol de François

de' Qiiévédo , III Parties,

Le Paysan perverti , trois, édit, 8 i/z_g. IV Tomes,

Traitât en-anglais , 42 éditions , 6- 4 en- allemand,

La Paysane pervertie , 5 6 figures. IV Tomes »

Les CXVTII Figures fe vendent feparémentr

L'TlcoIe des Pères, III Tombes e

Traduit en-alUmand,

Le Quadragénaire , avec fig, II Parties»

Traduit en^aliemand.

Le Nouvel- Abeilard^. OU Lettres de deux Amans- qui nefe font-jamais-vuî, avec fig IV Tomes»

La Viede monPère , ■'7vec ^!,^. Il Parties

La Malédiction Paternelle, Lettres fincères&veri»»- tables de N. Dulis , à Tes Parens, Tes Maitreffes & Tes Amis i avec les Réponfes. ,% III Voî^

Œuvres pofthumes du iuls maudit par fon Père <Euvre P/®: i.*"- Suite: LesContemporainesî ou Avantures des plus-jolies Femmes de l'âge présenti avec ii'^ figures. XVII Vol.

11/^ Suite: Les Conte mporalncs-da-commun, ou Avantures des Belies-Maixliaiides , Ouvriè- reS5&:c.'''de l^âge présent, avec S<)fig, Xlîl Vol. ÎIL'^''^ Suite : Les Contemporaines - par - gra- dation, ou les Jolies -Femmes de laNobîeiTe , de laRobcjde laMédccine,duThéatr e. VlII Vol . l^Cet Ouvrage Jkra porté à 250 Nouvelles , qui U compléteront cntiéremant : mais avec les Sujets doubles , on aura 3^0 Hiftoires , di XXXyiIIVol.

LaDêm^ - A vanture d' unHomrae de 4.5 ans. II Part.

dEuvre S."*^ : La Découve rre-auftrale , par un Homme- Volant , avec fig, IV Vol.

^uvre T.î«^ : Les Hauts-Faits & les Merveil- leuses Avantures du bel O-Ribeau , Roi de Momomie , &:c. ûvecfig, [fuivra.) Il Vol,

(Suvre Qe"^^: Le Hibou , ouïe Speâ:ateu^no- d:a^neJen-f oJuvénaîes. {doiv.fuivre ) IV Vol.

EuvreC.^'": Le Compère Nicolas. IV Tomes. Huvre S.^^^ : Les ■•-•-•• Métamorfoscs.

Projets.

Idées Singulières, qui contiendront uxvol.m-S,'',

Le Pcrnograplie, ou la Proftitution réformée.

La Mimogniplie, ou leTkéâtre réformé. 1770^

LesGynographes, oulaFenimexéformée, 1777.

L'Anthropograpbe , ou l'Homme réformé. i78z,

( Ce dernier Ouvrage fait îe pendant d'es

Gynographes ^ 6' Us deux forment enfemble

un feul & même Fian de reformations)

Le Thefmograplie, ou les Lois léformées, Juivra-» Le GloiTogràj^he , ou la Langue réforméej/ziivm»

Jl n^exifie plus quejixu fept CoUeâions ahfoîuni^ compiles des Ouvrages précédens j on les réserve pour Ceux qui en-demanderont une entière.

ApirçuLks2.'^,o

Nouvelles t/z-560

■BBESESSS

ircs

Pp

rmière Suite.

Les Cj7:ti

'.mpora

irus meïéss, en XVIi

Volumes^

ï.

rcmicr F'olume,

1— ^

1. Le Nouve£u-Fygmalîon_, ou l'Elève delà

Bienfesance.

2. Il a perdu la mémoire , ou l'Epouse créatrice,

3. N'importe Laquelle.

4= La Soubrette par amour,

5. La Pecite-x^moureuse,

6. La L^^ Grisette épousée.

Second Volume,

. I '■ ■■ ' " iiifc

7. L'PIonneur éclipfé par l' Amour.

S. LaFille-de-m-arcliand&leGarfon-ie-boutlque'* 9. La Fille-échappée.

10. Les vingt Epouses des viagt AlTociés.

11. Lajeune-demoiseile &: le petit Aavergnaï,

12. Le Gaifon-Fii i e ,

Troisicnie Voluma,

15. La Fille-Garioii.

14, La ■'*'*' ■''^'^ { qu^ oïl divine r a),

15. I, a Mort-d'amour. 16» LeMariage caché,

17. La Fille attrapée,

18. L'aimable Hôte (Te & Ton Penfîomiaife,

19. La Fille féduite. zo. Le Mari à-l'eiTai.

Quatrième f^oLinie.

XI. La Femme à-l'eirai. 2.2. L'Attente trompée.-

13. La Fille naturelle.

14. L'Amazone, z^. L'Ancienne Inclination, Z(?. Le preraier'Amour. i7. La Femme au Mari invisible , &

Le Secrec d'être heuccus. 18. La Mauvaise-Mère.

*■"*-

Cinquième Volume,

^9'

La Bonne-Mère, font les Suppositions, z

30.

La Surprise <ie ramoux.

?i.

La Bonne Bcllemère.

31.

Le L«^^" Joli-Piéd.

S3-

Le Crime dupe de lui-même.

34.

Le Mari-dieu.

-—-- = . ,... '....^ LS

Sixième Volume,

3j. La Femme-déeile.

3 6, L'Epreuve & le Célibataire , ou le Moyen

de prévenir la jalousie. 5 7. La Jolie-Laideron. 3 8. La Belle-Laide, ou la Délabrée, 3i;. Le Modèle.

40. Les Crises d'ime jolie Fille.

i/^ Crise. La Contrainte î i.**- L'Enlèvement j

$c^^ Les Libertins j

^^ me L'Amant refpedueus.

T.™« Le Chois.

àeptienie Folunie»

41. Le Mariage rompu. 41. La Jolie-Voisine.

43. La Mère qui fliit un Amant pour fa Fille,

'44. Le Mari-père.

4J. L'Epouse-mère.

46". La Femme vertueuse malgré elle.

Huitième Volume,

47. La Vertu inutile.

48. Le Beaufrère amour eus.

4^. La Faiblelle punie par elle-même, Se

Les trois Dupes. 50, La Fille de mon HôteiTe ,

ou la Mère foupçonneuse, j I. La MaitrelTe infirme, 5 2. La Dédaigneuse.

Neuvième f^olume.

J5. Le Père-valet, ou l'Épouse aimée après fa mort : Suite de la Dédaigneuse.

y 4. La Beauté du jour, ou la Fille-à-i' enchère j Sc Confeils d'un Père à fa Fille.

y y. Les Progrès de la vertu.

y o. Les Progrès du libertinage.

y 7. L^Eunuq , ou le naturel des Femmes.

j8. Le Demi-mariage,

Dixième Volume,

^9. Le Libertin fixé 3 ou la Magie des Filles vér-

^o. La Fille vengée. [tueuses.

61, Les deux Filles des deux Veufs,

6i, La Malédidion.

^3. L'Avanturière épousée j ou le Mari méconnu»

64. La Mariée-par-force.

Onzième Volume,

6^. La Religieuse-par-force,

66, La Fille dévouée.

Les Soeurs jalouses.

67, Ur Exemple, ^8. IL'^ Exemple. 6c,. IIL"'^ Exemple.

70, Le Loup dans la Bergerie , Se Le Sorcier. 2,"

.1— ^»»— <—»»■ . III I iiM mt 11 I I —i— 1

Dou^icme folume. ' -i

71. La nouvelle Sara, ou les Sept Mans.

7z, La Coquette, ou le Pouvoir de la parure. 2,

73. La MaitreiTe-en-attendant-mariage , èc

La Fille-en cage. ^

74. La Capricieuse.

Les Six â^es de la Fille.

75. La Qumzenaire, /â", La Vingtenaire.

77. La Trentenaire.

78. La Quarantenaire.

79. La Cinquantenaire.

80. La Soixantenaire,

Miij-aaQCiwtï^CTTTHnKM

%i. L- Morte-vivante , &

82« Le More-vivant.

S3. Lt Mar'age enfantin, ou ie Purifme , &

! 'Amour en'antin. 84. L? Fille fenfee, ou le Fat écondnit j Se fe<è^-:. ^^ ^^'^'^2 qui fe donne à-l'eiîai. 8 ; . La Fille confiante , ou le Père confident.

Qimtor:^ikmc f^oliune.

2>6, Le Voile , &

87, Le Mafque.

%'èé L'Adrice vertueuse.

8^, La Fanfarone de verta,

^f.. Le Bigame.

^T. Le 11.'^ Bigame , dans lequel efi

Le Faus-mari, 5)1. La Fille violée.

Quinzième Volume.

5)3. La Fille-à-la-mode.

^4. Les Oui-pro-quo nodurnes , ou Flnconvé- nieni des rendévaus fecueîs.

9J, La Fille à bien-garder , ou le Danger d'en- voyer à la Ville les Filles-de-provinee.

€^6. Le Bourru vaincu par l'Amour.

^7. La Nouvelle-Hébï se Se le nouvel-Abeilard,

Sei^ume Volume,

^•8. La Femme-mari ,

ou le Mariaee clandeftliï^ 5 p. L'Eprelave malheureuse ,

ou le Nouvel-Alexis. 100. Le Ménage - parisien , ou la Conjuration

des Feraraes-coquettes dévoilée. ICI. la Femme-fecrettement-auteur,

ou la Refiburce Konnête. lOi. La Maitreife tirée au fort, & la Loterie, loj. La Femme aveude.&le Mari fourdi avec

jLe oetit-conte de Smtenabun» i

Dixfepticme Volume,

Î04, La Sympathie paterneile , &

10 ). La Fille-reconnue.

106. La Femme réduite par fon Mari.

IC7. LaFemme tardive , ou la dernière Avant urç

d'une Femme de quarante ans. 108. La Matrone de Paris. . '

105). La Mère groiTe pour fa Fille, ïio, La Fille de-tiois couleurs.

Fin des Cjntcmp:>rauies-m:le2Sm

Les Contempbraines-mcWes ont CX Nouvelles^ & lao Hiftoires :

Les CjTîtemporalneS'Communcs ont LXXXIV Nouvelles?» & 175 HiHoircs :

Les C mttmporaints-^raiuhs ont LVI Nouvelles 9 & 65 Hiftoircs :

en-cout CCL Nouvelles, & 560 Hift©lres;

^Ci»Ce^fô Tabh-ciifllajfuU exacte., la iïflnbution des Nouvelles iC ctain-pas-arrctte , lors de fimprejjion des deux premier is Suites des Contemporaines.

Seconde Suite.

Les Contemporaints-du-cominun en-xill Vokm. Frtnii'.r y ou iJLxiiuitieme volume.

III. La jolie-Courtiére. II i, La Jolie-Vielleuse. 113. La Jolie-Ravaudeusc 1Î4. La Belle-Bijoutière. II). La Jolie-Fourreuse. 1 16. la Jolie-Coifeuse. Î17. La Beile-Chapelière.

Second , ou Dixneu.vièm€ Vo-ume,

118. La jolie-Bonnetiere.

11^. La jolie Mercière .

220. La Fille du Savetier- du-coin.

m. La Fille du-Senitier.

111. La Jolie-Pelletière.

1 2.3 . ta Jolie-Pluraaiïière»

Troisième y ou Vingtième Volume,

12.4. La Belle -Boulangère, IZ)'. La Belle-Pâtiffière. 1.T.6, La Belic-Bouchère.

127, Les IVBelleS'ChaiL-cuitières, '

11 8. Les îV Joiies-Rôriireuses.

119. La Jolie-Reftaurauice. 130, La Belk-Marchande-de-vin. 131» La Petite-ÉGalilere,

Quatrième , ou Vingtunième Volume,

131, La Petite-Regratièrc.

135. La Jolie -Fruitière,

134, LesîX Jolies-Filles-de-mccîes. ^

135-. L*^^ Jolie-Couturière; êJ"

1 3 ^. lï.^^ Jolie-Couturière.

137. La Jolie- Agréminifte.

138. La Jolie-Dentellière, 1 3 9. lia Jolie -Gazière.

" n Il ^^^»— ^— ^1^— ^MBWi^waw— I gM^

»■■" ' ■" '■— «■■■■■- " ■! iiimi»^

Cinquième j ou Vingtdeuxieme Volume^

I . I II .1 I !■ I—— MM— Ui^— »— ^

140. La Beile-Fpicière.

141. La Belle-Limonadière. 141, La Petite-Laitière^

143. LaJolie-Crêmière.

144. la Jolie-Confiseuse.

145. La Belle- Parfumeuse, ou la H.*^^ Bonne-

Bellemère, &: le IL'^Joii-piéd. 145'. Les ÏV Perruqulèues. a

Ï4T, La jolie-Pouriière.

Sixième, ou ^ in gttioisienie Volume^

tm ' -~- ■■ *

148. La Belle-Char delière.

149. Les XI Belles-Marchandes, 11

Tanfffière, Drapièrc, Gazière, Braireuse, Moiiffernièrra. KringUère-Aigiiilliète , I.ut''tère, Gsntièi'-' , ^

Clinquai'lère, MitoitièiC, Hotlogèie, Filic-rapiJUeK.

îfO. La Jolie-Tapillière* 15-1. La Jolie-Lunetière. 151. La PerHd:-Horlogè:e. ï 5 3 , La Geatiile-Orfèvrî,.

Septième , ol' F"Lngt quatrième f^olume.

1)4. La Jolie-Poliireuse,

î ) y . La Jolie-Tablettière.

I y 6. La Jolie -Menuisière , on font les Jolîes-

Plambièie, M3iéch?le, Fperonière, Tiflutiè e-Rubanière, Tanneuse Hongroyeiise, Charrone, Serruiièie, Ch^rpentière , Cf-uvieuse, M ifibne , Mc::;iliièie , Taillandière , Sellière, Cariileuie, FeriaiUeuse , Cloutièie-Mignatuiière, Doieuse.

ï 5 7. La B elle "Tonnelier e.

I y 8. La Jolie-Marchande-de-musîque.

1^9, La Jolie-Fille-de-boutique.

1^0. La Jolie-Brocheuse.

Huitième, ou Fingtcinquihne F'olume. I6i. Les IV Petires-Ouvrlères, qui font,

Dentellière, Galon èie, Bro:ieu"^e, Kubanilte.

l6^. La Jolîe-Lingère , de la BigameiTe. - t

16^» La JoUe-BlanchilLeuse.

I ^4. La Jolie-Cordonnière,

1 5 j . La Belle-Foiirbiffeuse.

166, Les Femmes-par-quartier : favoir,

Bourrelière, Balsnciè'-e, Ga^nière-Coffretière , VîtrièBé*

ï 67. Les Femmes qui trompent leurs Maris : 4

Impritneuse, Paumière, Layetière, Terblantière.

m< ' Il I. -^p— ^

Neuvième , ou Vingfixikme P^olume,

Voici les 4 derniers Vol. du-commun. qui étonneront par leur vérité: l'Edit.y furafTeVadé pour les choses &le i'y?e duPeupl.

î 6%. LesFemmesquirendent-hcureuslcursMaris:

Eaitéuse'd'cr , Tireuss-rcr, Perlière , 'iArgentîuîe.'' 4

1 69 * Les Femmes qui haïllent leurs Maris : 4

Carroflièie , Boutedère , Fripière, Ceinturlère.

î 70. Les Femmes Po!"!"'?'- ^^ ^^^^^ Maris : f

[i]jE'i:am"tière , Loueuse-de-carrofTe :

[2j Maquignone , Brodeuse-Chasublière , Tabaqnière ^

•171. Les Femmes qui font laformne de leurs Maris;

Fayancière , Cordière , Tourneuse , Rempailleuse. 4

172. Les Fem.mes qui ruine'it leurs Maris: 6

M3ic! an-'e-de-boi'^. Tuiîière, Grande-Charbonière, Lainière, Eiàtéyère, Oiselière.

Ï73. Les Fem.mes-laides aimées de leurs Maris: 4

Tâilieuse, Sculpteuse, Pcintreue, îviaffone.

3174. Les Jolies-femm-es haïes de leurs Maris: 4

Loterière, Pcèlière Chaudronière , ArûL.çbu5ièie-Poiièig, Tlilledoucièie*

-'•"• '"■Tig"

JJixieme, ou Vingtjéptieme Volume. 17 j . LesFemmesquiportent-malheur àF* Maris:

La Belle-Scierière , la Jolie-Fsnonière. z

Ij6. Les Femmes qui portent-bonheur à i'"^ Maris,

eu les BouivariUères : Cafetière, Traiteu'îe, Pâtiffière , 2

Guinguettière , Eventailliite-fabriquante.

J77. Les Perites-Marchandes-du-Boulevard : 8

Cordons-de-moiitre, Epingles, Eventail-, Bouquets, Bonnets» Poudre -ik pommade , Gaufres , Finis & (Euf>rouges.

178. L'imagère^ oulaFille dupe de fa moquerie,

179. La Coureuse,ou la Fille inftrument-de-yeng.

Onzième , ou yingtkuitieme Volume, iFoTLes' Veu^s~^f^'^|;ï" de FêtreT" " 2.

[i] Vinaigiière & Cirière, Peaufiière, Découpeuse, Colorifte,

Amidonière, Tabsgiiîe, Brûleusede-gàlons , Coutelière.

Eoiiïclière , Traitetise, Relieuse & Papetière Cartiére-Coleuse»

Parchemin ère. [2-] La Graveuse & i'Oifeline-bourgeoisc.

ylu.tfÉs'3 Armurière, Artiiîcière , Boyaud.ère , BroiTière , '

Chsînetière , Danfeieffe , DjJtillatrice , ï>ominotièie »

Emailieuse , Embakuse , l-errand.'v.iére , Filaflièie >

Fondetrse y-Talccnjère , Lapidaire-'Jcriniète , Marbrière 1

î^atièfe , l'âtenôtrière , Peigi.èie, Poulaillève, Tondeuse»

liHèianiKère , Vanière , Vernèie, Vîtrière-Peintr.fle.

i§i. Filie.de-Port'^' d'eau, oulalI.'^^Gris/^ép. î 8 1. La P-etite-Oublieuse, & la Jolie-Bonbonîère. 183, LaJ.FemiTie-de-chambre,& laj. Cuisinière, i ï 84. La Jolie 'Bouquetière , & !a Belle-Jardinière, i8j. Les Jolies Poiiïkrde , Tripière, Gargonère , NouvcUe-DébarquéejDanfeuse-dc-Guinguète. j

IjbuTitme y eu Vin.'.;tneuvitme Volume,

1%6. Les Joiies-Crieuses, L^^ Nouvelle,, ccrises-

Pil/nes-Ctrneaux- &-Noix-veites - Raisin -Marons-bouius-îi:- giiilés, Pois-r'mé'-- , i'oinmes-cuires, V ieus-Ch-peau^- 4

ÎS7. Les Jolies-CrieuseSj ÏL'^^ Nouvelle , 19 les XX Filies-des-BaiTes-profellions de Paris :

Chanfonière , Petite Ch.-.rbon ère , PaisvJépîcière, T^eibière &

S:hd:ère , Beuiricre , Coqueticre, Fromag're , T-iaresigèrg,

Oraogèrc,Brocant':u e Csrtoriière.FourîiaiSère, Aniacioueuse,

Cnràcu'-s. Filnndiere, Couveitur.cre, Enlum'ni;i:se, Fl':uriite,

188. La Jole-LoueiiSC-de-chaiseç. [ Colporteuse.

i8p. La Femme de-Crochaeur , la Blanchifieuse-de-

baceau , IaBobelineuse-&-AffichcusCj la Jour-

. nalière-Feseuse de-ménages. ' 4

Trei;^ifïme , ou Trenticnie Vohinie.

190. La Courtisane- vertueuse , ou la VeiLii dans 15)1. Les Trois Jolies-Bâtardes. fieViee,

191, La Jolie-P^.ysine à Paris.

193. La Femme-dt-Paysan , ou 1^. Belîe-Laboureuse. 1^4. La Jolie-Vig! crone, ou le Second amour. |

Fin diS C oiîtvy/jpo-< ain^S'du'-commun-

Les Conteî,iporaincs-par-gradition^tn\lll Vohun,

tgCl=» j/oici la dernière Suite d&c&ttz ctonnanta CoiteSion^ la pLus-a-mple & La pLus-extraordinaire eri-fon-gsnr 2 qui d.t- tnc-'Tt'paru : Au-moyen dcsl^Vllpj^ Volumes^ des XÎTL clii'Commi.in , & des VIÏI par-gradation, /\ « aura fhijtci-' re & les mœurs de toutes les Clâffes de lu Socictéj ce ipd rendra prccieuse iû:-jour cettz vafle Produciion , Jans- d'^utc a-jam.iisuTàqziedans LiLittcraturc enr.'^pcam.

BaaAHKKaasMp

Tioisième Suite.

Frcmier ^ ou Irenteunicme P^olume.

tes Femmes-titrées : 195, La Dacheile , ou la Femme- Sylfide. x^6, La Marquise^ la Comte fife , laBaronc, la Vicomteile , ou les Femmes du bel air. 4

bccoiid ^ ou Jrcntcdeuxicme FoLume,

Les Femmes-d;i-guerre , & de Gentilhomme i

i.97. La Maréchale , oa la Gouvernante : 1^8. La Gouvcrneuse, ou laFemme bienfesant«, 1^9. La Femrae-d'Oiïîcier , ou l'Innocence re- zoo. Les Femmes-de-Garnisx)n. [connue,

201.0 La dédaigneuse Provinciale: 2.

Ec la Femmc-de-GentÏJkomme-de-campagne.

Troisième i ou Trcntetroisùme l' olume.

Les Filles-de-qualité

lox. I. La Religieuse-fans-vocation.

203. II, Elle craint de faire an Enfant,

204. lîî. La Cousine-germaine.

205. IV. La Confiance couronéc, io6^ V. Elle le veut, & le refuse. 207. VI. L'Orfeline-de-Mère.

20 §0 VU. La Mauvaise-Tante.

2C9. VIÎI. La Fille-adultérine;,

OuatrleTm , ou Treiitequatnértie Vol-'ûie.

Les Beautés parasites : La Bo;iig;cûiçie :

»■■ Il . ^ II. ^ . 1 1 " . . I. 1 1 .

210. Femm£aiamode,lnirigu.anre,CompliI>dnî:e: Et la Maitreile-d'Homme'en-place. 4

2TT. La Fil!e-eniretenue,&laFiile-de-]"oie, 2

211. La Jolie-Bourgeoise , Ôc fa Joiie-Scrvantc,

213. La Belle-Né?ociante.

214. La Be!le-Not;-ûre, ou ramour moral.

2 2 J. Selk=Goniniillàire , ou i'aïuom- &i^.

Cinquième , ou Trenîecinquikme Volume.

Les Femmes-de-Robe , & de-Pratique :

^■"'"■"~— ' ' ■' ' ' ' " ' ' ' I «

2.1^. La Présidente , oulaFemme-fîIosofe.

î,!/, La Confeillère , ou la Femme dévote,

2,1 §. L'Avocate, ouïe préservatif.

119. LaPrccureuse, oulecuratif.

2.Z0, LaGrefnère, oala Troisième-Femme.

121. L'HuilTière, ou le c eu.

'^1 - . Il I -

6ixitme , ou Trentejixième Volume*

Les Femmes-de-Financc , ^ de-Lettres :

2. 2 z. LaFinancière, ou laFemme viv.duMar.veuf. 223, La Jolie-Banquière , ou la Feramc-ftérile. 2,24. Les Fcmmes-de-Lettres. 2

2. 2 y . L' Imprimeusc , ou la Femme loiigt*^ désirée. zi6, La Belle-Libraire. 227. La Jolie-Relieuse. 228. La Bclle-Fondeusé-de-caraâ:cres.

Septitme , ou Trentefcpticme Volume,

Les Femmes-de-la- Médecine :

'229. La Feramc-de-Médecin^ouleBainparticul,

230. LasToIie-Cbirurgienne, ouleBain publiq.

iji. La Belle -Apothiquairc. 23 2..L'Herborifte.

233. La Bcllé-Oculifte. 234. LaDentifte.

23 f . La Joiie-Sagefemmc , & la Marâtre.

^^6. La Jolie-Garie-Malade.

237. La Belle Charlatane.

n^rrx

HuitLcme, ou Trent-: huitième & Dernier Volume» Les Femmes-de-Tiîéatre , & les Baladines:

-2,', 8. Opéradiennc. 239. Danfeuse. 240. Figurante. 241. Chanteuse-des-chœurs. 242. Tragédienne, 243. Comédienne, 244. Arietteuse : 247. Adrice-Italiennc. 24e'., Adrice-bourgeoise,

Comédiennes-du-Boulevard.

247. L A6tnce-des-Variétés.

248. IL Adrice-Efebique.

249. IIL A'firice-du-Funambulc,

2.yo. IV<r LaDanfeusedejorde, SclaParadeusc, £

FiiidesT&olQS des Contemporaines,

^^mmm^ ijimi jiiii.mii«twwW!iiw>t!iaww>WgW*»»

•Pi^ï*

m.

^

-iM:*^*

>^-g«J|^:-. ;

^-m-

^m

P^

1

Haw^ ~ '

1

i

B

n

H.

É